Citations de Richard Wilhelm (14)
La civilisation chinoise ne semble pas avoir progressé aussi facilement et aussi régulièrement que le Livre des Annales pourrait le laisser croire. Ce n’est pas sans difficultés que la famille de l’empereur Yu a conservé l’autorité que les rois prêtres tenaient de la déter¬mination des saisons. La royauté héréditaire remonte aux Hia que l’on considère habituellement comme les fondateurs de la première dynastie chinoise. p.80 Historiquement cette période correspond à l’époque néoli¬thique. A plusieurs reprises, des princes d’autres clans ont occupé le trône plus ou moins longtemps et la famille royale paraît n’être pas toujours rentrée facilement en possession du pouvoir. Le point impor¬tant pour le souverain était que les temps fixés par lui fussent reconnus par tous ses sujets. Quiconque les observait agissait conformément aux lois cosmiques, mais celui qui voulait suivre un autre ordre des temps n’était pas seulement rebelle au point de vue politique : il violait encore les lois naturelles. On le constate dans l’Adjuration de Kan qui est un des passages les plus intéressants du Livres des Annales et remonte à une très haute antiquité. L’empereur reproche au prince de Hou d’avoir troublé les cinq agents naturels en n’acceptant pas le calendrier. Les menaces adressées à l’armée sont caractéristiques de cette époque.
L’unité des Chinois était assurée par une communauté de religion, de division du temps et de principes de civilisation. Elle se trouvait renforcée de temps à autre par la communauté de leurs intérêts économiques et militaires.
La traduction du texte est donnée sous une forme aussi brève et aussi concise que possible afin de rendre l'impression d’archaïsme que produit l'original. Il s'est avéré d'autant plus nécessaire d'offrir au lecteur non seulement le texte, mais des extraits des commentaires chinois les plus importants.
Tsin / Le progrès
En haut : LI CE QUI S'ATTACHE, LE FEU
En bas : K'OUEN LE RÉCEPTIF, LA TERRE
Sens Général
L'hexagramme représente le soleil qui s'élève au-dessus de la terre. Par suite, c'est l'image du progrès rapide et aisé qui traduit en même temps l'expansion toujours plus grande et la clarté.
Le Jugement
LE PROGRÈS.
Le puissant prince est gratifié de chevaux en grand nombre.
En un seul jour il est reçu trois fois en audience.
On représente, à titre d'exemple, une époque où un puissant prince féodal rassemble tous les autres princes autour du souverain dans l'obéissance et la paix; le souverain lui offre alors de riches présents et l'attire dans son entourage immédiat. L'idée est double. L'impulsion qui détermine le progrès émane d'un homme placé dans une situation subordonnée en qui les autres voient leur semblable, ce qui fait qu'ils le suivent volontiers. Ce guide possède suffisamment de clarté intérieure pour ne pas abuser de la grande influence qu'il exerce et pour l'utiliser au profit de son maître. Celui-ci, de son côté, est exempt de toute jalousie; il offre de riches présents au grand homme et l'attire constamment à sa cour. Un maître et un serviteur obéissant, telles sont les conditions d'un grand progrès.
Le Livre des Transformations", en chinois Yi King, appartient incontestablement aux livres les plus importants de la littérature universelle. Ses origines remontent à une antiquité mythique. Il occupe aujourd'hui encore l'attention des plus éminents lettrés de la Chine. Presque tout ce qui a été pensé de grand et d'essentiel pendant plus de 3 000 ans d'histoire de la Chine, ou bien a été inspiré par ce livre, ou bien, inversement, a exercé une influence sur son interprétation, au point que l'on peut affirmer en toute tranquillité que le Yi King contient le fruit de la sagesse la plus achevée de plusieurs millénaires.
51. TCHEN / L'éveilleur, l'ébranlement, le tonnerre
En haut TCHEN L'éveilleur, le Tonnerre
En bas TCHEN L'éveilleur, le Tonnerre
Le Jugement
L'ébranlement apporte le succès.
L'ébranlement survient : oh! oh!
Paroles rieuses : ha! ha!
L'ébranlement sème l’effroi sur une distance de cent milles
Il ne laisse pas tomber la cuiller et la coupe rituelles.
44. KEOU / Venir à la rencontre
En haut K'IEN Le créateur, le ciel
En bas SOUEN Le Doux, Le Vent
22. Pi / La grâce
En haut KEN L'immobilisation, La Montagne
En bas LI Ce qui s'attache, le Feu
Le jugement
La Grâce a du succès.
Dans les petites choses
il est avantageux d'entreprendre une action.
Le Livre des Transformations, en chinois Yi King, appartient incontestablement aux livres les plus importants de la littérature universelle. Ses origines remontent à une antiquité mythique. Il occupe aujourd'hui encore l'attention des plus éminents lettrés de la Chine. Presque tout ce qui a été pensé de grand et d'essentiel pendant plus de 3000 ans d'histoire de la Chine, ou bien a été inspiré par ce livre, ou bien, inversement, a exercé une influence sur son interprétation, au point que l'on peut affirmer en toute tranquillité que le Yi King contient le fruit de la sagesse la plus achevée de plusieurs millénaires.
Sa Voie est constamment changeante, altération, mouvement sans répit.
Le mot "mutation" connote un changement énergique et complet. C'est ce qui le fait employer dans le langage juridique (mutation entre vifs), administratif (mutation d'un fonctionnaire) et scientifique (théorie des mutations brusques). Ce terme, bien que reçu, ne nous a pas semblé être le plus propre à rendre certaines harmoniques du mot chinois yi telles qu'elles ressortent d'une lecture attentive du Yi King. Le passage d'un hexagramme dans un autre, c'est-à-dire d'une situation vitale dans une autre, traduit le mouvement ordonné suivant lequel la manifestation se déploie en épousant la Loi secrète mais souveraine du Principe non manifesté, le Tao, "la Voie".
La non-transformation est en quelque sorte le fondement indispensable sur lequel toute transformation est rendue possible.
Les pierres sont intimement liées à la vie des peuples et le jade a toujours joué un grand rôle en Chine. Il a survécu à l’âge de pierre et la préférence que les Chinois lui accordent encore aujourd’hui sur les autres pierres précieuses reste incompréhensible pour bien des collectionneurs européens. Dans l’anti quité, certains objets utilisés dans les sacrifices étaient en jade et les formes archaïques de ceux que l’on rencontre encore assez souvent sont extrêmement intéressantes au point de vue historique. Ils ne montrent pas seulement la façon dont les Chinois travaillaient cette pierre dure et cassante, mais ils prouvent aussi que le pays était en relations avec les contrées qui produisaient le jade dès l’époque préhistorique. Or, on ne trouve pas de jade dans la vallée moyenne du Fleuve Jaune qui, d’après certains savants, fut le berceau de la civilisation chinoise. Il faut donc nécessairement, déduire de la présence de cette pierre précieuse en Chine à une époque très reculée qu’il existait à ce moment des relations assez suivies entre ce pays et les contrées occidentales.
Une des particularités les plus remarquables de la civilisation chinoise à ce point de vue est que toutes les époques ont laissé des traces dans les coutumes du peuple et que la civilisation de l’antiquité chinoise s’est conservée à peu près intacte. C’est ce qui a fait la force de la tradition chinoise. La Chine, il est vrai, connaissait l’écriture de longue date et l’employait pour enregistrer les événements historiques.