AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Richard Wright (127)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


Black Boy

Récit troublant et terrible que l’éveil à la réalité de la ségrégation vécue par Richard Wright enfant, dans les années 20 du Sud raciste des Etats-Unis.

Borné intellectuellement et socialement par une famille bigote aux vues étroites, le petit Richard admet la pauvreté et la faim, comprend l’expression brutale de l’autorité du père, mais ne peut accepter celle du Blanc : « J'avais commencé trop tard à affronter le monde blanc. Il m'était impossible de faire de la servilité une partie machinale de mon comportement. »

Ce témoignage autobiographique est poignant et exceptionnel dans ce qu’il nous raconte, de manière à la fois violente et nuancée, de la peur et l’impuissance face à l’arbitraire et au pouvoir du plus fort, de la résignation de ses frères Noirs, de l’apprentissage de la soumission feinte, mais aussi de la puissance du livre comme arme de rébellion massive.

Commenter  J’apprécie          861
Black Boy

Black Boy est l'autobiographie de Richard Wright, romancier noir américain né en 1908 dans le Sud des États-Unis. Le livre est lourd, direct et assez bouleversant tant l'enfance et la vie de jeune homme de l'auteur ont été dures.Il nous permet d'entrevoir ce qu'était la vie d'un "moricaud" en pleine période de ségrégation, de la terreur du Ku Klux Klan et du racisme ordinaire. C'est un roman sublime sur le refus de la soumission, la vie avec la peur au ventre et la honte. Il nous montre aussi l'incroyable volonté d'un homme qui combat contre la faim, l'ignorance, les préjugés (y compris de sa famille), l'injustice.C'est un livre qui nous pousse à refuser un système injuste, quitte à le fuir, plutôt que le combattre quand le combat est de toute façon perdu d'avance. Un livre qui pousse aussi à lire, parce que la littérature est une forme de liberté accessible à tous
Commenter  J’apprécie          730
Black Boy

L'enfance et l'adolescence - dans les années 1910-20 - d'un "moricaud", d'un gamin "nègre" dans le sud des États Unis, le Mississipi....Deux mots terribles qui traduisent tout le racisme, toute la violence de la population de cet État des États-Unis à l'égard des hommes de couleur, deux mots que lecteur retrouvera à chaque page, à tous les âges de ce gamin devenu auteur.

Un racisme faisant partie de la vie.

Un gamin élevé avec son frère par sa mère, le père avait déserté le foyer. Une mère qui les ballota, elle ne pouvait pas faire autrement, de logement sordide en logement sordide, qui les plaça chacun de leur coté chez des tantes, chez la grand-mère. Une mère malade paralysée que le gamin cherchera à soulager

Alors d'autres mots, d'autres violences aussi aussi terribles collent à l'enfance de ce gamin confronté à la faim qui l'obligea très tôt à exercer toutes sortes de petits boulots, à coté de l'école. A six ans il était alcoolique : en buvant dans les bars et en chantant, il faisait rire les consommateurs qui lui payaient à boire. Un gamin qui trouvait son plaisir à l'école, malgré sa violence, une école qu'il fréquenta très irrégulièrement, il ne fit pas pendant des années une année scolaire complète,. Malgré tout il appris à lire presque seul. Un gamin confronté à la religion, que ses oncles et tantes tentèrent de lui faire entrer de force dans le cœur, en le frappant, en le punissant, en le privant. Un nègre confronté comme tous les autres à la mort, la "mort blanche" qui pouvait surgir quand on regardait de travers un Blanc, aux coups si on oubliait de lui dire "Monsieur". Mais aussi un racisme des noirs à l'égard des Juifs.

Une violence "normale" au quotidien.

Des privations, des coups, des menaces, un danger qui construisirent la personnalité de l'auteur, un auteur qui chercha à comprendre cette ségrégation, qui cherche à nous la faire partager, à nous la faire vivre. Un déterminisme contre lequel il se battra, qu'il tentera de surmonter en quittant le Sud, accompagné de sa mère et de son frère pour chercher sa vie au Nord, là ou les nègres devenaient des Noirs.

L'amour sauva le gamin, et anima toute sa vie, l'amour pour son frère et pour sa mère, l'amour pour les livres, pour la liberté, pour les Droits de l'Homme, qu'il découvrit par hasard, dans les bibliothèques à la lecture du nom d'un auteur et de ses œuvres, un auteur presque tombé dans l'oubli de nos jours, Henry-Louis Mencken.

Roman culte qui permet de mieux connaitre une époque, un pays, roman sombre, mais pas larmoyant, roman surtout sur la combativité, l'espoir, la construction d'une personnalité qui fit de Richard Wright un auteur américain. Une personnalité qui se forgea aussi grâce aux livres et à la littérature : "J'avais soif de livres, de nouvelles façons de voir et de concevoir. L'important n'était pas de croire ou de ne pas croire à mes lectures, mais de ressentir du neuf, d'être affecté par quelque chose qui transformât l'aspect du monde. [....] "Je savais maintenant ce que représentait le fait d'être nègre. J'étais capable de supporter la faim. J'avais appris à vivre dans la haine. Mais de sentir que certains sentiments m'étaient refusés, que l'essence même de la vie était inaccessible, cela me faisait mal, me blessant par dessus tout. Une faim nouvelle était née en moi."

Un classique indispensable


Lien : https://mesbelleslectures.co..
Commenter  J’apprécie          560
Black Boy

"A regarder manger les Blancs, mon estomac vide se contractait, et une colère sourde montait en moi. Pourquoi ne pouvais-je manger quand j'avais faim ? Pourquoi faut-il toujours que j'attende jusqu'à ce que les autres aient fini ? Je n'arrivais pas à comprendre pourquoi certaines personnes avaient assez à manger et d'autres pas" (page 40).



Très beau roman, offert par Cyrille à l'occasion d'un week-end niçois, et lu il y a déjà un moment, mais non encore "chroniqué" pour cause de déménagement suivi d'accouchement. Pourtant, le bouquin vaut vraiment le détour.



Richard Wright y fait le récit bouleversant de son enfance dans le Mississipi ségrégationniste du début du 20e. Le quotidien des Noirs du Sud est fait d'un entremêlement d'humiliations minuscules mais constantes. Les relations entre Noirs et Blancs sont d'une brutalité difficilement imaginable, qu'il s'agisse des échanges verbaux ordinaires, des insultes, des accrochages. La violence crue des lynchages répétés inscrit les individus dans une peur permanente.



Le jeune Richard, au départ, ne se pose pas de questions sur cette situation. Mais en grandissant, il prend progressivement conscience de l'aspect politique et de l'injustice profonde de ce qui est alors véritablement institué en système, un système que seul l'engagement de certains va commencer à ébranler (le roman est écrit en 1945).



Récit autobiographique, critique sociale et, plus encore, travail éblouissant sur la construction de soi. Ce que j'appellerais un roman "avant / après"



"Le rêve que j'échafaudais, tout le système d'éducation du Sud avait pour mission de l'étouffer. L'Etat du Mississippi avait dépensé des millions de dollars pour s'assurer que je n'éprouverais jamais les sentiments que j'étais précisément en train d'éprouver ; je commençais à ressentir ce que les lois de ségrégation des Nègres devaient empêcher de laisser parvenir à ma conscience" (page 288)
Lien : http://le-mange-livres.blogs..
Commenter  J’apprécie          550
Un enfant du pays

Un Enfant du Pays c’est l’histoire d’un jeune noir qui commence à exister le jour où il obtient enfin la reconnaissance de ses semblables. Comme chacun sait, nul ne saurait vivre seul sur une île déserte, y a un moment, les poissons ça suffit plus pour causer...

Et bien là, notre jeune ami existe pour la première fois de sa vie, tout le monde s’occupe de lui, on lui demande s’il a bien mangé... s’il est d’accord pour... la permission de... il a un photographe, il a même un avocat, un psychologue, plus tard, un prêtre viendra recueillir ses vœux... Il y a là toute une société qui se penche sur lui et c’est chaque entité qui viendra l’entourer tour à tour. Sauf que maintenant qu’il est un homme, reconnu par ses pairs et pouvant jouer dans la cour des grands et bien non ! Même s’il a droit à toute cette prestigieuse instance pour s’exprimer, l’autorité requise devant laquelle il peut témoigner en son âme et conscience pour rendre compte de ses actes, comme tout citoyen peut y être un jour invité, et bien non ! Là, il ne peut pas.

Non ! Il ne peut pas, il ne peut plus ! Il ne peut plus être un homme. Il n’y aura pour lui de reconnaissance que celle de tout individu à prétendre au jugement dernier devant cette communauté d’hommes, égaux en droit. Notre personnage vient de naître à la vie et pourtant il est mort. Il est simultanément passé de vie à trépas. Il a tué en lui l’étincelle de vie. Une étincelle qui n’a jamais irradié de son vivant que les ruelles du ghetto noir de son enfance jusqu’à ce jour, un jour qui lui réclame d’être en présence de sa vie d’homme.

Et donc, nous voyons Thomas, du moins nous le construisons dans notre imaginaire, s’il n’apparaît pas sur la page de couverture... Il est là, il est amoureux pour la première fois de sa vie, il est heureux, il vibre à cette émotion nouvelle, il exulte, mais voilà que quelqu’un entre dans la pièce et Thomas à peur.....

Thomas a tué, il s’est tué lui-même en ce jour de lumière ou l’amour à jaillit. Il a tout tué en lui, autour de lui, la vie, l’amour, et l’homme naissant. Il est tombé dans l’abîme de l’horreur et puisqu’en lui, l’homme est mort, il a tué à nouveau, comme si tuer à nouveau n’était somme toute que le même acte recommencé, une fois, deux fois, trois fois, l’homme est déjà mort de toute façon, alors c’est la terreur qui parle et qui agit....

Maintenant, je vous laisse tourner les pages, je vous y invite car ça vaut le détour, c’est une œuvre magistrale qui m’a profondément émue et en plus il y a là de la belle écriture...

Commenter  J’apprécie          521
Black Boy

Lu il y a quelques 25 ans auparavant, je me suis replongée dans l'enfance de Richard Wright suite à la demande de mon fils ado qui cherchait un roman traitant de la ségrégation aux Etats-Unis. J'avais déjà très apprécié cette autobiographie à l'époque, et l'intérêt et le plaisir de lecture étaient à nouveau au rendez-vous. On y rencontre un petit garçon, puis jeune garçon, jeune homme très attachant, avec une personnalité déjà très marquée, une capacité à percevoir les autres, un don de l'observation de la nature humaine, des groupes, hors du commun. L'écriture est vraiment intéressante, fluide et élégante, touchante, heurtante quand le sujet le nécessite. Le fond est aussi passionnant, on y découvre, par les yeux de ce petit garçon très éveillé et curieux le vécu de la population afro-américaine dans le sud des Etats-Unis dans les années 20. Les humiliations constantes, la violence, l'absence de perspective d'avenir, la pauvreté,... Une excellente leçon de vie, toujours d'actualité, un hymne à la bienveillance humaine, aux respects des valeurs familiales, morales, malgré un environnement difficile et décourageant, et l'illumination de l'instruction, la culture, l'envie d'apprendre, force irréductible et salvatrice, qui entrouve la porte de la résilence.

A mettre entre toutes les mains dès 13 ans, prétexte d'une discussion sur le racisme et les discriminations raciales/culturelles/religieuses.
Commenter  J’apprécie          464
L'homme qui vivait sous terre

Un homme noir est accusé d'un crime qu'il n'a pas commis et forcé à signer des aveux qu'ils n'a pas fait après avoir été mis à mal par des policiers blancs. Une pratique plutôt banale dans l'Amérique des années 1960, sauf que ... Le protagoniste décide de s'enfuir et se cache.. dans les égouts.

Lui ne se transforme pas en insecte (ou en rat), à l'opposé du héros de Kafka, mais il assiste à des scènes très étranges ou lugubres.



Il y avait longtemps que ce livre était dans ma PAL, et j'ai choisi de commencer par celui-ci car j'ai voulu éviter l'erreur de débuter avec le chef-d'oeuvre de Ricahrd Wright - à savoir le très célèbre Black Boy - pour m'épargner des déceptions.



Le rythme de cette novella est haletant et traduit bien l'anxiété et la perte de repères du personnage. J'avoue ne pas avoir toujours bien suivi le cours de ses pensés (et actions) délirantes.

Au final, l'auteur parvient à décrire un moment de vie (plus ou moins long?) où le dessus et le dessous se confondent, l'innocent devient coupable, la vérité devient mensonge, ... Et le lecteur ne sait plus trop à quoi se fier.



Ce roman n'est, pour moi, ni mauvais ni transcendant mais cela ne m'a pas dissuadée de relire Richard Wright, au contraire!

Je suis contente d'avoir découvert l'univers de Wright, où le système injuste , dirigé par des blancs aliène des noirs. Sans pour autant avoir un récit où tout est noir...ou blanc !









Commenter  J’apprécie          380
Black Boy

La vie et l'expérience en tant que Noir aux Etats-Unis de Richard Wright, né en 1908, rencontre malheureusement de nombreux échos dans la société actuelle... Que de violence, autant physique que psychologique dans ce récit très dur!

Entre Arkansas et Mississippi, Richard, enfant, s'éveille peu à peu à la conscience d'être Noir dans un pays dominé par les Blancs et apprend, en voyant les lynchages qui se succèdent autour de lui que sa couleur de peau le renvoie à une sous-humanité: Richard est un sous-homme. Et un sous-homme doit baisser les yeux devant un Blanc, doit l'appeler Monsieur s'il ne veut pas risquer d'être battu à mort, et dépend entièrement du bon vouloir du Blanc pour lequel il travaille ou tout simplement qu'il rencontre dans la rue. On est au début du XXième siècle, l'esclavage a été aboli, et les Blancs ne s'en remettent pas. Le Klu Klux Klan rôde.

A travers ce récit, Richard Wright s'interroge sur le profond impact psychologique qu'a eu sur son peuple ces siècles d'esclavage et d'oppression. Né dans une famille pauvre et très croyante, il est sans cesse brimé et battu par ses semblables, aveuglés par la terreur d'être rejetés par Dieu mais peut-être, aussi, incapables de compassion, d'amour filial: la plupart n'a pas de racines, séparés de leurs parents ou enfants au gré des ventes d'esclaves, les femmes violées et engrossées par leurs maîtres.

Par cette histoire personnelle, c'est un pan tragique de l'Histoire qui se dessine mais les violences subies, leur arbitraire, cette relation intriquée entre Blancs et Noirs dans ces états sudistes, tout cela nous ramène à aujourd'hui et montre quel énorme travail de réparation il reste à effectuer.



je ne m'attendais pas à un roman si dur, si violent et encore une fois je n'en reviens pas qu'il puisse exister de telles enfances vécues dans la terreur des coups et des insultes, malheureusement. Mais ne dit-on pas que ce sont ces enfants qui seront le plus aptes à affronter les coups durs plus tard? A voir...
Commenter  J’apprécie          350
Black Boy

Je l'ai lu bien jeune et ne sais plus comment entamer cette critique. Pourquoi, alors, présenter une critique, me direz-vous? Parce que je me souviens que ce fut un grand moment de lecture, durant lequel ma conscience d'adolescente se mit en éveil, durant lequel je compris l'absurdité de l'ostracisme. Plus tard, bien plus tard, j'ai croisé des œuvres littérairement parlant plus difficiles, comme "Homme Invisible, pour qui chantes-tu?" de Ralph Ellison. Et là ce fut le prolongement de l'indignation. Des livres qui font de nous des humains!
Commenter  J’apprécie          330
Un enfant du pays

Un livre émouvant, qui choque à un point qu'on se demande comment les choses en sont arrivées là! Richard Wright s'y prend tellement bien qu'on s'embarque dans ce funeste voyage de Bigger avec beaucoup de patience et bien sûr avec beaucoup de surprises. On part de la haine d'un individu vers la haine de toute une nation dans une période où les États-Unis vivent encore sous les lois de la ségrégation raciale. L'auteur place son héros dans un cercle vicieux où tout ne fait que s'envenimer jusqu'à une issue dont les tournures bouleversantes vont faire d'un criminel une voix par laquelle va s'exprimer la race réprimée...

Une excellente écriture, et je me rends compte que je l'ai savouré, ce livre, parce que je n'avais pas lu le résumé au préalable, car, le résumé retrace toutes les étapes du livre au risque de ne pas permettre aux lecteurs de se délecter des surprises que lui réserve le livre. Si la promotion du livre se focalise sur la deuxième partie du livre où l'affaire Bigger devient une affaire politique, le noir devient un terrain de dispute entre communistes et capitalistes, moi, je me suis plutôt régaler de la première partie où l'homme face à lui-même sait déjà qu'il est exclu de la vie!

Commenter  J’apprécie          320
Black Boy

Richard Wright nous raconte ici son enfance dans le Sud, quelques années seulement après la guerre de Sécession. L'auteur étant noir, on pouvait s'attendre à une violente critique des blancs (tout à fait justifiée par ailleurs). Or, ce n'est pas tout à fait le cas.



Si Richard Wright décrit certaines scènes écoeurantes, certains événements violents, il nous laisse cependant en déduire ce que l'on veut. On ne peut d'ailleurs qu'être envahi par un profond sentiment d'injustice et de dégoût....

Mais cela ne l'empêche nullement d'être dur à l'endroit des noirs également. Et c'est son tour de force : tout le monde est égal, même dans l'infamie.



L'auteur a eu une enfance vraiment difficile. Sa famille était très dure avec lui, y compris sa mère. Il a bien souvent été fouetté. Mais le plus dur pour lui n'était pas tant la violence physique (qui était somme toute une réponse à ses bêtises) que la violence morale dont il a été la victime. Sa famille, religieuse à l'extrême, ne l'a jamais vraiment compris et a toujours tenté de tuer dans l'oeuf cet esprit rebelle et libre. S'ajoutait à cela la faim, toujours présente mais bien-sûr aussi la peur des Blancs.



C'est un livre vraiment passionnant qui dépeint avec une grande justesse et une grande sincérité la vie dans le Sud au début du XXème siècle.
Commenter  J’apprécie          302
L'homme qui vivait sous terre

Peut-on espérer une autre vie que celle que les circonstances nous imposent ? injustice, pauvreté, assignation . . . Les maux ne manquent pas et Richard Wright abordait déjà cette question dans "Black boy".



Dans ce texte, il emprunte la voie de l'imaginaire mais le héros contraint de se cacher dans les égouts afin d'échapper à un funeste destin lui ressemble. Cette fois, il n'est pas question d'esquiver des coups comme lui naguère ou de quitter son Etat.



Son double, si j'ose dire vit sous terre, à l'abri de ce monde d'en haut, lumineux en apparence mais terriblement effrayant pour des gens comme lui. En revanche, sous terre règne en apparence l'obscurité mais l'espérance y est saisissante, telle une lumière pour n'importe qui.



Trop peut-être, tant il s'acharne à vouloir empêcher une injustice, auprès de ceux-là même qui sont à l'origine de sa décadence. Parviendra-t-il ?

Malgré l'alternance de narrateurs qui peut dérouter le lecteur, cet ouvrage conserve sa force de dénonciation de l'injustice et de célébration de la dignité humaine.
Commenter  J’apprécie          290
Black Boy

Richard Wright retrace sa "jeunesse noire" dans cette auto-biographie sans concession. On se situe au début du XXeme dans le Sud de l'Amérique, donc ségrégationniste.

Richard Wright fut un des précurseurs dans la littérature "noire", et notamment parce qu'il met en exergue, en plus du raciste des blancs, la soumission extrême des noirs.



Je lis peu de livres traitant de l'esclavage, la ségrégation, les colonies parce que je suis envahie par un sentiment de mal aise, de dégoût. J'ai toujours du mal à me faire à l'idée que des hommes ont pu traiter d'autres hommes pire que des animaux. Donc, pour vous dire que cette lecture est bien sûr difficile.



On ressent la faim, les coups, les humiliations, les injustices, les incompréhensions. Quel est son tort à ce jeune garçon ? D'être né noir certes, mais pire que cela de vouloir comprendre alors il questionne : Pourquoi cette soumission des noirs ? Pourquoi ce racisme, cette haine des blancs ? Pourquoi cette injustice sociale, économique et culturelle ?

Alors il écrit ! Alors il raconte !

On crève de faim avec lui, on crève de peur avec lui, on crève d'espérance et d'incompréhension avec lui mais on se nourrit de cette soif de culture, de cet amour de la littérature , de cette logique d'esprit (qui est plutôt avant-gardiste).



Les dernières pages sont magnifiques ! Touchantes, percutantes !

Commenter  J’apprécie          292
Un enfant du pays

Il y a les bons romans et puis il y a les chefs d'oeuvre, ce roman en est un, un bijou de littérature, un personnage tellement humain, une écriture qui transmet au plus près l'émotion, un récit engagé et sans misérabilisme, un de ces livres dont on sort bousculé et qui joue sa petite musique longtemps après l'avoir fermé.



Illinois dans les années quarante, un jeune ado noir traine sa vie de petits délits en petits délits. Bigger Thomas est très en colère sans tout à fait le savoir lui même, sans arriver à donner corps ou à mettre des mots sur celle ci pourtant elle l'envahit par vagues qui le submerge. Fâché avec sa mère, sa soeur, ses copains, avec la vie, il finit par accepter un travail de chauffeur chez une famille blanche et riche. La fille de la famille est proche des communistes et prône l'égalité noir/blanc. Bigger doit la conduire à une soirée mais la soirée va être tout autre que prévue et amener Bigger à tuer la jeune fille.



La force du roman n'est pas dans ces évènements mais dans le personnage de Bigger. L'auteur sait nous rendre très proches les émotions morcelées de ce gamin, elle est aussi dans la dénonciation fine du rapport d'oppression blanc/ noir et dans la force brute de vivre debout que ressent Bigger et qui en fait un homme digne malgré ses meurtres.



Roman époustouflant .
Lien : http://theetlivres.eklablog...
Commenter  J’apprécie          264
Black Boy

Richard Wright retrace son parcours de vie de Noir dans une Amérique, (particulièrement au Sud) encore sous le joug "légal" de la ségrégation raciale. On suit avec dépit son enfance dans une famille éclatée et un contexte extérieur oppressant. Ainsi, il prendra progressivement conscience des multiples formes de discrimination envers ses contemporains, tout en nourrissant son désir d'émancipation, en pensée et par action.

Au delà de la condition des Noirs, Black boy servi par une écriture généreuse et précise est un document poignant sur la nécessité de se maintenir, d'imaginer une autre vie que celle que la triste réalité nous impose.





Commenter  J’apprécie          240
L'homme qui vivait sous terre

« Mais il en va d’une œuvre comme d’un arbre : plus les racines s’enfoncent dans la nuit dense de la terre, plus grand est le morceau de ciel que la ramure peut embrasser. » Michel Tournier. ..« l’homme qui vivait sous terre » , nouvelle de Richard Wright, est de ces arbres.

Ses racines plongent dans la cruauté d’un monde, de son injustice, de son absurdité, de ses fictions, de sa réalité. Nuit dense, profondeurs létales. A la surface de ce monde : mensonges, illusions, absurdes croyances, fausses richesses, théâtres hallucinants où dansent des ombres macabres.

Dans le ventre de ce monde, dans la densité de sa nuit, les bruits, les heures connaissent une autre horloge, embrasse un autre temps . D’autres valeurs. Un autre regard. Dans la densité de cette nuit, une autre lumière, une vérité, atroce, cruelle. La réalité.

A la surface, ...mais dans le fond.

C’est ici l’autopsie d’un corps social.

Dans les entrailles du monde, la lumière se fait.

Faisant apparaître, entendre, toucher, ce qui jusqu’à lors était invisible.

Terrible et insupportable, et presque prothétique nouvelle de Richard Wright : Celui qui s’expose et fait remonter à la surface la vérité sera assassiné.

Il serait intéressant d’analyser la nouvelle de Richard Wright à travers la lecture du mythe de Jonas...dans le ventre de la baleine, ..trois jours et trois nuits…, recraché sur le rivage...  «  Lève-toi, va à Ninive et crie contre elle car sa méchanceté est montée jusqu’à moi. » .

La baleine,..le poisson…

Comment ne pas repenser aux mots de Richard Wright durant l’interview qu’il avait accordé au journal l’Express le 18 août 1960, lorsqu’il était interrogé sur la valeur symbolique de son roman Fishbelly : « « Qu'entendez-vous par le titre de votre livre Fish Belly ?  

Ce titre a une certaine portée symbolique ; l'estomac d'un poisson est généralement blanc, mais cela ne se voit pas de l'extérieur, et ce que je voulais faire comprendre au lecteur, c'est que mon personnage regarde avec des yeux de Noir les valeurs des Blancs, mais qu'il a entièrement absorbé les valeurs de la société dans laquelle il vit... C'est ce qu'un de ses compagnons de jeux exprime dans le livre lorsqu'il dit : "Le ventre des poissons est blanc". » »

https://www.lexpress.fr/culture/livre/1960-entretien-avec-richard-wright_2027196.html.



Il est parfois intéressant de lire une nouvelle séparément du recueil auquel elle appartient. "L'homme qui vivait sous la terre" appartient au recueil "Huit hommes", recueil que j'ai précédemment eu le plaisir de lire. Cette nouvelle, il est vrai, avait à cette époque déjà retenu mon attention. Mais lu ainsi, séparément, sa relecture m'a permis de saisir peut être plus nettement, je pense, la densité de cette nuit.

https://www.babelio.com/livres/Wright-Huit-hommes/199142/critiques/1271107



Astrid Shriqui Garain







Commenter  J’apprécie          220
Un enfant du pays

Un livre émouvant... On est pris dans la spirale infernale de la ségrégation et du racisme, et la fin est inéluctable. État de l'Illinois, années 1940. C'est l'histoire d'un jeune noir, Bigger, qui avait bien des ambitions, mais qui ne peut pas les réaliser parce qu'il est noir. Alors avec ses copains, il commet quelques larcins. Et puis un jour, il est obligé par le bureau de bienfaisance d'aller travailler comme chauffeur pour l'homme qui détient la société immobilière qui loue à sa mère, son frère et sa soeur une unique chambre insalubre, avec des rats en prime, dans un quartier où les noirs sont parqués et dont le loyer est plus cher que ce qui serait pratiqué pour un blanc. Chez un homme qui dépense des millions pour payer à des noirs des tables de ping pong, ou tout de même payer l'école à quelques-uns (mais pourquoi aller à l'école quand on n'a pas le droit de devenir ce qu'on veut au bout du compte ni même oser l'exprimer ?). Et tout bascule lorsque Bigger fait la rencontre de sa fille, qui fait tout pour aller à l'encontre de son père et qui fraie avec des communistes, tout aussi détestés que les noirs, les juifs, etc. etc. Alors que Bigger voudrait juste qu'on le laisse tranquille, qu'on ne vienne pas empiéter sur son territoire, parce qu'il a peur, parce qu'il a la haine, il est obligé dès le premier soir de ramener cette fille saoule jusque dans sa chambre. Pour les blancs, ce serait un premier crime si cela devait se savoir, et c'est là que pour Bigger tout va basculer.
Commenter  J’apprécie          210
Black Boy

Black Boy, classique de la littérature américaine, est l’autobiographie de l’enfance de l’écrivain noir Richard Wright dans le sud des États Unis au début du XXème siècle. Un récit pour raconter le passage de l’auteur de l'innocence à la clairvoyance.



Ce livre pourrait être vu comme un simple roman d’apprentissage puisque ce sont les mémoires d’un garçon qui devient un homme. Mais Richard est un garçon noir qui devient un homme noir. A la place de l’histoire classique sur le passage à l'âge adulte, vous avez là le témoignage d’un garçon qui grandit en prenant conscience que la société le déteste. Et comme Richard est un garçon intelligent, il essaie de comprendre pourquoi elle le déteste tant.

Pourquoi ne mange-t-on jamais à sa faim dans sa famille ? Pourquoi sa mère, cuisinière dans un restaurant qui sert des assiettes pleines à des blancs, ne peut-elle pas lui donner à manger ? Pourquoi faut-il baisser la tête ?



A travers de nombreux témoignages ou fictions sur la ségrégation raciale, on sait déjà tout cela mais là ou Wright se distingue c’est qu’il s’en prend aux siens. Il accuse de complicité les noirs dans leur propre asservissement. L’entourage de Richard semble se conformer à la situation et refuse d'ébranler le système, voire parfois ne réalise pas qu'il y a un système à ébranler. Ils sont absorbés par la satisfaction des besoins humains primaires (notamment la faim qui est une constante dans ce récit), qu'il ne leur reste pas de temps pour combattre. L’homme blanc n'a même pas besoin de pousser l’homme noir vers le bas : il est déjà allongé là, affamé et battu. C’est un racisme si dévastateur et si complet qu’il se perpétue naturellement.



Écrasé par l’austérité religieuse de sa famille, par la violence qui y règne et par l’inertie de ses proches, c’est dans l’écriture et dans la lecture qu’il trouve une échappatoire. Il cherchera plus tard à rejoindre le Nord du pays mais toujours il s’opposera au déterminisme qui lui interdit de devenir ce qu’il souhaite devenir.



Dans ces mémoires, Richard Wright parvient à allier le talent du conteur et la finesse d’analyse. On suit ce gamin dans ses questionnements, dans sa colère, dans son incompréhension et on est surpris de l’acuité avec laquelle il aborde les clivages raciaux et les rapports de domination.



[ Black Boy est un texte fondateur, paru en 1945, il est l’un des tous premiers romans écrits par un noir sur ses conditions de vie ]
Commenter  J’apprécie          190
Black Boy

Black boy est le récit autobiographique de Richard Whright alors jeune garçon, dans les années 1920 à Jackson, Mississippi.



Richard nous raconte tout d’abord ses conditions de vie particulièrement difficiles au sein de sa famille : la pauvreté et la faim qui lui tenaille les entrailles, son père qui déserte le foyer, les multiples déménagements forcés, son éducation rude où la moindre insolence est punie de coups de fouet, et même, à six ans, l’alcoolisme.



Richard est un garçon rebelle qui ne supporte pas l’injustice et qui entend bien ne pas s’y soumettre, quand bien même l’autorité émane de sa propre famille. Fusse-t-elle-même dictée par les Blancs. Il découvre petit à petit le mépris, les humiliations, la brutalité, sinon même la violence qui peut jusqu’à vous tuer pour un simple regard, une simple présomption, pour le seul fait que peut être vous, le « Nègre », vous ayez l’idée d’être leur égal. Nous apprenons en même temps que Richard la loi des Blancs, leur mode de pensée, le « non monsieur » humble et docile qu’il faut répondre en se mordant l’intérieur de la joue quand un Blanc vous demande « toi là le moricaud ça te pose un problème ? ».

Dieu que c’est révoltant ! Qu’il y a de quoi ressentir de la honte que des Blancs aient agi de la sorte. D’où leur venait cette croyance en leur supériorité ? Je l’ignore. Une chose est sûre, j’étais toujours à la fois admirative et interpelée par la soumission de façade des Noirs au temps de la ségrégation. Je me disais, quelle force de caractère il fallait ! Et avec cette lecture j’ai compris. J’ai compris qu’ils étaient nés avec cette hostilité, cette menace sur leur vie, qu’ils avaient appris dès le début de leur vie à devoir ravaler toute forme de répondant. Simplement pour survivre. Parce qu’ils n’avaient pas le choix. Et malgré cela, cette soumission n’était bien qu’un leurre. Ils n’étaient pas « matés » et la lutte pour les droits civiques qui s’en est suivie l’a démontré.



Richard, au travers du parcours qu’il nous raconte, a toujours eu bien du mal à se soumettre à cette loi des Blancs. Il n’a jamais renoncé à être un Homme. Il n’a jamais désespéré de ses ambitions : celles de quitter le Sud pour le Nord réputé plus favorable à la condition des Noirs, et devenir écrivain. De petit boulot en petit boulot, il supporte toujours la pauvreté, la faim, les brimades, mais garde la tête haute et poursuit son chemin.



J’ai beaucoup aimé cette lecture, reflet d’une époque malheureusement pas si lointaine, malheureusement pas tout à fait éteinte. J’ai découvert cet écrivain dont j’ai beaucoup apprécié l’écriture et la richesse du témoignage et compte bien lire d’autres de ses œuvres qui souvent traitent de la ségrégation.

Commenter  J’apprécie          194
Une faim d'égalité

On savait Richard Wright prolifique et pertinent quand il s'agit de dénoncer la ségrégation raciale et les injustices dans son pays natal ; que ce soit à travers la fiction, "l'homme qui vivait sous terre" ou le témoignage, "Black boy".



L'auteur ne se dédit pas dans cette oeuvre autobiographique mais insiste cette fois sur le désastre spirituel causé par les multiples formes d'oppression envers les Noirs aux Etats-Unis. Aussi, faut-il avoir les mêmes envies que des Blancs pour se sentir à leur égal ? Ou faire corps avec des travailleurs exploités suffira-t-il d'être vus comme des citoyens à part entière ?



Toujours dans un style limpide et généreux l'auteur ose un rêve pour ses compatriotes qui résonne encore aujourd'hui : "Si notre pays ne réussit pas à s'engager dans des sentiers humains, s'il n'arrive pas à adopter une conduite imprégnée d'un profond sens de la vie, nous descendrons, Noirs et Blancs, dans la même fosse."

Commenter  J’apprécie          180




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Richard Wright (2362)Voir plus

Quiz Voir plus

Métro Quiz

🎬 Film français réalisé par François Truffaut sorti en 1980, avec Catherine Deneuve et Gérard Depardieu, c'est ...

Le premier métro
Le dernier métro
L'ultime métro

10 questions
69 lecteurs ont répondu
Thèmes : métro , chanson , romans policiers et polars , cinema , romanCréer un quiz sur cet auteur

{* *}