C'est LE shôjo culte par excellence, celui qui a fait connaitre l'Histoire de France et le Château de Versailles aux japonais, La Rose de Versailles est un mastodonte du genre.
Sorti en 1972 dans le magazine Margaret (créée en 1963) de Shûeisha, LaRose de versailles (ベルサイユのばら, Versailles no bara), est un pionnier du shôjo. Il figure en effet parmi les premiers manga réalisés par une femme pour un public féminin. Jusqu'alors, le domaine était réservé exclusivement aux hommes.
Pendant un an (durée de publication de la série), les lectrices pourront découvrir les aventures d'Oscar, Marie-Antoinette, Fersen, Louis XVI et bien d'autres. Au total, la série comptera 10 tomes. Pas de doute, Riyoko Ikeda est productive.
En 1979, La rose de versailles est adaptée en anime par le studio TMS Entertainment. Pendant 42 épisodes, c'est une fresque épique que les téléspectateurs pourront savourer. Puis, en 1990, sort un film. Il s'agit en fait d'un recoupage de la série.
Fort de son succès, la série se voit également adaptée en film live(comprenez avec de vrais acteurs) en 1979. le film, réalisé par Jacques Demy (rien que ça), propose une réalisation mixte. Celui-ci ne sort qu'en 1997 en France et passe totalement inaperçu. Dernièrement, on peut même découvrir un drama ayant pour thème les fans d'Oscar, personnage principal de la série.
Au delà de son succès japonais, La Rose de Versailles est très bien accueilli par le public français avec la diffusion de l'anime rebaptisé Lady Oscar en 1986 dans l'emission RécréA2 d'Antenne 2. Il est rediffusé en 1989 toujours chez Antenne2 avant de migrer vers France 3 en 1998 chezles minikeums, emission culte de toute une génération.
Dans les années 2000, Lady Oscar est rediffusé deux fois. Une première fois en 2004 sur France 5 dans l'emission midi les zouzous (qui rediffuse de grands classiques comme Princesse Sarah ou Olive et Tom) et en 2005 sur la chaine Mangas.
La Rose de Versailles, comme le prouve ses nombreuses rediffusions est une série inter-générationnelle qui plaît toujours, malgré son âge. Par nostalgie ou par surprise de voir le mixte de deux cultures, les raisons d'aimer La Rose de Versailles sont nombreuses.
Pour les amateurs, il faudra attendre 2003 pour voir la série arriver en DVD mais surtout 2006 pour profiter de l'édition collector et de ses nombreux bonus (édition aujourd'hui bien plus courante que la version simple). Ainsi pendant 16 ans, c'est le dessin animé uniquement qui a fait le succès de Lady Oscar. le public français devra attendre 2002 pour que Kana publie les trois tomes (deux tomes plus un spin-off recueil de petites histoires) qui composent la série.
En 2011, l'éditeur réedite La Rose de Versailles dans une édition avec nouvelles jacquettes, plus actuelles, plus belles que les originales.
La Rose de Versailles est une oeuvre culte depuis les années 70.En trente ans, le succès du manga n'en démord pas, bien que ciblé avant tout pour un lectorat féminin il peut parfaitement plaire à un large public comme il le fait déjà depuis tant d'années.. J'ai connu ce titre toute petite par le biais de l'anime Lady Oscar et j'en suis devenue accro tout de suite. Loin de faire écho à l'anime, La Rose de Versailles en est un complément parfait car il permet de traiter plus en détail les moments de l'anime trop rapidement passés sous silence. Bien que ce soit un shojo, l'auteur ne s'attarde pas trois heures sur un élément pour faire durer la romance. On le sait,la fin ne sera pas des plus heureuses et les histoires d'amour tournent très vite à la tragédie (Ah André et Oscar! Mon couple fétiche!).
Diffusé à l'époque sur Récré A2 puis sur France 3 dans les minikeums, l'anime est bien plus célèbre que le manga. Appelé La Rose de Versailles (son titre original) il est édité par Kana depuis 2002. La série se compose de trois tomes, respectivement de 960, 920 et 335 pages. Des trois tomes, seuls les deux premiers « pavés » composent l'histoire telle que vue dans l'anime. le troisième se divise en 4 chapitres, racontant chacun une histoire différente se concentrant sur un personnage inconnu de la série télé: Loulou. Loulou est la nièce d'Oscar, petite fille turbulente qui n'a pas son pareil pour se fourrer dans les pires histoires possibles.
La chance de pouvoir lire des mangas sur l'Histoire de France, c'est assez rare et Riyoko Ikeda fait ça de manière exemplaire. Plus qu'un travail de création, La Rose de Versailles est avant tout un travail d'adaptation. Ikeda s'inspire beaucoup, voire un peu trop de la biographie de Marie-Antoinette de Stefan Zweig (Romancier autrichien né en 1881 et décédé en 1942). Zweig, qui avait une grande passion pour la reine de France, en avait aussi une vision légèrement déformée et romancée. Il lui excusait très facilement certaines erreurs et certains de ses défauts, la décrivant également comme une « reine de tragédie ». Ce que fait également Riyoko Ikeda.
La Rose de Versailles, comme chaque histoire à vocation historique comporte deséléments romancés et incorrects par rapport à la réalité, on a ainsi des erreurs, notamment sur les costumes qui ne sont pas de la bonne époque (comme ceux de la Garde. Oscar, par exemple, porte un costume napoléonien, rappelons que Napoléon devient empereur quelque temps après la révolution), mais l‘auteur s‘en excuse et reconnaît ses erreurs. Malgré ça, Ikeda s'en tire à merveille et offre une oeuvre très réaliste du dernier couple royal et de la révolution française. Lire La Rose de Versailles c'est comme prendre un cours d'Histoire de France en plus agréable mais attention tout de même!
Car si l'oeuvre est réaliste, certains personnages sont bien différents dans le manga par rapport à la réalité. Ainsi donc, Marie-Thérèse d'Autriche n'est pas aussi bienveillante et douce dans la réalité mais à plutôt un esprit rusée de mère, cherchant à s'immiscer dans les affaires de la France par le biais de sa fille poussée dans une destinée non voulue, Mercy, quant à lui, n'est pas aussi pacifique. Marie-Antoinette, bien que fidèlement décrite, n'a jamais choisi les ministres à la place du Roi qui était suffisamment intelligent pour ne pas mettre dans des mains frivoles les affaires de l'État. En parlant du Roi justement, il n'est pas si idiot et benné dans la réalité. Louis XVI était surtout timide mais il était intelligent, bien qu'il avait des plaisirs simples.
L'un des principaux défauts de l'oeuvre réside dans sa temporalité. Il est difficile de se rendre compte que plusieurs années passent, les personnages gardant leurs traits juvéniles.
Si l'empreinte de Zweig est très présente, on remarque surtout celle D Ikeda dans certains personnages comme Oscar, Rosalie, André, les soldats de la Garde française et le masque noir qui n'est pas sans rappelé Zorro ou encore Robin des Bois. Grâce à eux, on a une vision plus intimiste de l'Histoire et du récit dramatique aux nombreux rebondissements D Ikeda.
Le point fort de l'oeuvre, en dehors de son contexte, c'est son personnage principal: Oscar. Ah Oscar! On en rêve toute, elle incarne le prince charmant, l‘homme parfait et c‘est normal, car c‘est une femme! Oscar c'est notre chouchou, on ne peut s'empêcher de la voir comme un homme qu'on aimerait avoir, mais on pleure avec elle quand ses sentiments prennent le dessus et quand son coeur se brise. On craque toutes pour elle et c'est aussi le cas des jeunes filles du manga comme Marie-Antoinette elle-même et Rosalie qui est, sans aucun doute, amoureuse d‘Oscar. Alors oui, c'est ambiguë et pourtant, ça ne dérange pas. D'une parce que Oscar est considérée par tous comme un homme, de deux parce que les personnages savent faire la différence. Ils vivent avec leurs sentiments mais restent dans le politiquement correct. La Rose de Versailles est un monde avant-tout féminin où les hommes sont assez en retrait. Alors est-ce que l'on peut qualifier Lady Oscar d'oeuvre à tendance Yuri? Non. Car les sentiments ambiguës de la part des jeunes filles pour Oscar se traduisent avant tout par une forte admiration voire une adulation qui reste toujours saine.
L'auteur utilise beaucoup de références dans son manga. Ainsi, en plus des multiples références à la tragédie grecque dans le second tome, on peu s'amuser à voir un peu de Dumas dans le masque noir et Oscar, un peu de Zola dans le peuple et un peu d'Hugo dans l'histoire de Jeanne et Rosalie qui évoquent beaucoup les Misérables. C'est surprenant de voir une telle maîtrise de la culture française de la part d'un auteur étranger à celle-ci.
Mais là où l'oeuvre est la plus impressionnante c'est dans son graphisme plein de bons sentiments limite guimauve et de préjugés. Car oui! La Rose de Versailles est un manga pour filles, mais il est beaucoup plus que ça. Si l'on a vu l'anime en premier, le côté cartoon des sd qui rappellent le style de Tezuka peuvent déstabiliser quelque peu. Car au niveau visuel, l'anime est beaucoup plus sérieux et dramatique que le manga. Néanmoins, on s'y habitue vite. Grâce à son trait assuré et ses nombreuses recherches sur l‘architecture, l'auteur nous fait voyager dans une atmosphère romantique de la noblesse et enivrante de passion dans une France très fidèle à celle du XVIIIe. le plus impressionnant reste les yeux des personnages. On y retrouve la pâte des années 70 et c'est un émerveillement. Ikeda ne laisse aucun défaut à ce niveau, laissant son lecteur admirer son trait romantique et passionné sublimé par un découpage et une mise en page époustouflante.
Coté Edition, La Rose de Versailles pourra en rebuter plus d'un. C'est le cas des non-amateurs de gros pavés.Les deux premiers tomes de la série contiennent l'équivalent de quatre tomes chacun divisés en cinq chapitres soit mille pages par volume. le troisième, plus court est l'équivalent d'un seul tome. Ce choix rend l'édition plus fragile et forcément plus chère. Ainsi pour les deux premiers tomes, il vous faudra débourser 40 euros (20 € chaque) et 10 pour le troisième. Une somme assez justifiée vu le nombre de pages d'un tome. On pourra apprécier les pages couleurs en début de volume bien que cela reste un peu « cheap ».
En ce qui concerne l'impression et le rendu du papier, il n'y a rien à redire, le travail est bon.
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