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Citation de enkidu_


Il se peut que, à certains égards, ces esclaves d’autrefois soient moins déshumanisés, tout au moins dans leur travail, que les prolétaires d’aujourd’hui. Les gestes qu’ils accomplissent constituent sensiblement la répétition ou le prolongement de gestes naturels. Comme l’a écrit Adrien Tilgher, « la technique antique, en général, ne va pas au-delà du plan de la nature dont elle est seulement un prolongement et une amplification quantitative ». Ceci est vrai également pour l’utilisation technique de l’esclavage. Au contraire, la technique moderne rompt avec les rythmes naturels et se donne de plus en plus pour base des opérations artificielles qui s’appliquent à la réalité, mais qui n’en procèdent pas. Elle devient une « pure abstraction inventive », ce qui est le signe de nos sociétés modernes. Le travailleur actuel, assujetti aujourd’hui à la loi d’airain du plus fort, c’est-à-dire, selon les cas, d’un patron, d’un organisme, d’un système ou de l’État, subit ainsi une double aliénation, alors que l’esclave antique n’en connaissait qu’une. L’esclave perdait sa liberté mais demeurait dans la vie. Le prolétaire perd le contact avec la réalité, il vit dans l’abstraction, en même temps qu’il aliène sa liberté. Double aliénation qui s’accentue à mesure que s’effectue l’évolution de l’habitat humain depuis la hutte individuelle jusqu’à la cité moderne. (pp. 32-33)
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