LA ROUE
À Camille GOEMANS
V
La rue suit sa pente
Les hommes leur chemin
ou suivent les passantes
Moi seul je me souviens
Le soleil las poursuit sa route
Les fenêtres s’entrouvrent
au silence à la fraîcheur
Une grande roue tourne
et tourne grande roue
où les hommes s’usent
La terre mâche la terre
Épines en ailerons…
Épines en ailerons
au ras des sables
le fond rose absorbe les pas
ruines de la route incertaine
restes des heures indécises
hiers engloutis
UNE FEMME PARLE…
XXII
Le ciel était tombé
Haine contre haine
Il n'y avait plus de mystère
Nous allions follement nous piétiner l'un l'autre
décidés à mourir l'un pour l'autre
Il m'appelait son enfant
et je n'avais plus que des larmes
ÉCRITURES
X
L'eau lave l'eau
L'image nous surprend
à travers les courants
Je guette un bruit
qui me sauve
d'attendre
La signature
d'un être
XXIV
La route pointée vers la haute mer
mais si près des premières vagues
et si près des innocentes plages
où nos pas s'arrêtent
comme un mât dans le ciel inverse
qui s'effrange
je me perds autour
de moi-même
LA ROUE
À Camille GOEMANS
I
Chante, étranger sur le trottoir
Ta voix n’écarte aucun volet
Au soleil blanc reste en arrêt
Chante plus fort chante plus noir
Dos au mur aveuglant
Face au fronton des façades
La note frappera la seule vitre en flammes
Aux mille éclairs vois le sourire du temps
Comme
un grand visage
qui se nomme
LA ROUE
À Camille GOEMANS
III
La parole est morte
Et le monde est venu
Et les rues sont pleines de monde
Personne ne passe la porte
Tout se nomme refus
Et les ruines s’enivrent de monde
L’attente folle
couleur de fuite
un souvenir géant
qui efface tout
UNE FEMME PARLE…
XXI
Perdue
ô lendemains lendemains
dans ses bras
dans ma détresse
Si nous pouvions comme un retour
nous perdre l'un l'autre soudain
trouver dans le vent
la plage des origines
le désert du matin
la petite ville
pù nous étions libres
d'espérer
un peu
LA ROUE
À Camille GOEMANS
II
O doux éclatement
Le livre s’est ouvert
et j’ai vu du cœur qui ne ment
déborder les souvenirs de mon enfance
Comment
dis-moi comment
ce passé s’est ouvert
que tu gardais si pieusement
pour habiter ce cœur d’abondance
La bouche de blessure
avait-elle mis son secret
dans la grenade mûre
Si longtemps
si longtemps après
C’est bien ma solitude
comme une ancienne fleur
qui plus tard a germé dans ce feu
Où donc
jadis perdue
UNE FEMME PARLE…
XVII
Mon espoir dans ma main
petit oiseau dont le cœur bat
sous les plumes fraîches
Je pourrais l'étrangler entre deux doigts
Duvet délicieux
je le flatte