Il faut sauver les espèces animales en danger non pas parce que nous en avons besoin, mais parce que nous avons besoin de développer les qualités humaines nécessaires pour les sauver, et ce seront celles-là dont nous aurons besoin pour nous sauver nous-mêmes.
Puisque notre civilisation doit inéluctablement se dévorer elle-même après avoir tout dévoré, pourquoi ne pas prévoir, imaginer un peu ? Pourquoi ne pas y penser, pendant qu'il reste quelque chose à sauver ? Car, sauver dans cinquante ans la dernière violette sous le dernier buisson, ou garder maintenant l'ours et le bison dans la forêt vierge, c'est au même prix ; une révolution profonde ; seule la date change.
Ce soir-là, alors que la lune presque pleine montait dans un ciel rose, éclata le choeur des loups. Deux groupes se répondaient et parmi eux une voix haute. Les voix alternaient montant et descendant en une polyphonie sauvage et pourtant musicale. Notre nature a perdu une de ses plus grandes voix, des plus émouvantes, avec le chant des loups dans l'air glacé.
Sur les feuilles mortes, mouillées, la rose de Noël étale son feuillage luisant d'eau, une perle pendant à ses boutons rosés. Je montais un ravin, suivais une crête, redescendais l'autre versant. La forêt m'accablait de sa beauté sauvage. Je souhaitais la voir se ramasser en une forme animale plus saisissable. (...) Les eaux pures, coulant sur l'humus noir, étaient fraîches à ma soif. (...). Et mon coeur était mordu par tout l'inexprimé, tout ce qui m'avait échappé et pourtant me noyait de son inépuisable richesse.
Un jour viendra où l’on jugera notre société non à la manière dont elle a dominé la nature, mais à la part de sauvage qu’elle aura été capable de sauvegarder.
Notre plus mortelle défaite sera notre triomphe complet sur la Nature.
L’un de nos buts lointains doit être de rendre à la nature suffisamment de liberté créatrice
On ne peut séparer nature et civilisation et pourtant elles s’opposent diamétralement comme deux pôles d’une unique réalité. Elles s’opposent par définition, la civilisation étant ce qui tire l’homme de l’état de nature et la nature ce qui existe antérieurement, en dehors de toute civilisation. Dans la réconciliation qu’on tente trop facilement une fois de plus, entre ces contraires, on tend trop à les confondre et dans cette confusion, c’est la notion même de nature qui se perd.
Le grand combat de l’avenir ne sera pas entre le Bien et le Mal, mais entre le beau et l’utile. Pour qui sait voir, c’est déjà le vrai combat d’aujourd’hui, car l’utile perd sa valeur par son accomplissement ; tandis que l’appétit de beauté est insatiable.