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Critiques de Robert Jackson Bennett (407)
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Vigilance

Une lecture de 165 pages et premier livre de cet auteur, me concernant.



Jubilatoire et effrayante. Cette dystopie (mais est-ce vraiment une dystopie) nous décrit une Amérique dans un futur proche. Une Amérique aux portes de l'enfer.



Les États-Unis se meurent. La jeunesse a fui, les vieux vivent de plus en plus vieux.

Chacun à peur de l'autre, du voisin, de l'inconnu.

Le pouvoir appartient aux multinationales et le gouvernement ne sert plus à grand chose (une dystopie vraiment ?)

Pourquoi, dans ce cas, ne pas miser sur la peur du peuple, sur le plus grand fléau du pays, les tueries de masse ?

C'est le pari que va faire un riche network. Organiser des tueries de masse, sélectionner des tueurs, choisir un lieu public, filmer le tout et provoquer un bain de sang.

Si vous tombez sous les balles, si vous êtes une victime, ne vous en prenez qu'à vous même, vous n'aviez qu'à porter une arme et savoir l'utiliser.

Des meurtres à la chaîne scénarisés, entrecoupés de pubs vantant l'Amérique profonde et passée.

Une Amérique de terreur, rétrograde, raciste et franchement débile.

Le pire est qu'il n'y a pas besoin de beaucoup d'imagination pour y croire.

Le présent fait peur mais le futur nous fera regretter les jours passés.

Un petit côté "La purge" que ne m'a pas déplu.

Un livre vif, incisif qui passe au vitriol les États-Unis d'aujourd'hui.





L'avez-vous lu ?



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American elsewhere

Quelque part entre Stephen King, Lovecraft et Neil Gaiman...

Mona, ex-flic qui a sombré à la suite de la mort de sa fille, hérite d'une maison à Wink, une petite ville du Nouveau Mexique aux Etats-Unis, une ville mystérieuse, difficile à trouver, où le temps semble s'être arrêté et dont certains habitants sont fort singuliers…

La première moitié de ce gros roman ((780 pages) comporte des longueurs, il ne faut pas hésiter à parcourir certains chapitres, d'autant plus qu'on devine assez rapidement quelle est l'origine des habitants en question et comment ils sont parvenus à Wink ; mais l'auteur a su créer une atmosphère particulièrement inquiétante et des personnages énigmatiques, aux relations parfois ambiguës, dont le lecteur souhaite vraiment cerner davantage les motivations et les potentialités.

En revanche, la deuxième moitié du roman (à partir de la page 433) abonde en moments dramatiques et en scènes spectaculaires, si bien qu'il est difficile d'en abandonner la lecture jusqu'à son impressionnante apothéose finale !

C'est donc finalement un très bon ouvrage que nous propose Gilles Dumay pour inaugurer la nouvelle collection de science-fiction qu'il dirige chez Albin Michel.
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American elsewhere

Bienvenue à Wink, avec ses jolies petites rues bien propres, ses habitants bien sages, ses gentils petits commerces à la mode des années 50, son mode de vie rétro et ses publicités respirant le bonheur pour toujours.

Bien sûr, tout n’est pas si rose à Wink, bien que ce soit justement la couleur de la lune ici !

Mona Bright vient d’hériter d’une maison dans cette petite ville.

Elle découvre donc la ville en même temps qu’un secret familial.

Mais le pire est à venir.

On est dans un roman qui flirte avec le fantastique et la science-fiction, il y aura donc des tas de phénomènes étranges, des endroits bizarres, des gens avec des réactions inhabituelles.

Le suspense est habilement amené, la tension monte en même temps qu’on découvre à quel point Wink est particulier.

Vous aimez la physique, les créatures de toute sortes, les expériences mystérieuses et interdites ?

Entrez dans Wink et laissez-vous entraîner dans une aventure palpitante et angoissante.
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Les maîtres enlumineurs, tome 1

Je ne vais pas me démarquer des avis flatteurs que j’ai lus à droite à gauche à propos des Maîtres enlumineurs. Ce roman est captivant du début à la fin et cela, de façon très intelligente.



La cité de Tevanne est riche et vaste, mais, comme de bien entendu, recèle des inégalités flagrantes : quatre familles se partagent le pouvoir et les plus beaux quartiers, laissant au peuple misérable les miettes. Les Communes, les Verts accueillent les plus miséreux dans des conditions lamentables, pendant que les plus aisés se pavanent dans leurs enclaves luxueuses. Et ce partage ne risque pas d’être remis en question grâce à la magie des enluminures. Trouvaille très réussie de Robert Jackson Bennett (et point de contact, comme le remarquent plusieurs critiques et auteurs, avec le genre cyberpunk – et ça tombe bien, j’adore le cyberpunk) que ce système de magie à la limite de la technologie. Les pouvoirs ne tombent pas du ciel, ici. Non, en fait, c’est plus une science : les maîtres enlumineurs inventent des formules qui « convainquent » les objets d’agir autrement qu’ils devraient. Ils peuvent ainsi convaincre une flèche d’aller plus vite, car la formule la trompe sur la gravité. Ou persuader une voiture d’avancer seule, sans moyen de locomotion. Les effets pourraient être infinis, mais plus la tromperie est grande plus les lignes de code de la formule doivent être nombreuses. On en arrive à des volumes entiers. On se croirait presque devant un ordinateur, avec ses étagères bourrées de disques durs stockant des informations. Et tout cela dans un monde typique du médiéval fantastique. L’équilibre est parfaitement trouvé et on adhère sans hésiter à ce système, qui ouvre, de surcroît, de nombreuses possibilités pour la suite. Sans parler de ces mystérieux hiérophantes, qui maîtrisaient, d’après les légendes, les enluminures à un niveau inégalé depuis leur disparition. Et des mystérieux artefacts qu’ils ont laissés derrière eux, source de convoitise et d’interrogations. Un classique des romans d’aventure habilement intégré à une histoire déjà riche.



Mais une belle trouvaille ne suffit pas à faire un bon roman. Or, Robert Jackson Bennett est décidément un auteur de talent (il suffit de relire la novella Vigilance, parue dans la collection UHL, efficace comme un coup de poing dans l’estomac). Dans ces Maîtres enlumineurs, il s’offre les services d’un groupe de personnages horriblement attachants. Et divers, cela va de soi, afin d’attirer un plus grand nombre de lecteurs. L’héroïne centrale, Sancia, est une voleuse au passé lourd, qui en fait un être spécial, mais blessé au plus profond de sa chair et, en réaction, doté d’une volonté à toute épreuve. Sans parler de ses capacités physiques proprement ahurissantes. Pour l’épauler, autre bonne trouvaille, un artefact exceptionnel dont on découvre l’image sur la couverture (splendide, il est bon de le préciser : encore un réussite du talentueux Didier Graffet) : une clé, dont on va découvrir peu à peu l’étendue des pouvoirs. Et qui a entre autres la possibilité de parler. Ce procédé n’est pas sans rappeler, par exemple, le vaisseau découvert par Spensa, l’héroïne du Voyage vers les étoiles de Brandon Sanderson, qui, lui aussi, présente une certaine intelligence et peut servir de confident à une héroïne isolée. Peu à peu, Sancia va devoir s’acoquiner avec d’autres habitants de Tevanne, pas nécessairement issus de son milieu social et pas vraiment amicaux au premier abord. Mais qui qu’ils soient et d’où qu’ils viennent, ils finissent tous par nous toucher, d’une manière ou d’une autre. Chacun a ses faiblesses, ses doutes, ses passions. Chacun, malgré sa froideur apparente, malgré sa carapace bien nécessaire pour survivre dans une telle société, cache une humanité qui va nous le rendre sympathique, à un moment ou à un autre.



Enfin, pour entraîner son lecteur pendant plus de six cents pages sans le lasser en cours de route, il faut un scénario bien ficelé et de multiples rebondissements. Pas de souci à se faire de ce côté non plus. Robert Jackson Bennett est à l’aise dans la multiplication des rebondissements, l’enchâssement des intrigues, l’apparition de protagonistes qu’on n’imaginait pas voir débarquer ainsi à cette place. Le rythme est trépidant et ne nous laisse pas vraiment le temps de souffler. D’ailleurs, les combats sont souvent éblouissants de virtuosité et d’inventivité. Car l’auteur sait user des possibilités offertes par le système des enluminures pour rendre les affrontements explosifs et jamais répétitifs. À chaque nouvelle lutte, des inventions qui la rendent différente de la précédente. Ce qui me fait penser à Ken Liu, dans la série de la Dynastie Dent de Lion. Lui aussi sait rendre un combat imprévisible grâce à une surprise de derrière les fagots. Alors O.K., le but ultime de cet ouvrage n’est pas à proprement parler original : sauver le monde. Mais on s’en moque. C’est la manière qui compte. Et elle est là. Bruce Willis peut aller se rhabiller (enfin, je crois qu’il l’a déjà fait depuis quelques années) : il n’arrive pas à la cheville de Sancia !



Est-il besoin de préciser, pour conclure, que j’ai vraiment beaucoup aimé la lecture des Maîtres enlumineurs et que j’attends avec impatience la traduction de Shorefall, le deuxième tome de cette ambitieuse trilogie ?
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American elsewhere

Livre lu dans le cadre de l'opération Masse Critique. Merci à Babelio de m'avoir sélectionnée, et merci à Gilles Dumay ainsi qu'à Albin Michel Imaginaire pour l'envoi de American elsewhere.



Amis de l'étrange, bienvenue à Wink! Venez visiter cette sympathique bourgade nichée dans une vallée reculée du Nouveau-Mexique, 1243 et quelques habitants, image-même de l'American Way of Life, sa mesa brillant sous la lune rose. Les pelouses y sont impeccables, les gens souriants et les nuits très très calmes.

En fait, mieux vaut ne pas sortir la nuit.

En fait, mieux vaut éviter certains endroits de la ville.

En fait, mieux vaut ne pas venir à Wink.

Surtout qu'elle ne figure sur aucune carte.



Pourtant Mona Bright, ex-flic cabossée par la vie (c'est rien de le dire...) s'y rend pour hériter la maison de sa mère, morte suicidée trente ans plus tôt, lorsqu'elle-même avait sept ans. L'occasion de se poser après deux années d'errance plus ou moins alcoolisée et d'apprendre des choses sur Laura, avant sa schizophrénie et ses idées suicidaires.

Mona découvre ainsi une petite ville qui semble idyllique. Idéale. Parfaite. Un peu trop même. Certaines choses lui paraissent singulières. Voire carrément bizarres. Son instinct l'incite à se méfier des apparences trop belles...



Après un premier chapitre qui prend le lecteur à brûle-pourpoint, Robert Jackson Bennett déroule une intrigante et étrange histoire. L'auteur se plaît à nous perdre dans les recoins infinis de Wink et de sa réalité altérée. Les éléments d'explication arrivent par infimes particules, histoire de maintenir l'effet déroutant du récit le plus longtemps possible. Sans doute un peu trop longtemps parfois, un petit élagage aurait été bénéfique au texte, à mon goût.

Autre bémol, la manie compulsive de Mona de dire "putain" dans toutes ses phrases ou presque. Certes, elle en a bavé dans la vie, elle est très garçon manqué, néanmoins sa façon de parler devient assez vite agaçante. Son langage ordurier n'apporte rien; même sans cela on aurait compris qu'elle était une dure à cuire.



Concernant l'univers mis en scène, Lovecraft s'invite dans une bourgade américaine qui rappelle les Derry et Castle Rock des premiers ouvrages de Stephen King. Avec mesa et canyons arides en plus, Nouveau-Mexique oblige. Un univers qui s'avère plus intrigant qu'effrayant mais réaliste dans l'ensemble (une réalité altérée réaliste, c'est vraiment possible?).



Robert Jackson Bennett rassemble en un seul livre des éléments fantastiques, policiers, scientifiques, un petit côté saga familiale (et quelle famille!), et globalement, ça fonctionne. Il ne s'agit pas d'un roman inoubliable mais j'en ai trouvé la lecture divertissante et plaisante. Compte tenu que le bébé fait tout de même près de 800 pages, c'est déjà une belle réussite, à défaut d'être un coup de coeur.
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Les maîtres enlumineurs, tome 1

Mesdames, messieurs, très chers lecteurs, installez vous dans ma carriole, je vous invite à venir visiter Tevanne.

Comment Monsieur ? La carriole n’a pas de moteur, ne fait pas de bruit et n’a pas d’attelage !? C’est une première fois par chez nous à ce que je vois. Prenez place, je vais vous expliquer le prodige qui nous permet de nous mouvoir.

Voyez-vous, ce véhicule, dans lequel nous arpentons les rues de Tevanne, est mû par la force des “Siggilums” appelé également “Sceau” mais ce que la majorité des habitants ici appelle des Enluminures. Il s’agit de petites inscriptions au reflet argenté qui confère à l’objet sur lequel il est écrit des propriétés nouvelles. Prenez par exemple cette carriole dans laquelle nous sommes, sur ses roues lui ont été indiqué comme une force de poussée, ce qui lui permet de penser qu’elle est tiré vers l’avant et de ce fait avance ; génial non ?

Oh ! L’emploi des enluminures est multiple, vous n’avez pas idée de ce qui peut-être accomplie avec.

Mais je ne vais pas vous assommer de nomenclature, à la fin de notre bref parcours, je vous laisserais à la taverna, entre les mains de maître Robert Jackson Bennet, qui vous contera l’histoire de Tevanne.

Sachez tout d’abord que Tevanne est constitué à 80 % de maisons marchande aux nombres de 4 et les 20% restants sont appelés les communes, si vous voulez mon avis, un endroit peu ragoûtant. Les maisons marchandes vivent dans la prospérité, tandis que les communes sont un peu en reste de la société, ceux qui n’ont pas trouvé leur place dans les maisons marchandes végètent dans ces bas-fonds et n’ont que peu d’avenir, ces endroits sont peu surs, dangereux et puant.

Les maisons marchandes se développent en commerçant les objets qu'elles enluminent, chacune à des spécialités si je puis dire. Une certaine course à l’ingéniosité et à la nouveauté anime une concurrence qui pousse chaque Hypathus de chaque maison à se surpasser. Les Hypathus sont en quelque sorte les maîtres à penser de l’enluminure certains diront des génies ; je ne pousserais pas si loin que ça.

Approchez-vous, que je ne parle pas trop fort. Mais sachez qu’avant que les maîtres enlumineurs ne produisent actuellement ce qui agrément nos vies, il existait, selon les légendes, des géants ! On les appelait les Occidentaux, vous devinerez pourquoi hein. Ces Occidentaux avaient poussé l’art de l’enluminure à des niveaux ahurissants. Mais à vouloir plus, il paraît qu’ils se sont détruits eux-mêmes. Ah ! Les légendes, comment savoir si tout cela est vrai ?

Ah, nous arrivons, voici notre conteur Monsieur Bennet, il va vous raconter l’histoire de Sancia, régalez-vous.



Je suis toujours emprunté pour parler de fantasy, toujours peur de spoiler, mais sachez que j’ai réellement apprécié cette lecture.



Le système de magie, que les plus grossiers appeleront des runes, est tout à fait sympa et novateur. Ces enluminures, comme vous expliquait votre chauffeur, modifient en quelques sortes la nature des objets, comme par exemple, persuader du bois qu’il est aussi fort et imputrescible que la pierre. Au début, on ne saisit pas la portée des enluminures, mais plus le roman avance, plus on se rend compte que les possibilités sont quasi-infini. Le pire, c’est que l’auteur prend la peine de vous expliquer le fonctionnement des modifications apportés, comme pour vous ôter du doute que “c’est magique et c’est comme ça, je l’ai décidé”. Certains diront que parfois, c’est trop d’explications. J’avoue qu’avant de lire d’autres critiques, je n’avais pas remarqué ce point, pour moi, c’était fluide et utile. La magie “magique ”, c’est bien, mais étayée, c’est pas mal aussi. C’est d’ailleurs par le biais de cette magie que le roman prend un ton steampunk, parce qu’au même titre que la carriole qui vous a mené ici, les objets acquièrent des automatismes dictés par les enluminures qui permettent au final disons le, des chaînes de productions.

On ne va pas se mentir, ça reste de la fantasy, épées arbalète, armure et tout le toutim.



Alors une fois, l’univers dressé, de quoi va nous parler l’auteur ? De l’histoire de Sancia, une jeune femme qui fait office de voleuse issue des communes. Le roman ouvre in médias res sur un de ses larcins pour le moins risqué. Ça donne le ton tout de suite, l’univers, notre personnage assez brut de décoffrage, un langage pas toujours châtié et de l’action.

De ce côté-là, on sera servi, ça ne retombe jamais, une montée dramatique qui ne cesse de nous emmener plus loin dans les complots, les possibilités de l’enluminure, l’histoire précédente l’époque à laquelle nous sommes dans le roman. Et cette histoire avec un grand H, va prendre de l’importance au fil du roman.



Alors Sancia n’occupera pas seul le haut de l’affiche, elle va rencontrer d’autres personnes au fil de ses péripéties, et devra des fois s’allier à des personnes avec lesquelles aucune accointance n'aurait pu se faire en temps normal.



J’ai apprécié l’intrigue en elle-même, bien construite, bien dosée, les éléments s’agglomèrent progressivement pour venir épaissir le tout. Les personnages sont agréables et bien définis, avec une histoire personnelle utile à l’intrigue. Le seul petit point négatif, c’est leur grossièreté pour la plupart, mais certaines réactions sont savoureuse et amènent parfois des échanges qui font rire pour leurs côtés acerbes.



Le cœur de l’intrigue c’est ce premier vol que commettra Sancia, elle se retrouveras en possession d’une clef, mais pas une clef bannale, non, juste “Clef” avec des capacités particulières. Je ne peux pas en dire plus : désolé, il faut le lire :)



Il s’agit d’une trilogie, j’ai hâte de la sortie poche des tomes suivants, voir ou tous cela va nous mener.
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Les maîtres enlumineurs, tome 1

La méthode Coué de la magie.



Une voleuse, curiosité aidant, ouvre une petite boîte qu'elle vient de subtiliser de manière peu orthodoxe. Elle découvre une clef qui permet d'ouvrir toutes les serrures et même plus encore. Et en outre, c'est une clef qui parle ! 🧐



Il y a des livres qui à peine commencé vous donne envie de meurtre, d'autres, plus rares, vous donnent envie de ne faire qu'une chose : lire lire et lire.

Malheureusement Les Maîtres enlumineurs font partie d'une tout autre catégorie : lire jusqu'à plus soif, en oubliant tout ce qui se passe autour de vous, ce que vous avez à faire pour vous immerger complètement, profondément, dans son univers.



Je pourrais vous parler de ce choc culturel entre la plèbe et la Haute, la banlieue et la ville;

Je pourrais vous parler de cette idée à la liberté à la justice;

Je pourrais vous dire aussi que c'est un roman drôle, la politesse du désespoir;

Je pourrais vous dire que vous allez y apprendre plein d'expressions imagées et grossières;

Je pourrais vous dire qu'il est aussi une fantasy cyberpunk et hopepunk;

Je pourrais vous dire qu'on y parle du rôle de la femme, que le héros est une héroïne;

Je pourrais vous dire dire qu'il est très bien construit, sans lourdeur, que la SF et la fantasy s'y imbriquent de manière surnaturelle, mais parfaite;

Je pourrais aussi vous dire que c'est un roman divertissant et intelligent;

Je pourrais vous dire que c'est une curain de putain de bon bouquin;

Je pourrais vous dire que le plus spectaculaire est que ce roman plaira sûrement au novice comme à l'amateur;

Mais tout ce que je pourrais vous dire ne parviendra jamais à vous faire comprendre combien j'ai apprécié ce roman;

Car je ne suis qu'un simple blogueur, pas un écrivain talentueux;



La seule question que tu dois te poser : Te laisseras-tu embobiner par les maitres embobineurs ?
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Les maîtres enlumineurs, tome 3 : Les terres ..

L’heure de la bataille finale a sonné. Tevanne a pris des proportions immenses. Elle contrôle la moitié du globe, éliminant sans pitié ou pire intégrant à son armée tous ceux qui se dressent sur sa route. Sancia, Clef et Bérénice, malgré tout leur talent et leurs nombreux alliés, se trouvent bien démunis face à un tel pouvoir, une telle volonté. Or il faut arrêter Tevanne qui veut rien moins que corriger le monde en détruisant l’actuel.



Mais avant d’aller crescendo, il faut tout mettre en place. Et ça prend un peu de temps. Même si le roman commence par une belle scène d’action, bien fichue et poignante à souhait, ensuite, j’ai retrouvé le rythme un peu mou de certaines parties du Retour du hiérophante, le précédent roman des Maitres enlumineurs. Cependant, heureusement, cela ne dure pas. Et puis, il faut bien préparer les lecteurices au bouquet final. Pour cela, Robert Jackson Bennett, en orfèvre, ne dessine pas des enluminures, mais cisèle l’état d’esprit de ses personnages. Il faut qu’ils soient prêts, à point pour la résolution finale de cette époustouflante trilogie. Et donc, ils doivent encore souffrir. Car, pour être un héros ou une héroïne, il faut savoir donner de sa personne et être disposé à tout sacrifier. Comme elles et ils le répètent à l’envi, « on ne danse pas entre les gouttes de la mousson ». Quand le danger est présent, pas d’autre moyen que de l’affronter. À n’importe quel prix. Et Robert Jackson Bennett fait partie de ces auteurs qui n’hésitent pas à transformer leurs personnages en martyrs. Pour la bonne cause, certes. Mais certains passages devraient arracher une ou deux larmes aux plus sensibles.



Les personnages, justement. Nous les suivons depuis plus de mille pages. Et la plupart vont rencontrer leur destin, en quelque sorte. Nous sommes dans une sorte de tragédie, même si tous les protagonistes n’appartiennent pas aux classes supérieures de la société, loin de là (n’est-ce pas, Sancia ?). Si tout n’est pas écrit d’avance et si je ne veux pas divulgâcher trop, on sait tout de même que ceux qui se sont donné pour rôle de stopper Tevanne, d’améliorer la situation, de tenter de sauver quelque chose dans cette catastrophe annoncée vont devoir abandonner une partie d’eux-mêmes, vont devoir sacrifier quelque chose ou quelqu’un de cher. La première scène du roman donne le ton : lors d’une opération, on découvre la puissance de frappe de Tevanne. Et l’équipe réunie par Bérénice et Sancia en fait le rude apprentissage. On n’est pas dans une bluette avec happy end obligatoire. Toute victoire se paie.



Et en parlant de prix, si cet ouvrage devait être mis en scène sous forme de film, ça coûterait un bras en effets spéciaux. Rien à envier aux Avengers. La fin du Retour du hiérophante donnait déjà le la : on n’est plus dans les affrontements de bandits dans une ruelle sombre. On en est à une guerre totale entre des forces tellement gigantesques que la planète elle-même est en danger. Les protagonistes ne s’envoient plus des pierres à la figure, mais des montagnes. Robert Jackson Bennett a le sens du spectacle et nous en donne pour notre argent. Ça explose de partout. Et avec talent. Il ne se contente pas d’une accumulation basique d’actions. Il sait écrire des scènes d’action, varier les points de vue, ménager ses effets et le suspens, s’élever au-dessus de la scène pour mieux y replonger avec vigueur et force. Bref, c’est à un festival pyrotechnique de qualité que nous invite l’auteur dans la conclusion de sa trilogie. Et quelle conclusion ! Mais je m’arrête là pour éviter de gâcher votre plaisir.



Pour finir, je voulais revenir sur les thèmes abordés dans Les terres closes. Même si l’auteur n’a pas écrit un roman de réflexion, mais bien d’action, comme je pense l’avoir assez affirmé dans les lignes précédentes, ils sont puissants et méritent que l’on s’y arrête. En effet, avec ces enluminures qui modifient la pensée quand on les greffe sur un corps, Robert Jackson Bennett peut faire référence au transhumanisme et à tout ce courant de pensée (et de vie) qui se développe depuis des années dans certaines parties du monde. Où l’on imagine que l’avenir de l’humanité est dans sa progression et, donc, sa transformation. Après tout, Homo sapiens a remplacé Neandertal (pas de façon aussi brutale qu’on le pensait à un moment, mais le résultat est le même). Pourquoi l’humain augmenté ne remplacerait-il pas l’humain lambda ? Et s’il faut pour cela donner un coup de pouce à la « Nature », soit ! C’est un peu ce que l’on rencontre dans ce roman. Parce qu’il faut combattre une menace phénoménale, mais aussi, dès le début, parce que cela apporte des avantages, les humains ont manipulé leurs semblables avec des enluminures. Glaçant, mais bien d’actualité.



Dans ce troisième tome, on découvre également un autre rêve de l’humanité : la mise en place d’une société égalitaire et ouverte à toutes et tous. Est-ce moi qui choisis mes lectures, involontairement, dans le même vivier ou est-ce une tendance actuelle, mais j’ai l’impression de tourner en permanence autour de ce thème en ce moment. L’invention d’une société qui soit plus juste, qui permette à chacun de vivre de façon correcte. Un pays de fantômes de Margaret Killjoy vante de façon assez efficace, je dois le dire, les mérites de l’anarchie. Jean Krug, dans Cité d’ivoire, suit un peu la même voie, en rejetant la surveillance outrancière de nos civilisations modernes, lui préférant les petits groupes autogérés. Le monde de Julia d’Ugo Bellagamba & Jean Baret, nous montre des personnages qui s’interrogent sur ce qui fait société, les règles nécessaires pour diriger justement un groupe d’humains. Et Becky Chambers, dans Un psaume pour les recyclés sauvages et Une prière pour les cimes timides, les deux volumes publiés des Histoires de moine et de robot, offre le spectacle d’une société apaisée, qui a su trouver un équilibre, pas parfait, mais autrement plus humain que celui que nous connaissons aujourd’hui. Dans Les terres closes, certains humains finissent par tenter une utopie, qui peut glacer d’effroi certaines personnes : la création d’une entité réunissant des centaines d’humains, unis dans les mêmes pensées. Un seul vaste esprit guidant des dizaines de corps, riche de l’expérience de toutes et tous. Une manière de faire corps, d’aller toutes et tous ensemble vers un même but. Au détriment de l’individu, il est vrai. En cette période d’individualisme affirmé, c’est ambitieux et revigorant.



Enfin, on peut observer dans ce roman la remise en cause du statut de héros. Puisque dans ce récit, comme dans bien d’autres, le méchant ou la méchante n’est pas toujours celui ou celle que l’on croit. Ou bien, l’on découvre derrière leurs actes des raisons puissantes et pas limitées à un besoin de faire le mal. Un peu comme le faisait remarquer Benjamin Patinaud dans son Syndrome Magneto. Les « méchants » ne sont pas nécessairement des êtres monolithiques, composés de haine, qui se conduisent comme des monstres par plaisir. Ils peuvent avoir des motivations valables, compréhensibles. Ils peuvent avoir subi de tels traumatismes que leur comportement est parfaitement explicable et, sinon justifiable, du moins entendable.



Robert Jackson Bennett écrit dans ses remerciements que « ce livre s’est avéré extrêmement difficile à écrire ». Comme John Scalzi (il en parle à la fin de La société protectrice des kaijus) et bien d’autres : la Covid a bouleversé pas mal de plans, pas mal d’esprits. Mais lire Les terres closes n’est pas difficile. Au contraire, c’est un réel plaisir. Non, en fait, c’est difficile : car quitter ce monde d’enluminures, abandonner à leur sort Sancia, Bérénice, Clef et les autres est déchirant. Robert Jackson Bennett a su nous les rendre tellement réels, tellement proches, tellement indispensables que savoir qu’on ne les retrouvera plus est une tristesse. Une longue parenthèse se ferme, comme une porte, d’un tour de clef.
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Vigilance

Comment définiriez-vous l’Amérique ?

C’est cette interrogation à laquelle semble répondre la dernière parution en date de l’excellente collection Une Heure-Lumière des éditions du Bélial’ avec Vigilance de l’américain Robert Jackson Bennett.

Déjà publié chez Albin Michel Imaginaire en 2018 avec le fantastique (mais longuet) American Elsewhere, l’auteur s’essaye cette fois à la science-fiction politique pour disséquer les rouages de son propre pays et de sa propre culture.



American Nightmare

Nous sommes dans une Amérique en perte de vitesse, une Amérique dépassée par l’avancée technologique d’une Chine désormais toute-puissante, une Amérique qui a vu ses minorités fuirent le pays en quête d’un avenir meilleur, une Amérique vieille, ultra-conservatrice…et terrorisée !

Pour distraire le quidam, Vigilance, une nouvelle émission évènement qui pousse le principe de la télé-réalité dans ses derniers retranchements.

Son responsable, John McDean organise des fusillades dans des environnements contrôlés où il lâche des actifs (comprendre des terroristes triés sur le volet) et filme en direct le massacre tout en plaçant des pubs à tour de bras pour son public affamé et fasciné.

Dès les prémices de cette novella ultra-dense, Robert Jackson Bennett affronte violemment la culture américaine en tirant les fils d’un entrelacs socio-politique aussi complexe que destructeur.

Mais son histoire, elle, est dominée par deux vecteurs principaux : les armes et la peur.



La nation du second amendement

Alors que le récit croise l’histoire de John McDean et d’une jeune serveuse noire, Delyna, le lecteur avance dans un futur terrifiant avec, comme background, des incendies et des catastrophes naturelles et un bouleversement total de l’échiquier planétaire.

L’attention se porte pourtant de façon pleine et entière sur une énième Vigilance qui prévoit de lâcher trois tueurs dans un centre commercial, le tout filmé en direct avec une palanquée de pubs pour un public ciblé et manipulé dans ses moindres détails.

Robert Jackson Bennett définit l’Amérique par les armes et la violence.

Mais que cache la possession d’armes et la propension des américains à en raffoler ? Une nation paralysée par la peur, conséquence attendue de la possession individuelle et la possibilité d’être dépossédé.

Pour mouliner le tout, l’orgueil de l’américain moyen, biberonné à l’héroïsme d’antan et à la virilité contrariée, au vigilante et à l’auto-défense.

Ce qui définit en premier lieu l’Amérique de Robert Jackson Bennett, ce sont les armes et la NRA, la gâchette et la pulsion destructrice d’une nation convaincue d’être le sommet. Mais comment être le sommet quand, individuellement, le citoyen américain de base n’est rien, englué dans sa propre routine et sa médiocrité ?



Manipulation de masse

Mais l’autre facette de cette suprématie en naufrage, c’est aussi et toujours l’autre grande conquête américaine : la conquête télévisuelle.

Vigilance exprime la quintessence de la manipulation médiatique et publicitaire où la technologie (deep fakes et autres IA avancés) vient presser le spectateur et le ferrer de façon de plus en plus insidieuse et imparable.

Le contrôle de la société américaine s’avère ici totale, jouant sur les deux mamelles de la culture américaine : le consumérisme et la violence.

Cette novella, aussi courte et percutante soit-elle, tombe parfois malheureusement dans un didactisme qui semble, curieusement, faire écho au besoin de tout décortiquer pour la personne lambda. Cela n’entame en rien le récit et lui donne une résonnance d’autant plus forte.

Robert Jackson Bennett trouve une version bien plus intelligente d’American Nightmare tout en y ajoutant des considérations sociales d’une acuité remarquable.

John McDean incarne d’ailleurs l’évolution ultime du rapace capitaliste à l’américaine, qui choisit sciemment de profiter du malheur et des faiblesses de son propre peuple au lieu de tout mettre en œuvre pour lutter contre.

Mais, tout comme son peuple, John McDean a ses faiblesses : la soif de pouvoir, la quête de popularité, la luxure… Tout dans le récit de l’américain concoure à éplucher la société dans sa globalité pour en tirer un portrait glaçant.

De l’autre côté, Delyna pourrait faire figure de dernier espoir tout en expliquant que le racisme n’en finit jamais. La rébellion individuelle passe cependant ici par une autre manipulation pour s’en sortir vivant et la prise en conscience collective, arrivée à un tel niveau d’enracinement culturel, semble impossible. À force de matraquer les gens d’images violentes et de glorifier cette même violence, on insensibilise et on drogue le citoyen lambda.

Et que se passe-t-il lorsque vous tentez de sevrer brutalement une personne droguée qui ne ressent plus rien face à l’horreur ?



Texte brutal, glaçant et, pour tout dire, épatant, Vigilance épingle la société américaine dans son ensemble, tentant d’en tirer la substantifique moelle socio-politique afin d’expliquer de façon lisible le naufrage qui l’attend. Robert Jackson Bennett constante l’échec d’un peuple, d’une culture et d’une économie fondée sur la peur.

On en ressort sonné et terrifié.
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American elsewhere

Mona Bright a hérité d'une maison dans la ville de Wink.

Une ville énigmatique, des habitants étranges...

Dès le départ, on nous présente la ville de Wink comme un mystère et l'auteur a su garder cette part d'énigme tout au long du livre. Les informations sont données au compte goutte. L'histoire des habitants, le passé de Mona et de sa mère, les créatures...il faut avancer dans le livre pour comprendre ce qui, au début, m'a assez déroutée. On navigue entre plusieurs dimensions, on rencontre une civilisation venue d'Ailleurs... Même si je trouve que l'ensemble du livre aurait pu être allégé de quelques pages non indispensables à l'histoire, j'ai beaucoup aimé. Bref, si vous aimez les romans fantastiques, plongez dans l'univers d'"American Elsewhere". (...)



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Les maîtres enlumineurs, tome 2 : Le retour d..

Une suite qui ne m’aura pas vraiment transportée contrairement au premier opus.

L’originalité dont faisait preuve le début de cette série, avec un système de magie bien expliqué et cohérent, des personnages intrigants et en toile de fond, une intrigue solide a totalement manqué dans cette nouvelle rencontre.

Trois ans après leur premier tour de force, la bande d’enlumineurs / arnaqueurs reprend du service suite au retour du hiérophante. Ca démarre bien et fort. L’auteur nous plonge directement dans l’action et le rythme se maintient sur un bon tiers du roman.

En revanche, j’ai trouvé le reste du roman assez ennuyeux. J’ai eu le sentiment que l’auteur reprenait la trame du premier en instillant quelques changements mineurs mais globalement, on n’avance pas beaucoup sur le fond de la saga.Le jeu de cache-cache avec le Hiérophante et la dualité Valeria / Cresedes m’ont quelque peu agacée.

Il m’aura manqué plus d’intrigues annexes, une plus grande exploration de la ville, de nouvelles rencontres et une diversité de tons chez les protagonistes.

Bref un poil déçue par cette lecture.
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Les maîtres enlumineurs, tome 1

Robert Jackson Bennet nous immerge dans la sombre cité de Tevanne là où les complots des quatre grandes familles marchandes font lois. Dans cet univers qui frôle le steampunk et le cyberpunk, les secrets autour des enluminures sont la clé.



Sancia est une jeune femme qui a le pouvoir de lire les objets enluminés qu'elle touche. Vivant avec la population oubliée de Tevanne, Sancia tente de survivre dans ses bas-fonds en volant les riches familles. Avec son pouvoir, aucune porte ou cadena ne semblent l'arrêter. Alors qu'elle est missionnée pour voler une petite boîte inconnue dans un des entrepôts les mieux gardé de la ville, la jeune fille ne s'attendait pas à déclencher cet état d'alerte et à se mettre autant en danger. Mais ce que révèle cette petite boîte en valait bien la peine...



Ce premier tome inaugure une série de fantasy vraiment originale et dynamique. La comparaison avec Brandon Sanderson est loin d'être fortuite tant le système de magie est innovant et donne lieu à un univers fouillé et à une intrigue percutante comme sait très bien le faire également l'auteur de la trilogie des Fils des Brumes. Les Maitres enlumineurs est un récit plein d'action, mais qui sait faire la part belle à une intrigue politique intéressante. La ville de Tevanne est un véritable théâtre où les coups bas des quatre familles commerçantes sont légions et où il est important pour elle de rester d'actualité dans le jeu politique, mais également scientifique, car les enluminures sont réellement l'enjeu principal de cet univers.



Nos différents protagonistes semblent noyés dans cette ville dont ils ne comprennent pas tous les enjeux. L'auteur nous offre une palette de personnage vraiment intéressante. Sancia, notre voleuse et le capitaine Gregor Dandolo, fils d'une des quatre familles dirigeante n'ont bien entendu aucun point commun sauf peut-être l'envie de survivre et de comprendre ce qui les dépasse.



Le Maitre des enlumineurs est un roman qui joue avec les codes et qui nous offre un univers fouillé avec un système de magie original et au centre des intrigues. Véritable course à la découverte, le récit ne s'essouffle jamais. Robert Jackson Bennet est un auteur à suivre. Son autre roman American Elsewhere était déjà sur beaucoup de lèvres !
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Les maîtres enlumineurs, tome 2 : Le retour d..

A la fin du premier tome, nous quittions Tevanne après que Sancia, Gregor et leurs amis aient changé à tout jamais le destin de la cité.



En créant Interfonderies, une nouvelle maison marchande, Orso a eu la vie sauve. Il a également remis en question toute l'histoire sur laquelle reposait la vie de la cité jusqu'ici. Le but de ce renouveau est de démocratiser l'art de l'enluminure et de concurrencer les maisons marchandes.



Les quatre comparses ont durement travaillé durant les années passées. Sancia est devenue enlumineuse et travaille avec Bérénice sur la création d'un nouveau seau.



Mais un problème se présente. Un hiérophante refait son apparition. Il ne s'agit pas de n'importe lequel, mais de Crasedes Magnus, le premier des hiérophantes et le plus puissant. De plus, il s'intéresse de très près à Sancia et à son don.



Ce deuxième tome nous entraîne sur les origines de l'enluminure. Un conflit de grande ampleur se prépare.



J'ai poursuivi avec plaisir ma lecture du deuxième tome de la trilogie des "Maîtres enlumineurs", tout juste sorti en librairie. Ce nouveau volet ne laisse aucun répit au lecteur, beaucoup d'évènements se produisent.



Nous basculons trois ans après le procès d'Orso et la création de la nouvelle maison. Sancia et Bérénice se sont rapprochées et ont pu travailler ensemble sur la conception et l'évolution de certains aspects de l'enluminure. Gregor est très affaibli depuis la bataille qui s'est produite et garde énormément de rancœur vis-à-vis de sa mère. Orso prépare quant à lui un projet de grande envergure avec l'une des principale maison de la cité. Les personnages ont beaucoup évolué. Ils sont plus sûre d'eux et ont acquis plus de force et de réflexion. Orso est la tête pensante de tout ce petit monde. Il a des projets qu'il compte bien mettre en action très prochainement.



L'arrivée soudaine de Crasedes Magnus met l'équipe sous tension. Son retour se prépare et il faut le contrer car on s'attend au pire. Les hiérophantes sont de vrais mystères. Lorsqu'ils étaient encore en action, ils "amélioraient, déformaient et altéraient leur corps et leur âme par le biais d'horribles sacrifices humains rituels". Ils agissaient ainsi sur la mort, la réalité, le temps et avaient accès à des pouvoirs et privilèges puissants difficilement contrôlables. Crasedes Magnus était le pire d'entre eux. C'est celui qui a inventé la méthode. Une course à la survie de tout Tevanne s'installe. Il faut tout mettre en œuvre pour contrer la force du hiérophante et protéger la cité.



Un très bon deuxième tome, très fourni en détail. J'ai beaucoup aimé le ton humoristique et sarcastique de l'auteur. On trouve beaucoup de dialogues, d'interrogations et de divulgations. Il y a de l'action tout au long de la lecture et ne cesse de s'accroître. Des secrets sont mis à jour. On remonte le temps sur les origines et les vieux combats. Les personnages gagnent en force et en stratégie. La fin est excellente et laisse présager un 3ème tome prometteur.



Une lecture entraînante, rythmée, pleine d'actions et de magie dans un monde fascinant.


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Les maîtres enlumineurs, tome 1

Après avoir pu découvrir ce dont Robert Jackson Bennett était capable en fantastique et en SF, voilà que l’occasion est donnée au lectorat français d’expérimenter le volet « fantasy » de l’auteur avec ce premier tome des « Maîtres enlumineurs ». « American Elsewhere » m’avait intéressée sans plus, « Vigilance » m’avait bien accroché, mais c’est sans commune mesure avec ce nouveau roman qui mérite bien tous les éloges qui lui sont fait depuis sa parution. L’auteur y met en scène une jeune femme, Sancia, embauchée par un mystérieux commanditaire pour voler un objet particulièrement bien gardé. Bien que périlleuse, la mission se passe sans trop d’accrocs, si bien que notre voleuse parvient à regagner son repaire avec son butin, dont elle ignore tout. Un pressentiment va la pousser à fouiner dans la boite subtilisée pour découvrir avec surprise qu’elle ne contient en tout et pour tout qu’une clé. Cette dernière n’a toutefois rien d’ordinaire, et sa curiosité va, certes, lui sauver la vie mais aussi rendre celle-ci beaucoup plus compliquée. La sauver parce que, compte tenu de la puissance de l’objet en question, il est évident que son employeur ne l’aurait jamais laissé en vie après qu’elle le lui eut remis. La compliquer parce que, maintenant que la clé se retrouve en sa possession, les personnes au courant de son existence vont tout faire pour la récupérer. Et, compte tenu de la somme qu’ils étaient prêts à débourser pour la réussite de sa mission, ils disposent de moyens assez conséquents. La jeune femme n’est d’ailleurs pas au bout de ses peines puisqu’elle ignore que, en plus de ses commanditaires, un autre adversaire redoutable s’est lancé à sa poursuite : l’officier responsable de la surveillance de l’endroit dans lequel elle s’est introduite avec fracas pour récupérer la clé. Heureusement, Sancia dispose aussi de pas mal d’atouts. D’abord, son mode de vie l’a habitué à vivre de manière minimaliste et avec la crainte permanente d’être traquée, ce qui lui a valu d’acquérir pas mal de bons réflexes. Ensuite, notre héroïne a une particularité exceptionnelle qui lui permet de ressentir les objets qui lui livrent, par un simple toucher, tous leurs secrets. Enfin il y a Clé, mystérieux artefact avec lequel elle est parvenu à entrer en contact plus intimement qu’avec n’importe quel objet auparavant et qui, lui aussi, possède un pouvoir peu commun et bien pratique.



Parmi la multitude d’atouts que possède le roman, la qualité de l’univers en général, et du système de magie élaboré en particulier, est à saluer. L’action prend place à Tevanne, sorte de cité-état impérialiste dominée par des maisons-marchandes à la tête desquelles on trouve quatre grandes familles, véritables dynasties ayant accaparés pouvoir et richesse depuis des années. Chacune exerce son autorité sur un territoire qui forme une enclave au sein de la cité dont ces « campos » occupent la majeure partie. Les 20% restants composent ce qu’on appelle les Communes, zone de non droit dans laquelle réside les individus n’ayant pas été jugé dignes d’être intégré au personnel des maisons-marchandes : pauvres, marginaux, repris de justice, femmes… C’est dans ce quartier que vit notre voleuse, et c’est là que va se dérouler la première partie de l’intrigue, entre courses-poursuites, jeux du chat et de la souris et bastonnades sacrément musclées. La plus grande originalité du roman vient de son système de magie qui repose, comme l’indique le titre, sur les enluminures, sorte d’écriture inventée par une race mythique ayant vécu il y a longtemps et dont il ne reste aucune autre trace aujourd’hui, si ce n’est quelques objets que les spécialistes s’arrachent et une poignée d’archives. Pour faire simple, une enluminure est un assemblage de sceaux qui, en fonction de la manière dont ils sont agencés, permettent de tordre légèrement la réalité afin de faire faire à un objet une action qu’il aurait, en temps normal, été bien incapable de réaliser. Correctement utilisé, ce savoir permet de bénéficier de technologies sophistiquées utilisables aussi bien pour le transport, l’éclairage ou encore l’armement. Jalousement gardé par les différentes maisons-marchandes, qui rivalisent d’ingéniosité pour repousser toujours un peu plus les limites de l’enluminure, le secret de fabrication des gabarits d’enluminure a toutefois indéniablement fini par fuiter et est exploité par ceux que l’on appelle les Ferailleurs, des individus rejetés par les maisons-marchandes mais suffisamment dégourdis pour proposer à ceux des Communes quelques objets enchantés de qualité variable. Tout cela nous est expliqué de manière très ludique, sans qu’à aucun moment l’auteur ne se perde dans des explications techniques interminables et laborieuses. Le procédé est suffisamment simple pour qu’on comprenne tout de suite la manière dont il fonctionne, mais aussi suffisamment sophistiqué pour que de nouvelles découvertes viennent sans arrêt élargir le champ des possibles aux yeux du lecteur.



A la lecture de cet élaboré système, on est évidemment tenté de penser aux romans de Brandon Sanderson (et notamment à sa trilogie « Fils-des-brumes ») puisqu’on y retrouve le même soin apporté à la cohérence du système magique et la même simplicité. Je me suis également prise à penser à plusieurs reprises à d’autres œuvres de fantasy, sans pour autant avoir l’impression de découvrir une resucée de telle ou telle autre œuvre (la capacité de Sancia d’apprendre des objets en les touchant m’a beaucoup fait penser à « La Passe-Miroir » tandis que le lien qui se tisse progressivement entre l’héroïne et Clé m’a aussitôt rappelée la relation entre Crispin et Linon dans « La Mosaïque de Sarance » de Guy Gavriel Kay). Le roman séduit, aussi, grâce au rythme échevelé auquel sont contraints les personnages qui n’ont que peu de temps pour tergiverser. Les scènes d’action s’enchaînent et durent pour certaines assez longtemps, sans que jamais l’auteur ne laisse à la moindre lassitude la chance de s’installer. On est constamment surpris et intrigué, si bien que la frénésie qui s’empare des personnages devient rapidement communicative et qu’on se prend à dévorer ce pavé de six cents pages en un temps record. L’écriture y est aussi pour beaucoup, l’auteur possédant une plume fluide et agréable qui permet de bien visualiser les scènes d’action et qui sait se faire plus incisive lors des dialogues mettant en avant la gouaille ou le mordant des personnages. Un mot, pour terminer, sur ces derniers qui, comme tout le reste, ont été particulièrement soignés par l’auteur. Sancia est une héroïne attachante et qui s’éloigne de plus en plus au fil de la lecture des stéréotypes propres à ce type de profil en fantasy. Les personnages secondaires ne sont pas en reste et bénéficient tous d’un traitement soigné et d’une personnalité ambivalente, qu’il s’agisse du rigide Gregor ou du génial mais cynique Orso. La conclusion du roman est, pour sa part, tout à fait satisfaisante puisqu’elle clôt d’une certaine manière l’arc narratif amorcé dans ce premier tome tout en ouvrant des pistes prometteuses pour la suite.



Unanimement salué par le public, ce premier tome des « Maîtres enlumineurs » est un vrai petit bijou qui possède toutes les qualités requises d’un bon roman de fantasy : des personnages fouillés et attachants, une intrigue trépidante, un système de magie simple et élégant, sans oublier un univers prometteur qu’on ne demande qu’à explorer plus avant. Un ouvrage à ne pas rater !
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American elsewhere

Pour une fois que je voulais faire une petite incursion dans la 4e dimension, c'est raté.

Pourtant, l'histoire m'attirait : à la mort de son père, Mona hérite d'une maison qui appartenait à sa mère dans une ville paumée du Nouveau Mexique. Si paumée qu'elle n'apparaît même pas sur une carte. Et drôlement étrange, attendu que le temps semble s'y être arrêté en plein milieu des années '50...

De cette chouette idée, Stephen King aurait fait un roman génial. Mais pas Robert Jackson Bennett. Je me suis donc tapé 900 pages (oui) d'incohérences, d'invraisemblances, d'extravagances ; 900 pages traversées de personnages peu sympathiques (dont la Mona qui ne s'exprime qu'en jurant), de considérations multi-dimensionnelles qui donnent la migraine, et de scènes gore où semble poindre le sadisme de l'auteur. Mouais.

A mon sens, le genre fantastique nécessite -plus que les autres- une certaine maîtrise narrative, sinon ça ressemble à un délire de lycéen. Et avec le recul, c'est ce que j'ai eu l'impression de lire : une longue divagation de boutonneux à l'imagination fertile, mais mal encadré. Dommage.
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American elsewhere

Un sacré pavé ! American Elsewhere raconte l'histoire de Mona, une femme un peu perdue, qui hérite d'une maison à Wink, au Nouveau Mexique. Une ville qui ne semble pas exister sur les cartes. Mona s'y rend et découvre en effet un endroit insolite, où sa mère semble avoir joué un rôle crucial.

J'ai eu l'impression de lire du Stephen King ! Que ce soit l'ambiance ou le traitement des personnages. L'écriture est vraiment fluide, le récit prenant, j'ai donc pris un grand plaisir à lire ce roman très original. On est clairement dans un récit fantastique dans lequel les enjeux se dévoilent au fur et à mesure. Je n'ai pas été surprise par les révélations mais elles permettent de comprendre le but de chacun des personnages. Car on pense qu'ils font tous partis d'une même équipe avant de comprendre que chacun à ses propres buts. Mona, elle, lorsqu'elle en apprendra plus sur sa mère, devra faire des choix. J'ai aimé ce personnage, une femme résiliente et courageuse . Un bon roman donc, j'ai hâte de découvrir sa nouvelle saga fantasy.

Challenge Mauvais genres 2021

Challenge Pavés 2021

Challenge USA
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American elsewhere

A l’occasion du lancement de leur nouvelle collection imaginaire (dirigée par Gilles Dumay, ancien directeur de collection chez Denoël), les éditions Albin Michel ont publié fin septembre trois romans relevant respectivement de la fantasy (« Mage de batailles »), de la SF (« Anatèm ») et du fantastique avec « American Elsewhere ». Le pari était assez risqué puisque, bien que déjà publié en France (« Mr Shivers » paru chez Panini en 2011), Robert Jackson Bennett reste un auteur assez méconnu du grand public. Le roman mérite pourtant qu’on s’y intéresse, même si tout n’est évidemment pas parfait. L’auteur y met en scène une baroudeuse d’une trentaine d’années, Mona, qui vient d’apprendre la mort de son père. Si la nouvelle ne l’atteint pas particulièrement, il en est autrement de son testament dans lequel elle découvre que sa mère (décédée elle aussi il y a plusieurs années) disposait d’une maison qui lui revient maintenant de droit. Mais plus que la maison, c’est la ville dans laquelle elle se trouve qui éveille la curiosité de cette ancienne flic. D’abord, elle ne trouve aucune mention de Wink sur aucune carte, et l’état lui même semble ignorer non seulement son emplacement mais aussi son existence. Ensuite, cette petite ville à priori paradisiaque qui semble tout droit sortie d’une brochure pour vanter les mérites de l’Amérique des années 60 a été construite autour d’un centre de recherches classé top secret et à propos duquel, là encore, presque rien n’a fuité depuis des années. Et surtout il y a les habitants, tous plus étranges les uns que les autres : certains ont des lubies complètement farfelues, d’autres des réactions inappropriées, et la majorité d’entre eux semblent craindre quelque chose et obéissent à des règles tacites extrêmement strictes (ne pas sortir le soir, ne pas s’approcher de la forêt…).



L’arrivée de Mona va déclencher toute une série d’événements qui va venir bouleverser le quotidien de cette étrange petite bourgade et de ses habitants. Le récit mêle habillement SF et fantastique, et parvient dès les premières pages à happer le lecteur qui se retrouve à dévorer avec avidité ce pavé de huit cent pages. Difficile en effet de refréner sa curiosité à l’idée de voir les mystères de Wink enfin révélés, d’autant que ces derniers ne font que se multiplier au fil des pages : pourquoi la ville est totalement coupée du monde ? Qui sont vraiment ses habitants ? Sur quoi portaient les recherches du laboratoire autour de laquelle la ville s’est construite ? Quelles sont les créatures terrifiantes qui hantent les bois ? On suit donc avec intérêt l’évolution de l’enquête de Mona qui se révèle être un personnage attachant, tant par ses capacités d’adaptation que par sa force de caractère, et ce en dépit d’un drame personnel particulièrement traumatisant. Les autres personnages sont évidemment plus en retrait, mais la plupart on malgré tout droit à leur petit passage sur le devant de la scène. L’auteur n’hésite en effet pas à changer de temps en temps de points de vue, laissant de côté Mona pour se focaliser brièvement sur un habitant ou un observateur extérieur. Les curieux habitants de Wink restent cela dit les plus marquants, moins par leur nature elle-même que par tout un ensemble de petits détails dont l’auteur se sert pour les définir et qui font sentir au lecteur que quelque chose cloche. Quoi de plus inquiétant en effet que la monstruosité cachée derrière la banalité la plus confondante ? Quoi de plus perturbant que d’imaginer la parfaite mère de famille ou le parfait voisin passant son temps à bichonner sa voiture ou entretenir son jardin comme de simples rôles ou costumes ? Le malaise s’installe ainsi rapidement, et ne quittera plus le lecteur avant la dernière ligne qui offre une conclusion satisfaisante et apporte enfin des réponses à toutes les questions posées depuis le début.



De nombreux lecteurs font le parallèle avec de grands auteurs comme Stephen King ou Lovecraft, mais le roman peut aussi faire penser par certains aspects à Dan Simmons (« L’échiquier du mal » surtout), voire même China Mieville (pour le « bestiaire » un peu farfelu). Les comparaisons sont flatteuses (et globalement méritées) même s’il faut bien reconnaître que l’œuvre de Robert Jackson Bennett reste tout de même un cran en dessous de celles de ces maîtres du fantastique. Plusieurs bémols empêchent en effet à l’angoisse de vraiment s’installer dans l’esprit du lecteur, à commencer par la prévisibilité de la plupart des événements. La majorité des rebondissements sont ainsi assez faciles à anticiper, ce qui nuit non seulement au récit mais aussi à l’héroïne dont on a trop souvent l’impression qu’elle ne comprend ni ne réagit assez vite. Alors certes, celle-ci ne dispose pas de tous les éléments auxquels le lecteur peut avoir accès, mais il n’empêche qu’il est un peu dommage de la voir laborieusement assembler les pièces du puzzle, alors qu’on est nous même arrivé tout comprendre bien plus tôt. Ce phénomène s’explique en partie par la fâcheuse manie qu’a l’auteur de vouloir expliquer plutôt que de se contenter de suggérer, même si cela part sans aucun doute d’une bonne intention à l’égard du lecteur. Le problème, c’est que servir toutes les explications sur un plateau empêche le lecteur de faire véritablement travailler son imagination, or c’est justement généralement ce qui permet à l’angoisse de s’installer : c’est parce qu’on ne sait pas vraiment à qui ou à quoi on a affaire qu’on prend peur. Il est également dommage de voir la plupart de ces explications êtres délivrées de manière assez maladroite, à savoir d’un seul bloc et par le biais d’une seule et même source.



Lancement réussi pour le volet fantastique de la nouvelle collection Albin Michel Imaginaire. « Amercian Elsewhere » est un roman solide qui, malgré quelques bémols liés à un surplus d’explications, permet au lecteur de passer un bon moment d’angoisse aux côtés d’une héroïne d’une sacrée trempe. A découvrir !
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American elsewhere

États-Unis ; de nos jours : à la mort de son père, Mona apprend qu’elle vient d’hériter d’une maison qui appartenait à sa mère et dont elle ignorait l’existence. Cette mère, Laura, s’était suicidée quand Mona était encore enfant : elle était dépressive. Mona, de son côté, est une ex-policière divorcée qui part à vau-l’eau depuis un accident.



Mona arrive au fin fond du Nouveau-Mexique, dans une bourgade absente des plans : Wink (clin d’œil en anglais, nom qui annonce quelque chose de fugace). Wink est figée dans les années 1950 — ou une version fantasmée de l’Amérique des années 50 — et les habitants se sont réunis pour un enterrement. Belles petites maisons proprettes, jardins impeccables, familles idéales… Pourtant, personne ne sort de la ville qui cache bien des secrets, et c’est la première fois depuis très longtemps qu’elle accueille un nouveau venu.



Très vite, le lecteur plonge dans une atmosphère empreinte de mystères et de non-dits qui masquent un univers fantastique effrayant. Dès le premier chapitre du roman, des voyous enlèvent un vieil homme de la ville, mais un des malfrats disparaît dans un trou sans fond, et le malheureux kidnappé par le groupe connaît une fin qu’on devine infligée par une force maléfique : le ton est donné.



Les mystères s’accumulent autour de Mona, notamment ce vieux laboratoire abandonné où sa mère Laura a travaillé, et qui a été le moteur de la ville à une époque révolue. Plus, même : la ville a été créée par les scientifiques de ce laboratoire dont il ne reste presque plus rien. Les habitants se taisent, comme si dévoiler les secrets était dangereux. Mona découvre avec stupéfaction que sa mère Laura, avant sa dépression, était une scientifique de haut vol souriante.



Servi par une écriture entraînante et fluide, le récit change régulièrement de narrateur : Mona, un proxénète devenu trafiquant sous l’impulsion d’un étrange inconnu, et divers habitants qui offrent un éclairage différent et forment une galerie de personnages très bien dessinés. Ce pavé distille lentement une atmosphère angoissante dans un décor de carte postale. Le lecteur sait dès le départ que des entités maléfiques agissent ; toute la saveur consiste à découvrir ce qu’elles sont et mieux comprendre les habitants, tous plus fascinants les uns que les autres… sans compter une « mère » intrigante.



Un très bon roman fantastique dans une Amérique hors du temps, envahie par des créatures qui renouvellent à leur façon le thème de la famille, tout particulièrement la haine et l’amour en son sein.


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Les maîtres enlumineurs, tome 2 : Le retour d..

Trois ans après le tome précédent, Sancia et ses amis ont fondé une société dans les Communes (les quartiers populaires de Tévanne) pour démocratiser l’enluminure, et à terme détruire le pouvoir des maisons marchandes basé sur cette technologie magique.



Pour mémoire, la magie de cet univers repose sur l’enluminure, en réalité une succession de signes gravés sur des objets et qui leur donnent des ordres (le bois croit être de la pierre et devient aussi solide, une roue croit dévaler une pente et avance même en terrain plat) voire modifient la réalité, comme la gravité.



Mais Valeria, l’entité artificielle, prévient Sancia qu’un désastre se prépare : le premier des hiérophantes va être réveillé (les hiérophantes étaient les magiciens d’exception d’un lointain passé), et il arrive par bateau à Tevanne. Son but ? Provoquer une guerre dévastatrice contre Valeria, qui anéantirait la civilisation de Tévanne, comme dans les millénaires antiques où une guerre similaire avait détruit d’autres civilisations.



Sancia arrive avec ses amis en mer près du galion où serait le hiérophante. La mère de Gregor a sacrifié des esclaves pour son projet funeste de réveil du hiérophante, et nos héros arrivent trop tard car Crasedes — le nom de cet hiérophante mythique — a réussi à modifier le temps.



S’en suit une course-poursuite contre le temps, dans cette ville de Tévanne inspirée en partie de la Renaissance italienne et en partie de l’Antiquité — avec la thématique de l’esclavage qui revient en force.



La mécanique appliquée à la magie grandit encore d’un cran : nos héros ne sont pas dotés de pouvoirs surnaturels (seuls Crasedes et Valeria le sont) mais ont des talents acquis soit par l’enluminure de leur corps, soit grâce à une inventivité hors norme qui les pousse à créer de plus en plus de machines ou d’outils modifiant la réalité. C’est un des aspects les plus intéressants de cette magie : elle n’est pas absolue mais elle nécessite des enluminures et des sceaux pour fonctionner. L’invention de sceaux offre chaque fois de nouvelles possibilités, mais la bataille contre le premier des hiérophantes — l’inventeur de cette forme de magie — semble insurmontable.



Ne cachons pas, cependant, que les mécanismes mis en œuvre sont parfois un brin complexes à comprendre pour le lecteur, à tel point que je me suis demandé si l’auteur suivait réellement une logique dans les rebondissements liés à la mécanique de son système de magie.



Quant aux personnages, si on suit l’évolution de nos héros, le plus intéressant est certainement la bataille d’idées entre Crasedes et Valeria, et leur propre vision de ce qui sauverait l’humanité. Ressort ici la thématique de la paix forcée, du contrôle des populations pour leur bien — rappelant certains régimes du monde réel — opposé à une humanité qui naturellement utiliserait les inventions pour prendre le pouvoir et faire la guerre. Nos héros doutent des objectifs réels des deux entités, doute qui accentue la complexité des enjeux.



La tension monte crescendo tout au long du tome, avec toute une ville prise dans les combats, jusqu’à la conclusion, qui annonce un tome 3 encore plus mouvementé.


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Les maîtres enlumineurs, tome 1

Je ne veux pas entrer dans un débat de spécialistes – que je ne suis pas – sur le genre exact auquel ce livre se rattache. Fantasy, sans doute, parce que l’ensemble de cet univers repose en effet sur un système de magie assez intéressant. Mais on retrouve ensuite des éléments distincts qui pourraient amener à vouloir le cataloguer dans tel ou tel sous-genre… Cependant, outre le fait qu’en dehors de satisfaire à un goût classificatoire, cela n’apporterait pas forcément grand-chose au débat, une part de l’intérêt de ce livre, et des deux qui vont le suivre, réside sans doute dans la façon dont l’auteur joue et se joue des codes de genre(s).



Je ne peux pas ne pas revenir sur la question de ce système de magie évoqué plus haut. Car, en effet, il y a là une originalité qui mérite d’être soulignée. L’idée générale est que tout objet est et demeure soumis aux règles de la physique ; cependant, à l’aide de sceaux, les maîtres enlumineurs seraient capables de modifier les caractéristiques ou les fonctionnalités d’un objet en « convaincant » – j’emploie ce terme à défaut d’un autre plus précis – celui-ci qu’il se trouve en réalité dans un environnement différent, amenant alors l’objet à se comporter comme il le ferait dans l’environnement en question. Un exemple sera sans doute plus parlant : pour accélérer un carreau d’arbalète, vous ne modifiez pas les règles physiques définissant la vitesse d’un objet : vous indiquez à ce carreau qu’il ne vient pas d’être tiré par une arbalète, mais plutôt qu’il est en chute libre, comme s’il tombait depuis plusieurs milliers de mètres. De ce fait, le carreau subit l’attraction terrestre, et donc subit une accélération (dont on rappellera, pour les amateurs de physique, qu’elle ne dépend pas de la masse de l’objet… mais c’est une autre histoire !).



Ainsi, Robert Jackson Bennett nous propose un cadre dont les perspectives sont évidemment immenses et probablement pour l’essentiel inimaginables : ce système de magie respecte les lois de la physique que nous connaissons… plus ou moins… mais avec la possibilité de les détourner ! Et ça… c’est futé.



Sauf que, dès que l’on a dit cela, on constate que, par un effet d’aubaine, l’auteur s’est autorisé tout de même à détourner son propre système. Car quelle règle physique, même modifiée, permettrait de viser automatiquement le point faible d’une cible ? Et cet appel à la subjectivité fait que l’idée de ces « vocabulaires de sceaux », qui était extrêmement séduisante – vocabulaires qui seraient en réalité autant de lois physiques qui pourraient faire l’objet d’une manipulation, formant une sémantique magique particulière – semble un peu battue en brèche.



Mais cela ne doit pas masquer l’essentiel : l’histoire est intelligemment menée, elle aborde des questions fondamentales – pouvoir, argent, trahison, amour, violence, aliénation… -, les personnages sont intéressants dans leurs imperfections. Il y a de jolis rebondissements, qui font que l’on ne s’ennuie jamais. Bref, une histoire passionnante, qui fait réfléchir et qui évite les pièges du simplisme. Franchement, il n’y a aucune raison valable de s’en dispenser, pour celles et ceux qui apprécient la fantasy !
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