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Citations de Robert Mayer (15)


Je ne pouvais plus croire aux dieux, alors je me suis dit que je pourrais croire à l’humanité. Mais ce n’est pas possible. Ouvre les yeux. Tu veux jouer au héros, mettre des châtaignes aux voyous ? Et alors, qu’est-ce que ça change ? Les vrais problèmes sont ailleurs. Les vrais problèmes, ce sont les usines et leur fumée qui pourrissent l’air, c’est l’infinie procession de voitures, les cartels internationaux, les ventes d’armes, la pauvreté, la corruption institutionnalisée, le racisme, les millions de bébés qui crèvent de faim. Tu vas aller partout leur couper le zizi pour qu’ils arrêtent de faire des enfants ? Tu vas aller pulvériser les usines qui déversent le cancer dans nos rivières, dans notre nourriture, dans nos poumons ? Tu vas mettre en tôle tous les menteurs, tous les salopards qui sont au Congrès ou au Pentagone ?
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Son cœur battait à se rompre tandis qu'il retirait délicatement l'uniforme, un morceau à la fois : le maillot collant bleu, avec le symbole blanc sur la poitrine ; les bottillons rouges ; la surculotte rouge ; la cape blanche ; le masque violet. Il sentit une chaleur l'envahir, qui ressemblait à de l'amour, comme s'il revoyait un ami perdu de vue depuis longtemps.
Il retira en tremblant son col roulé, détacha sa ceinture, ôta son pantalon. Il enfila en trépidant le maillot bleu. Il s'était attendu au pire, qu'il ne lui irait plus. Il fut agréablement surpris. C'était un peu serré, parce qu'il avait quelques nouveaux bourrelets et qu'il avait plus de bide qu'autrefois ; mais le tissu élastique faisait office de corset et lui resserrait la taille. Ce n'était pas très confortable, mais ça irait.
Il enfila ensuite la surculotte, attacha le ceinturon, ce qui n'aurait pas été possible si son ventre n'avait pas été corseté. Il mit les bottillons sans difficulté. Il passa la cape sur ses épaules. Il n'avait pas arrêté de trembler. Il ouvrit le placard et se regarda dans la grande glace.
Sa poitrine se gonfla quand il se vit. Pas mal. Pas mal du tout.
L'Homme de Fer !
L'Homme du Futur !
Il sourit, puis expira en ricanant.
— L'homme du passé, soupira-t-il.
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Le métro arriva en chancelant et en bringuebalant. Il monta dans la première voiture et s’assit. Machinalement, il lut les affiches publicitaires posées au-dessus des fenêtres. Le seul grand art inventé au vingtième siècle : créer des besoins saugrenus qui n’existaient pas auparavant.
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Brinkley avait vu beaucoup de prisons, et elles l'avaient toujours scandalisé. Même quand ses super-pouvoirs étaient à leur zénith, il s'était senti coupable de mettre des gens en prison. On ne s'améliore pas en prison, on devient pire. Mais comment faire autrement ? Même pour lui, ce problème était insoluble.
Et encore, le problème ne se posait en ces termes que pour les humains. Que faire avec la Bave Verte, ou la Pustule ? Ou même avec Pxyzsyzygy, qui pouvait se transformer en vapeur ?
L'homme de la rue se posait rarement ces questions.
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Puis, soudain, il avait eu dix-huit ans, et l’oncle Sam avait voulu l’envoyer au Vietnam. Reuben avait refusé. Quelques mots lui suffisaient pour définir cette guerre : « Le Noir qui massacre le Jaune pour le compte du Blanc. »
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Quand les cyniques traitaient la morale comme une pute, est-ce que cela voulait dire qu'il était naïf de lutter pour le bien, pour la justice ?
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Impossible de se concentrer. Il replaça le carnet de chèques et les factures dans le tiroir et il retourna à la cuisine. Il enfila des gants de latex jaunes. Pamela s’attendait à ce que la vaisselle soit propre quand elle rentrerait. Il serra la bouteille de Joy et fit couler quelques gouttes de savon sur une éponge. (Il y avait de cela bien des années, il avait fait le même geste pour écraser la gorge d’Univac et sauvé l’humanité). Il aperçut du coin de l’œil son visage reflété par la fenêtre au-dessus de l’évier : la mâchoire volontaire, les joues volontaires, le visage découpé comme une case de bande dessinée. Pas la moindre trace d’incertitude sur ce visage.
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Il n’y avait plus de héros. Kennedy était mort, abattu par un assassin à Dallas.
Batman et Robin étaient morts quand la Batmobile avait heurté un autobus scolaire plein d’enfants noirs que l’on emmenait vers une école d’une banlieue cossue.
Superman était porté disparu, et peut-être mort, depuis qu’une météorite de kryptonite s’était écrasée sur Metropolis.
Toute la famille Marvel était morte, frappée par la foudre.
Le Lone Ranger était mort. On l’avait retrouvé avec une flèche dans le dos, peu après que Tonto était revenu de Wounded Knee, où il avait assisté à un congrès du mouvement Red Power.
Marie Mantra était morte, déchiquetée par une locomotive d’Amtrak ; le docteur Spock l’avait attachée aux rails et elle n’avait pas pu enlever son bâillon.
Le capitaine Mantra vivait dans un sanatorium, près d’Edgeville. On disait qu’il avait perdu ses pouvoirs et qu’il était devenu dépressif depuis qu’il avait vu sa sœur jumelle mise en pièces.
Seule Wonder Woman travaillait toujours sous les feux de la rampe. Mais elle avait définitivement renoncé à utiliser ses super-pouvoirs. Sous son vrai nom, Diana Prince, elle était devenue l’une des principales représentantes du Mouvement de libération de la femme, une des rédactrices de la revue Ms. On l’invitait fréquemment à s’exprimer dans les débats à la télévision. Elle répétait sans cesse que toutes les femmes avaient, au fond d’elles-mêmes, autant de force que Wonder Woman et qu’il fallait simplement apprendre à s’en servir. Se battre pour libérer les femmes, disait-elle, était plus important que d’arrêter des petits voyous. Elle donnait presque l’impression de se repentir.
Même Snoopy avait passé l’arme à gauche : son avion, abattu par le Baron rouge, s’était écrasé quelque part en France.
Le panthéon des héros avait presque complètement disparu. Seul le plus puissant de tous les super-héros avait refusé d’abandonner le combat contre les forces du mal et de la tyrannie. Or, personne ne l’avait vu depuis presque dix ans. Depuis que ses super-pouvoirs avaient, inexplicablement, commencé à décliner.
Protégé par son identité secrète, David Brinkley, il s’était glissé dans la vie routinière de la classe moyenne. Il avait quarante-deux ans. Il était marié, il avait deux enfants, et un troisième en route. Plus jamais, pensait-il, il ne se précipiterait dans une cabine téléphonique pour enlever ses vêtements et laisser apparaître son uniforme, plus jamais il ne mettrait son masque violet et ne se lancerait dans un grand combat contre les puissances des ténèbres.
Ces idées puériles étaient dépassées. Tout cela n’aurait plus lieu qu’en rêve.
Croyait-il.
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Brinkley avait parfois le sentiment que sa vie était jonchée de vieilles connaissances abandonnées ; des amitiés rouillées, qui gisaient dans un champ, dans d'invraisemblables positions, sous la pluie. Comme s'il n'avait pas réussi à faire en sorte que le courant continue à passer, comme si tout s'était embourbé dans la crasse émotionnelle. (p. 48)
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Allons, allons dit-il. N'oublie pas de penser des pensées joyeuses !
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Elle dit que regarder le football à la télé est plus sensibilisateur qu'une soirée qu'avec ces deux-là.
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La strip-teaseuse se faisait appeler Triangle des Bermudes. Elle avait des cheveux d'une couleur qui tirait vers le roux, et avait perpétuellement l'air de s'ennuyer. Ses seins avaient la forme de la Floride et des cache-seins argentés brillaient à peu près à l'endroit où devait se trouver Miami.
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S’efforçant de rester dans l’obscurité, il se dirigea vers le devant de la maison, pour faire rentrer le chien. La porte était fermée, et il n’avait pas ses clefs.
C’était un des problèmes les plus irritants de cet uniforme : pas de poches.
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- Écoute. Les gars de la garde nationale ont arrêté certains de ces braqueurs. Ce ne sont pas des gens comme toi et moi.
- Allons, Punch, les Noirs sont des gens comme toi et moi.
- C’est pas drôle.
- Ouais, désolé.
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Middleville était une banlieue dortoir, à une soixantaine de kilomètres de New York, sur la rive nord de Swansdown Island. Cette île affectait la forme d’un cornichon, et s’avançait dans l’océan sur plus de cent cinquante kilomètres. Les petites villes se suivaient avec régularité le long du rivage. Il y avait d’abord Edgeville, tout à côté de New York, la plus prestigieuse, celle où, dans d’immenses villas, les maris trompaient leurs femmes et vice-versa, celle où étaient amarrés des yachts somptueux. Des flancs de ses douces collines ombragées, on pouvait voir les tours de Manhattan de l’autre côté de la South River. Après Edgeville, le paysage devenait plus plat ; apparaissaient alors, en rapide succession, les municipalités de Nearville, de Fairville, Floralville, Gardenville, Oakville, Pleasantville,Vistaville, Sunnyville, Strongville, Roseville, Middleville, Townville, Ladyville, Robinville, Flatville, Spudville, Branchville, Farville, Tideville, Oceanville et Parsons Corner.
Après Edgeville, toutes ces villes semblaient avoir été conçues à l’identique, à l’exception de Parsons Corner, tout au bout de l’île, qui était encore rural : champs de pommes de terre, granges rouges, silos métalliques, vaches que l’on trait à six heures du matin. Un peu comme Littletown, le village dans le nord de l’État, où Brinkley avait passé son enfance.
La plupart des habitants de l’île avaient grandi dans les rues et les ruelles et les immeubles surpeuplés de New York, et avaient déménagé après la naissance de leurs enfants. Seuls restaient, dans la ville, les Noirs, les Porto-Ricains, les artistes et les écrivains, Eli Wallach, les vieux sur le point de mourir et les ultra-riches.
Les riches d’Edgeville se croyaient les maîtres du monde ; les ultra-riches de New York savaient qu’ils étaient, eux, les maîtres du monde, et de cette certitude découlait leur sérénité, leur confiance en soi, et leur dévouement pour les arts.
En réalité, le maître du monde était un milliardaire de Dallas, mystérieux et insaisissable, un nain nommé Powell Pugh.
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