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Citations de Robert Merle (782)


Élevé comme je le fus entre deux religions, et amené à choisir l'une d'elles par une pression qui ne fut pas petite, je ne puis haïr celle que j'ai abandonnée, ni détester ses «erreurs» autant que le faisait mon père ni croire que ceux qui de bonne foi les partagent soient voués à l'Enfer, et ma pauvre mère moins qu'une autre. Mais bien peu de gens, hommes et femmes, se trouvaient en ces temps-là dans des dispositions aussi tolérantes, comme la suite le fit bien voir.
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Mon gars, dit-elle en regardant Peyssou, c'est pas à nous de dire si on va vivre ou si on va mourir. Si on est vivant, c'est pour continuer. La vie, c'est comme le travail. Mieux vaut aller jusqu'au bout que non pas le laisser en plan quand ça devient difficile.
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Le Fürher pense que si nous n’exterminons pas les juifs maintenant, ceux-ci extermineront plus tard le peuple allemand. Voici donc comment le problème se pose :  C’est eux ou nous.

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On devrait vivre en portant plus d' attention à la vie. Elle n' est pas si longue.
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— Alors, dit-elle avec un calme effrayant, si on te donnait l’ordre de fusiller le petit Franz, tu le ferais !
Je la fixai, stupéfait.
— Mais c’est de la folie ! Jamais on ne me donnera un ordre pareil !
— Et pourquoi pas ? dit-elle avec un rire sauvage. On t’a bien donné l’ordre de tuer des petits enfants juifs ! Pourquoi pas les tiens ? Pourquoi pas Franz ?
— Mais voyons, jamais le Reichsführer ne me donnerait un ordre pareil ! Jamais ! C’est…
J’allais dire : « C’est impensable ! » et tout à coup, les mots se bloquèrent dans ma gorge. Je me rappelai avec terreur que le Reichsführer avait donné l’ordre de fusiller son propre neveu.
Je baissai les yeux. C’était trop tard.
— Tu n’en es pas sûr ! dit Elsie avec un mépris horrible, tu vois, tu n’en es pas sûr ! Et si le Reichsführer te disait de tuer Franz, tu le ferais !
Elle découvrit à demi les dents, elle parut se replier sur elle-même, et ses yeux se mirent à briller d’une lueur farouche, animale. Elsie si douce, si calme… Je la regardais, paralysé, cloué au sol par tant de haine.
— Tu le ferais ! dit-elle avec violence, tu le ferais !
Je ne sais ce qui se passa alors. Je jure que je voulais répondre : « Naturellement pas », je jure que j’en avais l’intention la plus nette et la plus formelle, et au lieu de cela, les mots s’étouffèrent brusquement dans ma gorge, et je dis :
— Naturellement.
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Vous fumez ?
Non, docteur.
Vous buvez ?
Pas plus qu’un autre.
Oui, mais l’autre, qu’est-ce qu’il boit ? Quelle est la dose de poison quotidien qu’un Breton de son âge considère comme normale ?
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- Moussu Lou Baron, reprit Coulondre, est-ce que désormais on fêtera les fêtes des saints,à Mespech comme on a fait jusque là ?
On se regarda, et mon père hésitant à répondre, Sauveterre dit d'un ton sec :
- Il n' y a pas de raison de fêter désormais les fêtes des saints puisque dans la religion réformée, nous n'en célébrons pas le culte.
- Je me le pensais aussi, dit Coulondre, d'un ton funèbre, et il ferma les yeux.
Tous les regards convergèrent vers lui, et un silence désolé s'abattit sur la table. Il y eut parmi nos gens une telle consternation et un si grand ébahissement qu'ils ne surent plus - si j'ose dire- à quel saint se vouer. Ils venaient de comprendre qu'ils avaient perdu, en cette seule soirée, une bonne cinquantaine de jours chômés par an.
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La vie, c'est comme le travail. Mieux vaut aller jusqu'au bout que non pas le laisser en plan quand ça devient difficile.
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Debout devant le champ des Rhunes avec mes compagnons, la menotte d'Evelyne dans ma main, ce que j'éprouve, c'est le même sentiment, vague mais puissant, de gratitude que j'ai déjà ressenti quand la pluie a commencé à tomber. Je sais bien qu'on va me dire que ma gratitude postule la présence, derrière l'univers, d'une force bienveillante. Oui, mais alors, très diluée. Par exemple, si je ne craignais le ridicule, je m'agenouillerais bien volontiers dans le champ des Rhunes et je dirais : merci, terre tiède. Merci, chaud soleil. Merci, pousses vertes. De là à symboliser la terre et les pousses par de belles filles nues, comme les Anciens, il n'y a qu'un pas. J'ai bien peur de ne pas être un abbé de Malevil bien orthodoxe.
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A l’École Normale des Instituteurs, nous avons eu un professeur amoureux de la madeleine de Proust. Sous sa houlette, j'ai étudié, admiratif, ce texte fameux. Mais avec le recul, elle me parait maintenant bien littéraire, cette petite pâtisserie. Oh, je sais bien qu'un goût ou une mélodie vous redonnent, très vif, le souvenir d'un moment. Mais c'est l'affaire de quelques secondes. Une brève illumination, le rideau retombe et le présent, tyrannique, est là. Retrouver tout le passé dans un gâteau amolli par une infusion, comme ce serait délicieux, si c'était vrai.

(incipit)
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La discipline, oui. Mais la discipline formelle, quelle absurdité ! Quand un ordre est stupide, c’est lui qui introduit le désordre.
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Qu'on soit papiste ou huguenot, la morale s'arrête, effarouchée, sur les degrés du pouvoir.

p.452
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Chez nous, et je suppose aussi ailleurs, il y a deux méthodes de dissimulation : se taire ou parler beaucoup.
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Chez nous, et je suppose aussi ailleurs, il y a deux méthodes de dissimulation: se taire ou parler beaucoup.
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C'est à cela, à mon sentiment, que sert l'histoire : elle nous apprend que les mêmes problèmes se posent à nous qu'à nos ancêtres, quoique en des formes différentes.

Préface.
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J'apportai immediatement une amélioration notable au systeme de Treblinka . Je fis inscrire sur les deux batiments : " Salle de désinfection " , et je fis installer , à l'interieur , des pommes de douche et des tuyauteries en trompe-l'oeil , pour donner l'impression aux détenus qu'on les amenait là pour se laver . Toujours dans le meme esprit , je donnai à l'Untersturmfuhrer de service les instructions suivantes : il devait annoncer aux détenus qu'apres la douche , du café chaud leur serait servi . Il devait , en outre , entrer avec eux dans " la salle de désinfection " et circuler de groupe en groupe en plaisantant ( et en s'excusant de ne pouvoir distribuer du savon ) jusqu'à ce que tout le monde fut entré .
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Dans la société de consommation, la denrée que l'homme consomme le plus, c'est l'optimisme.
Depuis le temps que la planète était bourrée de tout ce qu'il fallait pour la détruire - et avec elle, au besoin, les planètes les plus proches - on avait fini par dormir tranquille. Chose bizarre, l'excès même des armes terrifiantes et le nombre grandissant des nations qui les détenaient apparaissaient comme un facteur rassurant.
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A l'Ecole Normale des Instituteurs, nous avions un professeur amoureux de la madeleine de Proust. Sous sa houlette, j'ai étudié, admiratif, ce texte fameux. Mais avec le recul, elle me paraît maintenant bien littéraire, cette petite pâtisserie. Oh, je sais très bien qu'un goût ou une mélodie vous redonnent, très vif, le souvenir d'un moment. Mais c'est l'affaire de quelques secondes. Une brève illumination, le rideau retombe et le présent, tyrannique, est là. Retrouver tout le passé dans un gâteau amolli par une infusion, comme ce serait délicieux, si c'était vrai.
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De la fenêtre ne venait que l'odeur de mort de la campagne carbonisée. Au bout d'une minute, j'avais demandé à Thomas de refermer. Il n'y avait rien d'autre, dans l'obscurité absolue de la chambre, que la respiration des trois hommes, et dehors, de l'autre côté des murs surchauffés, une planête morte. On l'avait tuée en plein printemps, les bourgeons à peine formés, les lapereaux à peine nés dans les terriers. Plus un animal. Plus un oiseau. Plus un insecte. La terre brûlée. Les maisons en cendres. Çà et là, des pieux déchiquetés et noircis qui avaient été des arbres. Et au milieu de tout cela, une poignée d'hommes. Gardés en vie, peut-être, comme cobayes-témoins dans une expérience ? C'était dérisoire. Au beau milieu de ce charnier, quelques poumons qui pompaient l'air. Des cœurs qui pompaient le sang. Des cerveaux d'hommes actifs. Actifs pour quoi ?
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Dans un sous-marin, on n’égare jamais personne : c’est très étanche.
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