AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations de Robert Merle (782)


Messieurs, je vais vous faire une confidence : je ne sais pas nager. Et le sous-marin est le seul bateau où l’on ne puisse pas passer par-dessus bord.
Commenter  J’apprécie          290
Le Fürher pense que si nous n'exterminons pas les juifs maintenant, ceux-ci extermineront plus tard le peuple allemand. Voici donc comment le problème se pose : C'est eux ou nous.
Commenter  J’apprécie          291
Le résultat de l'expérience dépassait mon espoir: il avait suffit d'une boite d'un kilo de Cyclon B pour liquider, en dix minutes, 200 inaptes. La gain de temps était considérable, puisqu'avec le système de Treblinka, il fallait une demi-heure, sinon d'avantage, pour atteindre le même résultat. Par ailleurs, on n'était pas limité par le nombre de camions, les pannes mécaniques ou le manque d'essence. Le procédé, enfin, était économique, puisque le Kilo de Giftgas - comme je le vérifiais aussitôt - ne coutait que 3 marks 50.
Je compris que je venais de trouver la solution du problème.
Commenter  J’apprécie          290
- Quoi Monsieur ! cria-t-elle, m'ôtant ses lèvres et se reculant, vous portez tout votre poil !
- Mais oui, dis-je béant.
- Du haut en bas ?
- Du haut en bas.
- Ciel ! s'écria la baronne. Corinne, as-tu ouï ? M.de Siorac porte tout son poil ! Havre de grâce, peut-on être à ce point provincial !
Commenter  J’apprécie          290
À l’École Normale des Instituteurs, nous avions un professeur amoureux de la madeleine de Proust. Sous sa houlette, j’ai étudié, admiratif, ce texte fameux. Mais avec le recul, elle me paraît maintenant bien littéraire, cette petite pâtisserie. Oh, je sais bien qu’un goût ou une mélodie vous redonnent, très vif, le souvenir d’un moment. Mais c’est l’affaire de quelques secondes. Une brève illumination, le rideau retombe et le présent, tyrannique, est là. Retrouver tout le passé dans un gâteau amolli par une infusion, comme ce serait délicieux, si c’était vrai.
Je pense à la madeleine de Proust, parce que j’ai découvert, l’autre jour, au fond d’un tiroir, un très, très vieux paquet de tabac gris qui avait dû appartenir à l’oncle. Je l’ai donné à Colin. Fou de joie à l’idée de retrouver, après tant de temps, son poison favori, il en bourre sa pipe et l’allume. Je le regarde faire, et dès les premières bouffées que je respire, l’oncle et le monde d’avant resurgissent. À me couper le souffle. Mais comme j’ai dit, ce fut très bref.

(Incipit)
Commenter  J’apprécie          288
Il avait un teint de caramel, un nez camus et quelque chose dans le profil de mou et de caoutchouteux. Sa langue semblait trop grosse pour sa bouche : on la voyait constamment apparaitre entre ses lèvres épaisses, réduisant sa diction en bouillie et le faisant sans cesse crachoter. Des rides profondes autour de la bouche annonçaient une mauvaise digestion, et je voyais, au-dessus de son col blanc, sa nuque tendineuse rougie par de petits furoncles. Je prévoyais d'autres poussées de ces furoncles quand j'en aurais fini avec lui.

Mais en même temps, j’éprouvais pour une lui une certaine pitié. J'ai remarqué que ce genre d'homme jaunâtre, dyspeptique et furonculeux n'est jamais heureux dans la vie. Il se livre à l'ambition, c'est-à-dire qu'il ne se donne pas aux choses qui lui feraient vraiment plaisir, mais à celles que les autres trouvent importantes.
Commenter  J’apprécie          284
- En vérité, je n'ai point agi dans une mauvaise intention. Je désirais appeler sur vous la protection de la Vierge.
- Christ ne vous suffit donc pas! s'écria mon père d'une voix irritée. Et qu'avez-vous besoin de l'intercession de vos petits dieux et déesses? Ignorez-vous ce qu'en vaut l'aune? Et qu'il n'y a rien là que superstition païenne, puanteur d'idolatrie, ignorance pestiférée de la parole de Dieu? Je vous l'ai mille fois expliqué, madame, et vous qui avez le bonheur de savoir lire, pourquoi vous refusez-vous à aller puiser la parole de Dieu là où elle se trouve, dans les Saintes Écritures, au lieu de vous fier, comme une aveugle, aux fables de votre curé?
Commenter  J’apprécie          280
Ceci se passait l'année où notre grand Roi François Ier décida par ordonnance la levée d'une légion dans chaque province du royaume, sage mesure qui, si elle avait été continuée, nous eût dispensé, pour nos guerres, de faire appel à ces Suisses qui, certes, se battaient fort bien quand ils étaient payés, mais qui, dès qu'ils ne l'étaient pas, pillaient le malheureux laboureur de France tout aussi bien que l'ennemi.
Commenter  J’apprécie          280
Peu après, on apprit avec stupeur que « les Messieurs en redingote » avaient signé le Diktat de Versailles. Mais Rossbach n'en toucha pas un mot. La nouvelle n'eut même pas l'air de le concerner. Il dit seulement que la vraie Allemagne n'était pas à Weimar, mais partout où les hommes allemands continuaient à se battre.
Page 138 (dans l'édition Folio)
Commenter  J’apprécie          280
On parcourut environ cent mètres, puis une fosse large et très profonde s’ouvrit sous nos pieds. Des centaines de corps y étaient entassés sur trois rangs parallèles. (...)

- Le gros problème, dit Schmolde de sa voix apathique, c’est le problème des cadavres. Nous n’aurons bientôt plus de place pour les fosses. C’est pourquoi nous sommes obligés de creuser des fosses très profondes, et d’attendre qu’elles soient pleines pour les fermer. Mais même ainsi, je n’aurai bientôt plus de terrain.

Il promena ses yeux vides autour de lui, fit la moue, et reprit d’une voix découragée :

- Les cadavres sont encombrants.
Commenter  J’apprécie          286
— Tu serais plus heureux si tu t'intéressais à la guerre.
— Mais bon Dieu ! dit Maillat, c'est ce que je me tue à t'expliquer ! C'est évident que je serais plus heureux, si j'y croyais, à la guerre, et à toutes les raisons qu'on me donne pour la faire. Mais je n'y crois pas, c'est tout. Pour moi, la guerre est absurde. Et pas telle ou telle guerre. Toutes les guerres. Dans l'absolu. Sans exception. Sans régime de faveur. Autrement dit, il n'y a pas de guerre juste, ou de guerre sacrée, ou de guerre pour la cause. Une guerre, par définition, c'est absurde.
Commenter  J’apprécie          280
Il est possible que, la médecine ayant disparu, la vie devienne plus brève. Mais si on vit plus lentement, si les jours et les années ne passent plus devant votre nez à une vitesse effrayante, je me demande ce qu'on a perdu.
Même les rapports avec les gens se sont considérablement enrichis du fait de cette lenteur de notre vie.
Commenter  J’apprécie          270
Quelques semaines après le retour de mon père, Isabelle de Siorac conçut, et dès qu'elle en eut la certitude, Barberine quitta Mespech le jour même pour aller se faire faire un enfant au plus vite par son mari, puisqu'il était entendu qu'elle nourrirait celui de ma mère. Quand on s'y arrête et quand on y pense un peu, c'est un bien étrange état que celui de nourrice, ses grossesses étant régies par celles de sa maîtresse. Le reste du temps, éloignée de son époux, Barberine devait rester aussi chaste que Jonas dans sa grotte, car il eut été désastreux, en son office, d'avoir du lait à contretemps, et d'être tarie quand il en fallait.
Commenter  J’apprécie          262
Lâche, il ne l'est pas, je l'ai dit. Mais il y a une faiblesse dans sa force. Comme tous les gens courageux, il a la vanité de son courage.
Commenter  J’apprécie          260
Je pris une inspiration profonde, et aussitôt, une odeur pestilentielle de décomposition et de chair brûlée entra dans mon corps avec tant de force que j'eus l'impression qu'elle émanait de moi. C'était à vomir. J'avais l'impression, vivant, d'être mon propre cadavre. C'était une odeur âcre, pourrie, douceâtre, qui s'installait en moi et que j'aurais à porter jusqu'à la fin. Le monde n'était plus qu'une fosse commune, et moi, on m'avait laissé seul sur ce charnier, avec mes compagnons, pour enterrer les morts et vivre avec leur odeur.
Commenter  J’apprécie          263
- Les pauvres ont un certain courage, brutal et insouciant, qui naît de leur état. Et certes, ils en ont besoin plus que d'autres, car il est faux de dire, comme je l'ai entendu, que la contagion frappe également riches et pauvres. Vos bourgeois étoffés, à la première alarme, appliquent à la lettre le célèbre précepte de Galien en cas de peste : "Pars vite, va loi, et reviens tard." Mais les pauvres restent en lieux infects, n'ayant nulle part où aller. Et en raison de la saleté où le sort les entretient, mal nourris et comme entassés l'un sur l'autre, la maladie rafle tout.
Commenter  J’apprécie          250
- ...Et je constate que vous avez un buffet sculpté...
- Voulez-vous voir, Standartenführer ? dit Elsie.
On entra dans la salle à manger, Kellner se campa devant le buffet et regarda longuement les sculptures.
- Sujet religieux... dit-il en plissant les yeux, ... beaucoup d'angoisse... conception judéo-chrétienne de la mort..
Il eut un petit geste de la main :
- ... Et toutes ces vieilleries... Bien entendu, la mort n'a d'importance que si on suppose, comme eux, un au-delà... Mais quel fini, mein Lieber ! Quelle exécution !...
Je dis :
- C'est un juif polonais, Herr Standartenführer, qui a fait ça.
- Ja, ja, dit Kellner, il doit néanmoins avoir une petite dose de sang nordique dans les veines. Sans cela, il n'aurait jamais pu exécuter cette merveille. Les juifs 100 pour 100 sont incapables de créer, nous savons cela depuis longtemps.
Il passa légèrement et amoureusement ses mains soignées sur les sculptures.
- Ah! reprit-il, travail caractéristique de détenus... Ils ne savent pas s'ils survivront d'un jour à leur œuvre... Et pour eux, naturellement, la mort n'a pas d'importance... Ils ont dans la vie cet ignoble espoir.
Commenter  J’apprécie          252
Telle qui est douce comme miel le jour des noces a langue de vipère huit jours après. La femme, c'est le contraire de la châtaigne : tout le doux est dessus et les piquants dessous. Je ne m'y fierai pas davantage qu'à un tonneau sans ses cercles.
Commenter  J’apprécie          250
Je préfère penser quand à moi, que tout devient possible dans une société dont les actes ne sont plus contrôlés par l'opinion populaire. Dès lors, le meurtre peut bien lui apparaître comme la solution la plus rapide à ses problèmes.

Ce qui est affreux et nous donne de l'espèce humaine une opinion désolée, c'est que, pour mener à bien ses desseins, une société de ce type trouve invariablement les instruments zélés de ses crimes.
Commenter  J’apprécie          240
Robert Merle vient donc de publier chez Gallimard "Malevil", copieux ouvrage de plus de cinq cents pages, basé sur un thème archi-connu des amateurs de SF : la vie en petites communautés des survivants d'une extermination atomique.
Disons-le tout de suite : ce n'est pas sur le plan de l'originalité en matière de SF qu'il faut juger ce roman.
Durant les deux années sur lesquelles s'étend l'action, de 1977 à 1979, les survivants peints par Robert Merle font en somme tout ce qu'on attend d'eux : regroupement en clans, lutte armée entre bandes errante et sédentaires, retour forcé vers une structure agraire et lent glissement vers le mode de vie d'une société primitive, etc.
Mais ce qui compte c'est que Robert Merle est un conteur prodigieux.
Il est de la race de ces écrivains qui donnent à voir.
La réorganisation de la vie dans la communauté de Malevil, l'interaction des multiples personnages, les difficultés sans nombre qu'ils ont à affronter, tout cela n'est pas seulement raconté mais littéralement véhiculé à bout de bras vers le lecteur, avec une richesse dans le détail qui est le point d'aboutissement de toute une tradition romanesque en littérature.
Même si on est amateur de formes narratives plus modernes et plus neuves, un tel travail de romancier au sens classique ne peut laisser indifférent....
(extrait d'une critique signée Serge-André Bertrand et parue dans le 225ème numéro de la revue "Fiction" en septembre 1972)
Commenter  J’apprécie          240



Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Robert Merle Voir plus

Quiz Voir plus

Connaissez vous les romans de Robert Merle ?

Roman historique lauréat du prix Goncourt publié en 1949 racontant la retraite d'un groupe de soldats français lors de la défaite franco-britannique lors de la seconde guerre mondiale. Mon titre est "week-end

chez ma mère'
à Deauville'
à Zuydcoote'
en amoureux

8 questions
109 lecteurs ont répondu
Thème : Robert MerleCréer un quiz sur cet auteur

{* *}