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Citation de Cielvariable


12 mars 2012

Douze enfants s’étaient présentés au Programme d’Entraînement Initial endécembre dernier, mais quatre d’entre eux avaient abandonnés, deux autres avaient eusune fracture, un septième avait malheureusement attrapé une entorse à sa cheville, un autre avait dû abandonner avec une infection de la cage thoracique tandis qu’un dernier avait été pris d’une crise cardiaque. Ce qui signi!ait qu’alors que le soleil du centième et dernier jour du programme se levait, il ne restait plus que trois recrues.

Les instructeurs Kazakov et Speaks avait passé la nuit dans la cabine d’un chalutier délabré en jouant aux cartes et en sirotant du whisky pendant que leur capitaine naviguait sur la mer houleuse de la côté ouest-écossaise. Le jour de repos avait quelques côtés sombres : ciel agité, îles perdues dans le brouillard et le petit bateau qui combattait la mer déchainée. Mais aucune des recrues n’avait pu pro!ter de ce jour de repos parce qu’ils avaient passés la nuit sur le pont bombardé par les embruns dans des températures frolant le 0°C.

La chose la plus proche sur laquelle les recrues pouvaient prendre appui était un tas d’engins de pêche. Ils s’étaient installés sous des bouées ainsi que des cordes et s’étaient blottis les uns contre les autres. Léon Sharma, âgé de 10 ans et ébloui par l’énorme projecteur du bateau, était appuyé contre son jumeau Daniel et avait le visage contre le large dos de Fu Ning, âgée de 12 ans. Leon gardait un oeil ouvert et il y avait assez de lumière pour qu’il puisse voir les gros moustiques rouges énervés sur le dos de Ning ainsi que son T-Shirt bleu clair qui avait déteint et qui était tâché d’herbe, de sang et de la terre couleur rouille australienne.

Avant le Programme d’Entraînement Initial, Leon n’aurait jamais été capable de dormir à même le pont en bois du bateau avec l’eau gelée de l’Atlantique éclaboussant partout, mais les instructeurs gardaient constamment les recrues dans un état de fatigue avancé et son corps s’était donc conditionné à prendre tout support sur lequel il pouvait dormir comme une offre. Mais la douleur s’était réveillée chez lui avant les autres. La veille il avait eu un moment d’absence pendant une course de vitesse et s’était laissé tomber dans un buisson. Une épine s’était introduite sous l’ongle de son pouce le

!ssurant en son milieu et laissant un énorme hématome ensanglanté à l’extrémité de son doigt. C’était la plus récente et la plus douloureuse blessure de Léon parmi deux douzaines de coupures, croûtes et cloques. Mais le plus grand supplice pour Léon était son estomac qui gargouillait. Comme il avait chuté, il n’avait pu terminer la course dans les temps. Ainsi Mrs Speaks avait jeté son repas dans le feu pour le punir. Heureusement, Léon avait de la nourriture à sa portée. Les recrues n’étaient pas censées avoir de la nourriture sur eux, mais Léon savait que Ning avait une planque secrète avec des biscuits dans son sac à dos. Il l’avait vu les prendre depuis le caddie de l’hôtesse du vol retour depuis l’Australie il y a quelques jours. Ning avait accroché les sangles de son sac à dos autour de ses hanches pour qu’il arrête de prendre l’eau. Alors qu’une minivague balaya le pont et tapa contre la paume tas de cordes, Léon se rapprocha de la fermeture éclair du sac de Ning. C’était un geste risqué : Ning avait deux ans de plus que lui et était une championne de boxe qui pouvait facilement maitriser Léon s’il l'embêtait. Malgré la vibration de l’arbre de transmission du chalutier ainsi que le son de l’eau et du vent, le bruit d’une fermeture éclair était semblable à celui d’un pistolet qui éclate.

Une fois qu’il avait assez ouvert le sac pour en!ler sa main, Léon se retrouva à l’intérieur du sac de Ning à l’aveuglette. Il toucha des sous-vêtements qui avaient été lavés à la main mais rangés avant qu’ils ne soient entièrement secs. Des grains de sables s’accrochèrent à son bras alors qu’il s’enfonçait encore plus, efflorant au passage le doux manche du couteau de chasse de Ning, puis tout au fond deux paquets de sablés dans un sachet en plastique. Alors que Léon retirait les sablés du sac, sa paume toucha un plus gros paquet. Il était rectangulaire avec des biscuits se tenant sur un plateau en plastique et avec un aspect d’éponge quand on appuyait dessus. Ça devait être des Jaffa Cakes. Léon saliva rien qu’en pensant à la saveur piquante de l’orange et du chocolat se mélangeant contre sa langue.

Alors qu’une vaguelette jaillit sur le pont, il sortit le petit paquet et l’ouvrit avec ses dents. Léon n’avait pas mangé depuis plus de dix-huit heures et poussa des gémissements de satisfaction en fourrant un biscuit spongieux dans sa bouche.

- Troooop Bon !

Il inhala pratiquement le second, mais alors que le troisième Jaffa Cake se rapprocha de sa bouche une main toucha son épaule le faisant sursauter.

- Tu vas les bouffer tout seul ? demanda tout bas le jumeau de Léon, Daniel.

Léon se retourna vers son frère et lui dit dans un murmure :

- Tu as diné toi hier soir. Moi je suis en train de mourir de faim.

- Je vais le dire à Ning, menaça Daniel en la pointant du doigt. Elle va te briser comme un oeuf.

Léon savait que son frère n’allait pas réellement rapporter mais il se rappelait aussi de l’engagement qu’il avait avec son frère. Il coupa le biscuit en deux et donna la plus grosse moitié à Daniel.

Alors que Daniel se régalait silencieusement, la porte coulissante située à l’arrière de la cabine du chalutier s’ouvrit dans un fracas.

- Essuie ta lèvre supérieure, dit Léon anxieusement, en mâchant rapidement et en essuyant les miettes de chocolat sur son T-Shirt. S’il nous voit manger, on est mort. Alors que Léon refermait le sac de Ning et avalait les preuves de son crime, l’Instructeur Speaks se placa sur le pont supérieur. Tout le monde disait de Speaks que c’était un homme dur, des lunettes de soleil jusqu’à sa tête noire rasée jusqu’à ses bottes de combats qui brillaient tel un miroir à ses pieds.

- Vous dormez bien, bande de morveux ? mugit Speaks, lâchant un sourire alors qu’il réveilla Ning avec un coup dans ses côtes. Debout ! En ligne !

Les yeux fatigués se brouillèrent. Ning se dénoua des !lets de pêche en sentant ses genoux brûlés qui avait frottés contre son sac la veille lors de la course de vitesse. Quand Speaks s’approcha, Ning s’attendait à recevoir un coup pour avoir été lente, mais son bras plongea derrière elle dans le tas de cordes et en sorti un paquet de Jaffa Cakes.

Speaks le !xa pour l’inspecter avec la mâchoire béante et un air d’horreur. Ning réalisa qu’un des jumeaux avait dû le prendre dans son sac. Elle se tourna vers eux et les fixa avec un regard assassin.

- Eh bien ! dit Speaks alors que les trois recrues essayaient de rester en ligne sur le pont oscillant. Une sevère atteinte au règlement. Mr Kazakov, venez voir ça !

Bien que Kazakov avait la cinquantaine, cet instructeur ukrainien aux cheveux gris semblait aussi en forme que lorsqu’il avait trente ans et qu’il se battait pour les forces spéciales russes en Afghanistan. Il était déjà en route quand Speaks l’avait appelé et portait un sac en maille rempli de gilets de sauvetage fluorescents.

- Qui a mangé ses Jaffa Cakes ? cria Speaks. Dénoncez-vous maintenant et je ne serais pas trop dur avec vous.

Ning était anxieuse : si les instructeurs se mettait à tout fouiller et notamment son sac ils trouveraient les autres biscuits qu’elle avait chipé dans l’avion.

- C’est juste une ordure monsieur, dit Léon. Il a juste dû s’envoler sur le pont pendant que le bateau était au port.

C’était un vieux mensonge et Speaks avait immédiatement repéré des tâches de chocolat entre les gencives et les dents de Léon. Le géant instructeur attrapa les joues de

Léon avec son pouce et son index et l’envoya en arrière.

- S’il y a une chose que je ne peux pas supporter ce sont les menteurs, beugla Speaks alors qu’il donnait un coup à Léon puis attrapait son mauvais pouce pour le retourner d’un coup brusque. Toujours en train de pleurnicher pour ce pathétique petit bobo ?

Léon serrait les dents avec douleur tandis que la croûte sur son pouce blessé se rassura et que du sang jaillit sur sa main.

- Comment oses-tu me mentir ? siffla Speaks. Tu as cru que parce que c’était le dernier jour du Programme d’Entraînement Initial, j’allais faire attention à ton os cassé ? Apporte-moi ton sac! On va voir tout les autres objets de contrebande que tu as.

Léon avait les yeux en larmes et des flaques de sang se formaient sur le pont alors qu’il retournait vers le tas de corde pour aller chercher son sac.

Alors que les instructeurs se concentraient sur Léon, Ning jeta un coup d’oeil aux environs. Le chalutier était ancré dans un port naturel avec des falaises presque verticales se dégagant de la brume à deux trois cent mètres de distance. Kazakov pointa la terre et commença une conférence tandis que Speaks vidait le sac de Léon sur le pont trempé.

- Il est presque 7 heures et le Programme D’Entraînement Initial prend fin à minuit, débuta Kazakov. Quelque part sur cette île vous trouverez trois T-shirts gris. Si vous trouvez un T-shirt et que vous l’en!lez alors vous pourrez vous féliciter d’avoir réussi le P.E.I.. Passez-nous un appel depuis votre radio et on viendra vous chercher. Mais si l’un d’entre vous ne trouve pas son T-shirt d’ici minuit, on se retrouve sur le campus dans trois semaines et vous recommencerez le P.E.I. depuis le premier jour. Des questions ?

Daniel leva la main.

- Monsieur, nos T-shirts sont ensemble ou cachés séparément ?

Kazakov examina la question en se dirigeant vers le sac de maille et en distribuant un gilet de sauvetage à Ning.

- A vous de trouver, dit-il tout à coup.

Une fois qu’ils avaient tous enfilés et fermés leur gilet de sauvetage, Ning se mit sur un genou et commença à en!ler une couverture waterproof sur son sac à dos.

Pendant qu’elle faisait ça, Léon commença à
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