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Citation de Cielvariable


La chapelle était l’une des rares constructions postérieures à la fondation de CHERUB. Bâtie dans les années 1780, elle avait fait office de paroisse rurale jusqu’à ce que le terrain passe sous contrôle de l’armée britannique, au cours de la Seconde Guerre mondiale.

Seules quatre-vingts personnes pouvaient s’entasser sur ses austères bancs de bois battus par les courants d’air. Si les membres de la chorale et des groupes de prière préféraient désormais se réunir dans l’une des salles de réunion du bâtiment principal, elle restait le cœur spirituel du campus. Malgré ses murs nus et sa charpente envahie par les toiles d’araignée, la vieille chapelle était plus chère au cœur des agents que la cathédrale de Ganterbury.

Postés à l’entrée, Kyle Blueman et Kerry Chang distribuaient des cierges aux agents, professeurs ou instructeurs qui se pressaient vers la nef. À tour de rôle, chacun venait se recueillir devant la photographie de Gabrielle exposée sur l’autel et déposer sa bougie.

Devant la chapelle, Kyle contempla la plaque commémorative dédiée aux agents de CHERUB morts en service. Quatre noms y étaient gravés :

Johan Urminski 1940-1954

Jason Lennox 1944-1954

Katherine Field 1951-1968

Thomas Webb 1967-1982

Il considéra les espaces vierges sur la partie inférieure de la plaque de marbre : il redoutait qu’un employé des services techniques ne soit prochainement chargé d’y faire figurer le nom de Gabrielle O’Brien.

— On n’a presque plus de cierges, chuchota Kerry.

— Il y en a d’autres dans la sacristie. Je vais aller les chercher.

Soudain, son téléphone mobile se mit à sonner. Des centaines de regards lourds de reproches se tournèrent dans sa direction.

— Éteins ce truc immédiatement, chuchota Dennis King, le doyen des contrôleurs de mission.

— Je suis navré, grimaça Kyle avant de se précipiter hors de la chapelle.

— Allô ?

— C’est moi, Michael. Je suis de retour au Zoo. Je n’ai personne à qui parler.

Kyle venait de fêter des dix-sept ans. En dépit d’une regrettable tendance à arrondir ses fins de mois en fourguant des faux articles de grande marque rapportés de mission et des DVD pirates, il était apprécié de tous. De nombreux agents venaient requérir son avis dans les moments difficiles.

— Tu sais que tu peux tout me dire, dit-il.

Il pénétra dans l’antique cimetière qui jouxtait la chapelle et s’accroupit derrière une pierre tombale pour se protéger des rafales de vent.

— Il paraît que la mission va être annulée, expliqua Michael. Je me bagarre pour les faire changer d’avis.

— Tu es sûr que ça en vaut la peine ?

— On a passé deux mois sur cette mission. Je refuse d’avoir pris tous ces risques pour rien. Si c’est moi qui avais été blessé, je suis convaincu que Gabrielle aurait exigé de poursuivre l’opération.

— Tu ferais mieux de rentrer au campus. Tu n’as plus seulement affaire à deux gangs, mais à trois, et ils ont franchi un palier dans la violence. En plus, de nombreux témoins ont dû t’apercevoir. Si les flics te mettent la main dessus, tu risques de passer un sale quart d’heure.

— Vu que j’ai laissé tomber mon portable sur les lieux de la fusillade, je serai interrogé tôt ou tard, mais le chef de la brigade antigang est dans la combine. En plus, les gangs lavent leur linge sale en famille, et je n’ai rien à craindre de ce côté-là.

— La loi du silence, dit Kyle.

— Exactement.

— Tu as pu rendre visite à Gabrielle ?

— On m’a accordé deux minutes. Elle était en chambre stérile. Ensuite, ils l’ont descendue au bloc. Le médecin m’a expliqué qu’elle resterait peut-être toute la nuit sur le billard. Tout dépendra de la trajectoire de la lame dans son abdomen. Un centimètre à gauche ou à droite peut faire toute la différence.
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