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Citation de michelekastner


Ils invoquaient mille raisons, mais toujours, derrière toutes ces raisons il y en avait une, une seule : pendant longtemps on leur avait interdit d'apprendre. Cependant cette raison-là ne se trouvait-elle pas derrière celle que me donna un jeune garçon : "Faut que j'apprenne, dit-il, faut que j'apprenne pour savoir comment ça se fait qu'il y a de la rosée dans l'herbe aux premiers cris des grenouilles."
Et j'essayai de me rappeler tout ce qu'ils m'avaient dit quand se produisirent les événements ultérieurs. Quand ils parcoururent le pays, ces noirs, en chantant, ivres de joie. "Non non, jamais plus travailler", en volant, en mendiant, en attendant qu'on les nourrît, dépourvus de toute envie d'apprendre. Quand les troupes fédérées du Connecticut dépouillèrent les noirs de leurs uniformes dans les rues de la Nouvelle-Orléans. Quand, à Sheep Island, une canonnière fédérale, la Canonnière Jakson, tira droit sur les troupes noires qu'elle avait été envoyée soutenir.
Quand les nègres cherchèrent à s'emparer du pays, de ce pays qui leur appartenait. Quand les troupes fédérées - dans lesquelles il y avait parfois des noirs - parcoururent la région pour traquer les nègres, pour les enrôler, et que les nègres allèrent se terrer dans les bois, dans les marais et qu'on les fusilla comme des bêtes quand on leur mettait la main dessus. Quand ils rompirent leurs contrats de travail et que les récoltes pourrirent sur pied. Quand les nouveaux maîtres des terres confisquées, des hommes venus pour faire fortune, chassèrent les vieux, les enfants, les malades pour ne pas avoir à les nourrir. Quand arrivèrent les aventuriers qui vendirent aux nègres des bâtons rouges, blancs ou bleus, pour qu'ils marquassent ainsi les champs qu'ils revendiquaient. Quand, finalement, des cavaliers ratissèrent la contrée, la nuit, sous des cagoules blanches.
J'essayai de me le rappeler, car ce que m'avait dit le garçon dépassait la honte et, les événements de cette époque étaient comme une promesse de bonheur.
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