De l'arbre généalogique à l'arbre de la connaissance, de l'arbre de vie à l'arbre de la mémoire, les forêts ont constitué un fonds symbolique indispensable dans l'évolution culturelle de l'humanité, et l'essor de la pensée scientifique moderne reste impensable en dehors de la préhistoire de ces emprunts métaphoriques. Il n'est pas jusqu'au concept du cercle qui ne vienne, dit-on, des anneaux concentriques internes qui apparaissent à l'abattage des arbres.
Les forêts ne dispensent pas leur ombre séculaire sur la seule imagination moderne ; nos ancêtres les considéraient comme archaïques, antérieur au monde humain....
Là où une forêt primitive avait déjà colonisé la terre, les premières familles humaines durent abattre les chênes pour planter une autre variété d'arbre: l'arbre généalogique.
Que faire, en ces « sombres temps » où le monde qui « s'étend entre les hommes » ne leur offre plus de scène propice à leurs discours et à leurs actions, où l'on n'écoute plus la raison, où, dans la sphère publique, le citoyen est réduit à l’impuissance. II est des temps où le penseur, le patriote, l'individu n'a d'autre choix que de s’exiler dans les marges, ...
Dans De l'humanité dans de « sombres temps », Hannah Arendt écrit que « la fuite hors du monde en des temps sombres, temps d'impuissance, peut toujours justifier tant que la réalité n'est pas ignorée, mais constamment présente et reconnue comme cela dont il faut s'évader ».
On peut en dire autant des refuges qu'offrent traditionnellement les jardins à ceux dont la « condition humaine » est menacée.
Trouver refuge dans un jardin peut se révéler une bénédiction ou une catastrophe selon le degré de réalité préservé en son sein.
Les êtres humains, en d'autres termes, sont toujours déjà morts. Cette prémonition de leur finitude détermine à l'avance leurs tendances les plus créatives comme les plus destructrices.
Nous vivons dans un monde où circulent les rumeurs.
La ténébreuse lisière des bois marquait la limite de ses cultures ,les frontières de ses cités, les bornes de son domaine institutionnel; et au-delà ,l'extravagance de son imagination. Les institutions dominantes de l'Occident -la religion,le droit, la famille ,la cité - furent fondées à l'origine contre les forêts , leurs premières et leurs dernières victimes.
l’homme, est conditionné par le fait que « la plénitude de l’étant » ne saurait jamais combler « le vide de l’être ».
Jardiner, c’est ouvrir des mondes – des mondes enchâssés dans d’autres mondes –, à commencer par le monde à nos pieds.
... Le destin des forêts qui subsistent sur terre est devenu un enjeu mondial de première importance.