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Robert van Gulik :
Le Jour de grâce]
Depuis Amsterdam Olivier BARROT présente le livre de Robert van GULIK, "
Le Jour de grâce".
Si l'avancement vient trop tard, il rend amer; s'il arrive trop tôt, il fait naître des ambitions démesurées.
( Quatre hommes d'état parlent de choses et d'autres après dîner. )
Les feuilles jaunissantes tourbillonnent dans la brise faisant fuir les dernières oies de l'automne. Que ne m'emmènent elles dans leur pays lointain, chez elles, sur leurs ailes. Là où mon cœur trouvera le repos.
Chacun de ceux qui se présentaient devant le tribunal, jeune ou non, pauvre ou riche, accusé ou plaignant, devait s'agenouiller sur les dalles nues. Il lui fallait écouter sans répondre aux injures des sbires, ou bien, si le magistrat en ordonnait ainsi, recevoir des coups de fouet. Selon la règle fondamentale de la vieille justice chinoise, toute personne comparaissant devant le tribunal était considérée comme coupable jusqu'au moment où elle réussissait à démontrer son innocence.
Comme d'habitude, tout était calculé pour faire comprendre au public la grandeur auguste de la loi et rappeler ce qu'il en coûtait d'entrer en contact avec elle.
Notre Auguste Souverain m'a confié ce poste pour juger les délinquants et non pour plaire aux foules.
(Un candidat aux examens littéraires est entendu par le tribunal)
La divinité tutélaire d'une cité déteste voir le sang humain arroser le sol qu'elle protège; c'est pour cette raison que le terrain réservé aux exécutions capitales se trouve toujours en dehors de la ville.
( Le juge visite le temple de la Sagesse Transcendante )
L'immortalité, pour l'homme, consiste à revivre en sa descendance.
Nous nous permettons de conseiller au lecteur français d'aujourd'hui de se faire un peu l'imitateur du lecteur chinois de jadis et, lorsqu'il aura terminé ce roman, d'en relire tout au moins les premières pages. Cette nouvelle lecture lui apportera un plaisir supplémentaire, et nous sommes sûrs que, saisissant alors tout à fait la pensée de l'auteur, il admirera comme nous l'art avec lequel il a su relier la fin de l'histoire à son commencement. (Note des traducteurs)
Les lois sont faites pour le peuple, elles ne s'appliquent pas aux personnes de ma trempe. J'appartiens à ce petit groupe d'hommes que leur savoir et leurs talents placent au-dessus du code. Nous avons laissé loin derrière nous ces notions conventionnelles que vous appelez le bien et le mal. Quand la foudre détruit une maison et tue ses habitants, faites-vous comparaître la foudre devant votre tribunal ?
L'obèse frère fossoyeur ouvrit le livre corné osé sur ses genoux. C'était un vieux livre de divination. Suivant de son gros index les caractères du titre du chapitre, il lut à haute voix :
- "Le renard noir sort de son trou. Prenez garde."
Puis il ferma le livre et fixa la porte d'un air de crapaud impassible.
Vous avez un caractère dépravé, mais étant candidat aux examens littéraires, vous êtes capable de raisonner avec logique. Vous comprendrez qu’il serait vain de m’obliger à vous interroger sous la torture. Épargnez-moi ainsi qu’à vous-même cette peine inutile...