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Critiques de Roberto Ricci (84)
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Le coeur de l'ombre

Luc, âgé de 10 ans, est un petit garçon très peureux. Il a peur de ses camarades de classe, des microbes, des insectes, de César, le boxer des voisins, des scorpions, du noir, de son ombre... Mais, par dessus tout, il a une peur bleue de l'Uomo Nero, cette créature légendaire, ce démon à l'aspect humain, maléfique et obscur, ce fantôme ténébreux et insaisissable, cet être sournois qui se cache dans l'obscurité des chambres d'enfant afin de les effrayer. Il s'endort tous les soirs dans la crainte d'être sa cible. Sa maman s'inquiète beaucoup, d'autant que la famille a connu un terrible et mystérieux drame, quelques années auparavant, avec Claire, la sœur aînée de Luc. Lorsqu'un soir, la maman découvre le lit vide, elle appelle aussitôt la police ne se doutant pas un seul instant que Luc est parti, bien malgré lui, avec l'Uomo Nero, dans un univers peuplé d'étranges créatures...



Marco d'Amico nous plonge dans un univers fantastique peuplé d'êtres tous plus ou moins étranges que les autres, notamment Uomo Nero, El Cucuy, ce petit bonhomme à la bouche cousue ou encore le Bunyip, mi-canard mi-ours. Luc, que tout effraie, va devoir surmonter ses peurs. Il va vivre un voyage absolument incroyable qui va le faire réfléchir sur lui-même. Un voyage imaginaire qui nous fait découvrir, à travers les différents personnage, les mythes des autres pays. Graphiquement, Roberto Ricci et Laura Iorio nous offrent de magnifiques planches qui illustrent à merveille ce conte onirique, cette quête qui fait voyager notre jeune héros de par le monde: des couleurs soignées, tantôt lumineuses, tantôt beaucoup plus sombres ; un trait élégant, parfois naïf, et une mise en page dynamique.
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Urban, tome 1 : Les règles du jeu

Il ne s’agit pas d’être laxistes Zach. Mais d’être plus dissuasifs que répressifs.

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Ce tome est le premier d’une pentalogie. Sa première édition date de 2011. Il a été réalisé par Luc Brunschwig pour le scénario, et par Roberto Ricci pour les dessins et les couleurs. Il compte quarante-huit pages de bande dessinée en couleurs. La série a bénéficié d’une réédition en intégrale en 2023, mais d’un format plus petit.



20 décembre 2058, des libellules volètent dans un rayon de lumière et Zachary Buzz se réveille, ou plutôt se lève. Il s’agit d’un solide gaillard : le jeune homme répond à une voix désincarnée constatant qu’il n’a pas dormi. Il répond à haute voix qu’il n’a pas pu, pas réussi. Alors qu’il se lève et s’étire, la voix désincarnée lui demande s’il regrette son choix. Zach répond à voix haute que non, c’est juste qu’il n’a connu que la ferme de ses parents. Ce qui va venir est autre chose, ce n’était carrément pas prévu au programme de son père ou de sa mère. Ça lui fait peur, autant que ça l’excite. Il s’apprête à montrer dans le wagon qui s’est arrêté, quand une autre voix l’interpelle : sa petite sœur Julia arrive en trombe sur un hoverboard, furieuse. Elle lui balance une figurine à l’effigie d’Overtime, un personnage de dessin animé, pour qu’il n’oublie jamais à cause de qui il a quitté la demeure familiale. Zachary prend place sur une banquette du train, tenant la figurine entre ses mains. Celle-ci lui parle comme s’il s’agissait d’un adulte assis à ses côtés, pour le détromper : sa sœur se trompe, il n’a pas besoin de cette poupée pour se rappeler à cause de qui il s’en va aujourd’hui. Alors que la destination se rapproche, une animatrice avec un décolleté ahurissant se met à parler sur les écrans : elle adresse son bonjour à ceux qui viendraient de les rejoindre à bord du tub à destination de Monplaisir.



Un humanoïde avec une tête de lapin interrompt la jeune femme. Springy Fool présente Monplaisir. Plus qu’un complexe de loisirs… Une cité tentaculaire vouée à toutes les formes de plaisir. Sur 300.000 hectares, un choix sans limites et deux niveaux d’accès. Pour ses 18 millions de visiteurs quotidiens ! Le dernier endroit où ça rigole dans la galaxie !!! Le train entre en gare, et sur le quai, Zachary Buzz est accueilli par Membertou, son coach. Celui-ci lui demande de ne pas l’appeler monsieur : il est son coach et il le sera pendant les six prochains mois. Il avait oublié à quel point Zachary est grand, et dense aussi. Dense, un mot barbare qui colle parfaitement avec son élève. Ce n’est pas un problème : la plupart des recrues ont grandi en apesanteur, leurs squelettes en sont fragilisés et leurs muscles bien moins toniques que ceux de Zach. Rien ne vaut un élevage au bon air des campagnes. Le coach le remercie d’avoir postulé à l’académie de police. Les cours commencent dans moins de 24 heures. Ça laisse un peu de temps à Zach pour prendre ses marques. Dans le même temps, les écrans diffusent un message à l’attention des vacanciers : ils sont invités à se diriger vers la costumerie. Ils pourront y échanger leurs vêtements civils contre l’un des 400.000 déguisements que leur hôte Springy Fool met gratuitement à leur disposition.



À l’évidence, la couverture annonce une série de science-fiction, vraisemblablement se déroulant dans un milieu urbain à en croire le titre. Le texte de la quatrième de couverture en dit un peu plus, un parc de loisir géré par une intelligence artificielle dénommée A.L.I.C.E., et il explicite que le terme Urban renvoie aux Urban Interceptors, les policiers de Monplaisir, unité que Zachary Buzz va intégrer en temps qu’élève. Le récit se déroule en deux temps, tout d’abord l’arrivée de Buzz dans cette ville le 20 décembre 2058, puis dans un second temps un assassinat et l’enquête qui s’en suit le 24 juin 2059, c’est-à-dire juste vers la fin de la période six mois passés avec le coach. Le lecteur est amené à suivre Zachary à ces deux moments, puis un autre jeune policier, Isham El Ghellab, qui a grandi dans l’espace, et qui doit mener à bien sa première mission, à savoir arrêter l’assassin qui a été repéré et dont la localisation au sein de Monplaisir est connue. Il croise également Ahn Loon Bangé, enquêteur, le temps de trois pages, la jeune femme Ishrat hôtesse à tout faire dans l’immeuble où loge Buzz, un enfant Niels Colton, également fan du dessin animé des Overtime, les justiciers du temps, et Antiochus Ebrahimi, l’assassin. Le titre de ce premier tome Les règles du jeu, et le début d’une série induisent que les auteurs commencent par présenter l’environnement dans lequel se déroule la série.



Au départ, le lecteur ressent comme une forme de dissonance visuelle : d’un côté, il voit des dessins descriptifs détaillés, de l’autre il éprouve parfois l’impression d’une forme d’imprécision dans certains endroits d’une case ou d’une autre. L’horizon d’attente du lecteur peut comprendre une exigence de représentation consistante des environnements dans une histoire de science-fiction. Sur ce plan-là, il est comblé, l’artiste s’investissant pour donner à voir les environnements dans lesquels évoluent les personnages. Le train sur monorail est visiblement d’un modèle futuriste, avec un profil spécifique. L’arrivée vers Monplaisir montre des bâtiments faisant penser à une nature industrielle, avec des poutrelles métalliques présentes régulièrement. L’architecture intérieure de la gare évoque plutôt la fin du dix-neuvième siècle. Certains buildings rappellent ceux de New York, début du vingtième siècle. Quelques pages plus loin, le lecteur apprécie la présence d’une statue d’une déesse à six bras évoquant Kali sur la façade d’un immeuble à la hauteur du quatrième étage. Par contraste, la salle d’entraînement des élèves policiers ressort comme étant froide et aseptisée, avec des dimensions peu communes.



Dans le même temps, le lecteur ressent comme un flou dans certains arrière-plans. Il lui faut un peu de temps pour comprendre d’où provient cette impression. L’artiste fait un usage sophistiqué de la mise en couleurs : à la fois une teinte dominante apportant une unité à chaque séquence, des jeux sur les nuances pour faire ressortir le relief et la texture de forme délimitée par un trait de contour, quelques effets spéciaux pour la décharge de 1.800 volts administrée à un voleur à la tire, pour le halo de chaque écran (et ils pullulent dans la ville et dans les appartements), pour les éclairages artificiels, etc. Parfois la couleur vient en appui des traits de contour ou de texture, s’adaptant à leur imprécision pour évoquer l’arrière-plan, sans réellement le représenter, en s’en tenant à l’impression générale qu’il peut produire sur un passant qui n’y prête pas attention. Pour autant, la densité d’informations visuelles s’avère très élevée à chaque page, montrant la ville et les locaux, en donnant pour son argent au lecteur venu pour le dépaysement concret du monde futur. Rapidement, il fait l’expérience du plaisir que prend le dessinateur à intégrer des éléments fouillés dans ses cases. L’exemple le plus flagrant réside dans les clins d’œil au travers des déguisements mis à disposition des visiteurs : Goldorak, Mickey, Pinhead, Bender Tordeur Rodriguez, Darth Vader, Wonder Woman, Homer Simpson, un schtroumpf, une tortue ninja, un Rubick’s cube, etc.



La narration visuelle transporte le lecteur dans cette cité futuriste avec ces visiteurs costumés, ces écrans partout, une véritable omniprésence, un personnage faisant même observer que seule l’intelligence artificielle A.L.I.C.E. peut les éteindre. Dans le même temps, elle emmène le lecteur grâce à son dynamisme : la première course-poursuite pour attraper le voleur à la tire, le combat entre deux élèves policiers, et le seconde course-poursuite entre l’assassin Antiochus Ebrahimi, et le policier Isham El Ghellab, des prises de vue rendant bien compte des déplacements, des coups portés, des acrobaties. Le lecteur se retrouve impliqué aux côtés du gentil Zachary Buzz, peut-être un peu naïf, dans la découverte progressive et partielle de cette cité. Le lecteur cherche à déterminer quel est le fil directeur principal de l’intrigue. Il se dit que cela doit être l’intégration de Buzz dans les Urban Interceptors, débouchant sûrement sur une enquête complexe.



Dans le même temps, le lecteur relève les différents thèmes abordés par le scénariste au travers du prisme déformant et souvent révélateur de la science-fiction. Cela commence avec les explications du coach sur le métier de policier à Monplaisir : Depuis que la police existe, les policiers se sont toujours plaints d’être constamment noyés sous un monceau d’obstacles idiots… Des centaines de délits sans intérêt qu’ils doivent traiter au jour le jour et qui les empêchent de se consacrer aux affaires réellement importantes. Mais à Monplaisir, rien de tel. En se chargeant de la broutille, A.L.I.C.E. leur permet de se concentrer enfin sur le vrai travail de policier : les meurtres, les viols, les enlèvements… Ici, être flic n’est pas un boulot ingrat, Zach. Le lecteur relève également l’omniprésence des écrans aux programmes imposés, une critique sur les programmes de masse issus de grands groupes homogénéisés, les visiteurs déguisés en costumes, c’est-à-dire une forme de société ayant dérivé vers le parc d’attraction, la société du spectacle ayant atteint son dernier stade de développement, le personnage de dessin animé comme modèle de Buzz déjà adulte, entre infantilisme et absence de modèle dans la vie réelle. La seconde course-poursuite entre un voleur et un policier est diffusée en direct sur tous les écrans, comme un spectacle, le voleur pouvant profiter en temps réel de l’évolution de la progression du policier, les visiteurs étant encouragés à parier sur l’issue de cet affrontement, etc.



Un premier tome très accrocheur qui trouve le bon dosage entre ce qui est montré et révélé, et ce qui reste caché, à découvrir par la suite. Une narration visuelle savamment dosé entre ce qui est montré dans le détail pour donner corps à ce monde futuriste, et ce qui est suggéré pour éviter de se prendre les pieds dans le tapis avec des éléments qui pourraient exiger une trop grande suspension consentie d’incrédulité, ou se contredire. Une mise à profit de la science-fiction comme reflet déformé ou exagéré, prospectif de la société d’aujourd’hui, et une solide intrigue pleine de mystères. Une belle réussite.
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Urban, tome 3 : Que la lumière soit...

Malheureusement, il ne s’agit en rien d’un accident.

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Ce tome est le troisième d’une pentalogie ; il fait suite à Urban, tome 2 : Ceux qui vont mourir (2013) qu’il faut avoir lu avant. Sa première édition date de 2014. Il a été réalisé par Luc Brunschwig pour le scénario, et par Roberto Ricci pour les dessins et les couleurs. Il compte cinquante-deux pages de bande dessinée en couleurs. La série a bénéficié d’une réédition en intégrale en 2023, d’un format plus petit.



Dans le train en aérien qui emmène les vacanciers à Monplaisir, l’impatience commence à se transformer en inquiétude : voilà une demi-heure qu’il est l’arrêt sans électricité. Sous eux, les lumières de la ville sont éteintes, même la façade avec l’enseigne de Monplaisir subit cette coupure de courant généralisée. Dans le ciel, des aéronefs voient leur réserve de carburant diminuer, et ils restent sans réponse de la tour de contrôle. Un pilote d’un vaisseau venant de Titan émet un message sans grand espoir d’être entendu, annonçant qu’il va bientôt devoir se poser sans guidage. À l’intérieur d’un bâtiment de Monplaisir, Springy Fool avance en tâtonnant dans le noir, et en appelant l’intelligence artificielle A.L.I.C.E., sans obtenir de réponse. Il finit par voir la tête robotique de l’IA, luisant faiblement dans les décombres. Il la prend dans ses mains et l’interroge : elle répond qu’elle ne sait pas ce qui s’est passé, qu’avant l’explosion elle a juste eu le temps d’enregistrer une surcharge électrique massive provenant de la centrale de la ville, qu’elle n’a pu en identifier ni la raison, ni le responsable. Elle est désolée. Les portes du studio s’ouvrent et les secours arrivent, accompagnés par un autre robot A.L.I.C.E. qui constate que Fool est légèrement blessé au front.



Dans la rue, les drones donnent des consignes aux habitants et aux vacanciers : attendre assis et ne pas bouger, ils vont procéder aux réparations nécessaires, la lumière va bientôt revenir. Les uns et les autres sont assis par terre, serrant dans leur bras un blessé qui leur est cher. Zachary Buzz tient contre lui le cadavre de Niels Colton. Il se remémore quand lui-même été enfant à la ferme, écoutant le générique de son dessin animé préféré Overtime, et chantant les paroles par cœur : Année 5739… dans un futur bien différent du monde que connu aujourd’hui. La science règne en maître et a établi sans contestation possible que Dieu n’existe pas. Pas de Paradis et encore moins d’enfer, pour accueillir l’âme des criminels et leur faire subir une éternité de tourments. Un crime impuni de notre vivant est un crime impuni à jamais !!! Cette idée a révolté les hommes. En réponse à leur émoi, un tribunal exceptionnel a été créé, chargé de réétudier tous les crimes non résolus depuis la nuit des temps. Leur bras armé : les Overtime. Un groupe de voyageurs temporels, missionnés pour identifier les coupables et les ramener dans le futur afin qu’ils subissent une longue et juste peine. Un monsieur chauve arrive derrière Niels et il lui explique pour quelle raison il a toujours trouvé le concept de cette série complètement débile.



Après la scène finale du tome deux, le lecteur a hâte de découvrir la suite de l’intrigue, c’est-à-dire les conséquences du dernier événement spectaculaire. L’auteur a choisi une forme en un unique chapitre intitulé : 28 juin 2059, quelques dizaines de minutes après l’explosion. Le lecteur se demande ce qui a provoqué cette explosion, mais aussi ce qu’il est advenu de l’assassin Antiochus Ebrahimi, de la durée de la panne de courant (peut-être même définitive), de la réaction des vacanciers, de la capacité de réaction des Urban Interceptors pour gérer cette situation de crise, du progrès de l’enquête de Gunnar Christiansen, de la possibilité pour Zachary Buzz de poursuivre l’assassin, du devenir d’Olif, et puis aussi d’en apprendre plus sur Narcisse Membertou. Or dans les planches deux et trois, le scénariste s’attache plus à Springy Fool et à A.L.I.C.E., deux personnages dont le lecteur pensait qu’ils resteraient en toile de fond sans être développés plus avant. Au cours des planches trois à huit, il revient sur l’enfance de Zachary, sur la résonnance émotionnelle que provoque en lui Overtime, le personnage de dessin animé. Il ne se rend pas forcément tout de suite compte que cette scène en révèle plus sur son interlocuteur. Puis le récit reprend le fil au temps présent de l’intrigue, introduit un nouveau personnage Merenia Alicia Colton… Les scènes ne commencent plus en haut d’une page pour finir en bas, mais peuvent s’entrecouper au sein d’une même, tissant ainsi une trame narrative très serrée, qui rend bien compte de l’intrication des différents fils, attestant d’un récit particulièrement bien construit.



Tout comme les différents éléments des séquences précédentes interagissent pour laisser deviner l’existence d’un schéma d’ensemble, les éléments visuels dessinent un monde concret et pleinement tangible. Le lecteur continue à prendre plaisir à jouer à relever les costumes des vacanciers en arrière-plan, et à identifier les personnages. Il remarque ainsi Zatanna, Kick-Ass, Wonder Woman, Jabba le Hutt, Actarus, Green Lantern, Hellboy enfant, Spider-Woman, Lamu, Juggernaut. Il retrouve avec plaisir également le cachet esthétique de la série : à commencer par cette mise en couleurs avec une palette donnant une identité particulière à la cité de Monplaisir. Le gris-vert à l’extérieur de la ville, l’éclairage intense et la profusion d’écrans à l’extérieur (une fois le courant rétabli), les couleurs plus ternes pour les intérieurs des citoyens basiques, les couleurs plus vives pour les lieux de vie de Springy Fool. L’expérience de lecture s’avérant très fluide, il faut presque un peu de temps au lecteur pour se rendre compte de la densité d’informations visuelles : la densité des immeubles autour de l’enceinte de Monplaisir, les différents éléments de la ferme des parents Buzz (étable, vaches, paille, roue de charrette, silos, éolienne, portique à l’entrée du domaine, clôture en bois, grilles métalliques), la foule hétéroclite de vacanciers patientant avec soumission que les autorités de Monplaisir prennent les choses en main, les nombreux couples en train de danser, la magnificence de la terrasse sur laquelle Springy Fool et son invitée prennent un repas, la densité de la foule dans le quartier populaire où Buzz et son coéquipier Sikorsky interviennent pour neutraliser Olif, etc.



Le lecteur a également conscience qu’il n’apprécie pas juste le sentiment de familiarité de se retrouver dans cette ville, il savoure également des visuels et des scènes mémorables. Springy Fool prenant dans ses mains la tête rétroéclairée d’A.L.I.C.E., le repas de la famille Buzz en vue subjective par les yeux de Zachary très nerveux devant la réaction de ses parents, la perte progressive de contrôle sur lui-même de Springy Fool confronté à la pression des exigences de l’administrateur Gregorescu, le sinistre cortège de corbillards flottant dans le ciel pour évacuer les cadavres des rues de Monplaisir, le passage silencieux de Buzz affligé au milieu de la salle d’entraînement des policiers, l’agression des parents Buzz par des dizaines de petits drones implacables, l’opération d’Ishtar, etc. L’artiste entretient le suspense par sa narration visuelle, bien rythmée, apportant de nombreuses informations dans les lieux, les activités des personnages, leurs postures, leurs réactions. Les dessins montrent un monde cohérent et tangible de science-fiction, prenant la peine de le représenter dans les détails, le rendant concret et plausible, une belle réussite pour ce genre.



Les différents personnages continuent d’être soumis à des épreuves, révélant des facettes de leur caractère. Le jugement du lecteur sur Zachary Buzz se trouve conforté : un jeune homme avec une vraie vocation de policier, de fortes convictions pour servir le public, et les conséquences de son implication se font sentir. Il doit prendre la responsabilité de son choix face à son père qui avait établi un projet nécessitant que son fils prenne sa suite pour exploiter la ferme familiale. Puis il se retrouve à expliquer à sa sœur qu’il ne peut pas revenir à la ferme pour aider, parce qu’il doit participer aux secours dans Monplaisir. Le lecteur est également amené à découvrir le revers de la médaille de la conscience professionnelle du lieutenant-enquêteur Gunnar Christiansen qui choisit de délaisser son épouse pour mener à bien son enquête. Il s’attendait donc moins à côtoyer Springy Fool : il découvre quel genre d’individu il est. Il observe son comportement lors d’un rendez-vous galant arrangé. Il le découvre lors d’un moment clé de la mise en œuvre du projet de construction de Monplaisir. Il peut voir comment il se conduit de manière directe pendant ces moments-là.



Le lecteur peut également voir quelles sont les conséquences des méthodes de Springy Fool, à la fois à l’exploitation de la ferme des Buzz, et de celle de leurs voisins les Munroe, à la fois dans la gestion de la localisation d’Antiochus Ebrahimi. L’auteur en révèle un peu plus sur le contexte des deux semaines de vacances que les gens viennent passer à Monplaisir et sur le mode de gestion de la cité. Le prix à payer par les personnages pour leur choix de vie devient progressivement apparent, et en parallèle il en va de même pour le fonctionnement de Monplaisir. Le lecteur n’oublie pas que le récit a commencé avec la prise de fonction de Zachary Buzz dans les rangs de la police de Monplaisir, avec l’assassinat d’un policier au milieu du premier tome. Les développements de l’histoire confirme qu’il s’agit d’un polar : un autre meurtre a été commis, les enquêtes se poursuivent, les personnages se confrontent aux réalités de la vie sous les apparences, les contraintes systémiques de cette société sont progressivement mises à nu, un vrai polar et la noirceur intrinsèque du genre découlant des bas instincts du genre humain.



Le lecteur continue d’en découvrir plus sur la personnalité des protagonistes, leur histoire personnelle, leurs motivations profondes, les vraies forces à l’œuvre dans cette société. Il comprend que les enquêtes en cours ne peuvent prendre tout leur sens qu’en prenant en compte ces éléments. Il continue d’être transporté par la narration visuelle dans cet environnement très solide de science-fiction, faisant l’expérience de moments singuliers, soit par les événements, soit par le ressenti des personnages. Une histoire prenante, fascinante, vénéneuse, malsaine.
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Le manuscrit interdit, tome 1

Le premier tome de la série Le Manuscrit Interdit est une belle mise en bouche. L'histoire se met en place tranquillement, les personnages se découvrent petit à petit et la suite de leurs aventures s'annonce savoureuse.



Le récit est classique pourtant il se révèle riche en réflexions politiques (le parallèle entre l'Amérique maccarthyste et la Chine communiste est pertinent).



Quant aux dessins de Paolo Grella, ils sont superbes même s'il y a quelques imperfections au niveau des visages. En même temps, il s'agit de sa première BD et sa technique est déjà impressionnante. Les bulles sont lisibles (ça fait du bien après les pattes de mouche de From Hell) et chaque case, magnifiquement colorisée, fourmille de détails. C'est très réaliste. J'adore !



En bref ce premier tome est une bonne surprise, j'espère que la suite sera du même acabit.



CHALLENGE MULTI-DÉFIS 2018
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Urban, tome 1 : Les règles du jeu

Dans un monde où l'intelligence artificielle fait partie du quotidien, Zach qui sa ferme familiale pour devenir flic dans le plus gigantesque complexe dédié uniquement aux jeux et aux plaisirs. Monplaisir est une société très particulière, avec ses propres lois, ses propres codes. le naïf Zacharie Buzz va devoir y trouver sa place.



Une histoire originale. Les bases sont bien solidement plantées avec un décor ahurissant. Reste maintenant à développer une intrigue pour le moment quasi inexistante et à étoffer les personnages.



Les dessins fourmillent de détails, les cases sont denses et riches. Au contraires des couleurs très douces et sombres.
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Urban, tome 5 : Schizo robot

Dans le gigantesque parc de loisir de Monplaisir, c'est la panique. Un deuxième attentat vient d'avoir lieu entrainant des centaines de morts. Les robots semblent impliqués et leur créateur est complétement dépassé.



L'univers déjanté de Monplaisir se transforme en scénario catastrophe. Springy Fool ne contrôle plus rien malgré qu'A.L.I.C.E, l'intelligence artificielle qui régente le parc, tente de garder un semblant de maitrise. Et Zach dans tout ça, avec sa vision idéalisé de la justice, a été bien bousculé dans ses convictions. Il tente de faire ce qui lui semble juste mais il est juste balloté par les événements.

Ce dernier tome donne l'explication finale, les implications froides et machiavéliques d'une vengeance toute maternelle. Le concepteur en informatique de génie qu'est l'asocial Springy Fool se fait prendre à son propre jeu sur son propre terrain. Triste retour de bâton pour cet homme avec un nombre incalculable de défaut mais que l'on avait appris à mieux connaitre dans le tome précédent faisant toute la nuance de ce personnage.



Une pastille rouge sur l'album nous précise FIN DE CYCLE, on peut supposer, malgré les difficultés de parution, qu'un nouveau cycle va s'ouvrir. Effectivement certain point sont clairement laissé en suspend pour plus tard.



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Urban, tome 4 : Enquête immobile

Alors que le gigantesque parc d'attraction de Monplaisir traverse une crise sans précédent, Zack est mis sur la touche pour ne pas avoir obéi aux ordres Springy Fool, le maître suprême de Monplaisir. C'est alors qu'il se met à fouiller dans les archives d'A.L.I.C.E, l'intelligence artificielle qui seconde Fool.



Plus l'histoire avance et plus celle-ci prend de l'épaisseur et de la noirceur.

Dans ce tome 4 nous revenons sur les débuts de Monplaisir grâce à de nombreux retour en arrière. Et par la même occasion nous nous concentrons sur Spingy Fool, l'inventeur génial de Monplaisir, qui présente de sérieux troubles relationnels.

Un excellent tome qui révèle toute la complexité de ce monde futuriste et de son intrigue. La tension monte et après l'attaque terroriste, la révolte des mécas dans les fermes, le tome se conclut sur une nouvelle catastrophe.

On a hâte de pouvoir lire le prochain opus qui sera, si j'ai bien compris, le dernier.



Le dessin est toujours irréprochable où les arrières plans pleins de détails ne sont jamais oublié.
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Delta, Tome 1 : L'anse aux crânes

Je n'ai pas réussi à rentrer dans cette BD qui mèle les genres, est assez décousue et part dans tous les sens.

D'entrée de jeu, on a l'impression de prendre le récit en marche et je me suis vite perdue dans les tenants et aboutissants de cette histoire...

Bref, je n'ai que ce premier tome sous la main et je ne suis pas certaine d'avoir assez d'envie que pour en rechercher la suite.
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Le manuscrit interdit, tome 1

J'ai beaucoup aimé le premier tome de cette série et j'ai hâte de découvrir la suite. On découvre petit à petit les personnages et un pans de l'histoire qu'est l'invasion du Tibet par la Chine. J'ai trouvé que cette BD relevé d'avantage d'une romance que de l'aventure.

J'aurai aimé que le sujet du manuscrit interdit soit plus approfondie.

Concernant le graphisme, c'est le point fort de cette œuvre. Je l'ai trouvé magnifique, plein de détails et très réaliste.
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Urban, tome 3 : Que la lumière soit...

Alors que Zack s'apprêtait à mettre la main sur le criminel qu'il traquait, Monplaisir est victime d'une terrible panne d'électricité entraînant accidents et centaines de mort. Un peu partout c'est la panique, on parle de terrorisme...



L'histoire prend un véritable tournant. Un tournant qui part dans une bonne direction. Cela donne un nouveau souffle. Bien sur c'est le lancement (au bout de trois tomes me direz-vous) du coup on se retrouve avec plus de questions que de réponses. Une bonne évolution avec des personnages qui prennent de l'épaisseur. On connaît un peu plus leur histoire personnelle, aucune n'est toute rose, ce qui permet de s'y attacher plus.



Les dessins sont toujours incroyables. En détails, en précision, en couleur pastelles.
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Urban, tome 3 : Que la lumière soit...

La cité de Monplaisir a subit une catastrophe qui a coupé toute l’énergie de la ville et fait de nombreuses victimes… une catastrophe qui se révèle être au final un attentat rudement bien mené. Mais qui est à l’origine de cette attaque ? Et pourquoi ?…

Encore une fois, le récit est assez étrange ; le contenu est certes énigmatique mais c’est le déroulé des différentes scènes qui est assez déroutant.

Le design de la BD donne en tout cas bien le ton du récit : sombre mais dans des tons de bleu, de rouge qui me déroutent aussi visuellement ; bref, j’accroche moyennement à cette série qui avaient pourtant tout dé prometteur dans son premier tome.

J’ai conscience que cette série a un fort potentiel mais ce n’est pas mon style de récit : trop haché, trop étrange, trop sombre graphiquement. Malgré tout, c’est l’histoire du personnage principal qui me permet de m’accrocher à l’histoire car ce personnage - malgré son manque d’émotions - est attachant et mérite que l’on s’intéresse à son destin dans ce monde véritablement dystopique - Monplaisir est bien loin effectivement de la cité rêvée ; c’est de plus en plus irréfutable…
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Urban, tome 1 : Les règles du jeu

En 2058, Zach Buzz est un jeune homme qui s'apprête à se rendre à Monplaisir, une cité tentaculaire destiné au bonheur de tous ses visiteurs et répondre à tous leurs fantasmes. Mais Zach n'est pas un simple touriste, il s'y rend pour devenir policier. Mais Zach va vite se rendre compte que la cité de Monplaisir cache de nombreux mystères…

Malgré un style graphique qui ne me plait guère, l'univers crée autour de cette cité du plaisir est plutôt intéressant. Un monde qui flirte avec la dystopie où Zach découvre que tout le monde n'est pas heureux dans cette cité. Même son rôle de policier n'est pas ce qu'il imaginait.

L'idée est originale et il plane pas mal de mystères et surtout un monde qui est bien plus sombre que ce que le nom de la ville pourrait laisser imaginer : notamment avec ce jeu autour de l'arrestation d'un meurtrier par un jeune policier qui tourne au voyeurisme sordide !

Bref, le récit est plutôt prenant et prometteur, à voir si l'histoire prenne un peu d'épaisseur et si on avance un peu plus dans l'intrigue.

Petit point amusant dans cette cité de Monplaisir où les visiteurs doivent passer un déguisement à leur arrivée. L'occasion d'observer en arrière plan de nombreuses vignettes, des personnages connus : Tintin et Milou, Dark Vador et Leia, un légionnaire… je vous laisse chercher les autres.
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Le coeur de l'ombre

Voyage imaginaire dans le monde des légendes urbaines: voici ce qu'il vous attend!



Ici, il est question des terreurs que tous les enfants redoutent quand ils ferment les yeux.

Qui n'a jamais entendu parler du croque-mitaine, du Boogeyman...



Mais celui qui terrifie Luc, 10 ans, est l'Uomo Nero.

Ce personnage sombre, terrifiant, maléfique, sournois, se nourrissant de la peur des plus petits, tourmente depuis un moment notre jeune ami.

Un soir, il l'emmène de l'autre côté du miroir, le faisant basculer dans les ténèbres, chose que Luc, très peureux, redoutait le plus.



Un très bel album jeunesse, qui habilement, tente de dédramatiser les monstruosités de la nuit.

On oscille dans un univers fantastique où l'on va rencontrer toutes les figures emblématiques et folkloriques des différents pays.



L'univers est parfois sombre, parfois lumineux, tantôt effrayant, tantôt psychédélique.

Cet ouvrage est doux et le graphisme est magnifique.

Je recommande pour tous les âges.
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Le manuscrit interdit, tome 1

Il y a eu ces dernières années pléthores d’ouvrages concernant de supposé faits mettant en cause le dogmatisme de l’Eglise depuis le fameux roman Da Vinci Code. La bande dessinée n’a pas été en reste (voir Le Triangle Secret ou Le Décalogue ou encore Le Troisième Testament qui sont la référence en la matière). Le manuscrit interdit s’inscrit dans cette lignée avec l’idée un peu saugrenue que Jésus aurait vécu au Tibet. C’est vrai qu’après le frère de Jésus, on aura tout vu !



Fort heureusement, le récit ne va pas suivre une trace ésotérique ce qui va différencier cette série des autres évoqués ci-dessus. Non, cela s’inscrit plutôt à la manière d’un Indiana Jones à l’ère du maccarthysme. C’est presque une histoire d’amour à l’eau de rose avec tous les clichés habituels. On se demande si on ne préférait pas l’aventure ésotérique. Cela avait pourtant bien commencé par une scène d’introduction montrant la douloureuse invasion du Tibet par les chinois en 1951. Le dessin nous mettait dans l’ambiance des films de la grande époque hollywoodienne.



On ne sera finalement pas grand-chose de ce manuscrit interdit car l’histoire a pris une autre tournure plus classique. Bref, c’est un genre d’appât qui ne pourra que décevoir une partie du public. Pour autant, on passe un agréable moment de lecture même si on doit avaler de grosses ficelles.
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Urban, tome 1 : Les règles du jeu

Une aventure de science-fiction dans un univers à la Blade Runner ou du 5ème élément sur fond de télé-réalité en y mêlant également une touche de fantaisie avec Alice aux pays des merveilles. Bref, un cocktail assez étrange mais qui semble bien fonctionner en l'espèce. On s'attache assez facilement avec ce héros au physique ingrat mais si humain.



Le récit manque cependant un peu de dynamisme. Il ne se passera pas grand chose. On sent que c'est un tome introductif pour mettre en place un univers assez singulier. Pour autant, on sait que le plaisir de lecteur viendra par la suite car le scénariste sait transformer les moindres détails en révélation surprenante. En attendant, on pourra néanmoins admirer un beau graphisme détaillé afin de s'imprégner de cet atmosphère. Les habitants portent de curieux costumes qui sont autant de clin d'oeil à des oeuvres classiques comme Star War par exemple.



Au final, une bonne bd qui a du potentiel qu'il reste à développer. Ma note est par conséquent susceptible de changer. Et oui, je suis convaincu par le second tome. On gagne par conséquent un cran.
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Le manuscrit interdit, tome 1

Une intrigue légère, des beaux dessins du Tibet et un message qui renvoie dos à dos les Etats-Unis maccarthyste et créationniste avec la Chine communiste, celle qui est en train d'écraser le Tibet.
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Urban, tome 3 : Que la lumière soit...

Pour remettre dans le contexte, j'avais acheté à l'époque la première mouture de Urban, lorsque la série s'appelait encore Urban Games. A l'époque, Luc Brunschwig apparaissait comme un des meilleurs scénaristes de la nouvelle génération franco-belge, poussé par les succès (plus critique que public) du pouvoir des innocents et de l'esprit de Warren. Ce premier tome détonnait et promettait: au fil des 80 planches, on voyait se déployer un univers qui promettait quelques jolies choses, et l'album se finissait sur un cliffhanger qui donnait un gros air de revenez-y. Puis, plus rien. le dessinateur, dont c'était le premier album, en était sorti lessivé physiquement, mentalement et financièrement. Il quitta le monde de la bande dessinée et le série s'arrêta là. Luc Brunschwig promettait vouloir continuer, mais sans doute troublé par le sort du dessinateur et d'autres priorités, la série est restée longtemps en sommeil, jusqu'à ce qu'elle soit rébootée chez Futuropolis. Reprise de zéro avec un nouveau dessinateur. Et dès la sortie, Luc Brunschwig a poussé un cri d'alarme sur le forum d'en face, effrayé par le chiffre extrêmement bas de mise en place (de mémoire, 5000 pour un tirage entre 12.000 et 15.000 exemplaires). De fil en aiguille, la série devint une sorte de fétiche pour BDGest et elle a pû profiter d'un bouche-à-oreille flatteur et du soutien de quelques libraires qui lui ont permis de bien se défendre et de pouvoir continuer.

Depuis, le sujet "Urban" sur BDGest est très occupé par le dessinateur et par une horde de fans qui s'enthousiasment à chaque occasion. Il y a sans doute un effet d'exagération pour "remercier" le dessinateur de sa (sympathique) présence. Mais au final, à voir les avis sur la série, on pourrait croire qu'il s'agit d'un des plus grands chef d'oeuvres de la bande dessinée depuis les peintures rupestres de Lascaux.

Mouais, c'est une des rares séries que je suis, d'un côté parce que, dans le genre, elle n'est pas mal foutue, mais aussi pour essayer de comprendre le pourquoi de cet engouement.

Au dessin, Roberto Ricci réalise un beau travail, tout-à-fait dans le style ce qu'on attend pour ce genre de récit. Mais en plus, il s'applique à multiplier les détails et références dans ses planches. Cela donne un aspect ludique assez amusant de partir à la chasse aux oeufs dans les planches.

Le scénario de Brunschwig, quant à lui, repose sur le principe d'un parc d'attraction géant, genre de Disneyworld hypertrophié, qui sert de défouloir/récompense pour une humanité exploitée. Chacun rêve d'y aller, de profiter des plaisirs que promet Monplaisir à tous, quel que soit son âge où ses envies. Sauf que derrière la façade, la réalité est toute autre. Trajectoires brisées, ambiance thriller hi-tech et crimes pervers sont au menu. Rien de fondamentalement neuf. Sans spoiler, on retrouve des schémas narratifs ultra-connus, mais pas mal traités. En fait, Urban rappelle les bonne séries du label série B de Delcourt. Elle en paraît un peu déplacée dans le catalogue futuropolis et un peu datée. Ni un chef d'oeuvre, ni un navet. Une série pas mal balancée, pour qui aime ça. Je ne suis qu'à moitié client, mais je ne désespère pas de comprendre les raisons de l'enthousiasme des fans.
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Urban, tome 1 : Les règles du jeu

Dessin (tout en couleur, plutôt rare en BD maintenant), scénario, tout y est ! En espérant toutefois que la série ne s'éternise pas et perde de sa force, comme trop souvent...
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Urban, tome 3 : Que la lumière soit...

On entre dans le temps de la désillusion. Ce n'est plus l'époque grandiose d'un futur parfait, ou presque, ùu la science est au service des loisirs (mais on en avait déjà quelques preuves dans le tome précédent). Le drame s'est joué, notre héros "revient sur terre", même s'il n'en etait pas trop loin, et s'identifie reellement a son héros imaginaire et redresseur de torts. L'intrigue se mêle, s'intensifie et les personnages prennent enfin un peu d'épaisseur.



Le dessin est toujours aussi époustouflant et riche en détails. La couleur toutefois légèrement moins pêchue qu'au début , ce qui est dommage mais pas essentiel.
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Urban, tome 1 : Les règles du jeu

Urban, Tome 1 : Les règles du jeu (2011)







Monplaisir est un lieu dont les abords sont si rutilants que la lucidité de chacun devrait amener à s’interroger sur les soubassements véritables de cette cité…

Quelles sont les intentions des dirigeants de ce gigantesque parc de 300 000 hectares entièrement destinés au plaisir ? Ici, le devoir à la distraction est imposé à chaque touriste. Celui-ci accepte son sort sans broncher et se soumet gaiement à l’imposition du costume déguisé ou à la course aux paris. Dans cette atmosphère délurée où certains pourraient se laisser aller un peu trop rapidement à des familiarités extrêmes vis-à-vis des lois ou dans ses rapports avec les autres, Monplaisir a pris ses dispositions. A.L.I.C.E., un système automatisé de robots nettoyeurs se charge des menus larbins, tandis que les policiers de l’Urban Interceptor se consacrent aux vrais crimes et délits.







Zach, le campagnard un peu naïf qui rêvait, dans sa petite ferme reculée, d’égaler son modèle Overtime, le plus grand justicier de tous les temps, rejoint bientôt la cité dans l’objectif d’intégrer l’Urban Interceptor. On le découvre totalement dépassé par le foisonnement d’une cité qui abrite plus d’être humains qu’il n’en a jamais vus au cours de sa vie. Une fois passé l’émerveillement consécutif à la découverte de la cité, la réalité se dessine peu à peu dans ses contours les plus macabres, faite de meurtres et de corps décimés. La joie et le plaisir à outrance ne peuvent pas être purs, on vous avait prévenus.







Les luttes et traques criminelles deviennent prétextes à divertissement et sont diffusées sur les écrans géants de Monplaisir. Les touristes prennent leurs paris pour savoir qui d’Ebrahimi ou d’El Ghellab mourra le premier. Le tout entre deux rires bien gras et la déception de Zach qui, entre autres expériences sexuelles décevantes, découvre la triste réalité d’un monde longtemps fantasmé.

La couleur explose à chaque page, fourmille de détails et de références qui font de chaque case une fresque regorgeant de détails. Est-ce ainsi que l’on vit à Monplaisir, étourdi par la profusion, presque fasciné et perdant par là tout jugement critique ?







Ce premier tome d’une série qui devrait en comporter six pose les bases du fonctionnement de la cité de Monplaisir. Totalitarisme, cynisme et insouciance s’entrecroisent habilement dans la description d’une société vouée à s’autodétruire. Mais la consomption sera peut-être longue, et en attendant, Zach et les victimes de Monplaisir en paient les frais. Pauvre petite âme isolée, seul esprit animé de pures intentions au milieu de ce monde de décadence, Zach nous fait craindre l’émergence d’un conflit manichéen qui l’opposerait à la triste déchéance de Monplaisir. Espérons que la suite de la série développera une intrigue plus nuancée…
Lien : http://colimasson.over-blog...
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