Je trouve ça plutôt bien que ma mère fasse un régime pour garder la ligne à son âge. Même si je trouve que pour l'instant, il ne marche pas trop. Moins elle mange, plus elle grossit ...
[au médecin]
C'est ça que vous avez fait pendant deux semaines. Vous êtes resté assis là à remplir des pages et des pages de tout ce qui pouvait sortir de la bouche de ma femme. Et maintenant, vous nous ressortez tout en bloc. Tout est de ma faute parce que je vais bientôt crever. C'est de leur faute si leur mère boit parce qu'ils ne l'ont pas aidée à faire la vaisselle. Et si je ne vous interrompais pas, vous entreriez certainement dans le détail des coucheries que j'ai eues ou pas avec ma femme devant mes enfants. Mais vous devez avoir raison, ne vous retenez surtout pas. Ma femme leur a déjà tout balancé. Ils sont blindés niveau sordide et saloperies. Je voudrais vous poser une question, docteur Freud. On essaie d'aider les alcooliques, mais leur famille, qui s'en occupe ?
Elle est là. Parfaitement à l'aise. Comme s'il ne s'était rien passé la veille
- Votre femme s'est très bien intégrée dans notre établissement. Elle prend la parole dans nos groupes de discussion, dialogue avec de nombreux patients, elle en aide même certains à sortir de leur addiction.
- Pourquoi elle boit ?
Le docteur à l'air un peu déstabilisé par cette question. Comme si elle manquait de tact, qu'elle était déplacée. Mais c'est un peu pour ça qu'on est là. Pourquoi ma mère boit ? Et comment faire pour qu'elle arrête ?
- Vous savez, c'est souvent compliqué. Il n'y a pas une seule raison en particulier, c'est en général une accumulation de petits évènements, d'habitudes. Il est primordial de rompre l'environnement dans lequel vivait votre femme, changer les meubles de place par exemple, changer les horaires des repas. Lors de mes entretiens avec votre épouse, plusieurs choses sont revenues assez fréquemment.Elle m'a parlé de son manque de liberté à la maison, de son manque d'autonomie, de votre maladie. Elle vous a épousé et à accepté de fonder une famille avec vous sachant que vous n'aviez pas une espérance de vie très longue. Revient souvent aussi le fait qu'elle se sente seule à gérer la maison. Ni vous ni les enfants ne l'aideraient. Elle se sent aussi abandonnée, hum, disons affectivement. Vous auriez quitté le lit conjugal.
- Donc, c'est ça que vous avez fait depuis deux semaines. Vous êtes resté assis là à remplir des pages et des pages de tout ce qui pouvait sortir de la bouche de ma femme. Et maintenant, vous nous ressortez tout en bloc. Tout est de ma faute parce que je vais bientôt crever. C'est de leur faute si leur mère boit parce qu'ils ne l'ont pas aidée à faire la vaisselle. Et si je ne vous interrompais pas, vous entreriez certainement dans le détail des coucheries que j'ai eues ou pas avec ma femme devant mes enfants. Mais vous devez avoir raison, ne vous retenez surtout pas. Ma femme leur à déjà tout balancé. Ils sont blindés niveau sordide et saloperies. Je voudrais vous poser une question docteur Freud. On essaie d'aider les alcooliques, mais leur famille qui s'en occupe ?
« - 'Lut, P'pa !
- Alors, ça va ? Ça s'est bien passé ?
- Ouais. Et toi, ça va ?
- Bah, tu sais, avec ta mère... »
Putain, cette réponse ! Qu'est-ce qu'elle m'énerve ! Là c'est sûr, je suis rentré. Je n'aurai pas eu deux minutes de répit. Je n'ai même pas encore bouclé ma ceinture de sécurité qu'il me gonfle déjà avec ma mère ! A présent que je m'étais extirpé de cette vie de merde, du moins pour la semaine, je voulais faire comme ma tante, mon oncle, ma grand-mère et mes cousins. Ne pas savoir, ne rien voir, qu'il me foute la paix avec ses problèmes, qu'il souffre en silence. J'en avais voulu à ma famille de nous avoir laissé tomber, mais c'est vrai que quand on s'en sort, quand on peut vivre, on n'a plus du tout envie qu'on vienne nous faire chier avec ça.
(p. 162-163)
Je me suis longtemps demandé comment ma mère avait pu imposer cela à ses enfants.
C'est quand je suis devenu papa à mon tour que j'ai réalisé que je m'étais trompé. Elle n'était pas seulement ma mère, elle était aussi une femme, une épouse, une institutrice. Je ne l'avais jamais jugée que comme mère, alors que c'est d'abord à elle-même qu'elle avait infligé tout cela.
Même si je ne sais toujours pas exactement pourquoi elle a lentement mis fin à ses jours, certains événements me sont apparus sous un autre angle. Car à mon tour je ne suis plus seulement un fils, mais aussi un homme et un père.
J'en oublie tous mes devoirs !
Pardon ! Je désirerais passer...Andrew Barrymore, adjoint du shérif. Pardon...
Des bouteilles de porto il y en a plein.
Les bouteilles que mon frère a trouvées en premier, dans le bac de linge sale, il croyait que c 'était un truc de grand-mère pour que le linge soit plus facile à laver.
Les bouteilles réchauffées, celles qui sont cachées derrière la chaudière.
Les bouteilles stagnantes et dégoulinantes qui tachent le linge propre dans lequel elles sont planquées.
Les bouteilles déconcertantes....celle que mon père a sortie de la boîte en carton du fer à repasser en demandant à ma mère ce que ça faisait là, et que ma mère a remise dans le carton répliquant que c'était sa place.
Les bouteilles dégueulasses, celles qui sont cachées dehors derrière les bûches, avec les araignées.