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Citations de Rodolphe Casso (54)


p.443.
Aujourd'hui, l'Homme montre son vrai visage, sa vraie nature. La civilisation n'est que le vernis qui fait tenir le pourri, voyez-vous. Sans elle, tout redevient sauvage. Tout ce qui faisait notre force fait maintenant notre faiblesse. C'est très ironique, vous ne trouvez pas ?
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Il s’agissait d’illustrer la violence symbolique à l’œuvre dans les phénomènes de gentrification galopante des quartiers populaires et de s’interroger sur les systèmes d’émergence créative en opérant un comparo entre la contre-culture parasitaire et le monde de la communication deux point zéro…
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Un couple de trentenaires entre dans Le Tourbillon. Lui porte un costume bleu nuit aux reflets satinés, comme ceux qui veulent se faire un peu plus bril­lants qu'ils ne le sont. Il a l'œil félin et les cheveux coupés ras; le genre à s'imaginer que ça améliore sa pénétration dans l'air. Elle, avec sa jupe trapèze et son perfecto à clous, évoque une blogueuse mode revenant de la fashion 1veek, mais pas celle de Milan, plutôt celle de Melun.
La petite bande du comptoir les regarde déam­buler dans le bar, manifestement pas pressés de consommer. Lui désigne du doigt plusieurs endroits dans la pièce, elle répond par des gestes amples, exposant de toute évidence des idées géniales.
Hocine s'agrippe au zinc.
- Putain, encore ?
- Encore quoi ? s'enquiert Bijou.
- Ces connards de l'immobilier ... Ils se présentent toujours par deux.
- Comme les Témoins de Jéhovah, remarque Fred.
- Ou comme une paire de couilles, ajoute la gagneuse. Sauf que la paire de couilles, tu la laisses iamais rentrer.
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— Autrefois, il était convenu de considérer les militaires comme des hommes de valeur et de conviction. Et toi ? Malgré tout ce chaos, en quoi crois-tu encore ?
Franck s’accorda quelques secondes de réflexion.
— Je crois en la France. Je crois en Dieu. Je crois en la discipline.
Gilbert opina du chef.
— La discipline. Ça nous fait au moins un point en commun. Pour le reste, ni Dieu ni maître, quant à la France, je te la laisse.
— C’est ce que disent ceux qui ont toujours profité des qualités de ce pays sans jamais s’engager pour le défendre.
— Quand le mot « France » signifiait encore quelque chose, il était déjà trop abstrait pour moi.
— Je vois le genre, ricana Franck. Pas de frontières. Pas de hiérarchie. Tous frères. Tous égaux. Amour, anarchie, eau fraîche, et cætera…
Les deux hommes se fixèrent quelques secondes, avant que le petit homme ne rompe la joute silencieuse :
— Moi, je suis un paysan. Je crois en la nature, la terre nourricière et la capacité des hommes à s’insérer sans fausses notes dans cette symphonie.
Il dressa un doigt en l’air, adopta une posture de professeur et adoucit aussitôt le ton.
— Le paysan, c’est celui qui tient le pays. Le soldat, c’est celui qui se bat pour toucher une solde. Alors, bien sûr, tu peux te payer ma tête, seulement voilà : toi, tu es désormais un soldat sans solde tandis que moi (il désigna une parcelle de pelouse cultivée) je reste un paysan avec une terre.
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p.445-6.
L'émir gardait le silence, les yeux baissés sur son verre.
- Et puis, un été, elles sont parties en vacances. Ma femme, mes filles. À la mer. J'avais encore du travail à Paris. Je devais corriger les copies du Bac. C'était l'été 1987. Elles ne sont jamais arrivées à destination. Un camion... Le mec s'était endormi...
Les yeux du vieil homme étaient rouges, recouverts d'une luisante couche lacrymale.
- Comme vous pouvez vous en douter, j'ai essayé de me foutre en l'air... Mais c'est pas facile de pendre à un lustre un gabarit comme le mien. Puis je me suis détourné de Dieu. On avait déjà un sacré contentieux lui et moi, mais là... faut pas déconner... On m'a interné. J'ai bouffé de la gélule. Beaucoup de gélules. Et puis, un jour, on m'a laissé partir. Avec la honte d'être encore là. Alors je suis allé m'enterrer vivant. Pour toujours.
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p.249-50.
- Votre histoire ne m'étonne pas tant que ça. Depuis le temps des colonies, vous savez, que ce soit pour les armes, les médicaments ou les virus, l'Afrique a toujours été un grand terrain d'expérimentation. Ce genre de récit ne manque pas.
La Gâchette tira une bouffée, songeur.
- Je sais. Nous sommes les petites souris noires de votre grand laboratoire.
- J'en suis désolé.
- Non, t'es pas désolé.
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"La restauration en 2010
des quatre groupes sculptés de l'Arc de Triomphe
a bénéficié du soutien exclusif et intégral
du groupe Dassault."
Le vieux eut un ricanement et, reprenant sa route, dit à La Gâchette, entre de pénibles inspirations :
-C'est quand même... un peu fort... de café... de se vanter... de reconstruire...des monuments...quand on est...marchand de canon...c'est comme si...nous...on distribuait...des tracts...pour...les alcooliques...anonymes...
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La Goutte n'aimait pas fréquenter ses semblables. Une gueule cassée évite soigneusement les miroirs.
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Le snacking est au rade ce que le pit stop est à la Formule 1 : un moment fugace de ravitaillement, trop court pour faire le plein mais suffisant pour repartir en piste. (...)
La collation a pour vertu de prévenir les aigreurs d'estomac liées à une consommation à jeun, modérer l'ébriété et différer le départ des clients désormais en capacité de s'en jeter un petit dernier.
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Le poivrot pose un coude sur le comptoir, une joue contre sa main, prêt à recevoir les confidences du nouveau venu, sûr de son art; l'art de faire d'un zinc un confessionnal.
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Au sol, un carrelage de casson se répand en mosaïque de cyan délavé, de gris pigmenté et de pourpre agonisant,support des va-et-vient de milliers de traîne-savates qui ont usé cette salle des pas perdus où le corps stationne tandis que l'esprit voyage.
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Il atteint l’angle de la rue des Lavandières-Sainte-Opportune et croise la boutique des frères Lissac, prospères opticiens du XXe siècle, auteurs du fameux slogan, au temps de l’occupation nazie : « Lissac n’est pas Isaac ».
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Des affiches, La Goule ne cesse d’en croiser ; abris-bus, kiosques à journaux, bouches de métro… Un cornet de glace saupoudré d’éclat de cacahouètes, un sac à main en agneau, une bague en acier anti-allergique, Astérix et Obélix dos à dos, devant des montagnes russes : « Chez les Gaulois, on sait recevoir ! », un chameau rigolard à onze bosses aux couleurs d’une compagnie aérienne low cost : « Agadir – 39 € – Paris va être désert ! » Images et messages dont La Goule rate tout du propos. Choix des typographies, netteté des photographies, qualité des infographies, précision des détourages, pertinence des accroches… Il ignore tout de cette mutualisation de savoir-faire au service du langage universel de la publicité.
Que penseront de cette infinité d’inscriptions les archéologues du futur ou les visiteurs de l’espace ? Parviendront-ils, en découvrant cette cité de pierre de taille, de verre et d’ardoise, à déchiffrer ces runes aussi énigmatiques et omniprésentes que les hiéroglyphes des temples égyptiens ? Si d’aventure, au prix d’un opiniâtre travail scientifique, ils trouvaient la pierre de Rosette de ce patrimoine écrit, recelant les secrets d’une civilisation éteinte, ils pourraient enfin lire : « Conforama, le pays ou la vie est moins chère ». Et comprendront-ils le sens des graffitis que La Goule, sur son passage, a tout autant ignorés ? Certains, anciens, sont les signatures de vandales désireux de laisser la trace de leur passage dans l’immensité urbaine. Mais feront-ils la différence avec les autres, très récents, encore frais, qui maculent les façades de la rue du Faubourg Saint-Antoine ? « Visez la tête », « Seigneur, ayez pitié de nous »…
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Le seul dieu que j’ai vu vénéré par les hommes, c’est l’argent. Ce même argent qui a fait de l’agriculture la vache à lait des lobbies de la chimie, du machinisme agricole, des vendeurs de semences, des banques et des laboratoires, pour empoisonner la terre de nitrates, de phosphore et de potasse. Ce sont les dieux de la finance qui ont assassiné les sols et affamé les populations en spéculant sur les matières premières.
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L'hélicoptère remonte l'avenue dévastée jusqu'à la place de l'Etoile. L'Arc de Triomphe, défiguré et enveloppé de suie, trône encore sur ses quatre pieds inébranlables. Face à lui, les siècles de Paris s'évaporent vers des cieux rougeoyants.
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-Eh ben, maugréa Kevin, dire qu'il était subclaquant y a pas cinq minutes...Un litron dans le cornet et il pète le feu.
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C'est une machine laborieuse, appliquée, superbe de simplicité, dévouée à une seule tâche : la dévoration du vivant.
Sous-homme, sur-homme, post-homme. Voici La Goule.
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Les mauvaises langues diront que la carte du Tourbillon est si bon marché, si tentatrice, que c’en est dangereux pour qui reprend le volant. Mais comme dans le quartier plus personne n’a de voiture depuis l’éradication des places de stationnement, l’aménagement d’une zone 30 et l’obligation de rouler propre les jours impairs et de pleine lune, le risque est désormais proche du zéro. Les habitués sont de toute façon des riverains circulant à pied – ou à quatre pattes après une certaine heure.
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- Cet engin? Mais c'est notre trébuchet à merde !
- Votre trébuchet à ...
"Olééé !"
- Ben oui, notre trébuchet à merde ! On aurait pu appeler ça notre chasse d'eau géante, mais ça ferait moins marrer les gosses.
Le capitaine demeura ébaubi, bouche entrouverte.
- Vous envoyez de la merde sur les toits de Paris ?
- Attends, t'as vu, c'est de la merde séchée, hein ! Bien compacte ! La première fois, on avait omis ce détail et ça a giclé dans tous les sens ! La façade de la mairie s'est retrouvée couverte de chiasse !
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Il était prêt pour son jugement.Soulagé. Rien n'était plus à attendre ici-bas. Il quitterait sans remords ce monde désolé, cette ville condamnée et ce pays pour lequel il avait fait couler le sang, non sans donner du sien.
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