Il y eut un silence. Antoine regardait fixement l’abbé, comme s’il se retenait de répondre.
- « Oui », dit-il enfin, les lèvres serrées. « Justement : je n’ai jamais vu Dieu, hélas ! qu’à travers mon père. » Son attitude, son accent, achevait sa pensée. « Mais ce n’est pas le jour de s’étendre là-dessus », ajouta-t-il, pour couper court.
Il mit le front à la vitre.
- « Voici Creil », dit-il.
Le train ralentit, s’arrêta. La lumière du plafonnier brilla, plus vive. Antoine souhaita l’intrusion de quelque voyageur dont la présence eût interrompu l’entretien. Mais, la gare semblait déserte.
Le train s’ébranla.