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Citations de Roger Scruton (47)


Roger Scruton
En France, l'intellectuel de gauche est un prêtre sans Dieu.
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Roger Scruton
Tout ce qui est innocent et normal est devenu suspect, en particulier en France. Personne n'a riposté en montrant la beauté de la vie bourgeoise, qui accomplit une forme d'épanouissement de l'homme..
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La tentative comique d'établir une Constitution pour l'Europe donna lieu à un document si long et complexe qu'il en était entièrement inintelligible. Le préambule réussit à exclure la religion chrétienne de l'idée d'Europe, tandis que le reste du document - qui consistait bien davantage à étendre les pouvoirs des institutions européennes qu'à y mettre des limites - était destiné à anéantir la démocratie. Etant donné que le legs de l'Europe au monde consiste dans les deux grands biens que sont la chrétienté et la démocratie, il est à peine surprenant que l'UE ne reçoive plus l'aval du peuple européen, même si elle a créé un réseau de clients dont le soutien est infaillible.
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Burke voyait la société comme l'association des morts, des vivants et des personnes à naître. Le lien à son fondement n'est pas le contrat, mais quelque chose qui s'apparente davantage à l'amour. La société est un héritage partagé pour le bien duquel nous apprenons à circonscrire nos exigences, à considérer notre place dans l'univers comme partie d'une chaîne continue du donner et du recevoir, et à reconnaître que les bonnes choses dont nous héritons ne sont pas là pour être gâchées. Une ligne d'obligation nous relie à ceux qui nous ont donné ce que nous avons, et notre souci pour l'avenir en est la prolongation. Nous prenons en compte l'avenir de notre communauté non par des calculs de coûts et bénéfices, mais plus concrètement, en nous considérant comme les héritiers de bénéfices que nous devons transmettre.
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L'Angleterre de ma jeunesse était célèbre dans le monde entier pour l'attitude et les principes de sa force de police. Notre gendarmerie n'était pas le bras armé du gouvernement central, mais une organisation locale, responsable devant les conseils locaux. Le "bobby" lui-même était formé comme un ami de la communauté qu'il servait, et le signe en était qu'il avait pour seule arme un carnet et un drôle de sifflet en étain. Il connaissait les gens de son quartier et prenait un intérêt paternel à leur bien-être. Les enfants venaient à lui quand ils étaient perdus, les étrangers lui demandaient leur chemin, et tous le saluaient avec le sourire. Ainsi conçue, la force de police anglaise servait à mettre en valeur une vérité fondamentale du droit anglais, celle que ce droit n'existe pas pour contrôler l'individu mais pour le rendre libre. Le droit commun est du côté du citoyen contre ceux - qu'ils soient des hommes politiques qui excèdent leur pouvoir ou des criminels ordinaires - qui souhaitent le plier à leur volonté contre son gré. C'est cette conception du droit qui sous-tend la politique conservatrice dans le monde anglophone, et c'est aujourd'hui ce qui mérite le plus d'être défendu contre les forces adverses.
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A l'époque (années 70), l'ensemble des dirigeants du pays semblait dévoué à maintenir la cadence régulière du déclin culturel et économique, dans l'espoir de réaliser cette société égalitaire nouvelle où chacun aurait la même chose, puisque personne n'aurait rien.
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Prenez n'importe quel aspect de l'héritage occidental dont nos ancêtres étaient fiers, et vous trouverez des cours, à l'université, consacrés à sa déconstruction. Prenez n'importe quel caractère positif de notre héritage politique et culturel, et vous trouverez des efforts concertés, à la fois dans les médias et l'université, pour le placer entre guillemets et lui donner l'air d'une imposture ou d'une supercherie. Or un important segment de l'opinion politique, à gauche, cherche à promouvoir ces critiques et à les transformer en actions politiques.
C'est à cette "culture de la répudiation", comme je la nomme, que nous devons attribuer les récentes attaques contre l'Etat-nation et l'idée nationale. Le conservatisme est quant à lui une culture de l'affirmation. Il concerne ce à quoi nous accordons de la valeur et que nous souhaitons défendre. Quiconque comprend ce qui est en jeu dans le conflit mondial qui se développe aujourd'hui en viendra à voir, je pense, que la nation est l'une des choses que nous devons garder.
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Savoir comment cette classe politique si détachée, en apparence, des loyautés ordinaires, est advenue, est une vraie question pour les conservateurs. Dans le cas de la gauche, le mystère n'est pas si difficile à percer. Il y a des chemins vers la politique, à gauche, qui passent outre toutes formes naturelles de vie humaine. On commence avec une cause, on rejoint une ONG, on essaie de se caser dans un "quango", on entre dans le gouvernement local, on acquiert l'habitude de dépenser l'argent des autres, et on apprend à manoeuvrer la machine politique. Tout cela peut s'obtenir sans prendre de risque ni jamais accomplir ce qui serait pour d'autres une bonne journée de travail. Dans une certaine mesure, de tels chemins vers la politique existent aussi à droite : on commence avec une sorte de vide moral élégant et on se présente comme un consultant - en d'autres termes, quelqu'un dont aucune entreprise n'a besoin avant qu'il n'apparaisse. Presque toutes les entreprises modernes sont recouvertes de ces parasites - consultants en management, consultants en relations publiques, consultants en "responsabilité sociale d'entreprise", etc., affairés à rappeler aux dirigeants les problèmes qui n'auraient jamais, autrement, traversé leur esprit. Pourtant, rien n'oblige à ce que ce processus produise une classe politique aussi détachée de l'humanité que celle que nous avons devant les yeux. Il doit y avoir des moyens pour un consultant de se frotter à la réalité de temps en temps, de façon à comprendre que nous vivons par et à travers nos attachements, et sommes perdus lorsqu'on nous les prend.
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La distinction entre l'Etat et la société civile fut exprimée de diverses façons par Burke et Hegel, en réponse à la Révolution française et à la confiscation de l'héritage social français qu'elle initia. On a pu constater au XX°s que les Etats socialistes à travers le monde absorbaient et supprimaient les associations librement constituées, les remplaçant par des bureaucraties hiérarchisées de leur cru. Dans la vision de gauche radicale, tous les pouvoirs au sein d'une société civile sont attribués, de manière explicite ou implicite, à l'Etat ou à la "classe" qui le contrôle. Ils sont entre les mains de l'"hégémonie" dominante (Gramsci) ou des "appareils idéologiques d'Etat" (Althusser). Pour les gauchistes, chaque association, chaque institution, chaque "petit peloton" est "toujours déjà" politique. Ainsi, lorsque l'Etat intervient pour supprimer les écoles privées, pour nationaliser les industries, pour confisquer les biens des églises, pour remplacer les équipes de secours locales ou criminaliser certaines activités "inconvenantes" telles que la chasse au renard ou l'usage du tabac dans les bars, cela n'est en rien considéré comme un abus de pouvoir. L'Etat est responsable de la vie sociale, et en tant que tel, il remplace simplement une forme de société par une autre, qui est meilleure.

p. 476, Qu'est-ce que la droite ?
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Le point de départ du conservatisme est ce sentiment que les personnes d'âge mûr partagent sans mal : le sentiment que les choses bonnes peuvent être aisément détruites, mais non aisément crées. C'est particulièrement vrai de ce qui se présente à nous comme des biens collectifs : la paix, la liberté, le droit, la civilité, l'esprit public, la protection de la propriété, la famille, tous domaines où nous dépendons de la coopération des autres tout en n'ayant aucun moyen de l'obtenir sans leur aide. Concernant ces biens, l'oeuvre de destruction est rapide, aisée et exaltante; l'oeuvre de création lente, laborieuse et maussade. C'est une des leçons du XXème siècle. C'est aussi une raison pour laquelle les conservateurs subissent un tel désavantage quand il s'agit de l'opinion publique. Leur position est vraie mais ennuyeuse; celle de leurs adversaires enthousiasmante mais fausse.
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Les critiques de Galbraith à l'encontre du système américain lui valurent sans surprise d'y occuper une position sécurisée. Mais sa nomination au poste d'ambassadeur en Inde en 1961 le poussa à adopter une vision un peu plus mesurée et réaliste, et il prit un temps conscience de cette réalité qu'un siècle de pensée marxiste avait trouvé les moyens de nier : ce n'est pas le système économique d'une nation qui détermine sa nature, mais ses institutions politiques. Il comprit aussi qu'un ordre politique qui honore ses détracteurs est radicalement différent d'un ordre politique qui les honore en les envoyant à la mort au Goulag.

p. 93
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La question présente dans l'esprit de tous est de savoir comment rectifier une erreur si manifeste. La pire erreur en politique est celle de Lénine - l'erreur de détruire les institutions et les procédures qui permettent de reconnaître les erreurs. Quelque chose de similaire se produit dans l'UE, dont les élites, face aux problèmes croissants posés par le mécontentement populaire, les migrations de masse, les difficultés de la monnaie unique et l'effondrement des économies de sa périphérie, répondent par un cri unique : plus d'Europe. En d'autres termes, non pas un retour en arrière vers le connu, mais un saut en avant dans le vide. Ce qui est délirant, c'est que nos représentants élus ont attendu la onzième heure pour dire ce qu'ils auraient dû dire il y a trente ans : non pas plus d'Europe, mais moins.
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Si votre budget provient de l'Etat, vous voterez pour l'homme politique qui promet de l'augmenter. De cette façon, les partis de gauche sont parvenus à compter sur le vote de certains groupes, en payant ces votes avec les impôts de ceux qui votaient pour leurs opposants. En France, aujourd'hui, on demande aux contribuables de la classe moyenne, dont le nombre se réduit comme peau de chagrin, de soutenir un grand nombre de personnes à la charge de l'Etat.
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Robert Conquest a énoncé un jour les trois lois de la politique et la première affirme que tout homme, dans les sujets qu'il connaît bien, est à droite. Mon père (qui était un syndicaliste membre du parti travailliste) illustrait parfaitement cette loi. Il connaissait la campagne, l'histoire locale et les anciennes façons de vivre, de travailler et de construire. Et par la connaissance de ses sujets, il devint, à leur égard, un ardent conservateur. Là se trouvaient les bonnes choses qu'il souhaitait conserver. Je compris pour la première fois dans ma vie, qu'il est toujours justifié de conserver quelque chose, si ce qu'on propose à la place est pire. Cette loi de raison pratique a priori est aussi la vérité du conservatisme.
Au coeur du socialisme de mon père, par conséquent, résidait un profond instinct conservateur.
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Je n'ai jamais entièrement adhéré à la rhétorique du libre échange des thatchériens. Mais je sympathisais profondément avec les motifs de Thatcher. Elle voulait faire reconnaître à l'électorat que la vie d'un individu lui appartient et que la responsabilité de la vivre ne peut pas être endossée par un autre, encore moins par l'Etat. Elle espérait libérer le talent et l'entreprise, qui, malgré des décennies de bla-bla égalitaire, existaient toujours, pensait-elle, dans la société britannique.
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Le contraste implicite entre la guerre et les massacres nazis d'une part (décrits comme des fins en soi), et la guerre et les massacres perpétrés par le communistes d'autre part (décrits comme des moyens pour parvenir à une fin), n'est pas non plus d'un grand secours. Dans ce contexte et à l'échelle de ces choses, il est impossible de prendre cette distinction au sérieux. Une personne capable d'écrire à la manière de Badiou a de toute évidence perdu la notion de ce qu'est un crime. Comme pour Hosbawm, Sartre, Lukacs et Adorno, le crime pour Badiou n'est pas un crime, si l'utopie est l'objectif visé.

p. 438, "Le Kraken se réveille : Badiou et Zizek".
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L'ouvrier est censé tirer profit de sa relation avec l'intellectuel. Mais l'avantage revient surtout à l'intellectuel, puisqu'il est le seul à en dicter les termes. Le zèle compatissant de l'intellectuel (comme décrit par Rousseau) repose sur un besoin émotionnel trop grand et trop pressant pour ne pas être tyrannique. Si les intellectuels se montrent sans pitié envers les ouvriers sur lesquels ils mènent leurs expériences, c'est entre autres parce que, considérant le monde du point de vue "totalisant" du royaume des fins, ils ne peuvent percevoir l'existence réelle, mais empirique, de leurs victimes. L'ouvrier s'en trouve réduit à une simple abstraction, non de par le dur labeur de la production capitaliste, mais de par la rhétorique enflammée des intellectuels de gauche. Il est le moyen par lequel l'intellectuel parvient à l'exultation, et peut être supprimé sans scrupule s'il échoue à sa tâche. C'est cet anéantissement intellectuel du simple ouvrier empirique qui a rendu possible son extermination de masse dans le simple monde empirique.

p. 187, "Sartre et Foucault".
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(L'Histoire) a de la valeur, pour nous, parce qu'elle contient des hommes sans les efforts et la souffrance desquels nous n'existerions pas nous-mêmes. Ces personnes ont produit les contours physiques de notre pays; mais elles ont aussi produit ses institutions et ses lois, et se sont battues pour les préserver. Dans tous les sens de l'obligation sociale, elles méritent de notre part un devoir de mémoire. Nous ne faisons pas qu'étudier le passé : nous en héritons, et l'héritage apporte avec lui non seulement les droits de propriété, mais les devoirs de la fiducie. Les choses pour lesquelles certains se sont battus ou sont morts ne devraient pas être inconsciemment dilapidées. Car elles sont la propriété de ceux qui ne sont pas encore nés.
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La déqualification de la société s'est produite en partie parce que le système éducatif a changé en réponse à l'offre plutôt qu'à la demande de son produit. La croissance des diplômes de pacotille et de l'expertise charlatanesque a été amplifiée par la disponibilité du financement public pour les rentiers de l'éducation. Les victimes en sont les étudiants, séduits par la pensée qu'un diplôme en sociologie des médias permet de travailler dans les médias, ou qu'un diplôme en "peace studies" de corriger le monde. Le besoin est immense, dans le monde occidental, d'un système d'enseignement supérieur plus libre, qui offre aux étudiants des qualifications qui leur seront utiles, et où les enseignants doivent faire la preuve de leur expertise.
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A d'autres égards, la culture de la répudiation reflète l'écroulement des Lumières. Comme on le remarque fréquemment, l'esprit de libre examen est en train de disparaître des écoles et universités occidentales. Des livres sont inclus ou exclus des programmes selon leur caractère politiquement correct; les règles de langage et les services de soutien psychologique policent la parole et la conduite des étudiants et des enseignants; bien des cours sont conçus pour inculquer la conformité idéologique plutôt que l'art du libre examen, et les élèves sont souvent sanctionnés pour avoir tiré des conclusions hérétiques des grandes questions du temps.
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