Ils ont détruit une grande partie de mes affaires personnelles. Ils mettent ma cellule sans dessus dessous deux fois par jour. Ils l’ont fait le 23 décembre, le jour de mon anniversaire, et sont revenus dans la même nuit. Le 31 décembre ils ont fait un travail de saccage vraiment minutieux. Depuis le 2 janvier nous sommes de nouveau en lockdown (1). Entre cette date et le 14 janvier, ils ont détruit ou, je devrai plutôt dire, jeté dans tous les sens, le peu qui me restait – au moins six à sept fois.
Ils nous ont fait faire notre exercice dehors par des températures de moins 5-6 degrés [centigrades], parfois sous la pluie. J’étais fâché, extrêmement fâché , d’être traité de cette façon. J’étais si fâché que j’ai cessé de parler à qui que ce soit. Je ne répondais même pas aux gardiens. Je sortais de ma cellule, en attendant qu’ils aient fait leur « nettoyage », puis je rentrais dans ma cellule, m’asseyant au milieu du désordre.
C’est alors que j’ai reçu [un nouveau chapitre de ton livre] « Le simple art de bénir » (2). J’ai commencé à lire et mon fardeau a commencé à s’alléger. J’ai fermé les yeux et j’ai dit à Dieu que je ne savais pas quelle leçon je devais apprendre, mais je savais qu’Il ne permettrait pas que je subisse ceci sans raison. J’ai commencé à bénir les gardiens, spécialement ceux qui venaient de saccager mes affaires. J’ai alors réalisé que Dieu me montrait le calme au milieu de la tempête et que l’amour est tellement facile. Comme l’avocat polonais qui décide de ne pas haïr les Nazis après le massacre de sa famille sous ses yeux, ils ne peuvent m’obliger à me courber devant la haine.
Je continuerai à les bénir quelles que soient les choses qu’ils détruisent [parmi mes affaires], car ils ne peuvent détruire ni l’amour que je leur porte comme enfants de Dieu, ni mes bénédictions. Je dois leur pardonner mille fois pour le mal qu’ils font. Je ne sera pas une victime.
Nos bénédictions pour les autres sont des bénédictions pour nous-mêmes. Dieu n’oublie jamais. Quand nous bénissons les autres, nous nous bénissons nous-mêmes, l’esprit,le corps et le soi.
Vivre nous permet d'apprendre qu'haïr celui qui nous hait en lui renvoyant sa haine ne vaut que l'effort qu'on y met.
Je ne souscris à aucune religion particulière. J'ai souvent cru qu'elles avaient toutes une parcelle de vérité. Je ne dis du mal d'aucune religion et je refuse de juger qui que ce soit. C'est le travail de Dieu.
Il y a longtemps que j'ai appris que le bonheur n'est pas un état d'esprit, mais un état d'être.
Aimer fait vivre, ça ne demande plus d'efforts au bout d'un certain temps.
L'amour n'a pas besoin d'amour en retour pour s'exprimer.