Citations de Roger Zelazny (471)
Quand il n'y a plus d'espoir, il faut en créer.
Kit est en vie, alors qu’il est enterré près d’ici ; et je suis morte, même si je regarde les traînées de nuages rosâtres du crépuscule au-dessus de la montagne lointaine, avec un arbre qui se détache comme il convient au premier plan. Le vieux tonnelier est redevenu poussière ; son tonneau aussi, j’imagine. Kit m’a dit qu’il m’aimait et j’ai répondu que je l’aimais aussi. Personne ne mentait. Mais l’amour peut avoir plusieurs significations. Il est parfois vecteur d’agression ou symptôme de maladie.
(Incipit)
J'aperçus les morts d'Auschwitz, leur peau parcheminée sous laquelle saillaient les os, noueux comme des sarments. J'avais été présent à Nuremberg. J'entendis la voix de Stephen Spender qui récitait "Vienne". Je vis Mère Courage traverser la scène le soir de la première. Je vis les fusées jaillir de lieux souillés, Peenemünde, Vanderberg, Kennedy, Kyzyl Klum dans le Kazakhstan, je touchai de mes mains la Grande Muraille de Chine. Nous buvions de la bière et du vin, et Shaxpur dit qu'il était ivre et il alla vomir. Je pénétrai dans la Réserve de l'Ouest et pris trois scalps en un jour. Je chantonnai pendant que nous marchions, et tout le monde reprit ma chanson en chœur : " auprès de ma blonde ". Je me souvenais, je me souvenais... de ma vie dans Ombre, que ses habitants appelaient la Terre. Encore trois pas... Je tenais une épée ensanglantée. Trois hommes morts, mon cheval qui m'avait permis de fuir la Révolution française. Plus encore, tellement plus, ça remontait jusqu'à...
Je fis un autre pas.
Ca remontait...
La puissance d’une névrose est inimaginable pour la majorité des gens (…) C’est pourquoi aucun neuroparticipant n’acceptera de soigner un névrotique. Les rares pionniers qui se sont aventurés dans ce domaine sont eux-mêmes aujourd’hui sous thérapie. Ca revient à plonger dans un maelstrom. Si le thérapeute perd pied au cours d’une séance, il n’est plus le Façonneur, mais le Façonné.
Il arrive quelquefois que la nature, comme prise de remords, jette en aumône un os à ronger à ceux qu'elle mutile, à ses laissés-pour-compte. Souvent sous forme d'un talent, en général inutile, ou de cette malédiction: l'intelligence.
("Les Furies")
La peste soient des symboles qui, de par leur nature même, dissimulent autant de choses qu’ils en révèlent !
Je repris mon fardeau et empruntait le pont. C'est ainsi que je portai Lancelot du Lac jusqu'au château de Ganelon, à qui je me fiais comme à un frère. C'est-à-dire pas du tout.
A part ça Laurel est une sorte d'anti-ordinateur: on le bourre d'informations, de chiffres et de statistiques soigneusement recueillis, qu'il digère et rejette sous forme d'un innombrable ramassis d'erreurs.
Mourir, c'est dormir et dormir sans rêver.
Seuls les incertains et les hésitants ont besoin de se justifier : je fais ce que je dois.
La vendetta menée par le Radpol avait terrorisé les exilés terriens autant que les Végans. Ils n'avaient pas compris que les descendants de ceux qui avaient enduré les Trois Jours n’étaient pas prêts à abandonner leurs plus belles régions côtières pour laisser les Végans y installer leurs stations et employer leurs enfants comme domestiques. Ils refusaient aussi de jouer les guides, de faire visiter leurs cités en ruine, et d'en montrer les centres d'intérêt pour l'amusement des touristes.
La vie est pleine de trahisons.
De toutes les cités qui existent ou existeront, Ambre est la plus grande. Ambre était au début et sera à la in de tout. Toutes les cités qui ont existé n'ont été que le reflet, l'ombre d'une partie d'Ambre. Ambre, Ambre, Ambre... Je me souviens de toi. Jamais plus je ne t'oublierai.
Je n'ai aucune intention de monter au sommet de cette montagne pour m'expliquer, auprès de Dieu ou de quiconque. Seuls les incertains et les hésitants ont besoin de se justifier : je fais ce que je dois. Si les déités ont des questions, elles n'ont qu'à descendre du Fuji pour me les poser. Nous n'aurons pas d'autres relations. on ne devrait admirer le transcendant que de loin.
-- Je ne suis pas ici en quête de pouvoir.
-- Que cherchez-vous alors?
-- Jélérak en chair et en os, ni plus ni moins. J'aimerais aussi trouver les quelques minutes nécessaires pour mettre fin à la relation qu'il entretient avec cette chair et ces os.
("Terres Changeantes")
[Dilvish] Je n'étais rien pour vous...
[Jélérak] Tu as interrompu un rituel fort important.
[Dilvish] ..lorsque vous m'avez pris ma vie, tout simplement. Vous m'avez frappé d'une vengeance terrible, comme un autre homme aurait écrasé un moustique.
[Jélérak] Tu m'avais agacé, comme un moustique aurait agacé un autre homme.
("La Tour de Glace")
"Les lois n'existent pas uniquement jusqu'à ce que l'autre partie les viole. Elles existent en dépit du comportement de la partie adverse. Sinon la seule alternative serait le chaos, ou pire encore.
-- Pire encore?
-- Une situation où les forts édictent les règles... règles qui ne sont qu'à leur avantage, uniquement là pour renforcer leur position."
Dans un monde placé sous le signe du bien-être matériel, de l'égalitarisme social à l'état brut et d'une égalité économique raisonnable, l'élitisme dans le frivole est la plus recherchée des distinctions
("Le cœur funéraire")
-- Noms des Dieux! Vous auriez pu au moins me frapper!
-- Attends, Ténèbres", reprit Dilvish. Sa monture s'arrêta. Il se retourna. "Je vous demande pardon, lança-t-il à l'inconnu, mais vous venez d'éveiller ma curiosité. Vous aviez "envie" que je vous frappe?
-- N'importe quel voyageur digne de ce nom m'aurait abattu!"
Dilvish secoua la tête. "Il me semble que vous manquez d'instruction en ce qui concerne les principes du vol à main armée. Le but de la chose est de vous enrichir aux dépens d'autrui sans avoir à en souffrir dans votre chair. Si le sang doit couler, c'est en principe celui de vos victimes.
-- Tu rêves, faquin!"
("Dilvish le Damné")
Les légions de Shoredan s'ébranlèrent pour donner l'assaut à la citadelle de Rahoring... Le roi du Monde ne tarda pas à l'apprendre et lança sur trois cloches fabriquées à Shoredan un étrange enchantement. Il suffit alors de les sonner pour qu'un épais brouillard s'étendit sur la région, engloutissant les colonnes de fantassins et de cavaliers. Lorsqu'on les actionna pour la seconde fois, le brouillard se dissipa. On découvrit ainsi que les troupes avaient disparu... Si quelque descendant de celui qui tua le lanceur du sortilège sonne jamais les cloches une troisième fois, les légions sortiront du brouillard pour combattre en son nom.
("Les cloches de Shoredan")