Citations de Rokhaya Diallo (51)
Le bricolage d’un passé commun, inventé pour mieux donner l’illusion d’un ciment national univoque, est en réalité destiné à exclure les indésirables
La majorité a toujours décrété l’universel en fonction d’elle-même. Dans l’histoire du monde telle qu’elle nous est contée dans les livres, c’est la centralité des majoritaires qui oriente le récit. Les minorités n’y apparaissent que comme victimes ou des ennemis. Le curseur de l’universalité est placé sur la norme du majoritaire qui est aujourd’hui en France masculin, blanc et hétérosexuel. Les minorités qui ne correspondent pas à cette norme sont priées de s’y ajuster et de taire toute revendication propre qui serait perçue comme particulariste et donc hostile à l’universalisme ainsi dessiné
[à propos du mot en N*]
"On ne peut plus rien dire ?" Si, on peut dire noir•e. Tout simplement. (158)
La grande différence entre l'amour et l'amitié, c'est qu'il ne peut y avoir d'amitié sans réciprocité.
Lorsque des groupes sont racialisés, cela induit une universalisation du « neutre » des autres. Ainsi, des femmes et des hommes sont déclaré-e-s de couleur, universalisant le « neutre » de la couleur blanche, acceptée de fait comme la référence non questionnée.
Au siècle dernier, la France a connu des transformations majeures que certains ont observés avec la plus grande anxiété.
Les femmes sont sorties des foyers - où tout avait pourtant été fait pour qu'elles s'y installent confortablement - afin de conquérir quelques nouveaux droits grâce aux luttes féministes. Les Arabes et les Noirs ont cessé de « baisser la tête » comme on pensait qu'ils le faisaient au bon temps des colonies, et les musulmans ne cachent même plus leurs velléités coloniales, puisqu'ils prient dans les rues de Paris ! La France change, et cela pourrait bien sonner le glas de la toute-puissance du « mâle blanc ». Cette figure qui a dominé notre continent pendant des siècles, qui s'est octroyé les droits de l'homme (dont, rappelons-le, les femmes et les esclaves noirs étaient exclus en 1789) pourrait se voir menacée par ces nouvelles minorités en passe de prendre le pouvoir ! Comme dirait Roger Gicquel : « La France a peur » !
C'est sans doute mue par cet effroi qu'une ligue de superhéros d'un nouveau genre - constituée d'intellectuels réactionnaires - , défenseurs d'une France qui n'existe plus (a-t-elle jamais existé ?), organise vaillamment la résistance. On les entend, lors de leurs tonitruantes interventions médiatiques, dénoncer le « communautarisme », crier leur lassitude de la « repentance » de la France quant à son histoire coloniale, se plaindre du « racisme anti-Blancs » dont on imagine qu'ils sont quotidiennement victimes, ou encore prédire « l'islamisation » à venir de la France, et le remplacement de la Constitution par la charia islamique...
Ils ont assisté aux succès des Choristes et du Petit Nicolas avec une nostalgie émue, espérant y voir la preuve que la France d'antan était toujours là. Malgré leurs efforts désespérés, tout porte à croire que cette époque est bel est bien révolue...
S'ils souhaitent se faire les gardiens de cette France où les têtes blondes étaient coiffées d'une raie sur le côté, je leur en laisse volontiers les clés ! La France a changé, et je suis la première à m'en réjouir. Ma France, c'est-aussi !-une France de bronzés, de chevelures frisées et de noms difficiles à prononcer. Qui ne l'aime pas peut dès lors s'appliquer à lui-même une fameuse injonction : la quitter.
on te l'avait bien dit !
- Je vois d'ici l'accueil de mes parents ...
Je ne pensais pas revoir Paris de sitôt ...
Femme : - J’ai énormément de projets professionnels pour cette nouvelle année !
JP : - Tu ne penses pas qu’il serait plus raisonnable pour toi de commencer à te chercher un mari, plutôt que de rêvasser ?
C’est pour toi que je dis ça …
Soit on les considère comme indignes parce qu'on les perçoit comme prisonnières d'une idéologie conservatrice qui les forcerait à se couvrir, soit on les considère comme indignes (eh oui, on perd à tous les coups) parce qu'elles décident de porter des tenues qui découvrent des parties plus ou moins importantes de leur corps. (117)
La différence n’existe pas en tant que telle, c’est le rapport entre deux entités qui la crée.
J'aime cette réponse faite par Christiane Taubira à Eric Ciotti et, à travers lui, à la droite parlementaire :"Je vous obsède dans toute votre expression publique avec une constance qui appelle quand même l'admiration." Que des personnes qui s'attribuent tant de valeur me portent un tel intérêt ne peut que questionner.
Agir pour transformer positivement une société ne peut se faire sans que les garants et bénéficiaires du système ne s'y opposent. En tant que femme noire, je n'ai pas vocation à fournir aux personnes qui ne sont pas visées par le sexisme ou le racisme des connaissances sur les sujets qui m'affectent. je préfère mobiliser mon énergie pour celles et ceux qui souffrent des conséquences de ces formes d'exclusion.
Si nous sommes, quelle que soit notre appartenance, des êtres humains constitués de chair et de sang, nous n’en sommes pas moins perçu·e·s différemment en fonction de nos phénotypes et de notre assignation sexuée et par conséquent traité·e·s de manière inégalitaire. Tout comme le genre, la race reste une construction sociale issue de l’histoire
Si cela ne doit pas induire de culpabilité individuelle, cela implique a minima la conscience de l’existence de ces privilèges et la volonté de démanteler un système inégalitaire même s’il a été historiquement conçu en sa faveur
Reconnaitre que la France actuelle n'est plus celle des sempiternels ancêtres gaulois n'est pas une capitulation - nous ne sommes pas en guerre - c'est la seule option qui permettra à la France de survivre et d'exister dans ce monde en mutation ou sa place de leader ne va plus de soi.
N'en déplaise aux réactionnaires, les Français ne portent plus seulement des noms qui sentent bon le terroir. Bientôt, plus personne ne se souviendra du fait que Mohamed n'est pas un prénom "gaulois".
Si la France reste la première destination touristique mondiale, le lieu qui attire en premier lieu les touristes est… Disneyland!
L’évolution actuelle du racisme ne pourra être infléchie qu’à une seule condition : que les fondements du fonctionnement de notre société soient remis en cause
Que l’expression du racisme prenne une tournure violente ou non, la solution pour en sortir ne se trouve que dans la capacité à bousculer nos piliers les plus structurants. L’essentiel n’est pas d’être exempt de tout préjugé mais d’être conscient du fait qu’on en est potentiellement porteur
C’est donc dans la perception de tous que les races se construisent et entrent dans le champ de la réalité sociale. Si bien que les interactions entre êtres humains, lorsqu’elles sont orientées par cette idée se construisent en fonction de ces races pourtant imaginaires. La prise en considération des interactions raciales et des conséquences de la perception sociale des races est par conséquences nécessaire aux sciences sociales pour lesquelles les »races » sont des catégories sociales effectives. C’est le racisme qui fait exister les races et non l’inverse