********* VERS LA SECONDE GUERRE MONDIALE *********
" Si les anarchistes lisent beaucoup , l'éventail de leurs lectures est désespérément restreint . Ils lisent la littérature libertaire , qui est nombreuse , compacte , solide sur le fond , même si les qualités littéraires sont moins certaines , mais ils ne lisent que ça ! A cette époque , ils n'avaient pas encore compris qu'eux , qui pour la plupart étaient des autodidactes , avaient besoin d'un fond de lecture englobant toutes les disciplines qui seraient le terrain d'où lèverait leur réflexion sur les problèmes sociaux " .
En 1936 , Maurice ne participe ni au front populaire ni à l'éclatement de la guerre d'Espagne , car à nouveau , il se trouve en prison pour motif professionnel . Son travail de vendeur de légumes non patenté , lui vaut régulièrement des amendes qu'il ne paie pas et , de ce fait , l'oblige à quelques menues peines de prison . Il reste incarcéré tout un été .
A sa sortie , la solidarité jouant , un camarade lui trouve un poste d'ajusteur et il se fait alors ce constat : " Cinquante années de piétinement avaient fait éclater la spiritualité libertaire en de multiples rameaux .... ceux qui croyaient encore en la révolution sociale , des jeunes , des intellectuels , quelques syndicalistes , s'étaient regroupés au sein de l'Union anarchiste qui se présentait sous l'étiquette du communisme libertaire . Les autres étaient éparpillés dans des organisations pacifistes elles-mêmes divisées en plusieurs écoles , à la Libre Pensée , dans des organisations syndicales .... Un quarteron d'anarcho-syndicalistes , les yeux fixés de l'autre coté des Pyrénées avaient créé autour de Pierre Besnard la CGTSR qui s'étiolait . Enfin , certains s'éparpillaient dans des organisations particulières , loges maçonniques , organisations ésotériques ..... Deux noms d'hommes en marge survolaient le mouvement anarchiste : celui de Sébastien Faure et celui de Louis Lecoin " .
Pour Joyeux la querelle entre métaphysiciens ou matérialistes appartient au monde de l'inutile : " Il s'agit là de deux aspects d'un même problème , qui singularise les éléments que l'homme doit maîtriser s'il veut faire la révolution " .... IL ne s'agit pas seulement d'une prise de conscience du fait économiques mais des rapports possibles de l'homme avec son semblable dans une économie différente .
Quand au dogmatisme il n'est qu'un avatar de plus , propre à ralentir la marche de l'homme vers sa libération : " Le dogmatisme qui fige les hypothèse et prétend infléchir le mouvement de sa vie , porte en lui les germes de l'erreur et de l'oppression . Qu'il soit d'origine matérialiste ou métaphysique , qu'il s'agisse de dogmatisme marxiste ou de dogmatisme religieux , son cheminement est identique . Le dogmatisme donne un fruit , la prophétie , et pour en garantir l'épanouissement il engendre un appareil , parti ou église . C'est de cet appareil que naît l'oppression ."
***********************PRÉFACE ***********************
Cette biographie et étude critique de l'oeuvre de Maurice Joyeux montre bien la transformation qui s’opéra chez lui à partir du moment où il a partagé sa vie avec Suzy .
Avant , c'était un révolté , un bagarreur . Après , il devint un révolutionnaire conscient et un organisateur .
Qui a assisté aux sensationnels galas de la fédération anarchiste, au Moulin de la Galette ou au Palais de la Mutualité , avec leur affluence record et leur programme exceptionnel ( Brassens , Jean Yanne , Léo Ferré etc ... ) se souvient de l'efficacité de Suzy et avec quelle communication chaleureuse elle obtenait des collaborations épatantes pour nos galas .
Roland Bosdeveix appelle Maurice " un vieux lion " . C'est dire l'énergie qu'il diffusait , mais il ne ressemblait guère à un fauve : de petite taille , mince , nerveux , toujours en mouvement , coléreux , imprécateur , enthousiaste , il avait conservé dans son langage et son aspect , l'allure de l'ouvrier trimardeur qu'il avait longtemps été .
Maurice , pas populiste , mais populaire , à la voix forte , aux paroles claires , vibrantes , chaleureuses et convaincantes avait une culture littéraire et politique exceptionnelle . Ses critiques de livres dans " Le Monde Libertaire " témoignent de l'étendue de ses connaissances et de la pertinence de ses jugements.
Son ouvrage " L'anarchie dans la société moderne " demeure un classique de la littérature libertaire de même que " L'anarchie et la révolte de la jeunesse " .
Après la mort de Suzy , en 1972 , il y eut chez Maurice , une fêlure qui ne se guérit jamais .
( 31 mai 2004 Michel Ragon )
******* RENCONTRE DE L'ANARCHO-SYNDICALISME********
Nous sommes en 1932 et à Paris , du travail , il n'y en a pas .... La clochardisation le guette .... cette dure période , conséquence de la crise de 1929 , restera une période sombre que Maurice relatera dans son roman " Le consulat polonais " . Il y atteint le point zéro .
Sans ressources , à la rue , fréquentant les asiles de nuit et l'armée du salut , il est arrêté une nuit puis condamné pour vagabondage , à 15 jours , prison de la Santé . " Je savais que dans mon cerveau quelque chose avait fonctionné et que je m'en sortirais " .... Il trouve une place de débardeur aux Halles qui lui permet de survivre et d'échapper à la vie de clochard . Alors qu'un soir , se trouvant dans la queue d'une soupe populaire , on lui glisse dans la main un tract destiné aux chômeurs . ....Après son travail aux Halles , Maurice passe ses après-midi à la permanence de la Maison des syndicats où il rencontre des militants ouvriers , trotskistes et principalement communistes .
Au printemps 1933 , il reprend contact avec les anarchistes alors en pleine scission et il s'oriente alors vers l'anarcho-syndicalisme . Dans " Souvenir d'un anarchiste ", il analyse la participation des anars au syndicalisme : " des anars , des vrais , il en restait chez les instituteurs , dans la batellerie ,L'imprimerie ..... Ils se maintenaient en pratiquant une opposition intelligente " .... " Je pense encore aujourd'hui que dans les moments difficiles , c'est à dire dans les moments de stagnation de l'esprit révolutionnaire , c'est seulement à travers les organisations ouvrières que l'on peut maintenir la présence de l'anarchie " .
Dans le pays , l'information est aux mains de la politique et des affaires . Et chacun sait que la politique et les affaires ne livrent à l'information que les éléments qui favorisent leur développement dans un sens bien déterminé . Ils y sont conduits par le sentiment naturel qui les poussent à approuver ou dénoncer tout ce qui , sur le moment , influence la vie quotidienne , et à ignorer , donc passer sous silence , toutes les forces qui cheminent en marge de l'intérêt du moment et qui minent la société . En réalité , cette information politique ou d'affaires est une information de surface qui contribue à renforcer l'ignorance générale sur des phénomènes qui les importunent , qui les gênent ou qui plus simplement , les laissent indifférents .
*************************BOMBE A MILAN ******************************
On sait aujourd'hui que cet événement fut le fruit du terrorisme d'état . Le terrorisme pas plus qu'une foule d'autres problèmes , ne peut relever d'un règlement particulier . Engendré par les inégalités de toutes sortes qui oppriment les êtres assujettis à une société de classes , seule la suppression des classes mettra un terme au terrorisme et à ses pudiques bâtards les bois de justice et la guerre .
De Maurice Joyeux à propos de Camus : Il a choisi le chemin le plus difficile en s'interdisant de séparer le comportement de l'homme de l'action révolutionnaire qu'il a entreprise .Il traque " La cohorte ricanante de ces petits rebelles , graines d'esclaves qui finissent par s'offrir sur le marché de l'Europe à n'importe quelle servitude "( L'homme révolté ) . Camus prit le temps de décortiquer les différentes formes de révolte et leur limites respectives .Je regrette que le monde de la pensée , tout en exaltant l'écrivain , étende un voile pudique sur ce qui fut l'essentiel de sa pensée .
Raoul Vaneighem , l'idéologue du situationnisme a bien défini le moteur et de ce fait les limites ,de cette contestation étudiante ( celle de 1968 ) : " Nous ne voulons pas d'un monde où la garantie de ne pas mourir de faim s'échange contre celle de mourir d'ennui " .
Des hommes de qualité prendront de la distance avec le mouvement ( anarchiste ) sans jamais l'oublier ou le renier . Nous pensons particulièrement à Georges Brassens ( qui fut sous divers pseudos , correcteur et rédacteur au journal " Le libertaire " ) , permanent du journal , happé par la chanson et que le " cabaret des trois baudets " fera découvrir à la France entière , Qui soutiendra toujours le mouvement . Nous ne l'avons connu qu'à des très rares occasions mais quel homme !
********Le monde islamique et la pensée révolutionnaire**********
Les dieux sont morts , le prophète fut un imposteur et le coran un tissu d'inepties . Vive la révolution des peuples écrasés par l'islam et qui entre le 20ème et le 40ème parallèle de la cote atlantique à la mer de Chine , construira une société sans classe religieuse ou sociale , où les peuples d'origine différentes vivront libres et égaux en droit . Et ce mouvement sera le nôtre .