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Citation de art-bsurde


Jacques Lacan, du temps de sa période « bleue », celle où il était encore compréhensible par tous, avait dit au cours d'un congrès de criminologie en 1950 : « Les sujets transgressifs sont des sujets dont l'égocentrisme est extrême, quoique caché, et qui, s'étant vécus blessés narcissiquement dans leur enfance, s'autorisent à voler et tuer. » Il nous paraît licite d'ajouter « à violer », en retenant que le commentaire de Lacan date d'une période où l'on ne parlait pas beaucoup des violences sexuelles. Par ailleurs, il nous semble que plus le criminel sexuel est redoutable, c'est-à-dire récidiviste, plus cet égocentrisme est extrême. Souvent évident dans la présentation même du sujet, il peut en effet être masqué sous une façade adaptée, banalisée, et sera alors seulement objectivé par l'œil du psycho-criminologue. Lacan fait référence à une blessure narcissique ressentie dans l'enfance, ce qui nous paraît plus large que la notion souvent colportée suivant laquelle « qui a été maltraité maltraitera ». Le facteur prédictif de la violence ultérieure est de nature subjective et vaste : ce qui est en jeu, ce sont les souffrances éprouvées dans le passé, les humiliations, les brutalités, les actes sadiques, les brimades, les injustices, le manque de reconnaissance positive. Autant que leur réalité, c'est leur caractère vécu comme particulièrement douloureux, voire insupportable, qui constitue la blessure narcissique et participe à la construction d'un être susceptible, réactif, d'un écorché vif qui ne trouve à s'accomplir qu'en légitimant sa colère, sa haine, en devenant bourreau à son tour.
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