C’est arrivé à moi
Extrait 2
Je n’ai pas reconnu tout de suite
qu’elles pouvaient l’une et l’autre toucher
d’un doigt semblable un cercle de même rayon ;
et l’une et l’autre se toucher
à travers des fenêtres semblables.
J’avais déjà beaucoup à faire
à ne pas me tromper d’œil pour les voir
et à les toucher sans colère l’une après l’autre
comme les seins d’une troisième qui semblait
me venir d’elles par moments.
Étais-je seul dans leur pensée
et dans leurs quatre mains à la manière des pianos ?
Les vêtements que l’une m’enlevait
étaient ceux-là dont au même instant je sentais
l’autre me vêtir.
Elles s’en sont allées, la perle de l’une à l’oreille de l’autre
et inversement,
tandis que je voyais mes mains faire deux ombres
sur une seule table avec un seul soleil.