LE PASSANT DE CUZCÒ
Les pierres qui t'ont vu passer
N'ont pas conservé les échos
Ni les reflets de tes combats.
Le ciel est haut, le cœur est bas.
Ton double, il est resté là-haut.
Ton esprit est aux Quatre Coins
Et ta lumière naufragée.
Tu l'as amarrée dans le vent.
Sacsayhuaman d'Atahualpa,
Atlantide verte de sang,
Depuis le temps que les soleils
Dorment, ne se reconnaît pas
Mais que ton bras sache trouver
La cible que dans son esprit
L'orphelin vise pour venger
Son peuple privé de patrie
SI VOUS VENIEZ AUX HEURES...
Si vous veniez aux heures déglinguées,
Vous verriez les engrenages qui tournent
Et broient les grains, et les fruits, et la graine,
Et les raisins arraché à vos branches,
Ces bras liés pour qu'ils ne remuent pas.
Aucun vin ne semble couler. On cache,
Dans la geôle, toute trace de sang.
Aux chiens fous, ils ont laissé en pâture
La chair, l'âme qui lutte, la résistance,
Et l'espoir, écrasé comme une blatte.
J'ai croisé ton regard d'oiseau-silence
Dans ta tignasse noire, il y avait des étoiles
Rouges, qui s'étaient prises au filet.
Un roi des Garamantes sans patrie
Dans les couloirs marchait au sacrifice
Pour défendre le compagnon de ton voyage,
Face aux caïds grossiers tu as levé poings et tête.
On vous a tenus séparés, nuit de souffrance
Où tout se liquéfie, sauf ce qui perce le cœur.
À l'aube, tu t'étais pendu. Tous se sont tus.