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2.5/5 (sur 4 notes)

Nationalité : France
Né(e) à : 1977
Biographie :

Romaric Sangars est né en 1977. Après des études de Lettres modernes, il se lance dans l’animation culturelle et le journalisme, collaborant entre autres à Chronic’art et au Causeur.

Il est journaliste littéraire et co-animateur du Cercle Cosaque et l'auteur de romans comme Les Verticaux ou Conversion, et d'un essai remarqué, Suffirait-il d'aller gifler Jean d'Ormesson pour arranger un peu la gueule de la littérature française ?



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« L'art se dégrade comme le reste, son moteur s'enraye, on se contenterait bien de quelques agents d'ambiance. » Voici une prophétie issue d'une conversion. Celle de l'écrivain Romaric Sangars. L'art occidental est en panne. L'humanité s'essouffle. Plus de grand récit, plus d'ambition grandiose. Il est temps de faire renaître l'élan, d'en retrouver l'amorce : la révélation chrétienne. Elle s'est affirmée, au xiie siècle, avec la mystique cistercienne, suscitant une formidable dynamique créatrice et spirituelle. Mais, depuis, cette dynamique s'est déréglée, nous livrant au néant. Privé de souffle, l'art s'épuise et patauge désormais dans la monotonie, la médiocrité, le bégaiement parodique. À présent, soit nous tombons dans l'abîme, soit nous nous donnons les moyens de franchir ce cap critique. L'art se doit de revenir à la révélation chrétienne et au rapport unique, supérieur aux modernes, qu'elle a pu nouer entre l'Homme, l'Histoire et la Raison. Un essai inédit, intense et radical, qui entend rappeler la grandeur à laquelle nous sommes destinés. Journaliste et écrivain, Romaric Sangars est l'auteur de romans comme Les Verticaux ou Conversion, et d'un essai remarqué, Suffirait-il d'aller gifler Jean d'Ormesson pour arranger un peu la gueule de la littérature française ?

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Citations et extraits (10) Ajouter une citation
Romaric Sangars
Non, nous ne vieillirons pas avec Jean d'Ormesson, la fausse valeur que l'on nous fait gober sans peur sous les jupons dorés de « La Pléiade ». Non, nous n'irons plus au bois : les lauriers sont truqués.
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Qu'incarne Jean d'Ormesson ? Tout compte fait, presque rien. Ce qu'il a produit n'est qu'un incessant bavardage dénué du moindre style mais glaviotant avec gourmandise une érudition de surface, n'ayant d'autre effet que de se donner un air philosophe et charmant à l'heure du thé, entouré de trois vieilles filles du centre-droit, sans s'apercevoir, ravi de gloussements divers, qu'à l'extérieur le monde s'écroule. Surtout cette littérature tapisserie, dont les motifs se trouvent si mal à propos, se tisse à partir des pelotes les plus tièdes. Dès qu'il est question de gouffre ou de points fondamentaux, Jean d'O s'éclipse, sceptique, avec un sourire poli et va prendre le thé ailleurs. S'il s'agissait d'insouciance… mais dans les circonstances qui sont les nôtres, ça confinerait presque à la lâcheté. Et nous crevons de cette lâcheté.
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Romaric Sangars
L'Incoronavirus, lettre journalière, 7 mai 2020.

Tristan & Iseult 2020

Ce matin, France Inter m’apprit qu’on avait retrouvé Tristan et Iseult. Évidemment, je reste toujours très sceptique quant aux annonces de cette radio d’État assez caricaturale et sectaire, que j’écoute essentiellement pour connaître où, sur le plan des opinions admises de mon époque, a été tracée la ligne blanche (c’est beau, dans une soirée ennuyeuse, un dérapage contrôlé). La journaliste avait cherché à collecter de belles anecdotes de confinement, à l’aube de sa levée, et l’une d’elle, donc, la mettait en transe : elle avait retrouvé Tristan et Iseult, oui, là, au printemps 2020, malgré le consumérisme amoureux, la pornographie de masse et tous les troublés du genre qui interrogent sans fin leur désir et leur sexuation au lieu de s’enflammer pour quelqu’un d’autre (« Mais tu crois que je suis vraiment amoureux ? Mais tu crois que je suis vraiment un homme ? Mais même si en fait je suis une femme, qu’est-ce qui prouve que je ne suis pas bi ? Et les arbres ? Pourquoi je ne taperais pas un arbre, ils ont des sentiments aussi, les arbres, oui, surtout les arbres africains, un beau baobab, non ? Mais pourquoi « un » baobab et pas « une » baobab », ou « eul » baobab. Ou « iul » ? ») Non, elle y était parvenue. Tristan & Iseult, version 2020, sur fond de pandémie. Intrigant, pour le moins. Je devins attentif.

Notre couple, lui 38 ans, elle 36, s’étaient donc rencontrés en mars. Un coup de foudre comme une dose de philtre ? Non, ça avait eu lieu sur Tinder, comme si fréquemment de nos jours. Bon, il y a plus mythique comme scène d’ouverture, me disais-je, mais enfin, passons, qu’arrive-t-il ensuite ? Ils bavassent un peu, prennent un verre ensemble dans un établissement public. La routine de l’application, en somme. Et donc ? Ils ne parviennent plus à se quitter ? Si, si. Ils se quittent, satisfaits mais encore un rien circonspects et se donnent rendez-vous la semaine suivante. Sauf que là : confinement général. Et donc ? Eh bien, au lieu de se jeter l’un sur l’autre, ils continuent de correspondre et finissent par s’avouer un véritable goût réciproque. Ah… Je m’impatiente du dénouement. C’est alors que je comprends qu’il n’y a pas de dénouement, que les Tristan et Yseult dont on me fait la réclame n’ont comme obstacle à leur amour ni une armée, ni un conflit de fidélité, ni un devoir d’état, non, simplement, le confinement décrété, ce qui était tout de même moins périlleux à enfreindre, sauf que n’ayant pas trouvé la case « rendez-vous amoureux » sur leur attestation, ils ne l’ont tout simplement pas enfreint, ce confinement, si bien qu’ils ne se sont toujours pas roulé une pelle, mais attendent dimanche minuit, on imagine, pour frapper à la porte de l’aimé avec une bouteille d’oasis.

Et donc ça, c’est Tristan & Iseult ? Je finis par avoir un peu de peine pour ce virus, finalement. Sortir d’un animal aussi grotesque que le pangolin et devoir s’attaquer à une humanité aussi veule, aussi timorée, aussi tiède que celle que me décrit France Inter, voilà vraiment une situation démoralisante. À quoi bon éteindre ce qui ne sait pas brûler ? J’ai néanmoins éteint, la radio, et les gloussements d’enthousiasme de cette journaliste ahurie, en pensant à Lancelot qui, pour retrouver Guenièvre, s’ensanglanta sur le pont de l’Épée, me demandant s’il aurait attendu, en cas de pandémie, que les vêpres eussent été dûment sonnées pour se livrer à pareille activité physique.
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Romaric Sangars
Cinq citations
À placer durant vos apéros zoom ou houseparty, ces phrases vous vengent des niaiseries déversées sur vous par les ondes.

1. Louis-Ferdinand Céline.
Marre qu’on vous assène le bonheur des choses simples retrouvé grâce à la claustration sanitaire ?
« À mesure qu’on reste dans un endroit, les choses et les gens se débraillent et pourrissent et se mettent à puer tout exprès pour vous. »

2. Oscar Wilde
Si néanmoins vous en jouissez, des choses simples, ce n’est pas une raison pour passer, vous-même, pour une personne sommaire.
« J’adore les plaisirs simples, ils constituent le dernier refuge des âmes complexes. »

3. Henry de Montherlant
Si l’on vous met en garde contre l’amende qu’on pourrait vous imposer parce que vous avez décidé de vous rendre à Malmö boire un verre au Mello Yello*.
« La liberté existe toujours, il suffit d’en payer le prix. »

4. Stendhal
En vue de calmer les ardeurs de ceux qui vantent un peu trop les vertus des circonstances.
« On peut tout acquérir dans la solitude, hormis du caractère. »

5. Alfred Jarry
Au cas où l’on vous rebatte un peu trop les oreilles avec des valeurs martiales employées à tort ou à travers.
« Le courage est un état de calme et de tranquillité en présence d’un danger, état rigoureusement pareil à celui où l’on se trouve quand il n’y a pas de danger. »

6. Charles Baudelaire
Afin de signifier l’inaltérabilité de votre flegme.
« Cette vie est un hôpital où chaque malade est possédé du désir de changer de lit. »

7. Léon Bloy
À poster en commentaire du journal de confinement de votre petite cousine.
« On dirait que la douleur donne à certaines âmes une espèce de conscience. C’est comme aux huîtres le citron. »

8. Jules Renard
Pour refuser l’invitation d’un voisin qui voudrait profiter des circonstances pour faire ami-ami.
« Les autres développent en nous surtout le mauvais instinct de la propriété ; il suffit d’être un instant chez eux pour vouloir aussitôt être chez soi. »

*Le Mello Yello de Malmö est le dernier bar resté ouvert en Europe.

Par Romaric Sangars (L'Incoronavirus, lettre du 17 avril 2020).
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Romaric Sangars
Romaric Sangars. Est-ce que la sous-culture du rap est en train de produire l'inverse de la haute culture classique : produire des types humains de qualité inférieure ?
Ralph Müller. Absolument. Les personnes qui écouteraient cette musique en trop grande quantité et à un âge trop précoce s'exposent à une dégradation de leur culture, de leur pensée et de leur sensibilité. La pauvreté et la vulgarité du langage de beaucoup d'auditeurs de rap dit quelque chose de leur rapport au monde. Ils semblent presque dénués d'empathie, ne se rendent pas compte qu'ils peuvent importuner les gens, parler de sexe ou de violence avec une facilité déconcertante et sans jamais s'émouvoir. Tout cela dénote une terrifiante perte de sensibilité.
R.S. Vous dites que "la jeunesse a naturellement mauvais goût" ...
R.M. Je pense que chacun peut faire ce constat : quand on était enfant ou adolescent, on avait généralement mauvais goût dans tous les domaines, la musique qu'on écoutait, les coupes de cheveux qu'on trouvait belles ou, en termes alimentaires, le fait d'apprécier des nouilles alphabétiques. Le propre de l'adolescence est d'avoir mauvais goût. Hume prônait un non-relativisme esthétique et expliquait que ce goût, il fallait l'éduquer. Le but d'un cours de français, c'est de montrer à des élèves qui, peut-être, n'apprécient pas le livre proposé, pourquoi il n'en est pas moins objectivement un bon livre.

L'Incorrect, décembre 2002, p.69. Ralph Müller est aussi connu sous son nom de Youtubeur "Ralph La Cartouche".
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Romaric Sangars
Olivia Ruiz, l'arrogance et la médiocrité. "La commode aux tiroirs de couleurs", (1).

Cet été, sur France Inter, la chanteuse Olivia Ruiz parlait de son premier roman où elle évoque sa grand-mère immigrée et la destinée des réfugiés espagnols du franquisme. Cela la conduisit à émettre certaines considérations historiques et culturelles qui me surprirent, quoiqu'elles relèvent finalement de la bouillie idéologique la plus commune. Son rayonnement, la France ne le tenait sûrement pas de sa francité, disait-elle en substance, laquelle n'aurait jamais séduit personne, mais, bien sûr, des nombreuses vagues d'immigration qui avaient fait bourgeonner notre pays comme un engrais formidable. En somme : non évidemment, ce ne sont pas les bâtisseurs de cathédrales, les vignerons de la Champagne, saint Louis, Racine, Victor Hugo, Arthur Rimbaud ou Brigitte Bardot, si banalement autochtones, qui ont permis à la France d'éblouir plusieurs fois le monde, mais ... les gens comme Olivia Ruiz et sa mamie...

La France était essentiellement grande de n'être pas française ... Quels arguments pouvait-on ... brandir pour défendre une thèse d'apparence si absurde ? Le roman d'Olivia Ruiz en étant sans doute un, j'ouvris "La commode aux tiroirs de couleurs" (Lattès).

L'Incorrect, n°34, septembre 2020, p. 75.
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Romaric Sangars
Olivia Ruiz. L'arrogance et la médiocrité : "La commode aux tiroirs de couleurs". (2)

... A la mort de Mamie, la narratrice hérite d'une commode. Ses tiroirs renferment des objets dont la symbolique est éclairée par une lettre de la défunte. Manière de raconter la vie de la matriarche en mode "maison de poupée", excusez du kitsch. Le style ne trahit pas l'incipit, plein de maladresses et de formulations puériles : "comme toute gosse de quinze ans, j'avais besoin d'un cadre" (Pourquoi, à treize, on s'en dispense ?) "Toute ma haine se réunit en une boule de feu qui fait croître en moi une force démentielle" (Nous voici en plein épisode de Dragon Ball). Sans compter les phrases hachurées de points pour serrer la gorge du lecteur. Si la forme est celle d'une longue rédaction de 3°, le fond ne dépare pas. Les pauvres immigrés espagnols combinent le courage, l'honneur et la justice, et fuient les méchants franquistes pour subir le racisme des salauds de Français. Ce qui est étonnant, c'est que tous les lieux communs sur l'hispanité y sont mitraillés sans scrupule, avec des personnages espagnols forcément ombrageux, virils, impulsifs et nobles, quand les Français sont tièdes et veules à quelques exceptions près, ce qui fait qu'on n'a pas forcément envie de s'intégrer chez ces ploucs qui néanmoins vous hébergent ("Alors ça y est, je suis vraiment devenue une foutue Française ? Quelle honte".)

Si le roman d'Olivia Ruiz ne constitue pas une preuve que l'apport des immigrés à la culture locale soit si crucial, il démontre encore une fois qu'à quelques exceptions près (Dominique A., Bertrand Belin), le passage à la prose des chansonniers français, après Cali, Matthias Malzieu ou Raphaël, est l'une des grosses arnaques de l'époque. Parce que la notoriété précède le talent, on offre une promotion délirante à une série d'émotifs incultes qui ont peut-être commis un refrain mignon ou fédérateur et disposent d'une bonne base-clients, certes, mais voilà qui ne suffit pas pour succéder à Chateaubriand.
L'Incorrect, n°34, septembre 2020, p. 75
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Romaric Sangars
Mèche lente
Le Clézio, l’ami des Dodos, quitte le Renaudot ! Si l’écrivain et prix Nobel de littérature n’a décidément pas inventé ni la dynamite ni la poudre, il a aussi du retard à l’allumage. Ce n’est qu’hier, 2 avril, que l’auteur de… de quoi ? Ah, oui, du Procès-verbal (1963), a donné sa démission du jury du prix qui avait récompensé contre son gré Gabriel Matzneff en 2013, et qu’il a donc pris parti sur cette affaire ayant débuté en... décembre dernier. On s’attend à ce que Jean-Marie-Gustave déclare sa flamme au professeur Raoult en septembre prochain.
Lettre de L'Incorrect, 3 avril 2020.
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Romaric Sangars
[Sur la rentrée littéraire de 2020] Nous distinguerons.
Cette obsession identitaire est épuisante, non qu'on s'oppose à la déclamation de soi, mais à ce que ce soit fait d'une manière aussi vulgaire et sans surprise. Voilà vers quoi tend la littérature en 2020 : du témoignage victimaire de catégorie médiatiquement valorisable, qu'on soit vedette, immigré, lesbienne ou les trois, du "vrai" spectaculaire plutôt que de la fiction symbolique, de la masturbation exaspérée plutôt que de la représentation qui transperce, Jean-Mouloud couvert de son propre sperme plutôt qu'Antigone verbalisant devant les pelletées de terre. La rentrée littéraire est identitaire, comme l'époque, mais identitaire au premier degré, niveau zéro, du type "je suis donc je suis, et je t'emmerde", du moment qu'il s'agit d'une identité vaguement vendeuse, évidemment, Jean-Kévin n'intéresse pas les foules, mais Fatima ou Enthoven, Faïza, Delaume, Zeniter, tout ce qui a une coordonnée sur la mappemonde idéologique ou médiatique peut larmoyer son être approximatif, brandir son passeport de victime et jouir d'être soi.

Nous, qui ne voulons qu'être obligés à être plus que ce que nous sommes, demeurons incrédules devant une telle publicité littérale des égos. Il n'y a pas, en soi, de mauvais sujet, mais cette négligence totale pour le style, pour la surprise formelle, pour l'authentique acte de création, qui caractérise cette époque aussi assoiffée de victimes que les marches d'un temple aztèque, nous ennuie. Nous nous intéressons aussi aux identités, évidemment, mais enfin, nous en espérons une perspective plus féconde, un fondement plus problématique que lutter avec les médias et le gouvernement contre la seule présumée désapprobation des beaufs. Ce serait bien de se singulariser par la forme et l'ambition, de viser large et baroque, de s'oublier un peu, de se souvenir de Dante qui, à partir de lui-même, convoquait néanmoins l'univers entier, visible et inviisible.

La maladie qui nous empêche de respirer, aujourd'hui, ce n'est pas tant un virus attaquant les poumons qu'une idéologie asphyxiant les cerveaux et qui, ayant contaminé la plupart des médias, les pousse à tout confondre : l'origine et le talent, le stigmate et l'intensité, la susceptibilité et le génie. Cette année encore, nous distinguerons.

L'Incorrect, n°34, septembre 2020, p. 65
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Ces deux rencontres auraient pour moi la force de la nécessité : deux salves jumelles faites pour détruire ma torpeur.
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