L'écrivain espagnol Enrique Vila-Matas vient partager au Collège de France sa vision toute singulière de l'écriture.
Radicalement pas original (Bastian Schneider)
Extrait de la grande conférence du 24 mars 2017 avec la participation de Dominique Gonzalez-Foerster
Plus d'information :
https://www.college-de-france.fr/site/grandes-conferences/Enrique-Vila-Matas.htm
Le dernier livre d'Enrique Vila-Matas, Mac et son contretemps, vient de sortir
aux éditions Christian Bourgois.
Enrique VILA-MATAS est né à Barcelone en mars 1948. Son oeuvre a été presque dans sa totalité publiée chez Christian Bourgois Editeur : Abrégé d'histoire de la littérature portative, Suicides exemplaires, Enfants sans enfants, Bartleby et compagnie, le Mal de Montano, Paris ne finit jamais, Docteur Pasavento, Explorateurs de l'abîme, Journal volubile, Dublinesca, Perdre des théories, Impressions de Kassel, Marienbad électrique, Mac et son contretemps.
Elle a été traduite en 37 langues et couronnée par de nombreux prix littéraires : le prix Médicis étranger, le prix Rómulo Gallegos, le prix Rulfo, le prix Ennio Flaiano, le prix Elsa Morante, le prix Mondello, le prix Gregor von Rezzori, le prix Formentor, le prix national de Catalogne Chevalier de la Légion d'honneur en France, membre du convulsif Ordre des Chevaliers de Finnegans', fondateur de la Société de "Réfractaires à l'abrutissement
général" (Nantes), et recteur (inconnu) de l'Université inconnue de New York.
Divers ouvrages critiques ont été publiés sur son oeuvre ainsi qu'un livre
d'entretiens avec son traducteur français actuel.
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Este mal es incurable. Está en la sangre. Somos incapaces de la obra paciente y silenciosa. Queremos hacerlo todo de un golpe; por eso nos seduce la forma violenta de la revolución armada. La incurable pereza nacional nos impulsa al esfuerzo violento, capaz del heroísmo, pero rápido, momentáneo. Después nos echamos a dormir, olvidados de todo. ¡Todo o nada! Pueblo de aventureros que sabe arriesgar la vida, pero que es absolutamente incapaz de consagrarse a una empresa tesonera. Al fin nos quedamos sin nada.
Es necesario emigrar. Era la consigna que pasaba de boca en boca y que había venido pasando de generación en generación, como en la inminencia de un peligro general. Lo decía el brasero sin oficio, el industrial y el comerciante que se afanaban en un trabajo ímprobo, el capitalista que veía en peligro su hacienda, el intelectual que atesoraba los más puros valores espirituales y vivía temeroso de encontrar un día violentada y prostituida su riqueza.
En effet, la supériorité de cette femme, sa domination sur les autres et la crainte qu'elle inspirait semblaient avoir pour origine en particulier sa science de se taire et d'attendre.
Texte original: En efecto, la superioridad de aquella mujer, su dominio sobre los demas y el temor que inspiraba parecian radicar especialmente en su saber callar y esperar.

Le llano rend fou et la folie de l’homme sur cette terre vaste et libre c’est d’être toujours llanero. Cette folie, ce fut dans la juste guerre la charge irrésistible dans les herbes en feu, à Mucuritas, et le bond héroïque de Queseras del Médio. Au travail, c’est le dressage et la battue qui ne sont point des travaux mais des témérités. Au repos, c’est la plaine dans la malice de l’anecdote, dans la ruse du conte, dans la mélancolie sensuelle de la chanson. Dans le paresseux abandon : la terres immense devant soi et ne pas marcher ; l’horizon ouvert tout entier et ne rien chercher. Dans l’amitié : d’abord la méfiance et ensuite la franchise absolue. Dans la haine : l’attaque impétueuse. Dans l’amour : « d’abord mon cheval ». La plaine toujours !
Terre ouverte et vaste, bonne pour l’effort et bonne pour l’exploit, tout en horizons comme l’espoir, tout en chemins comme la volonté. (p. 77, Chapitre 8, “Le dressage”, Première partie).
Malgré ce genre de vie et le fait d'avoir passé les quarante ans, elle était encore une femme appétissante, car si elle manquait absolument de délicatesses féminines, en revanche l'imposant aspect de la virago imprimait un seau original à sa beauté: quelque chose de sauvage, de beau et d'horrible à la fois.
Traduction à partir du texte original: No obstante este género de vida y el haber traspuesto ya los cuarenta, era todavia una mujer apetecible, pues si carecia en absoluto de delicadezas femeniles, en cambio el imponente aspesto del marimacho le imprimia un sello original a su hermosura: algo de salvaje, bello y horrible a la vez.
O plaine vénézuélienne ! Propice à l’effort comme elle l’a été à l’exploit, terre aux horizons illimités où une race bonne aime, souffre et espère !... (p. 333, Chapitre 15, “Toute en horizons, toute en chemins…”, Troisième partie).
Caracas n’était qu’un grand village […] avec mille portes spirituelles ouvertes à l’assaut des hommes de proie, une chose très éloignée encore de la ville idéale, compliquée et parfaite comme un cerveau, où toute excitation se change en idée, dont toute réaction porte l’empreinte de l’efficacité inconsciente. Et comme cet idéal ne paraissait réalisé que dans la vieille Europe civilisée, il caressa le projet de s’expatrier […].
Mais il y a des gens à qui entre le moment de penser et celui d'agir leur pousse des cheveux blancs.
Texte original: Pero es que hay personas que entre pensar y hacer les salen canas.