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Citations de Ronan Gouézec (44)


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[...] cueilli par un vent glacial et les premières gouttes de pluie d'une nouvelle averse mortellement froide .
Il avait levé les yeux au ciel , désespéré , maudissant les gènes paternels qui parcouraient furieusement ses veines comme une horde de barbares et polluaient son esprit fragile ...
[...]
Et puis il avait réintégré sa tanière , rassemblant tant bien que mal les débris de son architecture mentale , tassé sur lui-même comme une explosion inversée , un Big Bang à l'envers .

p. 133
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- Bon, la Bretagne donc ... Des plages désertes forcément tellement il gèle, des crabes et des cirés jaunes un peu partout, des bonnets, des crêpes, des coiffes, misère ...
Ils paraît qu'ils sont saouls toute la sainte journée ...
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Acheter du pain, des boissons et toutes sortes de nourriture imaginables, du carburant, des titres de transport, de stationnement, des timbres, et quoi d'autre encore, sans interactions humaines, était passé dans les habitudes du plus grand nombre. Il avait même vu des distributeurs de fleurs coupées à la gare, ce qui l'avait déprimé au plus haut point. Conjointement à cette automatisation des actions de base de la vie quotidienne, la population de cette ville semblait pour une bonne partie menacée par une sorte de paupérisation glaçante, humide et définitive. Technicité invasive et précarité rampante...
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Quand il était entré l'autre soir au Cormoran borgne, un troquet à bourgeois assez prétentieux où tout est factice, de l'aviron suspendu au dessus du bar jusqu'aux hublots en laiton sur les murs, et où ils te servent de la Carlsberg tiède, une vraie pisse d'âne, avec autant de cérémonie que s'ils la tiraient du pot de chambre de la reine d'Angleterre, il était déjà bien chargé et dans une rogne noire, prêt à faire du petit bois avec le premier connard venu et à justifier le surnom qu'on lui donnait déjà au lycée avant qu'on le foute dehors une fois pour toutes, Mad Banneck ...
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Toujours...
Quel mot étrange et mensonger...
Porteur de promesses jamais tenues...
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Depuis quelque temps, la conscience aiguë du temps qui lui file entre les doigts s'est imposée à lui.
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Les particules de mica insérées comme autant de gemmes dans la gangue de granite brut irisent le plancher rocheux au bon vouloir de la lune qui s’est levée. Il n’est rien d’humain ici. Pourtant des murs de pierres sèches arc-boutés au terrain segmentent l’espace, tentent assez vainement de le domestiquer, de lui donner une structure et de l’arracher à la sauvagerie qui règne partout. Pauvres espoirs. Fougères, mousses et lichens y ont seulement trouvé leur appui nécessaire, l’abri précieux retenant eau douce et nutriments permettant la survie. Les empilements précaires ont contre toute attente progressivement trouvé équilibre et stabilité, s’épaulant les uns les autres dans une solidarité minérale obligée, détournant les flux d’air, supportant les ruissellements du ciel, finissant par perdre la mémoire lointaine de leurs bâtisseurs disparus. Non, il n’est plus rien d’humain ici.
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Devant, une immensité émeraude et grise, une absence d'horizon. L'océan et le ciel plombé qui se confondaient seulement en un endroit que son œil ne percevait pas clairement. A cinq ou six milles, plein ouest, il y avait le phare d'Ar-Men quelque part, pointé vers le ciel comme un doigt d'honneur magnifique à toutes les tempêtes passées et à venir.
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Il a sous les yeux une vraie communauté, homogène, de petits blancs modestes, d'extraction ouvrière, d'employés et d'agents de maîtrise, nombreuse au souvenir d'un de ses membres disparus.
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Il avait difficilement supporté ce voyage en Bretagne. Il secoua la tête. Brest, seigneur... La Bretagne... Bien sûr, il connaissait. Bon, il n'en savait en gros que ce qu'en disaient les blondasses de la météo, et ça suffisait. Des marées noires, des oiseaux crevés, des tempêtes... Il avait du mal à croire vraiment que des gens veuillent aller passer des vacances là-bas... Ou alors il fallait être anglais, belge... allemand à la rigueur.
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Le brouillard a fini par s’effilocher et se retirer complètement, déchiré aux quatre coins de la région sous l’entêtement des masses d’air océanique. La rade est magnifique, il y a une belle lune qui dispense une lumière assez douce, le clapot court et têtu s’est un peu assagi. À l’issue de la marée, ce sont quelque sept cents millions de mètres cubes d’eau qui sortent de la rade, s’engouffrent dans le goulet, et se dispersent dans la mer d’Iroise. Sept cents millions de mètres cubes d’eau qui poussent gentiment la voiture qui flotte toujours entre deux eaux et ses passagers à plus de trois nœuds. Trois nœuds. Cinq mille cinq cent cinquante-six mètres à l’heure. Quatre-vingt-douze mètres à la minute environ.
C’est assez rapide pour un objet inerte immergé sans moyen de propulsion.
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- ... Vous devez vraiment aider votre corps à prendre... moins d'espace... on a déjà parlé de tout ça...
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Ronan Gouézec
Chaque mot entendu était un coup de masse, une petite explosion au plus profond de ses entrailles, un effondrement, un coup de grâce.

La tempête s’apaisa. Une minute passa. Le visage pincé, tendu en avant et plissé de colère qui lui faisait face se détendit autour des lèvres, du nez, des yeux, puis un nouveau sourire se déroula, large et lisse, s’ouvrit comme une fermeture Éclair, froide et métallique.
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Autour de Jos et René, des galets par milliers, de toutes tailles, présentant toutes les nuances imaginables de gris. Des lichens plats venaient marqueter les pierres polies d'ocres, de jaunes d'or, de verts sombres et de bruns profonds. Certaines pierres arboraient d'autres variétés de ces végétaux frustres en une barbe parsemée, rugueuse sous les doigts. Ils étaient aux avant-postes de la vie végétale, au front de la guerre permanente qui animait ces rivages depuis des millénaires. Ils demeuraient là, vigies austères de la péninsule, moines soldats de bure rêche, minéral et brut.
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Les Marric eux sont déjà dans leur bagnole, une petite voiture de location avec, la honte, une boîte automatique, rapport à la patte folle de l’aîné… Ils ne l’ont que depuis trois jours mais elle est déjà devenue une espèce d’annexe mobile de la déchetterie centrale, l’aspect tri sélectif en moins… Cannettes, emballages de restauration rapide, frites écrasées entre les sièges, mégots par terre assurent l’essentiel du décor, et, pour couronner le tout, il y règne une odeur mouillée de grands fauves africains après une pluie d’orage… les Marric dans toute leur splendeur.
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La folle du GPS préconise de tourner à la prochaine intersection, comme si de rien n'était, puis elle a comme une hésitation électronique nasillarde, et se tait définitivement.
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Les verres s’entrechoquent à nouveau et c’est reparti pour une tournée. René et Marc ne se le disent pas, mais chacun sait l’importance qu’il a pour son alter ego, qu’une vie sans lui ne serait pas la même vie, ne serait pas une vie, pas celle-là en tout cas. La prise de conscience d’avoir certainement frôlé l’autre soir la perte de son frère de cœur foudroie René. Il ne l’a pas encore vraiment montré, mais une rage contre Banneck monte en lui… et contre lui-même aussi. Ce n’est encore qu’une flammèche peut-être, mais continue, la veilleuse d’un brûleur qui ne demande qu’à changer l’eau en vapeur.
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René le scrute de haut en bas, en se massant le bras, sans vraiment l'écouter, enregistrant chaque détail du visage empourpré, le densité des sourcils formant comme une barre continue au-dessus des yeux étirés, les oreilles asymétriques, dont une semble avoir souffert d'une déchirure ancienne et qu'on a rafistolée au petit bonheur, le nez, court et pointu, les dents étonnamment régulières et blanches. Et puis il y a l'odeur, l'odeur de la rage qui bouillonne en lui, de sa transpiration, et celle, encore plus forte de poisson, de coquillages, d'algues et de mer. René se surprend à aimer ce parfum fort et brutal ainsi que cette rade dans son dos, et la lumière qui tombe sur le sombre de l'eau comme une colonne de marbre éblouissante, et le goéland impassible sur le muret qui s'apprêt peut-être à s'envoler.

C'est comme si une incarnation de la mer d'Iroise à deux balles, dépenaillée, se tenait là, devant lui, furieuse et déterminée, un Poséidon d'opérette dans tous ses états, crachotant et battant la falaise de lames obstinées et apparemment vaines.
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Pas besoin d’être un foutu devin pour y lire la promesse sombre et amère de ce qui l’attendait.
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Brieuc était sur le point d’entrer. La pluie furieuse s’interrompit brutalement, on aurait dit la reprise de souffle d’une sorcière hystérique entre deux incantations. Il profita de ce répit inattendu, descendit les deux marches et poussa fortement la porte avant de subir la suite du déluge en suspens. Une courte pause sur le seuil, dégoulinant. Bien que lourde et massive, il sentait la pièce de chêne derrière lui, vibrante et craquante à chaque rafale rageuse arrivée tout droit sans escale depuis l’autre côté de l’océan.
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