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Critiques de Rosa Luxemburg (31)
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Lettres de prison

Un immense choc que la lecture de ces lettres de Rosa Luxembourg, à son amie, Sophie Liebknecht. Mince volume au format singulier, étroit ,tout en hauteur...qui m'a été gentiment offert, il y a des années... et qui attendait patiemment que je daigne l'ouvrir!!! C'est fait et pour ma plus grande joie !



Je découvre une femme extraordinaire, loin de l'image tronquée , réductrice et diabolisée par ses ennemis, jusqu'à ce surnom de "Rosa, la sanguinaire"... et quelle n'est pas ma stupéfaction de trouver une femme énergique, amoureuse de la vie, des gens, de la nature, des animaux...sans la moindre aigreur ou acrimonie alors qu'elle est emprisonnée...elle réconforte son amie, s'enquiert de chacun, trouve de la poésie, de la beauté, des raisons d'espérer... dans mille observations des choses les plus infimes, l'entourant



J'ai tellement été happée, subjugueé par le ton de ces Lettres... que je me suis précipitée à ma médiathèque emprunter deux ouvrages, pour en savoir plus sur cette destinée hors du commun... qui donne mille leçons au quotidien, en rendant grâce chaque jour au miracle et à la joie d'être en vie. Pas de plaintes, ni de lamentations...De l'allure, du courage, de la détermination et un hymne à la vie, au positif, qui réside en tout individu... en dépit de ...



Les lettres de Rosa Kuxembourg "Rosa, la Vie" (textes choisis par Anouk Grimberg) (édit. de l'Atelier, 2009), "Rosa Luxemburg la rose rouge" d'Alain Guillerm (éd. Jean Picollec, 2002), sont mes prochaînes lectures pour prolonger ce coup de coeur !



Elle écrit de plus, fort bien; curieuse de tout, de sciences comme de littérature , poésie ou musique, passionnée également par les beaux-arts; tout l'intéresse, tout la nourrit. Une très belle personne, engagée, lumineuse, avec une haute idée de l'"Humain"....



Là encore, mes nombreux soulignements sont à la mesure de mon enthousiasme.



Je ne citerai qu'un passage des plus significatifs : "Mais il faut que je sois malade pour que tout me bouleverse à ce point. Savez-vous que j'ai souvent l'impression de ne pas être vraiment un être humain, mais un oiseau ou un autre animal qui a pris forme humaine. Au fond je me sens beaucoup plus chez moi dans un bout de jardin, comme ici, ou à la campagne, couchée dans l'herbe au milieu des bourdons, que dans un congrès du parti.

A vous je peux bien le dire; vous n'allez pas me soupçonner aussitôt de trahir le socialisme. Vous le savez, j'espère mourir malgré tout à mon poste, dans un combat de rue ou un pénitencier. Mais, en mon for intérieur, je suis plus près de mes mésanges charbonnières que des "camarades" (p.20)
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Commencer à vivre humainement

Sélection de lettres de Rosa Luxemburg (1871-1919) qui témoignent de la part d’humanité de la militante. Tout en défendant auprès de ses correspondants ses positions révolutionnaires, elle revendique sans cesse ses « prétentions au bonheur personnel ».

(...)

Judicieuse sélection de documents qui permet de découvrir la personnalité de Rosa Luxemburg, surtout connue comme théoricienne marxiste, icône et martyre, de comprendre qu’elle désirait tout autant « vivre pleinement » que changer la société.



article complet sur le blog :
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Dans l'asile de nuit

Très court récit, sorte de pamphlet dénonçant le traitement de l information quand une tragédie touche les indigents, les laissés pour compte du système dans l Allemagne du début du XXeme siècle.

Rosa Luxembourg paiera de sa vie, les luttes engagées, assassinée par le pouvoir en place.
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Réforme sociale ou révolution ?

Réforme sociale ou révolution est un texte majeur écrit par Rosa Luxemburg. Ce texte est assez difficile a comprendre et à aborder, et j'avoue n'avoir pas réussi à tout comprendre. Cependant le message que veut faire passer Rosa Luxemburg est assez clair. Le réformisme est voué à l'échec. Dans ce textes Rosa Luxemburg que les parti socialistes réformisme ou révisionnistes représenté à l'époque par Bernstein en Allemagne. Le réformisme consiste à vouloir instauré le socialisme à travers des reformes, en gagnant des places dans les institutions gouvernemental. Le révisionnisme consiste à un peu près la même choses, si ce n'est qu'il remet en cause certaines théories marxistes, disant que à force de crises régulières, le capitalisme est voué à s'effondrer, ces derniers considérant que le capitalisme n'est pas si mauvais, et qu'il peut permettre de réduire les inégalités.

Texte très intéressant.
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Rosa, la vie : Lettres

Au delà de l'engagement politique de Rosa Luxembourg, on découvre sa personnalité particulièrement attachante dans cette sélection de lettres adressées à des proches : droite, sincère, sans concessions, mais aussi passionnée, aimante, généreuse et extrêmement sensible à toute souffrance rencontrée, que celle-ci concerne un être humain ou n'importe quel petit animal... Du fond de sa prison, elle nous transmet une précieuse leçon de vie : "travailler et faire ce que l'on peut, et pour le reste, tout prendre avec légèreté et bonne humeur". Cet ouvrage comporte un CD du spectacle d'Anouk Grinberg qui reprend certaines de ces lettres... Une voix extraordinaire qui sert merveilleusement bien ces lettres remplies de vie et d'affection. Un grand moment d'émotion.
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Lettres de joie et de barricades

Ce livre fait partie de la collection "les plis", petits livres conçus pour être offerts et expédiés, recouverts d'une jaquette qui se transforme en enveloppe. Les textes de la collection sont des lettres de l'auteur qui offent un regard sur le personnage. Cette grande révolutionnaire communiste a été l'une des premières à constater les dérives des bolcheviques. Toutes ses lettres sont intéressantes. Dans la même collection, Verdi, Poe, Voltaire, Stendhal, Woolf, Brontë, Kafka, Curie, Rilke, Napoléon, Rimbaud, Van Gogh, Proust, Zweig, Baudelaire, Apollinaire et d'autres. Une formule originale et pas chère (5€) pour un cadeau intelligent.
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Rosa, la vie : Lettres

C’est un vrai coup de coeur que j’ai eu pour ce livre, les éditions de l’Atelier ont publié un livre ET un CD audio en complément, ainsi à l’intérêt de la lecture s’ajoute le plaisir du texte lu.

Une belle couverture rouge qui attire le regard le nom de Rosa Luxemburg. Un nom croisé au gré des lectures, plus spécialement dans " Le Troisième Reich" de William Shirer, une femme dont je ne savais quasiment rien, juste une curiosité pour cette Rosa la rouge comme on l’avait surnommé, pour ce destin hors du commun, au début du XXème siècle être à la fois femme, juive, socialiste et pacifiste ne prédisposait pas à une vie simple.



Une brève (très brève) biographie) mais je me promet d’en lire une très bientôt.

Rosa Luxemburg est née en en 1871 en Pologne, des études d’économie politique à Varsovie, militante du parti socialiste polonais et membre de l’Internationale Socialiste elle est contrainte de s’exilée en Suisse, en 1898 elle devient citoyenne allemande et milite dans le parti socialiste allemand SPD dont elle est exclue en raison de ses positions pacifistes, elle crée avec Karl Liebknecht et Clara Zetkin le mouvement spartakiste. Entre 1914 et 1918 elle alterne périodes de liberté et emprisonnement en forteresse. C’est de prison que sont écrites les lettres rassemblées dans ce livre, prison d’où elle ne cessera jamais d’écrire.

Tout juste libérée, elle est assassinée en janvier 1919 lors de la répression de la révolte spartakiste de Berlin. Assassinat qui est le prélude à des années de barbarie.



Les lettres rassemblées ont été écrites pendans ses années d’incarcération et sont adressées à ses amis politiques : Clara Zetkin, Luise Kautsky, Sonia Liebknecht, à ses proches et Leo Jogiches son compagnon et grand amour.

On découvre une femme authentique et forte qui laisse parfois percer son découragement et sa solitude Mais très vite le courage revient et elle s’évade par les mots et songe aux voyages qu’elle fera une fois libérée

Elle trouve de l’aide dans la lecture des livres que lui envoient ses amis et qui parviennent jusqu’à elle quand ses geôliers le permettent. La poésie mémorisée lui apporte aussi parfois réconfort et évasion



Toujours elle s’inquiète pour ses amis incarcérés ou ceux qui sont au combat et cherche à leur insuffler du courage et de l’espoir, elle écrit ainsi à Hans Diefenbach en se remémorant ses années en Suisse "Mon Dieu, comme le monde est beau, comme la vie est belle ! "

Ce qui se dégage de ces lettres c’est avant tout un courage magnifique, une volonté de résister inentamée même si parfois elle est prête de l’effondrement

Cette femme capable de manier la polémique est ici avant tout une femme qui lutte, qui se rassemble pour supporter l’isolement, la mort de ses amis, l’emprisonnement de ces compagnons et qui nous donne une extraordinaire leçon de vie et d’espoir.

’ai immédiatement été happée par ses lettres, par l’émotion et la profonde humanité qui s’en dégagent.

Une belle préface à ce livre par Edwy Plenel journaliste

La voix si particulière, l’émotion si juste que fait entendre Anouk Grinberg qui dans une courte présentation dit à quel point sa rencontre avec Rosa Luxemburg l’a marqué et est inoubliable pour elle

Ce qui fut un spectacle créé au théâtre de l’Atelier, est devenu livre et disque pour nous faire partager les mots de Rosa la rouge.




Lien : http://asautsetagambades.hau..
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Rosa, la vie : Lettres

Certains lieux tendent à se lisser sous les couches du marketing, à glisser dans l’agitation débridée des « teuflands », des « alcoolodromes » dont les débordements pourraient précipiter dans le trou noir de l’oubli, des hommes, des femmes, des hauts faits qui ont ébranlé l’Histoire.



C’est tout particulièrement le cas de Berlin (on pourrait aussi citer spontanément Barcelone …) où entre autres le canal Landwehrkanal renvoie tristement le reflet de Rosa Luxemburg, assassinée dans des conditions sordides par des soudards diligentés par le gouvernement socialiste, aux commandes après la chute du kaiser en novembre 1918.



Rosa Luxemburg (1871-1919), d’origine polonaise, fut à la fois une théoricienne et une activiste du mouvement social au sein du parti socialiste allemand.

Dans ce mouvement social allemand, elle fut surtout une des rares personnalités, avec Karl Liebnecht, à refuser « l’union sacrée », la trahison du parti socialiste allemand et son adhésion à cette abominable guerre mondiale qui allait ensanglanter le monde pendant quarante ans. Hitler, Mussolini, Franco, Pétain, Staline et autres Tojo, sont des vomissures de celle culture de la barbarie industrielle forgée en 1914-1918.



Rosa Luxemburg se dressa contre cette apocalypse qui se déployait. A notre époque où les forces obscures contaminent avec succès, les unes après les autres les fondations d’une civilisation progressiste, elle devrait être une inspiration. Mais l’époque préfère référencer et récompenser d’autres sortes d’influenceuses...



Fatalement, la pensée et l’activité provoquèrent l’arbitraire du pouvoir et de la « justice » de l’empire. Rosa Luxembourg fut incarcérée pendant la majeure partie de la période 1914-1918 avec un régime plus ou moins sévère selon les lieux de détention.



La comédienne Anouk Grimbert a compilé des lettres écrites de prison, qu’elle a mises en scène pour un spectacle de théâtre. Ce livre contient ces lettres sélectionnées, enrichie avec bonheur d’une version audio avec la voix et les commentaires de l’actrice.



Si naturellement la tragédie historique n’est jamais très éloignée des propos, ces lettres expriment surtout les préoccupations, les émotions de la femme dans leurs dimensions humaines et non pas celles relatives à la révolutionnaire politique.

Ces lettres permettent ainsi de découvrir une femme attachante, pleine de charme malgré le tragique du contexte.



La majorité des lettres ont été adressées à ses amies Luise Kautsky, Sonia Liebknecht (les épouses de…) et de Hans Diefenbach (un jeune homme dont elle était amoureuse. Rosa Luxemburg fut loin d’être une vierge rouge) sans que l’on sache s’il s’agit d’un choix éditorial d’Anouk Grimbert ou d’un échantillon représentatif du fonds documentaire ayant traversé l’Histoire.



En dépit de toute sa fougue pour le combat social, la femme qui lui correspond le plus n’est pas fondamentalement la pétroleuse au poing levé :



« Toi non plus, ma chérie, tu ne veux rien savoir de mon bonheur à être « dans un coin tranquille », et tu n'as que moqueries pour cela. Mais il faut bien pourtant que j'aie quelqu’un pour me croire quand je dis que si je virevolte dans le tourbillon de l’Histoire, c'est par erreur, et qu'au fond, je suis faite pour garder les oies. Tu dois me croire, tu m'entends ? »

(18 septembre 2015-A Luise Kautsky p. 56)



Les vicissitudes de la vie, en premier lieu ces incarcérations arbitraires, ne font pas obstacle à l’amour de la vie :



« Mais la vie est « ainsi », depuis toujours, et tout en fait partie : douleur, séparation et nostalgie.

Il faut la prendre comme un tout, et tout trouver beau et bien.

Enfin, c'est comme ça que je fais. Et pas par sagesse longuement méditée, mais simplement parce que telle est ma nature. »

Je sens instinctivement que c'est la seule façon juste de prendre la vie, voilà pourquoi je me sens réellement heureuse dans n'importe quelle situation. Je ne voudrais rien retrancher de ma vie (...) »

(19 mars 1917-A Sonia Liebknecht p. 138),



Même son inaction contrainte pendant les événement révolutionnaires en Russie n’altèrent pas cette sensibilité pétrie de stoïcisme :



« (...) Dis moi, comment peux-tu, telle une triste cigale, continuer à chanter ta chanson de malheur, tandis que de Russie nous arrive le cri si clair de ce chœur d’alouettes ?

Ne comprends tu donc pas que c’est notre cause qui l’emporte et triomphe là-bas, que c’est l’histoire du monde en personne qui y livre combats et, ivre de joie, danse la carmagnole ?

Est-ce qu’on ne doit pas oublier toutes ses misères privées, quand l’intérêt général est à ce point en marche ? (…)

Mais de ne pas pouvoir y participer ne me rend pas triste du tout, et il ne me vient pas du tout à l’idée de gémir sur ce que je ne peux pas changer, et d’abîmer ainsi ma joie à voir ce qui se passe.  »

(15 mars 1917-A Luise Kautsky p. 125 et 126)



Dans ces conditions carcérales, le salut passe par l’introspection, la contemplation positives et actives. Et il est permis de recevoir des livres qu’elle dévore. Rosa Luxemburg met à profit la situation pour se cultiver, approfondir ses connaissances, aiguiser sa curiosité. Elle devient ainsi passionnée et très informée notamment en sciences naturelles, botanique, ornithologie...



Mais en dépit de cette lumière intérieure, des sombres pressentiments rodent, taraudent son esprit, même si formellement aucune décision judiciaire suprême n’a été énoncée à son encontre.



En lisant ces lettres, cette complicité avec les oiseaux, impossible de ne pas faire le rapprochement avec Cassandre, dans Agamemnon d’Eschyle, qui sait qu’elle va mourir :



« Las ! Hélas ! Je n’ai point le sort

Du rossignol au clair babil !

Il peut s’envoler, lui avec le corps ailé

Dont les dieux l’ont vêtu !

Ils lui ont permis les douceurs

D’une vie qui pourrait ignorer les sanglots…

Mais moi, ce qui m’attend, c’est le tranchant du fer

Dont on va me pourfendre ! »



(Eschyle Agamemnon-trad Victor Henri Debidour p. 207)



Et telle Iphigénie sacrifiée à Aulis, il fallait que Rosa Luxemburg fut immolée pour que le vent de la barbarie (re)prenne son souffle pestilentiel.



Un livre par conséquent très émouvant, pour mieux connaître celle qui fut une combattante exceptionnelle.
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Rosa, la vie : Lettres

« Rosa la vie. Lettres de Rosa Luxembourg », (Editions de l’Atelier) choisies par Anouk Grinberg, et lues par l’actrice sur le CD inclus dans le livre dans cette édition

Ce sont, choisies par Anouck Grinberg, et lues par elle, des lettres de prison de Rosa Luxembourg, écrites à son amie elle aussi révolutionnaire, quelques mois avant son assassinat par des futurs nazis.

Superbe livre, à lire et à écouter sous la voix inouïe, exceptionnelle, en permanence à la limite de la rupture de Anouk Grinberg, ce qui rajoute une note bouleversante aux mots de la militante allemande. Un livre assez peu « politique » somme toute, mais si plein de vie, avec tant d’émotions humaines, sensuelles, un goût si fort de la droiture et de la nature, un sens d’aimer et de l’amitié si intense… une telle manière de sublimer les plus petites belles choses ; une belle leçon de vie… J’y trouve plein de très beaux passages, un ton panthéiste, voire animiste assez peu « matérialiste » mais très poétique. Elle use souvent de la personnification en tant que style épistolaire. Quelques citations :

« Et si l’envie me prend, un de ces jours, de monter là-haut chercher quelques étoiles pour les offrir à je ne sais qui en guise de bouton de manchettes, je ne veux pas qu’un rabat-joie vienne me dire, l’index dressé, que je mets sens dessus dessous les atlas d’astronomie des écoles. »

« Ecris-moi vite une vraie lettre, de omnibus rebus, sinon je t’expulse de la chambre principale de mon cœur où tu es assise à côté de Mimi (sa chatte –NDR), et je te mets dans une pièce attenante. »

« Je me sens chez moi dans le monde entier, partout où il y a des nuages, des oiseaux, et les larmes des hommes. »

« Les hirondelles commençaient leurs habituelles envolées vespérales, et de leurs petites ailes pointues, elles mettaient en lambeaux la soie bleue de l’espace. »

« La lumière du ciel ourlait ces nuages d’un blanc d’écume éclatant, et au cœur, ils étaient gris, d’un gris très expressif, passant par toutes les nuances, du voile argenté le plus doux au ton orageux le plus sombre. Avez-vous déjà remarqué la beauté et la richesse du gris ? Il y a quelque chose de si distingué et pudique, il offre tant de possibles. Quelle merveille, tous ces tons gris sur le fond bleu tendre du ciel ! Comme une robe grise va bien aux yeux bleu profond. »

« Une seule chose me fait souffrir : devoir profiter seule de tant de beauté. Je voudrais crier par-dessus le mur : je vous en prie, faites attention à ce jour somptueux. »

Bizarrement, RL n’évoque dans ses lettres qu’une seule fois (est-ce un choix de Anouck Grinberg ?) une codétenue, sur le ton de la défiance…

« Devant un ciel comme celui-là, comment pourrait-on être mauvais ou mesquin ? Simplement, n’oubliez jamais de regarder autour de vous, et alors vous serez toujours bonne. »

Sur une émission de France Inter, Anouk Grinberg évoque ce destin volé par la petitesse et la lâcheté du monde mais lumineux de Rosa Luxembourg, et dont elle dit que « elle a les doigts branchés dans les prises de la beauté ».

Lisez, écouter ces lettres d’une prisonnière libre et magnifique.

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La Révolution russe

Dans ce court texte d'une soixantaine de pages, Rosa Luxembourg exprime ici, quelques critique concernant le déroulement de la révolution d'octobre. Même si, elle soutient, et admire la révolution russe menée par Lénine et Trotsky, et qu'elle reconnait que l'ampleur de la tâche en Russie dans ce contexte de première guerre mondiale est titanesque, elle a tout de même quelque critique sur le déroulement des événements. Notamment sur la critique très autoritaire de Lénine, qui supprimant certaine liberté, comme la liberté de presse, d'expression, de réunion et d'association, ainsi que du suffrage universel. Elle dit, que ces mesures, au delà d'aller à l'encontre des liberté fondamental sont contre productif, et que cela amènera trop facilement au pouvoir un dictateur.... Ces mesures empêchant une émulation, et débat politique, qui peuvent faire qu'un système socialiste fonctionne.
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Rosa, la vie : Lettres

Née en 1870, alors que gronde la commune de Paris, l'allemande Rosa Luxemburg est une combattante née et sa vie est passionnante. Dans « Lettre de Rosa Luxemburg, Rosa, la vie » Anouk Grinberg propose un recueil de lettres choisies écrites en prison. Elle y ajoute une chronologie biographique bien utile.

Sa première passion, c'est la politique. Il faut rappeler que Rosa Luxemburg a fondé en Allemagne la Ligue spartakiste, avec Karl Liebknecht, et participé à la création du Parti communiste allemand en 1918. Retenue prisonnière pendant plusieurs années pour s'être opposée à la guerre, elle sera assassinée en janvier 1919 par des officiers des corps francs, dont sont issus les premiers nazis.

Il reste aujourd'hui l'image d'une héroïne révolutionnaire, économiste, théoricienne de la démocratie, femme cultivée et radicale. Mais ce n'est pas le portrait de « Rosa la rouge » qu'a choisi Anouk Grinbert c'est « Rosa, la vie » qui montre une femme très sensible, profondément humaine, comme en témoignent ces lettres de prison. On voit par exemple qu'elle s'attache à faire un herbier. Elle observe la nature et écoute les oiseaux. C'est très surprenant mais les solutions de survie le sont aussi quand on est privé de liberté. Et puis, il y a aussi ses colères et l'on voit qu'elle garde une certaine lucidité sur le monde, même enfermée.

Ce qui ne va pas du tout c'est que ce livre est accompagné d'un CD car Anouk Grinberg a lu ces lettres sur scène et en a fait un enregistrement. Quel dommage ! Elle lit avec une voix chevrotante qui prête à rire et a quelque chose de ridicule qui ne va pas du tout avec la personnalité de cette figure marquante du mouvement ouvrier international. Alors, un conseil, lisez le livre mais n'écouter pas le CD, ça gâche tout.



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Dans l'asile de nuit

Un petit livre qui permet de mesurer la force d'engagement et de caractère de Rosa Luxemburg. L'appétit de vivre aussi et l'amour de la nature. De ses prisons, de sa solitude, elle écrit à son amie Sonia (épouse de Karl Liebknecht, compagnon de route de Rosa Luxemburg au sein du mouvement Spartakiste) pour la soutenir moralement, l'aider à supporter l'enfermement de son mari. Elle demande à ce qu'on lui envoie des livres ou le texte d'un poème qu'elle a oublié, elle se plaint peu, préférant dans les moments de découragement ne pas écrire. Mais toujours elle reprend espoir, évoque des moments de bonheur passés pour mieux s'imaginer les revivre, bientôt, à sa sortie. Le sort d'un petit oiseau ou d'un buffle de Roumanie lui importe plus que son propre sort. Elle a l'optimisme chevillé au corps (sans que l'on sache si cet état d'esprit est réel ou entretenu, mais qu'importe il est là) mais une sourde tristesse s'empare malgré moi à la lecture de ces lettres puisque je sais déjà ce qu'il adviendra de ses idées, de sa foi en l'homme, de sa vie.
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Herbier de prison

Quel bel ouvrage que cet herbier de prison de Rosa Luxembourg. Ce sont les éditions Heros-Limite qui réédite les herbiers que Rosa Luxembourg a constitué lors de son séjour en prison: c’est en 2009 que l’on retrouve cet herbier dans une pièce souterraine de l’institut médico-légal de l’Hopital de la Charité: 18 cahiers dont 8 cahiers ont été réalisé lors de son séjour en prison.

Ils sont remplis des fleurs, plantes, brins d’herbe qu’elle a pu récolté lors de ses promenades carcérales. Elle a également bénéficié des envois faits par ses amies, ce qui en fait un « herbier épistolaire »

Comme l’explique Muriel Pic dans son introduction, Luxembourg a pris le parti des fleurs et des Rossignols et montre dans ses herbiers un sentiment politique de la nature.



Après cette introduction, Arthur Gertel, raconte comment en tant que sergent affecté à la surveillance de Rosa Luxembourg dans la prison militaire de Breslau, il a été tout simplement ensorcelé par l’amour des plantes de cette prisonnière particulière.



Pour le gros de l’ouvrage, on retrouve les nombreuses plantes retrouvées dans cet herbier.



« On retrouve souvent plusieurs plantes sur une même page, au lieu d'une seule. Si Rosa insiste pour que ses amies prélèvent les fleurs avec les feuilles, qui sont précieuses pour les identi-fier, et les pressent avec soin, il lui arrive aussi de coller quelques débris, une fleur aux pétales brisés, une brindille, un brin d'herbe, et de dessiner à l'encre les fragments de feuilles ou de tiges qui manquent. Elle ajoute parfois un peu de crayon de couleur autour d'un spécimen, scotche avec un pansement une petite plume blanche ramassée dans la cour de l'infirmerie. Les fleurs sont disposées selon l'art d'une collagiste, avec une conscience de la page, de son espace et de ses équilibres. Une sensibilité esthétique s'y exprime autant qu'une sensibilité scientifique. Tout comme pour Goethe, qui composa aussi un herbier, la botanique n'est pas pour Rosa Luxemburg seulement une affaire de connaissance objective; c'est aussi de l'observation subjective des formes dynamiques de la vie qu'il s'agit, ce que le représentant du romantisme allemand défend dans son ouvrage sur la Métamorphose des plantes. »



Un beau cadeau que ce livre, à la pensée et au regard, à faire à soi-même ou aux autres.
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Lettres de joie et de barricades

L’épistolaire magnifié

« Lettres de joie et de barricades »

Lettres choisies et présentées par Eusebio Trabucchi

Traduction des lettres : Virginie Pironin

Traduction des apparats : Delphine Ménage

« Il peut arriver aux aigles de descendre aussi bas que les poules, jamais aux poules de monter aussi haut que les aigles. »

Dès 1884, Rosa Luxemburg commence à lire les œuvres de Marx et Engels.

Toute sa vie aura été de combats contre les inégalités et les injustices. Elle organise des grèves jusqu’à l’International et se retrouve souvent emprisonnée.

Le 15 janvier 1919 elle est rouée de coups de crosse et abattue par balle.

Les lettres ici présentes témoignent et rendent hommage à cette emblématique figure, elle qui aimait la nature, sur les barricades et depuis sa geôle. Leo Jogiches, de Robert Seidel, de Karl et Luise Kautsky, Emanuel et Mathilde Wurn, Constantin Zetkin, Konrad Haenisch, Walter Stoecker, Paul Levi, Mathilde Jacob, Hans Diefenbach, Sophie Liebknecht, Clara Zetkin, tous ici présents dans ce pli remarquable. Les lettres sont un miroir mémoriel.

Rosa Luxemburg en lumière, femme courageuse et surtout engagée, humaniste et sensible.

Malgré les oppressions muselières, elle était « le bonheur au coin de la rue »

 « Tu ne comprends donc pas que c’est notre propre cause qui l’emporte et triomphe là-bas, que c’est l’Histoire du monde elle-même qui livre ses batailles et dans, ivre de joie, la Carmagnole ? Écrit-elle à Luise Kautsky.

Ce pli-prêt-à-expédier au doux prix de 7,95 € orné d’apparats biographiques, de photographies, et d’illustrations est une gageure.

Ces lettres apprenantes lèvent le voile sur une belle personne et redore l’image d’une grande théoricienne.

Glissez ce pli-prêt-à-expédier dans une boîte aux lettres après la lecture pour un (e) ami (e). Ainsi ce petit bijou se réalisera à merveille. Tel est aussi son but. Lire, et offrir en partage, la correspondance d’une illustre personne, Rosa Luxemburg. Publié par les majeures éditions l’Orma.



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Lettres de prison

Alors là, une belle découverte ! Ca fait combien d'années que ce petit livre est sur mon étagère, déjà ? Ben oui, j'ai plein de livres - une montagne de PAL - chez moi, que j'ai récemment organisée avec l'"aide" de la minette.



Je pensais parcourir une correspondance qui parlerait de politique, de social, voire d'économie, mais non, pas du tout. A cause de la censure de la prison ? Quoiqu'il en soit, j'ai découvert une femme chaleureuse qui avait bon coeur. Elle aimait la nature, les plantes, les arbres, le ciel et surtout les oiseaux. Avant d'être incarcérée, elle était capable d'appeler ses amis au téléphone pour les faire venir écouter le chant du rossignol dans un parc.

Quand d'autres se seraient morfondus en prison, elle lisait et étudiait activement, mais surtout, chaque fois qu'elle avait l'occasion de sortir de sa cellule, elle ouvrait les yeux et dévorait la vie autour d'elle.

"Devant un pareil ciel, comment pourrait-on être méchant ou mesquin ? N'oubliez jamais de regarder autour de vous, vous y trouverez toujours une raison d'être indulgente."



J'ai surtout noté un passage d'une modernité étonnante :

"J'ai appris hier pourquoi les oiseaux chanteurs disparaissent d'Allemagne. Cela est dû à l'extension de la culture rationnelle - sylviculture, horticulture, agriculture - qui détruit peu à peu les endroits où ils se nichent et se nourrissent : arbres creux, terres en friches, broussailles, feuilles fanées qui jonchent le sol. J'ai lu cela avec beaucoup de tristesse. Je n'ai pas tellement pensé au chant des oiseaux et à ce qu'il représente pour les hommes, mais je n'ai pu retenir mes larmes à l'idée d'une disparition silencieuse, irrémédiable de ces petites créatures sans défense."



J'avoue à ma grande honte n'avoir qu'une connaissance superficielle de qui était Rosa Luxemburg jusqu'ici, mais je m'en vais y remédier, j'ai eu un véritable coup de coeur pour elle !



Ne boudez pas ce petit livre qui se lit rapidement (71 pages) !
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La Révolution russe

Le meilleur compagnon de route est celui qui peut, qui ose vous dire que le chemin que vous empruntez est périlleux, voire qu'il mènera ailleurs que là où vous cherchez à vous rendre. L'analyse de Rosa Luxembourg, l'immense figure du socialisme allemand, est en cela une leçon qui mérite toute notre attention. Pourtant, la révolution allemande a tourné court, quand la révolution russe, elle, a pu porter loin, bien plus loin que les journées de la Commune qui lui servait de modèle. La vraie leçon de l'histoire, c'est que face à la force, il faut laisser, comme disait Marx, les armes de la critique pour se saisir de la critique des armes car les ennemis, intérieurs et extérieurs des soviets et du parti bolchevique n'auront de cesse, des années durant, d'assiéger cet élan populaire pour la justice sociale. Rosa Luxembourg, en grande révolutionnaire, sait d'ailleurs rendre justice à la stratégie des bolcheviques au début de la révolution.

« Dès le début, la force motrice de la révolution avait été le prolétariat urbain. Ses revendications n’étaient pas épuisées par l’avènement de la démocratie politique ; elles avaient un autre objectif, la question brûlante de la politique internationale : la paix immédiate (…) La paix immédiate et la terre, ces deux objectifs permirent la scission à l’intérieur du bloc révolutionnaire. La revendication d’une paix immédiate contredisait violemment le penchant impérialiste de la bourgeoisie libérale dont Milioukov était le porte-parole ; le problème rural était tout d’abord l’épouvantail constituant un attentat à la sacro-sainte propriété privée en général e, il devient un point de douloureux pour l’ensemble des classes bourgeoises.

Ainsi, au lendemain de la première victoire de la révolution s’allumait en son sein une lutte interne autour des deux points clés : la paix et la question agraire. La bourgeoisie libérale adopta une tactique de diversion et de faux-fuyants. L’avance des masses ouvrières, de l’armée, de la paysannerie se faisait toujours plus pressante. Il n’y a pas de doute, le destin même de la démocratie politique de la république était lié à la question de la paix et au problème de la terre. Les classes bourgeoises qui, submergés par la première tempête révolutionnaire, s’étaient laissées entrainé jusqu’à promouvoir un État républicain, entreprirent aussitôt de rechercher des points de repli et d’organiser, en secret, la contre-révolution. L’expédition des Cosaques de Kalédine contre Pétersbourg a clairement révélé cette tendance. Si cette agression avait été couronné de succès, c’en était fait non seulement de la question de la paix et de la terre mais aussi du sort de la démocratie, de la république elle-même. cela aurait inévitablement débouché sur une dictature militaire accompagnée d’un régime de terreur contre le prolétariat, puis sur le retour de la monarchie. On peut mesurer, par là, le caractère utopique et fondamentalement réactionnaire de la tactique qu’ont préconisé les socialistes russes de la tendance Kautsky, les mencheviks. Obsédés par la fiction du caractère bourgeois de la révolution russe – puisque la Russie n’est pas encore mûre pour une révolution sociale – ils s’accrochaient désespérément à la coalition avec les libéraux bourgeois, c’est-à-dire à une alliance contre nature entre des éléments qui, divisés par la progression interne naturelle de l’évolution révolutionnaire, étaient entrés en conflit violent. Les Axelrod, les Dan voulaient à tout prix collaborer avec les classes et les partis qui menaçaient le plus dangereusement la révolution et sa première conquête, la démocratie (…)

Dans cette situation, le tendance bolcheviste a donc eu le mérite historique de proclamer, dès le début, et de pouvoir suivre avec acharnement la seule tactique qui pouvait sauver la démocratie et faire avancer la révolution. Tout le pouvoir aux mains de la masse des ouvriers et des paysans, aux mains des soviets, c’était là en fait, la seule issue aux difficultés que connaissait la révolution, le coup d’épée qui permettait de trancher le nœud gordien, de faire sortir la révolution de l’impasse pour laisser le champ libre à la poursuite d’un développement sans entraves.

Ainsi, le parti de Lénine fut-il le seul en Russie à comprendre les intérêts véritables de la révolution dans cette première période, il en fut l’élément moteur en tant que seul parti qui pratiquât une politique réellement socialiste.

On comprend aussi pourquoi les bolcheviks, minorité bannie, calomniée et traquée de toutes parts au début de la révolution, parvinrent en très peu de temps à la tête du mouvement et purent rassembler sous leur drapeau toutes les masses réellement populaires : le prolétariat des villes, l’armée, la paysannerie, ainsi que les éléments révolutionnaires de la démocratie, l’aile gauche des socialistes-révolutionnaires. A l’issue de quelques mois, la situation réelle de la révolution se résumait dans l’alternative suivante : victoire de la contre-révolution ou dictature du prolétariat, Kalédine ou Lénine. Toute révolution en arrive objectivement là une fois dissipée la première ivresse ; en Russie, c’était le résultat de deux questions brulantes et concrètes, celle de la paix et celle de la terre qui ne pouvaient être résolues dans le cadre de la révolution bourgeoise.

En cela, la révolution russe n’a fait que confirmer l’enseignement fondamental de toute grande révolution, dont la loi vitale se formule ainsi : il lui faut avancer très rapidement et résolument, renverser d’une main de fer tous les obstacles, placer ses objectifs toujours plus loin, si elle ne veut pas être très tôt ramenée à son fragile point de départ ni être écrasée par la contre-révolution. Une révolution ne peut pas stagner, piétiner sur place, se contenter du premier objectif atteint. En transposant les vérités terre à terre des guerres parlementaires à la petite semaine sur la tactique révolutionnaire, on fait tout juste preuve d’un manque de psychologie de la révolution, d’une méconnaissance profonde de ses lois vitales, toute expérience historique est alors un livre sept fois scellé (…)

Le parti de Lénine a été le seul à comprendre les exigences et les devoirs qui incombent à un parti vraiment révolutionnaire et à assurer la poursuite de la révolution en lançant le mot d’ordre : tout le pouvoir aux mains du prolétariat et de la paysannerie.

Les bolcheviks ont ainsi résolu l’illustre question de la « majorité du peuple », cauchemar qui oppresse depuis toujours les social-démocrates allemands. Nourrissons incorrigibles du crétinisme parlementaire, ils se contentent de transposer sur la révolution la vérité terre à terre du jardin d’enfant parlementaire : pour faire quelque chose, il faut d’abord avoir la majorité. Donc, pour la révolution également, il nous faut d’abord devenir une « majorité ». Mais la véritable dialectique de la révolution inverse ce précepte de taupe parlementaire : on ne passe pas de la majorité à la tactique révolutionnaire mais de la tactique révolutionnaire à la majorité (…)

Les bolcheviks ont aussitôt défini comme objectif à cette prise du pouvoir le programme révolutionnaire le plus avancé dans son intégralité ; il ne s’agissait pas d’assurer la démocratie bourgeoise mais d’instaurer la dictature du prolétariat pour réaliser le socialisme. Ils ont ainsi acquis devant l’histoire le mérite impérissable d’avoir proclamé pour la première fois les objectifs ultimes du socialisme comme programme immédiat de politique pratique (…) L’insurrection d’octobre n’a pas seulement servi a sauver effectivement la révolution russe, mais aussi l’honneur du socialisme international. »
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Dans l'asile de nuit

Un petit texte très intéressant de Rosa Luxembourg, qui a partir d'un fait divers, va exprimer son opinion, et prôner la révolution et le communisme. Elle nous parle ici, d'un asile de nuit, ou les résidents sont mort par intoxication alimentaire. A partir de ça, elle montre que la société capitaliste, laisse sur le coté des centaines de pauvres âmes, des prolétaires, des ouvrier, délaissé et mourant comme des chiens dans les caniveaux et sur les trottoirs, tandis que de l'autre coté du mur, les riches capitalistes se prélasse dans leur confort, et quand bien même coupable de crimes divers.
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Réforme sociale ou révolution ?

Si ce livre, comme à moi, par hasard, tombe entre vos mains, la question posée par le titre – « Réforme sociale ou révolution ? » – vous semblera sans doute peu d'actualité. Si cependant, le néolibéralisme – c'est-à-dire la déréglementation des flux financiers, la privatisation des services publics, le creusement abjecte des inégalités sociales et le recul sans précédent des libertés ; si l'ordre politique et économique qui en découle, accepté indistinctement par les gouvernements de gauche et de droite et consacré par la maxime de Margaret Thatcher : « Il n'y a pas de solution de rechange », ne sont pas votre tasse de thé, vous aurez, peut-être, la curiosité de parcourir l'ouvrage de Rosa Luxemburg.





Les querelles politiques sont datées, les argumentations sont désuètes, cependant des questions non résolues demeurent : Faut-il se résoudre, par réalisme, au triomphe de la sociale démocratie ? Ou bien faut-il encore espérer en quelques « grands soirs » qui, de fond en comble, chambouleront le vieux monde (sic) ? Voilà en préface de « Réforme sociale ou révolution», n'en doutons pas, de manichéens raccourcis et des questions qui ne laissent pas la moindre place ni aux doutes, ni aux hésitations, ni même au simple raisonnement. On se demande si François L'Yvonnet, le stakhanoviste de la « préface-Wikipédia » tout azimut, a lu l'ouvrage dont il parle – le pire étant naturellement que l'on ne peut pas l'exclure – ou s'il ne fait que retourner à ce lieu commun de la réponse des demi-habiles à ceux qui tentent de faire de la politique pour de bon, c'est-à-dire à ceux qui essayent de modifier l'ordre des choses en ses structures capitalistes : la dénégation pure et simple, la dissuasion ferme de changer quoi que ce soit parce que le libéralisme est l'horizon indépassable. Si l'on suit donc François L'Yvonnet, c'est le très médiocre Eduard Bernstein qu'il eut fallu publier et non pas Rosa Luxemburg mais avec, alors que les arguments réformistes sont contredits par la plus élémentaire réalité, des risques réels de freiner un peu la carriole de la moralisation du capitalisme et, dans cette période incertaine, des possibilités aussi de ne pas se refaire à bon compte une virginité.





Rosa Luxemburg évidemment n'est pas contre la réforme sociale. Elle permet, à l'intérieur même du système existant, hors crise, d'améliorer (de maintenir) la situation des travailleurs et de faire progresser (de maintenir) la démocratie. Cependant, la réforme n'est qu'un facilitateur de la conquête du pouvoir politique véritable, pas une sorte de révolution diluée dans le temps. Il ne s'agit pas pour Luxemburg de replâtrer un régime inique pour tenter de le faire perdurer mais d'en changer radicalement. Il ne s'agit pas non plus pour les travailleurs de déléguer le pouvoir à tous ceux qui y sont destinés par leur naissance, leurs avoirs ou qui y sont appelés par leur compétence mais de se saisir des rênes. La lutte syndicale et parlementaire est donc conçue par la révolutionnaire allemande comme le moyen d'organiser et d'éduquer le peuple dans la perspective d'un authentique changement de pouvoir à son profit. Comme le montre que trop bien l'expérience de tant d'années de capitalisme finissant, une chaine infiniment longue, continue de réformettes, qui renvoie chacun à la très étriquée sphère privée, ne permet aucunement la répartition équitable des richesses, l'enrichissement de la vie, le partage du pouvoir, c'est même tout le contraire. Les résultats des politiques de maquignonnage incessantes sont toujours illusoires, temporaires et la déconfiture, par contre, toujours certaine. Les raisons des échecs répétés de ces politiques sont, pour la célèbre théoricienne marxiste, de nature systémique. Les contradictions du capitalisme ne peuvent être atténuées, elles doivent être portées à maturité et supprimées. Bourgeois et salariés, les classes sont irréconciliables. La bourgeoisie insatiable, qui possède les moyens de production, accapare la plus-value et défend bec et ongles ses seuls intérêts, n'est ni progressiste, ni morale, ni championne des libertés et surtout pas représentante de l'intérêt universellement humain. Les classes ne peuvent être fondues, sinon de manière incantatoire, en une seule énorme classe moyenne. Les crises économiques, seuls mécanismes d'adaptation du système, lui sont indispensables. Elles permettent la correction périodique des déséquilibres existants entre la capacité considérable de la production et l'étroitesse du marché ; entre la baisse des taux de profit et la nécessité d'investissements toujours renouvelés. le système doit être toujours considéré globalement et telle ou telle sous-partie en régime capitaliste ne peut malheureusement pas être isolée. Les tentatives tout à fait marginales et soporifiques de constituer des isolats dans un environnement capitaliste d'échanges et de concurrence exacerbée ; de modifier localement les modes de production et la répartition de la plus-value qui en dépend, dans un contexte de baisse tendancielle des taux de profit et de paupérisation, sont toujours, constate Rosa Luxemburg, vouées à l'échec organisationnel en interne et commercial en externe. Il n'y a aussi, par malheur, pas de force intrinsèque des idées de justice et les réformistes ignorants et sans « science » l'apprennent à leurs dépens. Ils se heurtent, sans que rien n'y fasse, toujours et éternellement, à la dure matérialité des faits. le développement ininterrompu de la démocratie est un doux mirage pour midinettes. L'interventionnisme, le militarisme, le recul des libertés, etc. sont dans l'histoire moderne monnaie courante. le renforcement de la démocratie dépend en effet du renforcement du mouvement populaire et pas l'inverse naturellement. le but poursuivi par Rosa Luxemburg avec son parti est l'effondrement du capitalisme, l'expropriation de la classe bourgeoise, la suppression du régime économique du salariat et donc le passage révolutionnaire à une autre société. La prise du pouvoir implique pour elle une situation économique et politique parvenue à un certain degré de maturité, une masse consciente et des luttes longues avec des avancées et des reculs. A aucun moment, il n'est question, n'en déplaise à François L'Yvonnet, de grand soir. Mais allez parler de matérialisme historique, de théorie de la valeur au préfacier de « L'Herne », autant apprendre la règle de trois à une théière.





En pleine crise de la finance libéralisée « le capital » de Karl Marx a fait un tabac. Les tenants de la titrisation et de la hiérarchisation des crédits, tentant de comprendre un peu quelque chose, ont participé très furtivement à ce succès. La prochaine crise s'annonce déjà, vous pouvez donc prendre un temps d'avance en lisant, en guise d'introduction et en attendant de vous mettre sous la dent quelque chose de plus roboratif, Rosa Luxemburg. « Réforme sociale ou révolution ? » a l'incontestable mérite de rappeler, en cette période de turbulence politique, quelques-uns des invariants du capitalisme et les voies qui en découlent de possibles modifications de l'ordre des choses en ses structures, celles de la finance, du commerce international ou de l'Europe … La politique, tous partis confondus, abandonnée aux illettrés des sciences humaines, consiste aujourd'hui à dissuader de faire quelque chose d'efficient, les élections étant un moment intensif de la dépolitisation qui ne laisse le choix que de l'extrême-droite ou du candidat qui fera nécessairement advenir l'extrême-droite.

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Réforme sociale ou révolution ?

Au tournant du siècle dernier, en Allemagne, alors que la Révolution russe s'apprête à éclater, deux courants politiques s'affrontent au sein du mouvement socialiste. Le premier dit "réformiste" est incarné par Eduard Bernstein. Il prône une adhésion au pouvoir établi et pense que l'on pourra améliorer la société en restant dans le cadre institutionnel du capitalisme. La société se transformera progressivement, sans à coup et sans grands dommages pour le peuple.

Le deuxième dit "orthodoxe" est représenté par Rosa Luxembourg. Elle soutient, au contraire, la Révolution. Pour elle, il n'y a pas d'autres voies d'accès au communisme : tout remettre en cause, tout "casser" pour tout reconstruire.

Rosa Luxembourg est tout à fait en phase avec Marx qui avait prédit l'effondrement du capitalisme par la révolution prolétarienne (ce capitalisme, avec ses contradictions et la paupérisation croissante du prolétariat). Ce prolétariat ne pouvait que se soulever contre un régime faisant la part belle aux classes aristocratique, dirigeante ; riches et oppressives.

Aujourd'hui, le débat est devenu désuet : le communisme a lui aussi montré ses limites et le capitalisme est redevenu roi.

Après la chute du régime castriste et la mort de Fidel Castro, il ne reste plus que la Corée du Nord, avec Kim Jong-un, pour rappeler que le communisme a vécu son heure de gloire une bonne partie du 20ème siècle. La chute du mur de Berlin a sonné le début de la fin.

Si vous êtes curieux de savoir ce qui se passe en Corée du Nord, un pays hermétiquement fermé à tout et tous. Je vous conseille de lire "Nouilles froides à Pyongyang" de Jean-Luc Coatalem. Pour rentrer dans le pays, l'auteur a trouvé un stratagème. Il s'est fait passer, pendant toute sa visite, pour un vrai-faux représentant d'une agence de voyage. Sur un ton décalé, Jean-Luc Coatalem nous livre un témoignage sur une dictature hors du temps et complètement opaque.



Petite biographie sur l'auteur de cet essai "Réforme sociale ou révolution ?" :

Rosa Luxembourg (1870 - 1919) est née en Pologne dans une famille de commerçants juifs aisés.Très tôt, elle s'engage dans la lutte politique. Elle prend la nationalité allemande en 1898. Son activité militante incessante, sur tous les fronts d'Europe (elle s'opposera à la Première Guerre mondiale), lui vaut plusieurs séjours en prison. Le 5 janvier 1919, avec ses amis du mouvement spartakiste, elle tente de soulever Berlin. Rosa Luxembourg et un autre de ses camarades seront arrêtés et assassinés.
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Rosa, la vie : Lettres

Lettres à découvrir aussi au travers

de l’excellent spectacle de Claire Diterzi "Rosa la rouge" !!



http://www.youtube.com/watch?v=dRrQM7BL7bQ&noredirect=1

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