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Citation de VALENTYNE


– Tu es folle, je marmonne à Nynève tandis que nous nous y rendons. Je ne veux pas participer je vais être ridicule.
– Tu te trompes, ma Léo… Nous avons beaucoup de chance. C’est un tournoi sans blasons ! Tout tournoi qui se respecte exige la présentation de documents de noblesse, de sorte que celui-ci n’est rien qu’une pauvre joute villageoise. J’ai assisté à quelques-unes et elles sont lamentables. Mais je dois admettre qu’elles finissent parfois en véritable boucherie, car les pires fripons de la contrée s’y présentent à l’occasion et commettent toutes sortes de violences.
Je m’arrête net. Une sueur glacée perle sur ma nuque.
– Mais ne t’inquiète pas, car ce sont général des tournois de débutants… de bourgeois ventripotents qui veulent jouer aux chevaliers et de jeunots imberbes qui savent à peine lever leurs lances. Nous allons nous inscrire et si je vois que c’est dangereux pour toi, nous nous retirerons. Ça peut être une bonne affaire pour nous… Tu sais que, outre le trophée, le vainqueur garde les armes du vaincu, mieux encore, son cheval.
– Et si je perds ? Nous n’avons même pas de destrier à nous … Ça peut être un désastre.
– Roland t’a dit qu’il ne fallait jamais penser à la possibilité de perdre. Tu vas gagner, j’en suis sûre. C’est comme de jouer aux dés, Léo. Il faut toujours courir une part de risque dans la vie. C’est plus drôle. Nous sommes arrivées à l’enclos des chevaux. Il n’y a qu’une demi-douzaine d’animaux, tous vieux et fatigués. Nynève commence à parlementer avec le maquignon. Au fond, attachée à la clôture, il y a une jument jeune et robuste.
– Et cette jument ? je demande, interrompant la négociation. L’homme arque des sourcils étonnés. Nynève me foudroie du regard.
– Oui, Monseigneur, en effet : cet animal ressemble à la jument de madame votre mère… dit mon amie.
J’ai fait quelque chose de mal mais je ne sais pas quoi. Je n’ose plus ouvrir la bouche et Nynève décide de louer un baudet aux os saillants, une selle complète avec des étriers et deux lances qu’elle choisit avec un soin méticuleux. Nous sanglons et nous sellons l’animal et je monte dessus en tenant l’une des deux lances. Nynève, qui porte l’autre, marche à mes côtés. Dès que nous nous sommes éloignées de quelques pas, elle se retourne vers moi avec un geste de colère.
– Quelle ignorante tu es, Léola ! Tu ne sais pas qu’un chevalier ne montera jamais sur une jument ? Il aimerait mieux qu’on lui coupe les jambes à coups de hache. C’est le plus grand des affronts qu’on puisse imaginer pour un guerrier… Ça, et monter dans un char. Tu nous as presque fait remarquer.
– Je suis désolée… Je balbutie.
Les chevaliers ont vraiment des habitudes extraordinaires et incompréhensibles. Pourquoi monter un mauvais canasson fatigué quand on peut avoir une belle jument fougueuse ? Simplement à cause de son sexe ? Nous méprisent-ils, nous haïssent-ils à ce point, nous autres femelles ? Je regarde vers le bas, vers mes petits seins bandés et recouverts par le gambison et le fer. Je regarde ma poitrine lisse et bombée comme celle d’un mâle. S’ils savaient.
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