Elle n’avait aucune raison de se dépêcher de rentrer chez elle, puisqu’il n’y avait personne pour l’attendre. C’était peut être ça la liberté. Personne pour s’inquiéter de l’heure à laquelle elle rentrait, personne pour s’inquiéter de ce qu’elle faisait
Je n'ai jamais vraiment su ce que je voulais, et quand je l'avais, je découvrais aussitôt que je n'en avais jamais vraiment eu envie. Et ça, c'est parce que je cherchais quelque chose qui n'existait pas.
Elles burent leur thé chaud, réconfortant, et parlèrent non plus de tante Louise, mais d'Oxford, où Miss Catto avait passé son enfance.
- C'est un endroit merveilleux pour un enfant que cette ville de tours et de clochers, pleine de jeunesse et de savoir infini. Nous avions une vieille maison à Banbury Road, avec un jardin clos et un mûrier.
Le chagrin est une chose bizarre. Tu n'es pas tenu de la traîner derrière toi jusqu'à la fin de tes jours. Au bout de quelques temps, tu le déposes sur le bord de la route et tu poursuis ton chemin sans lui.
Cinquante ans, c'est long quand on regarde devant soi, pourtant quand on regarde en arrière, on a l'impression que c'était hier. C'est à se demander ce qu'on a fabriqué pendant tout ce temps là.
Mais rien n'arrêtait le jeune Allemand. Il se resservit un cognac, le but comme le premier et entama une terrifiante évocation de ce qu'ils avaient vécu. Sa femme, assise très droite, plus pâle que jamais, le fixait d'un regard anxieux.
Il parla longtemps devant un auditoire muet, pétrifié. Il avait gardé si longtemps ces choses pour lui, sans jamais les confier à personne ! Il raconta la peur, la faim, les menaces, les arrestations en pleine rue, les amis disparus sans laisser de trace... Peu à peu, Pénélope était envahie d'horreur. Elle aurait voulu se boucher les oreilles pour ne plus entendre mais ne le pouvait pas. Cela n'avait rien à voir avec les bulletins d'information de la TSF, si effrayants fussent-ils. Elle comprenait véritablement le sens du mot " guerre " et mesurait à quel point ils étaient tous, sans exception, " concernés ". Devant ce déferlement de cruauté et d'inhumanité qui ravageait l'Europe, il ne suffisait pas d'accrocher des rideaux aux fenêtres ou de repeindre un grenier en se gaussant de miss Pawson. Il fallait agir sur le terrain...
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Il faut accepter les choses. Cela prend du temps. Mais en fin de compte, toutes ces questions avec lesquelles on se torture n'ont pas de réponse.
Molly Dunbar et Louise Forrester, sa belle-soeur, étaient assises de chaque côté de la cheminée. Une table pliante, dressée entre elles et couverte d'un napperon brodé, était garnie d'un beau service de porcelaine, avec des assiettes contenant des sandwiches, un gâteau au citron glacé, des scones chauds à la crème et à la confiture de fraises, des sablés et des biscuits au chocolat.
Nous sommes en guerre, et nous ignorons comment elle finira. Il faut saisir au vol tous les instants de bonheur qui se présentent.
Il était bon d'être à l'abri. La cuisine était chaude et, sans la présence d'Edna et de Hilda, silencieuse. On n'entendait que le tic-tac de la vieille pendule et le poêle qui ronflait.