Rose M. Becker

Matthew serait un ancien policier- voilà qui expliquerait pourquoi je n'arrivais jamais rien à lui cacher. Par contre, je n'arrive pas à l'imaginer dans la peau d'un flic corrompu, capable d'abattre de sang-froid son partenaire. C'est impossible. Pas lui. Pas cet homme intègre, droit, honnête, pétri de valeurs périmées depuis longtemps dans mon milieu.

– Eh !

Déjà, l’inconnu ouvre la portière.

– Eh, vous ! Je…

Je reste sans voix. Parce qu’il vient de relever la tête. Mon voleur de taxi. Dans ma poitrine, mon cœur s’arrête de battre – à moins que ce ne soit le temps qui s’arrête de défiler ? Jamais je n’ai croisé des yeux pareils. Bleu sombre. Bleu tempête. Comme le fond de l’océan quand il est en colère. Je déglutis avec peine, une main sur l’autre portière du taxi, mon carton coincé sous l’aisselle dans mon tailleur gris froissé. Cet homme… il est tellement beau que je ne trouve rien à dire. Je me contente de le fixer, les yeux ronds. Il a la beauté mâle, nordique, presque guerrière. Des cheveux blond foncé qui retombent sur sa nuque. Des lèvres parfaitement dessinées qui s’étirent en un sourire amusé. Un nez fin, avec une mystérieuse petite cicatrice sur l’arête. Une mâchoire virile, carrée. Et des épaules solides sous l’impeccable veste d’un élégant costume de luxe.

– Je…

Je… je… « je » quoi, au fait ?

– Un problème ?

Mes jambes flageolent. Il a une voix chaude et grave… une voix à vous donner la chair de poule. Il me dévisage en silence, son attaché-case en cuir noir dans une main, prêt à s’engouffrer dans la voiture. Et soudain, ça fait « tilt ». Le taxi. L’entretien d’embauche. La chance de ma vie.

Ressaisis-toi, Kate !

– Un gros problème, oui ! Vous êtes en train de monter dans mon taxi.

– Votre taxi ?

- Je ne peux plus imaginer ma vie sans toi, Jane.C'est impossible.Je te veux à mes côtés tous les jours,tout le temps.Quand je me réveille, quand je prend mon petit déjeuner,quand je me plains du mauvais temps pour les pieds de vigne,quand je me réjouis d'un nouveau contrat ou que je râle du retard d'un collaborateur,quand je me couche,quand j'ai envie de faire l'amour,quand j'ai envie de ta peau,quand j'ai envie de ta bouche,quand j'ai envie de toi...

Notre baiser est profond,intense,sincère.Car ce n'est pas la passion qui nous porte,comme la dernière fois... mais quelque chose de plus fort,cette petite flamme qui danse dans ma poitrine et me pousse vers lui. L'amour ?Oui, le véritable amour.Celui qu'on ne vit qu'une fois.Celui dont on rêve chaque nuit.Celui que certain cherchent toute leur vie.

Nos langues se caressent, nos bouches jouent l'une avec l'autre.

- J'ai une imagination très fertile.
Une imagination qui me permet de le visualiser en boxer noir moulant sur une plage des tropiques,sortant des flots tel James Bond, ruisselant dé petites gouttes d'eau argentées sur son torse puissant et. ..
- Je n'en doute pas une seconde.

- Ce sont des bébés...
- C'est bien ce que je leur reproche!
Faisant mine de frissonner, Frank serre ses bras autour de lui et ajoute, un brin dégoûté:
- Ils sont comme les Gremlins: je crois qu'ils se multiplient. Tu en regardes un et paf! un deuxième apparaît.

– Ne bouge pas !
Tiens… On se tutoie ?
C’est vrai qu’assassiner quelqu’un, ça crée des liens. 

– Tu es unique, Elena.
– J’espère bien !
– Le monde ne survivrait pas à deux exemplaires !

- Je parie que tu matais mes fesses.
Il a des yeux dans le dos, ou quoi?
- Moi? Pas du tout! Je...
- Non, mais je t'en prie,continue! m'arrete-t-il, moqueur.Mon corps de rêve est fait pour ça!

- Tu sais ce que je pense de ton régime végétarien…
- Je ne mangerai pas des êtres innocents.
- Chérie, les humains sont omnivores…
- Eh bien, dis-toi que je suis une extraterrestre.