Est-ce qu’on peut être malheureux à douze ans, profondément, totalement malheureux, au point que ce malheur devienne un concentré de tous les battements de cœur connus jusque là ? Et demeurer en même temps réceptif à la plus petite parcelle de ce qu’on est en train de vivre ? Comme si ce mois d’août avait marqué le partage des eaux entre le calme écoulement de l’enfance et la bousculade impétueuse et désordonnée de sentiments nouveaux, lancés ensemble dans un goulet étroit comme celui où se précipite l’Evançon.