— C’est bien ça, m’sieur. Plus d’œil, répondit-il. Je suis désolé, mais la mission était confidentielle.
— Ah, confidentielle !
Billy avait insisté exagérément sur le mot en étirant les syllabes. Il fit une grimace moqueuse à l’intention de Sam.
— Et la raison pour laquelle tu n’as jamais appelé Mlle Samantha Fairchild est confidentielle, elle aussi ?
— Non, répondit simplement Zach. C'était simplement... stupide.
— Tu peux le dire, fiston, assura Billy. Carrément stupide. C’est ça, la voiture ? Cette guimbarde est presque aussi vieille que moi.
— Pas tout à fait, rétorqua Zach. Mais elle fait autant de bruit.
« Ça commence bien ! » pensa Debby pendant que son client remplissait le formulaire de recherche de bagages égarés. Formidable, vraiment ! Cal Logan, lui, ne semblait que peu perturbé par la disparition de ses valises, arguant du fait que son American Express couvrirait tous les frais occasionnés par le désagrément. Ce qui signifiait, en clair, que Debby allait devoir parcourir toute la ville pour lui composer un nécessaire de survie, allant de la chemise de rechange au pyjama, en passant par la brosse à dents.
Enfin, à supposer que Cal Logan portait bien des pyjamas. Peut-être dormait-il nu, après tout...
Vous ne croyez tout de même pas à ces sornettes ?
Elle sourit.
— Lang, ça fait au moins quarante ans que plus personne n'emploie « sornettes ». Ça vous dirait pas de nous rejoindre au XXIe siècle ?
Il la prit par la main, provoquant ainsi un frisson dans tout son corps. cet homme avait décidément confiance en lui.
Il serait le plus heureux des hommes. Il risquait même de la demander en mariage, et peu lui importait qu’ils se connaissent seulement depuis un mois. Pour la première fois de sa vie, il ne suivait pas le chemin que l’on avait tracé pour lui, et il ne s’était jamais senti aussi bien.
" - Tu veux ma photo ? demanda-t-il.
- Je m'interroge.
Il secoua la tête.
- Te fatigue pas. C'est confidentiel, et même si ça ne l'était pas, je n'en parlerais pas.
- Je ne pensais pas à ça. Je me demande pourquoi tu es si différent de ce que tu étais avant.
Il eut un bref mouvement de recul, comme pris de court. Puis ses traits retrouvèrent leur expression impassible.
- Nous sommes différents tous les deux, dit-il simplement.
- Je ne suis pas différente.
- Si tu l'es. Tu es une avocate de Harvard investie d'une mission, avec un nouvel objectif.
Sam émit un petit rire.
- D'abord, je n'ai même pas commencé les cours donc, soyons honnêtes, je suis actuellement une serveuse sans emploi. Ensuite, le fait d'être investie d'une mission ne m'a pas transformée. J'ai la même personnalité, les mêmes traits de caractère, les mêmes...(sentiments brûlants et doux en moi quand tu t'approches d'aussi près.) Je ne me suis pas métamorphosée. Toi si.
- En quoi ?
- Tu as les cheveux longs.
Il haussa les épaules.
- Pratique de ne pas avoir à me tondre toutes les semaines.
Le regard de Sam passa de la tache sombre et violette sur sa poitrine aux fils barbelés sur son biceps.
- Tu as... plus de tatouages.
- Un par période de service. Autre chose ?
Voulait-il qu'elle soit plus explicite ? D'accord.
- Tu étais beaucoup plus sympa.
Zach réprima difficilement un sourire.
- Pas vraiment.
- Oh ? Tu jouais la comédie ? Pour coucher ?
- Ne dis pas ça.
Y a que la vérité qui blesse, n'est-ce pas?
- Tu sais quoi, Zach ? Je peux dire et faire exactement ce qui me plaît sans un mot, un commentaire, un conseil ou même une putain de carte postale de ta part. Autant de choses dont, au passage, j'ai très bien su me passer ces trois dernières années."
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- Je n'ai pas progressé. C'était ta séance de coaching.
- Réponds à ma question. Qu'as-tu sacrifié pour assouvir ta passion ?
Elle hésita, mais ne put contenir la vérité.
- J'ai tout sacrifié par amour.
Il en demeura bouche bée. La serveuse ramassa l'addition.
- Gardez la monnaie, dit-il sans détourner les yeux de Jocelyn. C'est vrai ?
- Tout.
Ce qui comptait à ses yeux, elle y avait renoncé un soir d'été, dans l'escalier menant à la chambre de Will.
- Il faut que je te dise, Joss, que qui que ce soit, je le déteste.
- Pourquoi ?
- Parce que je suis jaloux de quelqu'un que tu as aimé, avoua-t-il. Cela aurait dû être moi.
Le coeur de la jeune femme se serra.
C'était toi.
- Dans ce cas, pourquoi ne m'as-tu pas appelée quand nous étions étudiants ? demanda-t-elle.
- Je t'attendais, murmura-t-il, les yeux fermés.
- Je crois qu'un schéma se profile, Will Palmer, répondit-elle avec l'esquisse d'un sourire.
Il rit et la prit par le menton.
- Tu es une sacrée coach de vie.
- Seulement si tu brises ce schéma.
- Eh bien, j'en ai l'intention, dit-il d'une voix douce qui la toucha au plus profond de son coeur.
"- Mets-toi à genoux, dit-elle. Je monterai sur tes épaules.
Il resta sans bouger pendant quelques instants, se contentant d'admirer son adorable visage taché de noir. Il adorait ce visage. Un visage qui faisait faire à son cœur un tas de trucs stupides. Regarder Vivi avait toujours eu un effet majeur au niveau de son entrejambe mais à présent... c'était plus que ça.
Merde. Merde. Merde.
Elle laissa échapper un soupir d'exaspération.
- D'accord, Lang. Je suis tout à toi, vas-y.
- Quoi ?
Parce-ce que si elle lui donnait le feu vert, il foncerait tête baissée. Ici, maintenant, toute la nuit.
- Je vois bien que tu es encore sur le point de me contredire. Je n'en rends toujours compte : je le vois dans tes yeux. Tu prépares ton argumentation. Qu'est-ce qui ne te plaît pas dans mon idée, exactement."
Quinze ans plus tard :
" Comme si un sixième sens lui signalait qu'on l'observait, elle se retourna?
- Il y a quelqu'un ?
Sois drôle, fais une plaisanterie. Avance, souris, parle-lui. Allez, William Palmer, ne reste pas planté là, à la regarder avec tes yeux de merlan frit !
- C'est moi.
...
- Combien de temps comptes-tu rester ? J'aimerais bien...
Te parler, t'embrasser à perdre haleine, passer mes nuits avec toi.
- ... prendre de tes nouvelles.
...
- Will, il faut...
- Ton père a la maladie d'Alzheimer.
La jeune femme pâlit.
- Je m'occupe de lui, ajouta-t-il.
Dès qu'il ôta son pied, la porte se ferma brutalement.
Et si, au bout de toutes ces années, il tournait définitivement la page Jocelyn Bloom ?
Continue de te le répéter, mon vieux, et tu y croiras peut-être un jour..."
" Dès qu'il croisa le regard de Lacey, il ne vit plus qu'elle. Le bar n'existait plus. La blonde qui conduisait le 4x4 un peu plus tôt donna un coup de coude à son amie, qui s'avança lentement vers lui, sublime, enjouée, pulpeuse, en un mot, magnifique. En arrivant près de lui, elle se mordit la lèvre avec une telle sensualité qu'il eut peine à arracher son regard de son décolleté.
- « De tous les bars de toutes les villes du monde... dit-il en se levant.
- ...elle entre dans le miens », poursuivit Lacey avec un sourire complice.
Il se leva et elle serra sa main qu'il lui tendait.
Seigneur. Il avait rencontré celle qu'il cherchait."