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Citations de Roy Jacobsen (149)


Maria se redressa sur ses coudes et répondit que les enfants, on ne les a pas, on ne les possède pas, les enfants, c’est comme des dons, des cadeaux que l’on reçoit.
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......à la fin août, une chaleur étouffante était tombée sur la terre et sur l’eau, capable d’amollir les pensées et de troubler la vue. De la vapeur flottait sur les champs noirs, les oiseaux se taisaient, le paysage laissait échapper des soupirs inaudibles et la mer était lisse comme un plancher que l’on vient de repeindre.
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L’homme qui vient de rentrer est content de voir que rien n’a changé, car c’est toujours celui qui s’absente qui préfère que le temps s’arrête.
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Sa durée varie selon les saisons, le silence peut durer longtemps dans le gel de l’hiver, comme lorsqu’il y avait de la glace autour de l’île, mais celui de l’été est toujours comme une petite pause entre un souffle de vent et un autre, entre le flot et le jusant, ou pendant ce miracle qu’est l’instant où l’homme cesse d’inspirer avant d’expirer.....
Mais le silence sur une île n’est rien. Personne n’en parle, nul ne s’en souvient, tellement il marque les esprits. C’est l’infime aperçu de la mort tant qu’ils sont encore en vie.
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Roy Jacobsen
On ne sait pas que, lorsque l’on vit sur une île, on n’en part jamais, on ne sait pas qu’une île s’accroche à ce qu’elle a, de toutes ses forces.
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Sur une île, tout ce qui a de la valeur vient d'ailleurs, sauf la terre, mais ce n'est pas pour elle qu'ils sont là, les îliens en ont tristement conscience.
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... toute vie a un sens, le simple fait de vivre a un sens ...
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En février, la mer peut être un miroir turquoise. Barrøy, couverte de neige, ressemble à un nuage dans le ciel. C’est le froid qui rend l’eau verte et plus claire, calme, et visqueuse, comme de la gelée. Elle peut se figer entièrement, se couvrir d’une pellicule, changer d’apparence. L’île a un liseré de glace qui entoure également les îlots les plus proches, elle s’est agrandie.

Ingrid marche avec ses chaussures en poil de chèvre sur un plancher de verre entre l’île et Moltholmen, et elle voit en dessous d’elle des algues, des poissons et des coquillages dans un paysage d’été. Oursins, étoiles de mer et pierres noires sur le sable blanc, poissons qui filent à travers des forêts oscillantes, la glace est comme une loupe, claire comme l’air.
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... il monte sur une hauteur d'où la vue est encore meilleure.
« Oh, mais je vois même le presbytère. »
Hans Barrøy le dépasse et dit :
« Et là, vous voyez l'église. »
Le pasteur se dépêche de le rattraper, il s'arrête pour admirer l'église blanche qui apparaît comme un timbre pâle sous les montagnes noires où quelques ultimes taches de neige ressemblent à des dents dans une bouche pourrie.
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C'est marée d’équinoxe, ce bref moment de l’année où l’île est le plus grande, où l’on peut marcher sur du sable blanc comme neige tout autour du royaume.
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Mars est le mois de l’année dont on a le moins l’utilité. Les gens voient le soleil se lever et se font trahir par la lumière qui ne fait que rendre l’hiver encore plus manifeste. Avril est tout aussi sournois, et encore plus illusoire. La pie huîtrière vient malgré tout faire son tapage, il y a des bruits dans le ciel et sur les îlots, on peut enlever une épaisseur de foulard et de chaussettes ; la grosse brebis traîne dans les prés, grignote de vieux brins d’herbe tandis que les averses de neige continuent à s’abattre juste au moment où l’espoir menace de faire poindre un sourire ou deux dans l’esprit des gens ; elles pestent, elles ont encore plus froid qu’en janvier, mais elles enlèvent quand même un fichu, elles exhortent le printemps à venir.
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C’est presque une pensée macabre qui indique qu’il n’aime pas le travail de la terre, il est un homme de la mer, plus pêcheur que paysan, plus chasseur qu’esclave d’une terre. Ce qui était censé être un petit supplément de prairies est en train de se muer en une plaie existentielle.
La contradiction entre la mer et la terre a toujours été là, sous forme d’une inquiétude et d’une attirance : quand il est en mer, la terre lui manque, et quand il a les mains dans la terre, il se surprend sans cesse à scruter en direction de la mer et de la pêche. Mais il y avait un équilibre dans cet aller et retour, une dépendance réciproque et supportable. Cet équilibre est-il menacé d’être ébranlé ?
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Ingrid ne veut plus couper de bois, elle cuit les galettes, les crêpes et le pain, elle sait traire, écrémer, faire du beurre, des gâteaux et de la confiture, elle sait filer, tricoter, ramer et nager. Elle sait à peu près tout faire. Elle sait nettoyer le duvet, préparer les filets, amorcer les lignes – un travail d’homme -, préparer le poisson séché – éventuellement un travail de femme -, ramasser des œufs de mouette, cueillir des baies et récolter les pommes de terre – ce qui, curieusement, est un travail à la fois d’homme et de femme. Mais dans les carrés de pommes de terre comme pour la tourbe, son père est debout tandis que les femmes sont agenouillées. Martin aussi est à genoux. Quand il n’est pas couché sur le dos.
Il n’y a pas sur cette terre d’enfant de douze ans qui sache faire plus de choses qu’Ingrid, c’est une fille de la mer qui ne voir pas les vagues creuses comme un danger ou une menace, mais presque toujours comme un chemin et une solution.
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Sur une île où il ne vit presque personne, la moindre venue met des choses en branle, même s’il ne s’agit que du modeste ramassage du lait. Aujourd’hui, le capitaine s’est penché au bastingage du vieux bateau, il a tendu le journal à Ingrid, quasiment comme un reçu pour les bidons de lait qu’il a hissés à bord, avec soin et lenteur. C’est pour ces gestes que l’on se souviendra de lui, Johannes Hartvigsen, lui, le lent et le minutieux.

Mais en ce jour, une lettre est tombée du journal, une lettre de Trondheim, avec des timbres qu’Ingrid n’avait jamais vus, avec le nom de l’expéditeur et son adresse au dos. Ingrid a rougi, a abandonné le journal sur le quai, pour se diriger vers le sud de l’île.

Ingrid est passée par la remise des Suédois, par le piton dans la roche, en face des écueils des Lundeskjærene, elle a marché vite et pieds nus, sur les galets et les rochers réchauffés, à travers la bruyère sèche et l’herbe jaunie, avec une lettre qu’il fallait lire dans la solitude, cela ne faisait aucun doute, une lettre de Mariann Vollheim, cette personne imprévisible dont Ingrid n’avait pas eu de nouvelles depuis plus de deux ans et qu’elle s’était efforcée d’oublier, sans y parvenir, comme cela lui apparaissait avec une évidence frappante.

Elle a longé le Bosquet de l’Amour, traversé les buttes vers le Jardin des Gorges, pour une raison quelconque, elle a encore sur la rétine l’image du capitaine du bateau laitier, la main de Johannes, calleuse et rude comme l’écorce, cette main qui lui a tendu le journal avec aujourd’hui une lettre dedans, et c’est en soi un mystère car Barrøy ne reçoit de lettres qu’à la saison des pêches aux Lofoten, et encore, ce sont des lettres rares et minces, écrites par les hommes de l’île pour assurer qu’ils sont encore en vie.
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Il n’y a pas beaucoup d’arbres sur l’île, mais il y a aussi beaucoup d’arbustes à baies, de bouleaux nains et de saules qui, à la fin de l’été, ont des feuilles jaunes qui virent au marron et au rouge à des vitesses variées, si bien que l’île ressemble à un arc-en-ciel sur terre pendant quelques jours de septembre. Elle garde cette allure jusqu’à ce que cette petite tempête attaque les feuilles par surprise et les emporte dans la mer et métamorphose Barrøy en un animal loqueteux à fourrure marron.
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Vivre sur une île, c’est chercher. Ingrid avait cherché depuis sa naissance, elle avait cherché des baies, des œufs, du duvet, du poisson, des moules, des plombs, des ardoises, des moutons, des fleurs, des planches, des ramilles … Les yeux d’un îlien cherchent, que sa main ou sa tête soit occupée, avec ces coups d’œil incessants sur les îles et la mer qui s’accrochent au moindre changement, qui notent le signe le plus insignifiant, qui voient le printemps avant qu’il n’arrive et la neige avant qu’elle ne peigne ses touches blanches dans les crevasses et les creux, ils découvrent les bêtes avant qu’elles ne meurent et les enfants avant qu’ils ne tombent, ils voient les poissons invisibles dans la mer sous les nuées d’ailes blanches, la vue est le cœur battant de celui qui vit sur une île.
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Le poisson apparut en premier. L’homme n’est qu’un invité tenace de la mer.
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Ingrid était toute sueur et courbatures, mais elle marchait encore d'un pas léger, le périple en lui-même avait sa propre vie, sa nature propre, elle était en chasse de l'amour, encore dans cette ignorance heureuse de savoir si la vérité était la première victime de la paix.
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Elle s'assit et posa entre eux le cahier de dessin de l'école, avec des pommes de pin qui ressemblaient à des coquillages, avec des fleurs, des bâteaux et des montagnes, il écrivit 22, cela pouvait être son âge ou l'année de sa naissance, cela revenait au même, et même s'ils ne pouvaient plus refaire le chemin, elle lui demanda d'écrire encore.
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Comme le disait mon père, quand ça ne sert à rien, autant faire comme si cela n'était pas arrivé.
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