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Citations de Rubens Figueiredo (17)


À présent , une famille inconnue était venue s’installer là*, comprenant la grand-mère, la mère et deux adolescentes , chacune avec une fille en bas âge. Aucune de ces femmes n’avait d’emploi; elles ne trouvaient du travail que pour des brèves périodes , distribuaient des prospectus aux feux rouges les week-ends , et, souvent , ramassaient des canettes métalliques pour les revendre.
*Banlieue d’une métropole brésilienne.
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Penché par la fenêtre ouverte, il avait regardé à travers l'obscurité de la nuit, les yeux fixes, prisonnier d'un espace étroit entre une cloison au-dehors et un mur écorché, aux briques nues - il regardait, regardait, sans avoir la moindre idée de ce qu'il allait faire de sa vie lorsque le jour finirait par se lever. Il regardait fixement, profondément cette nuit épaisse et il sentait sur son visage tantôt une odeur de cendres, tantôt une odeur de pourriture. Il réfléchissait, s'interrogeait, et seule une chauve-souris piaulait par intermittence, au-dessus de lui, en décrivant de longues boucles, à grande vitesse.
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Autour de lui, Pedro observa de nouveau la torpeur générale dans laquelle le bus était plongé. Il sentit en lui-même comment cette langueur était assimilée par le rythme de la respiration des passagers, la demi-pénombre qui venait des vitres sales, le tangage provoqué par les nids-de-poule, le ronflement du moteur. Car le bus était à présent en train de parcourir lentement, toujours en seconde ou en troisième, une longue distance sans s'arrêter. Il avançait à vitesse réduite et constante le long d'un couloir latéral qui s'était formé sur la voie de droite, où les bus se suivaient de près - l'avant de l'un tout près de l'arrière de l'autre, formant une sorte de train.
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Pedro se rappela l'endroit auquel le livre se référait, l'endroit où se trouvait autrefois cette fazenda silencieuse dans laquelle les esclaves chantaient au matin. Il s'agissait maintenant d'une agglomération dont les maisons miséreuses s'étalaient depuis la mi-pente de collines arides et presque dépourvues de végétation jusqu'aux abords d'une route très passante. Voitures, camions et bus roulaient à grande vitesse sur l'asphalte, dans les deux sens, sur deux voies séparées par un terre-plein couvert d'herbe sèche, tandis que certain constructions précaires s'amoncelaient quasiment jusqu'aux accotements - des taudis parfois plantés au sommet de petits ravins argileux.
Pedro se souvint que, les fois où il était passé par là et qu'il avait observé le paysage au loin, à travers la fenêtre du bus dans lequel il voyageait, il avait eu l'impression que tout était endormi, plongé dans une sorte de torpeur - à l'intérieur et à l'extérieur des maisons. Les antennes de télévision et les fils qui pendaient des poteaux électriques semblaient eux aussi désactivés, sans courant. L'aspect général était celui d'un décor, sans rien derrière.
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Le temps n'existe pas quand n'existent pas non plus choses ou hommes pour se mouvoir dans l'espace. (Sérgio Sant'anna, p.37)
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Darwin raconte dans ses Mémoires qu'un beau jour il sortit se promener à travers la fazenda une heure avant le lever du soleil. Admirant le paysage, il avançait en prenant soin de ne pas troubler le silence alentour - avec une attention de chaque instant pour les insectes, les plantes et jusqu'aux lichens les plus rachitiques. C'est alors qu'à sa grande surprise, il entendit au loin, apporté par le vent, l'hymne que les esclaves entonnaient en chœur tous les matins avant de se mettre au travail.
Le contre-chant se dédoublait en deux voix, allait et venait sur une échelle pentatonique, tandis que là-bas, tout au fond, une bande rosée se dilatait dans le ciel, à l'horizon. Le chant résonna si agréablement à ses oreilles que Darwin pensa que les esclaves devaient être très heureux dans des fazendas comme celle-là.
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Vers cet autre côté, il y a une ligne ténue que parfois l'on traverse - une frontière. Cette ligne, vous la traversez, vous revenez ; vous la retraversez, vous revenez, vous reculez de peur. Et puis un jour, vous y allez et ne revenez plus. (Sérgio Sant'anna, p.36)
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Rosane voulait étudier, elle voulait apprendre, avoir de l’éducation, elle voulait exercer un métier plus qualifié, gagner plus d’argent, pouvoir acheter plus de choses, elle voulait être respectée par eux, les autres, tous ces gens – elle voulait pouvoir habiter ailleurs, avoir une vie meilleure, être quelqu’un d’autre, être quelqu’un – c’était ça, la voie à suivre, tout le monde le disait, chacun le savait et le proclamait sous toutes les latitudes – c’est ça qu’il fallait faire, qu’il fallait bien garder en tête et ne jamais abdiquer.
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En réalité, une bonne partie des prisonniers n’arrivaient pas à avaler leurs repas en détention. En général, c’était immangeable, même pour ceux qui étaient habitués à très mal se nourrir, et tout le monde le savait : la viande et les haricots étaient quasi avariés, on trouvait même des asticots, parfois.
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Il est absolument impossible de rester immobile et, quelle que soit la direction dans laquelle les jambes se mettent à marcher, le sol prend immédiatement la forme d’un escalier. Qui plus est, il faut le reconnaître : sans inconfort, sans adversité et même sans punition, comment pourrait-on espérer une quelconque adaptation ?
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La cordialité spontanée, facile, était aussi une incitation très productive.
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Un cheval, un animal domestique, ne peut répondre de lui-même, il ne sait pas ce qu’il fait, quelqu’un est responsable, quelqu’un l’a retiré de son pré, de son écurie, et l’a conduit là, dans la rue, dans un endroit public, pile en face de toi.
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S’il n’était pas possible d’échapper à la chicote, il y avait toujours moyen de faire en sorte que les coups fassent un peu moins mal.
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Pedro avait l’impression que les gens, dans ces cas-là, à l’instar des journaux télévisés, exagéraient toujours. Il pensait qu’ils aimaient trop parler ; ils se laissaient entraîner par une euphorie pernicieuse, le son de leur propre voix, le rythme bien marqué des mots. Pour Pedro, cela frôlait la malveillance, cette façon qu’avaient les gens de saisir la moindre occasion de parler de la sorte, en forçant le trait, en en rajoutant dans l’emphase. Il avait l’impression que tout ce qu’ils disaient, chaque mauvaise nouvelle devait faire les gros titres, occuper la première place, au seul motif que c’étaient eux qui parlaient, et non les autres.
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Mais conter quoi, s'il n'y a rien à conter ? Alors c'est certain : s'il n'y a rien à conter, on ne conte rien. Ou alors on conte ce qu'il n'y a pas à conter.
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L’électronique peut ne pas avoir d’existence, mais aux yeux du monde elle a valeur d’autorité par elle-même. C’est tout ce qui importe, voilà la clé de toute notre science.
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La porte fléchit, voit poindre le petit matin dans un grincement de gonds, dévisse les souvenirs, faisant crisser le battant patiné par des années de silence.
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