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Critiques de Rudolf Höss (17)
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Le commandant d'Auschwitz parle

Suite à la vision du film Zone of interest, je voulais approfondir avec la lecture du témoignage du commandant du "fameux" camp d'Auschwitz, Rudolf Höss (principal protagoniste du film). Bien qu'il ne soit pas écrivain, le récit est relativement bien écrit et la lecture est fluide bien que glaçante. Il y décrit platement et froidement le fonctionnement et les agissements au sein de ce genre de camp. A le lire, il n’a fait que répondre aux ordres (c’est comme ça qu’il essaye de se dédouaner) et il a fait de son mieux pour rendre la vie des prisonniers la moins pénible possible. On est en plein dans la banalité du mal décrit par Hannah Arendt. Mais peut-on se contenter de cela ?

Durant cette lecture, j’ai souvent été confrontée à la pensée que cet homme n’était qu’un simple exécutant. Plusieurs fois, ce doute m’est venu et cela créait à chaque fois un réel malaise. Car il suffit de se remémorer toutes les horreurs qui s’y sont déroulées et se dire : mais en fait il aurait pu dire non et ne pas prendre part à cette machine de la mort !

Cette lecture est troublante et permet de poser question sur la genèse du mal et si ces hommes étaient de réels monstres ou des gens ordinaires.

Un document que l’on devrait faire lire aux négationnistes.

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Le commandant d'Auschwitz parle

Je me suis demandé si je devais accorder une note à cette lecture, et puis, si oui, une note sur quoi au juste ? Le contenu ? Je me décide donc à noter la valeur historique de ce témoignage car elle est indéniable.



Rudolf Hoess se livre sans filtre, il est précis, méticuleux et totalement honnête.

Je dois avouer que j'ai été non seulement mal à l'aise en constatant que même après tout, il est resté un NAZI convaincu. Il a analysé beaucoup de chose avec lucidité mais certainement pas le fond de la pensée Nazi. Il ne regrette que la forme.

J'ai aussi été très mal à l'aise face à cette espèce de normalité qui l'animé au cœur même de l'horreur. Je ne sais pas comment expliquer cela clairement mais, il semblait sain d'esprit. C'était un fanatique du Parti, un soldat servile mais pas un monstre au sens où je m'attendais à le découvrir. Il accomplissait les pires choses mais sans aucune motivation de détraqué. C'est assez étrange comme constat, peut être, simplement car il est plus facile de se dire que les monstres du 3eme Reich étaient justement des monstres et non des humains capable d'embrasser leurs enfants et se traiter respectueusement leur famille. Ils ne sont ni noir ni blanc, Rudolf Hoess était comme les autres, une nuance de gris cendre.
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Le commandant d'Auschwitz parle

c'est un livre indispensable à lire pour comprendre le cheminement d'un homme ordinaire que le respect total à l'ordre nazi va amener à la direction du camp d'Auschwitz. Ordinaire comme Eichmann et d'autres rouages de ce système assassin. Jamais il ne renie l'idéologie nazie, ce qui rend son témoignage extrêmement glaçant et on sort marqué par cette lecture
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Le commandant d'Auschwitz parle

Ce livre a été écrit en prison, en 1947, pour servir de témoignage lors de son procès, sur conseil de ses avocats.



Ce témoignage avait comme but premier de relativiser sa culpabilité. Si la plupart du contenu est exact, certaines parties sont adoucies ou inexactes - des précisions qui ne pouvaient être confirmées que plusieurs années après. C'est, donc, à prendre avec précautions.



Il raconte son enfance, sa participation dans la Grande Guerre et son passage en prison entre 1924 et 1928, où il démontre connaître le mode de vie des prisonniers dans une prison normale. Et il se présente comme un humaniste, concerné par le bien être des prisonniers. Il avait été condamné à 10 ans de prison pour l'assassinat d'un supposé traître qui aurait livré un allemand aux Français.



A Dachau, il souffre l'influence de son supérieur hiérarchique, Theodor Eicke. Il dit ne pas partager ses méthodes brutales et même avoir envie de quitter les SS.



Dans le camp d'Auschwitz, il dit s'être occupé surtout des travaux d'agrandissement du camp et avoir laissé la gestion des prisonniers à ses collaborateurs qu'il considère des incapables.



Il se dit travailler beaucoup, très impliqué dans ses tâches et obéir rigoureusement les ordres de Himmler.



S'il démontre bien connaître les méthodes de gazage, il ne reconnaît pas sa participation dans ce choix de méthode de mise à mort. Dans la dernière partie du livre il décrit avec précision chronométrique le processus de mise à mort par gazage.



S'il est vrai qu'il reconnaît qu'il y a eu des maltraitances des prisonniers qui n'étaient pas gazés dès leur arrivée, la lecture de son récit donne l'impression que ce n'était pas systématique et qu'il s'opposait absolument à toute maltraitance. Et par ailleurs il suggère (mais ne dit pas) que la cause principale des décès de prisonniers n'est pas la maltraitance par les SS.



Il semble considérer bien plus grave les maltraitances des prisonniers que la mise à mort dans les chambres à gaz, qu'il décrit avec détails et froidement.



Mais pourquoi cette différence ? A mon avis, dans la tête de Hoeëss, il se disait que les maltraitances des prisonniers relevait de l'initiative individuelle des gardiens, ils étaient méchants, tandis que l'extermination dans les chambres à gaz relevait d'un processus industriel, activité primordiale du camp, décidée à plus haut niveau et faisant partie de la politique sociale, qu'il approuvait, du Troisième Reich.



Dans la partie conclusion il fini par dire que la décision d'anéantissement de la race juive était une mauvaise décision, il reste un nazi antisémite convaincu.



Finalement, si on reste à la lecture de ce livre et si on fait abstraction de ce que l'on connaît déjà sur le fonctionnement du camp d'Auschwitz, on peut penser que Rudolf Hoëss était, peut-être, juste quelqu'un avec un fond à priori humaniste, tout en étant un nazi antisémite convaincu, qui ne faisait qu'obéir des ordres sans, et que c'est le contexte qui lui a fait devenir ce personnage. La Banalité du Mal, comme dans le cas de Adolf Eichmann...



Quelques morceaux de texte, mis comme des citations, donnent une idée de la "sincérité" de ce témoignage.



Malgré le contenu tendancieux et pas exact, ce livre reste intéressant du point de vue historique. Un autre livre écrit avec plus d'objectivité est celui de Robert Merle - La mort est mon métier - sûrement plus proche de la réalité.



Dans le livre L'Héritage du commandant, Rainer Hoss, petit-fils de Rudolf Hoss, raconte que son grand-père est toujours vénéré par sa famille et considéré comme un héros, ce qu'il lui a fait couper tout lien avec sa famille.
Lien : http://lecture.jose-marcio.o..
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Le commandant d'Auschwitz parle

Voici le témoignage très intéresant de celui qui fut membre des SS, garde puis commandant d'Auschwitz avant d'être superviseur des camps de concentration, un homme qui a connu tous les aspects de cette industrie de mort.

Son point de vue est intéressant mais il ne faut jamais oublier que son propos tend à le rendre non responsable de bien des sévices qui ont eu lieu alors. Cet ouvrage est donc à mettre en parallèle avec de nombreux autres qui eux, présentent un autre point de vue. En connaissance des autres témoignages et textes d'historiens, il est intéressant de voir tout ce que Hoess omet ou modifie.

Pour tous ceux qui s'intéressent à la Shoah, un texte à lire.
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Le commandant d'Auschwitz parle

Eh oui, il existe un écrit nazi qui explique et raconte Auschwitz, d'un point de vue nazi évidemment. Je ne le savais pas. Je l'ai découvert en lisant d'abord « La mort est mon métier » de Robert Merle. Mais « La mort est mon métier » est un roman et c'est bien embêtant. Dans les deux cas, le commandant d'Auschwitz s'exprime… Je regrette presque d'avoir lu le roman, il n'est pas complètement fidèle (ce n'est pas la même personnalité). Il me semble problématique de jouer avec cette histoire-là.



L'exposé de Rudolf Hoess (ou Höss) est capital pour comprendre.

Sur le conseil de ses avocats et autres personnalités autour de lui, il rédige cette confession. Il se trouve alors dans une prison polonaise en attente de son procès (il sera pendu en avril 1947).



Rudolf Hoess y apparait comme un homme « ordinaire » qui, par conviction politique et obéissance aux chefs, a trempé très activement dans cette entreprise industrielle de mort.



Son récit peut être qualifié de sincère… Il a un remarquable sens de l'observation… Il analyse, il réfléchit… Il a des convictions. Il assume sa responsabilité…



Son texte se termine par cette phrase : « Elles (les masses) ne comprendront jamais que, moi aussi, j'avais un coeur… ». Je vous livre mon impression à la lecture du texte et de sa conclusion. La conclusion m'a glacée, plus que le reste. Comme si l'exposé dans son ensemble s'adressait à ceux qui le détiennent : ses avocats, les Polonais, le monde hors Allemagne. Et que, dans sa conclusion, peu avant de mourir donc, il s'adressait un peu plus à sa famille, aux siens, à ceux de son camp. Et là, c'est forcément extrêmement glaçant.

« Moi aussi j'avais un coeur » Oui, mais un coeur de nazi…



A lire absolument si on s'intéresse à ce sujet.



P.S. Pour compléter et pour avoir une vue plus large, on peut lire "Hanns et Rudolf" de Thomas Harding.





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Le commandant d'Auschwitz parle

Ce livre est le récit d’un rare témoignage écrit de la propre main d’un bourreau Nazi, celui de Rudolf Hoess, dans sa cellule en février 1947, avant d’être condamné à mort le 2 avril 1947, puis pendu à Auschwitz le 7 avril de cette même année.



On est surpris de découvrir à travers l’existence de Rudolf Hoess un personnage ambivalent, à la fois : « ordinaire », bon père de famille, intelligent, cultivé, travailleur voire méticuleux, ambitieux mais trop zélé et qui écrit très bien ; et en même temps, quelqu’un qui n’est pas fou (au sens psychologique ou « clinique » du terme) puisque parfaitement capable d’analyser le cheminement qui l’a conduit à sa propre INHUMANITE.

Une circonstance donc aggravante (si cela est encore possible !) dans sa complète responsabilité lors de cette monstruosité que fut l’Holocauste.



Au début, le ton de son récit est descriptif quant à sa vie privée comme celle d’un homme « ordinaire ».

Mais au fil de la lecture son cynisme augmente graduellement. Il se permet même le droit de juger défavorablement les sévices et crimes perpétrés par ses « collègues » Nazis ; avec même à certains moments, la sensation de détachement, comme s’il décrivait une situation atroce à laquelle il serait totalement étranger.

Alors, qu’il est lui-même le Commandant en chef du plus grand camp mixte : de concentration et d’extermination, celui d’Auschwitz, de tout le système Totalitaire Nazi, et par conséquent entièrement responsable du génocide de CENTAINES de MILLIERS de familles : enfants, femmes, vieillards, hommes… !

On comprend alors mieux son indifférence totale et son mépris absolu pour : la NATURE HUMAINE.



Sa « réflexion » s’enfonce toujours plus dans l’effroi par la déshumanisation des victimes, lorsqu’il explique qu’il fut soulagé d’apprendre que les Nazis n’allaient, non plus exterminer les Juifs par des campagnes de fusillades de masse, mais… par le gaz.

En effet, pour Rudolf Hoess, non seulement il s’agissait « juste » de changer de « technique » de massacre (sans évidemment se soucier le moins du monde du meurtre de ces victimes) mais en plus, ce changement de « méthode » intervenait uniquement parce que les fusillades massives ne permettaient plus de décimer à une suffisamment grande échelle, compte tenu de l’importante quantité de victimes Juives à anéantir !

De surcroît, il ne se préoccupait absolument pas du sort de ces MILLIONS de victimes, mais plutôt de la santé mentale des bataillons SS (les Einsatzgruppen) qui risquaient de finir par être écoeurés dans leur « mission » d’éradication.



On peut également relever le cynisme total dont fait preuve Rudolf Hoess, lorsqu’il parle avec condescendance et dédain des Sonderkommandos.

Ces « équipes spéciales » (principalement composées de Juifs) étaient « recrutées » avec comme terrifiantes « missions » obligatoires, celles : de faire se déshabiller les déportés, les faire entrer dans les Chambres à gaz, puis une fois gazés, de sortir les corps des Chambres à gaz en les traînant jusque dans les fours crématoires.

Puis, périodiquement ces Sonderkommandos étaient exterminés à leurs tours.

On retrouve ici, ce processus de déshumanisation des victimes permettant aux bourreaux de se « dédouaner » psychologiquement de leurs crimes, comme l’écrit Geneviève Decrop dans la préface du livre : « Le mécanisme de refoulement du doute et de la culpabilité devant le sentiment de faiblesse. »



Enfin, ce sont : son engagement radical dans l’Idéologie antisémite Totalitaire Nazie du IIIème Reich, sa grande lâcheté, mais aussi le fait de se conduire en « fonctionnaire » zélé, qui ont amené Rudolf Hoess à commettre cet indicible MAL ABSOLU.

Il s’est donc transformé dans les actes, en un monstre sanguinaire complètement insensible à une valeur pourtant essentielle : LE RESPECT POUR LA VIE HUMAINE.



On trouve également dans l’ouvrage de Gitta Sereny « Au fond des ténèbres : un bourreau parle, Franz Stangl, commandant de Treblinka », le profil d’un autre bourreau Nazi, celui donc de Franz Stangl, le Commandant de Treblinka, interviewé par l’auteur dans sa prison en 1971.



Confer également d’autres ouvrages aussi passionnants sur le même thème, de :

– Gitta Sereny « Au fond des ténèbres : un bourreau parle, Franz Stangl, commandant de Treblinka » ;

– Tzvetan Todorov Mémoire du mal, Tentation du bien : enquête sur le siècle ;

– Tzvetan Todorov Face à l’extrême ;

– Hannah Harendt Eichmann à Jérusalem ;

– Hannah Harendt Le système totalitaire : Les origines du totalitarisme ;

– Shlomo Venezia Sonderkommando : Dans l’enfer des chambres à gaz ;

– David Rousset L’Univers concentrationnaire ;

– Primo Levi Si c’est un homme ;

– Primo levi Les Naufragés et les Rescapés : Quarante ans après Auschwitz ;

– Michel Terestchenko Un si fragile vernis d’humanité : Banalité du mal, banalité du bien.
Lien : https://totalitarismes.wordp..
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Le commandant d'Auschwitz parle

La curiosité pousse à se pencher sur la biographie d'un personnage au centre du système concentrationnaire; et quel dispositif.

Et qu'apprend-t-on ?

Comme l'a décrit HARENDT, la triste banalité du mal. Un homme qui s'est évertué à faire du mieux possible son travail, aussi terrible soit-il. C'est ce qui dérange toutes les bonnes volontés. Comment expliquer untel comportement?

Pas de sadisme, une effroyable banalité, de l'enfance, du devoir, de l'obéissance sadique, du devoir. Rien n'évoque une quelconque perversité ou blessure profonde pouvant modeler l'esprit à des fins de folie meurtrière.

Adhérer au parti nazi ,Hoess fait preuve d'une foi inébranlable en la supériorité de la nation allemande, en revêtant l'uniforme de soldat qu'il quittera à regret pour entrer dans l'administration des camps de concentration.

Au sein des camps, il observe: prisonniers, geôliers. Il note: inefficacité, malveillance ,cruauté.

Au nom de cette soi disante barbarie, il va tenter d'en améliorer le système...au nom d une loyauté indéfectible, il va évacuer toute émotivité. Il ne fait qu'obéir...mais jusqu'où peut-on le faire et doit on le faire?

Le plus terrible de la banalité d'un homme qui a idolâtré un homme, une pensée, un uniforme, un pays et qui s'est évertué à en amélioré le dispositif.

Effrayant et l'on comprend pourquoi la majorité des gens pensent qu'un quelconque problème psychologique, psychiatrique, traumatisme est à l'origine de tout cela; tellement plus rassurant
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Le commandant d'Auschwitz parle

J'ai longtemps repoussé la lecture de ce livre écrit par Rudolf Hoess, commandant du camp de concentration d'Auschwitz (à ne pas confondre avec Rudolf Hess !), lors de son incarcération et dans l'attente de son jugement au procès de Nuremberg.



Si historiquement, le livre est intéressant et met "un gros rocher dans le jardin des négationnistes", il va sans dire que je me garderai bien de le noter tant il est insupportable à lire.



Rudolf Hoess parle de son "travail" avec une logique bureaucratique et un détachement glacial. Qui plus est il "ne faisait qu'obéir aux ordres", et se victime et se déresponsabilise sans jamais un instant remettre en cause la moralité de son rôle de chef d'orchestre de cette immense usine à tuer. Ses quelques doutes étaient vite balayés par une balade à cheval et la remémoration que l'ordre venait du Reichsführer-SS Himmler et que dès lors, il n'avait pas la perspective nécessaire pour s'autoriser à juger du bienfondé de son action.



Quelle répugnance j'ai eue tout au long de ces pages pour cet abject personnage, assez fidèle du reste à l'esprit que nous en dresse Robert Merle dans "La mort est mon métier". Il m'est bien difficile de trouver les mots pour dire mon malaise.



Hoess est à ce point monstrueux, qu'il a écrit ce livre à sa décharge (pensait-il).

"Que le grand public continue donc à me considérer comme une bête féroce, un sadique cruel, comme l'assassin de millions d'êtres humains : les masses ne sauraient se faire une autre idée de l'ancien commandant d'Auschwitz. Elles ne comprendront jamais que moi, aussi, j'avais un coeur..."

Ainsi achève-t-il son "ouvrage" alors même que la quantité de détails horrifiants qu'il donne sur les exterminations et les conditions épouvantables de détention le condamnent durement.



On ressort véritablement dérangé et ébranlé de cette lecture. Ce sentiment pesant, heureusement, par la préface et la postface de Geneviève Decrop, vient s'apaiser par une distanciation et une réflexion du phénomène si extra-ordinaire qu'a été la Shoah.

"C'est malgré lui que Hoess témoigne de son parcours et de celui de ses collègues vers l'inhumanité. Dans sa conscience à ce point rétrécie par ses efforts quotidiens pour faire de lui-même "un rouage inconscient de l'immense machine d'extermination du IIIe Reich", comme il se décrit lui-même au terme de sa confession, il ne reste plus à la fin aucune place pour quelque chose qui s'apparenterait à un doute véritable ou à un remords authentique. (...) Quant à la déshumanisation que durent subir les victimes, (...) il ne s'agissait pas seulement d'exploiter, ni même de tuer purement et simplement, il s'agissait de détruire méthodiquement, consciencieusement, tout ce qui fait un être humain dans ses dimensions psychologique, sociale, morale, intellectuelle, spirituelle."



"La banalité du mal", concept porté par Hannah Arendt, est évoquée dans la préface. Mais au terme de ma lecture, j'aurais personnellement employé le terme de banalisation du mal.



Banalité, certes, Hoess n'a pas particulièrement la gueule patibulaire. Il s'exprime assez aisément. On le sent posé, éduqué et sans doute courtois. Certes, il s'applique en bon petit "fonctionnaire" zélé à accomplir sa "tâche", à tenter de la coordonner avec le plus d'efficacité possible.

Tout cela, oui, pourrait nous évoquer notre voisin, l'homme lambda de la rue, sinon nous-même. Mais sa tâche précisément consistait à assister à tous les échelons de ce crime de masse, jusqu'à voir des femmes et des enfants agoniser et ceci sans sourciller. Or, la normalité consisterait en principe à s'élever par moralité, par empathie, contre de tels traitements à infliger, même indirectement.



Et s'il est quelque chose à retenir pour que le monstre en nous ne se réveille jamais, c'est de ne jamais se départir de son libre-arbitre et de sa capacité à interroger ce que l'on nous suggère ou nous assène, en particulier si cela nous séduit.



NB : Rudolf Hoess a été exécuté, à la suite de son jugement, par pendaison le 2 avril 1947.
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Le commandant d'Auschwitz parle

Témoignage du commandant d'Auschwitz rédigé dans sa prison avant son jugement puis son exécution. Très instructif mais à ne pas mettre entre toutes les mains car l'auteur cherche évidemment à se dédouanner et minimiser son rôle. Des petites phrases montrent que c'était un antisémiste convaincu et même s'il se présente comme celui qui exécute des ordres, il ne faut pas oublier qu'il a participé activement au massacre en repoussant toute humanité.

Un témoignage fondamental qui montre qu'il était avant tout un homme ce qui confirme que l'inhumanité procède, avant tout, de l'humain... c'est terrifiant!

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Le commandant d'Auschwitz parle

Comment "noter" un tel livre? Par contre le document est d'un indéniable intérêt historique, humain, psychologique.
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Le commandant d'Auschwitz parle

Je ne sais trop comment me positionner face a cette lecture,j'avais tres envie de le lire et je ne suis aucunement decue;mais je suis perdue car Hoess reconnait sa culpabilite mais s'estime victime de l'endoctrinement national-socialiste.Je considere cet ouvrage comme temoin mais non comme une jutification des actes reprehensibles des dignitaires nazis

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Le commandant d'Auschwitz parle

Comme le titre l'indique, il s'agit d'un mémoire rédigé par Rudolf Hoess après la guerre, pendant son dernier séjour en prison et avant sa pendaison à Auschwitz. SS spécialisé dans l'administration des camps de concentration (qui deviendront des camps d'extermination), il livre de nombreux éléments ou détails qu'ils soient techniques, organisationnels, sociologiques ou politiques. Pour ma part, cette lecture a fait suite au roman de Robert Merle inspiré de la vie et des confessions de R. Hoess. Et, effectivement, le mémoire de ce dernier offre un éclairage encore différent sur le personnage qu'il incarne. On y trouve — et c'est troublant — un homme qui ne semble pas fortement névrosé ou déviant et pas non plus fanatique ni religieux ni politique. On voit un homme effectivement antisémite et nationaliste, croyant à l'hégémonie allemande, et qui l'assume ; on voit aussi un militaire passionné doublé d'un patriote de la première heure ; en sus, il s'agit effectivement d'un homme qui a le souci sérieux d'accomplir ses missions et d'atteindre ses objectifs comme de proposer un commandement irréprochable. Autant d'aspects d'une personnalité qui ne sont pas des raretés et qui font habituellement un bon soldat. D'ailleurs, il semble que la ligne de défense de Hoess était de ne pas se distinguer de ceux qui étaient au front (ce qu'il a toujours voulu faire). Cette lecture m'a souvent mis mal à l’aise, car cet homme qui a accompli un travail monstrueux à l'extrême, n'est apparemment pas aussi anormal, inhumain ou bon à interner que ce à quoi on pourrait et voudrait s'attendre. La préface, la postface et les notes apportent d'autres détails et parfois des contrepoints intéressants. Entre autres, je citerais le fait qu'une grande partie du peuple allemand avait connaissance de l'extermination des juifs, mais qu'elle y était indifférente. Tout cela m'amène à adhérer à l'idée qu'une poignée de leaders du régime nazi a effectivement donné des ordres, proposé ou imposé une doctrine, mais que tout n'aurait pas été possible sans le peuple allemand qui a très largement adhéré à ce système, que ce soit comme Hoess en ne le remettant pas en cause et en acceptant de mener à bien des missions comme l'extermination, ou comme 1/3 au moins de la population en y étant indifférent. Une lecture parfois difficile, car éveillant de nombreux sentiments ou questions, mais instructive.
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Le commandant d'Auschwitz parle

En attendant son procès Rudolf Hoess a rédigé ses mémoires à la demande de ses avocats. C’est le témoignage d’un homme qui avait conscience de l’inéluctabilité de sa condamnation à mort et y était résigné. Un témoignage qui a certainement sa part de sincérité, dans le sens où, rétrospectivement, Hoess ne se considérait pas comme un bourreau mais comme un militaire qui était dans l’obligation d’étouffer ses sentiments pour faire son devoir. Toutefois, la sincérité n’est pas un gage de vérité et il cherche avant tout à se dédouaner (au niveau humain) des atrocités perpétrées à Auschwitz.

Il commence par relater son enfance pieuse, le destin religieux auquel l’avaient voué ses parents, sa perte de la foi, sa vocation militaire, sa détention à la prison de Brandenburg durant quatre ans, son passage chez les Artamans (sorte de communauté rurale nationaliste), son désir de devenir agriculteur et finalement son engagement nazi.

Toute sa carrière au sein du parti d’Hitler s’est déroulée dans l’encadrement des camps de concentration avec une ascension rapide de la hiérarchie. De 1934 à 1938 à Dachau, de 1938 à 1940 à Sachsenhausen, puis à partir de 1940 comme commandant d’Auschwitz ; il a été une importante cheville ouvrière du système concentrationnaire nazi.

D’abord conçus pour enfermer des prisonniers de droit commun et des opposants politique, les camps de concentration faisaient partie des mesures qui permirent à Himmler et à ses SS de faire régner la terreur. Hoess raconte comment Eicke (l’un des principaux instigateurs des camps) a inculqué la violence aux soldats en charge de la surveillance ; une brutalité dont ils ne se départiront jamais par la suite.

Des différents types de prisonniers, outre les opposants politiques et les prisonniers de droit commun, il évoque particulièrement les témoins de Jéhovah et leur absolu pacifisme, les homosexuels et les Tziganes. Tous ont subi des mauvais traitements, ont été les victimes d’assassinats arbitraires et du délabrement progressif des camps après l’entrée en guerre. Hoess, en tant que commandant, dit avoir été accaparé par la construction d’Auschwitz et l’agrandissement exponentiel qu’exigeait Himmler. En ce qui concerne les mauvais traitements, il les impute à ses subordonnés.

Cependant aucun de ces différents groupes de prisonniers n’a été désigné pour être exterminé radicalement, à la différence de « la solution finale de la question juive » (qui fait, dans ce livre, l’objet d’une annexe). Un plan secret que Rudolf Hoess atteste avoir mis en œuvre sur l’ordre d’Himmler ; les modalités étant discutées avec Eichmann. Mais Hitler avait ouvert en même temps un nouveau front à l’Est et la demande de main d’œuvre pour l’industrie de l’armement se faisait de plus en plus pressante, aussi Rudolf Hoess dit avoir reçu des ordres contradictoires pour maintenir en vie les Juifs en état de travailler.

Quoi qu’il en soit, il a écrit ses mémoires non pas pour se confesser mais pour se justifier. Il ne renie aucunement son engagement nazi, ne ressent aucune responsabilité personnelle mais accepte sa responsabilité uniquement parce que le règlement le dit : « Mais je n’ai jamais été cruel et je ne me suis jamais laissé entraîner à des sévices. Bien des choses se sont produites à Auschwitz – soi-disant en mon nom et sur mes ordres – dont je n’ai jamais rien su : je ne les aurais ni tolérées ni approuvées. Mais puisque c’était à Auschwitz j’en suis responsable. Le règlement du camp le dit expressément : Le commandant est entièrement responsable pour toute l’étendue de son camp. » Il se présente comme un exécutant d’ordre zélé et soumis, et d’autre part comme un commandant incompris par des subordonnés incapables et fanatisés par la violence. Quand il évoque le premier homme qu’il a tué en tant que soldat, la première exécution à laquelle il a assistée, les massacres dans les chambres à gaz, chaque fois il exprime son dégoût, sa pitié, son angoisse et il conclut en disant :

« Que le grand public continue donc à me considérer comme une bête féroce, un sadique cruel, comme l’assassin de millions d’êtres humains : les masses ne sauraient se faire une autre idée de l’ancien commandant d’Auschwitz. Elles ne comprendront jamais que, moi, aussi, j’avais un cœur… »
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Le commandant d'Auschwitz parle

un récit édifiante de par la quasi neutralité de l'auteur ; Rudolf Hoess, responsable de centaines de milliers de morts égrène ses actes et les justifie à peine, avec une inhumanité monstrueuse.

A lire pour comprendre les rouages que fut cette machine abominable de la "solution finale".
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Le commandant d'Auschwitz parle

Glaçant. Témoignage à faire lire aux négationnistes de tout genre.
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Le commandant d'Auschwitz parle

Il y a des autobiographies dont le seul nom de l’auteur suffit à susciter un sentiment perplexe mêlé à une grande curiosité tant il est attaché à l’une des périodes les plus sombres et les plus secrètes de notre Histoire : la période de la terreur nazie.

Cela est d’autant plus vrai pour le Commandant Hoess lequel, à l’aube de son exécution, révèle non seulement toutes ses pensées intimes, ses convictions, parfois ses regrets, mais également certains rouages de la machine SS pieusement cachés.

La force de ce portrait du Commandant du camp d’Auschwitz ne réside pas dans le travail d’écriture _ Hoess concède qu’il n’est « pas un écrivain » et qu’il n’a « pas manié la plume » _ mais dans le nouvel éclairage apporté de l’intérieur à l’administration nazie en charge des camps de concentration et d’extermination.



Et qu’apprend-t-on ?



On découvre premièrement l’homme : à défaut d’exposer un monstre sadique, il dessine le portrait d’un homme ordinaire à l’enfance banale bercée par le sens du devoir, le respect et la fidélité. Rien n’évoque une quelconque perversité ou blessure profonde pouvant modeler l’esprit à des fins de folie meurtrière.

C’est sans haine d’aucune sorte qu’il troque son chapelet de chrétien pour l’insigne du national-socialisme ; adhérer au parti nazi c’est comme entrer en religion : Hoess fait preuve d’une foi inébranlable en la supériorité de la nation allemande, quitte à s’abandonner soi-même. Cet amour de la patrie se concrétisera en revêtant l’uniforme de soldat qu’il quittera à regret pour entrer dans l’administration des camps de concentration.

Au sein des camps, il est en première ligne pour observer le comportement des prisonniers et des geôliers. Il livre une étude presque anthropologique de la vie au cœur des camps de concentration. Et il n’épargne personne, pas même ses subalternes à qui il reproche sans cesse leur inefficacité, leur malveillance et leur cruauté. Aussi inattendu que cela que puisse paraître, il n’est pas à mon sens un antisémite de conviction mais un antisémite de fait.

Tout au long du récit, il fait part de ses doutes, ses questionnements et sa répugnance vis-à-vis de la barbarie commise et de la conception d’ennemi de l’Etat, bien qu’il ait participé à cette entreprise d’extermination. Il revendique avant tout une loyauté indéfectible, un sens aigu du devoir alliés aux exigences sans cesse grandissantes de la hiérarchie et l’urgence de la guerre pour expliquer sa soumission à la logique d’extermination de tout ennemi de l’Etat.

C’est le portrait d’un homme cadenassé par sa foi en le national-socialisme qui est mis en lumière…un homme pour lequel la défense de l’Etat-nation exigeait de contenir ses émotions, de dissimuler doute et répugnance. Toute faiblesse était répréhensible et la désobéissance inconcevable pour le soldat chevillé au corps qu’il était.



Ces mémoires sont aussi l’occasion pour Hoess de révéler une part du fonctionnement de la machine nazie avec l’élaboration du processus d’extermination appelé « la solution finale », les conflits d’intérêts entre les différentes administrations du Reich, les effets de la guerre sur l’organisation des camps, le culte de la dissimulation des autorités, le dogme de la lutte contre l’ennemi de l’Etat, le processus progressif de déshumanisation des SS avec la banalisation du mal…on s’aperçoit en filigrane que la haine destructrice est le fruit d’un processus progressif, tantôt accéléré tantôt ralenti par le poids de évènements.



Avec ce témoignage allié aux travaux des historiens judicieusement incorporés par l’éditeur, on a une lecture un peu plus limpide et significative de l’idéologie nazie. C’est un récit capital en ce sens qu’il rappelle que l’inhumain procède forcément de l’humain.

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