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Critiques de Rudyard Kipling (485)
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Si

Voici l'un des plus beaux poèmes qu'il m'ait été donné d'apprécier. Une forme anaphorique devenue quasi légendaire et un succès qui ne se dément pas de génération en génération. Si, par chance, vous ne le connaissez pas encore, si vous en exprimiez le désir, je ne puis que vous conseiller de le découvrir et de le faire découvrir à la jeunesse à laquelle ce bel album se destine.



Si, par hasard, vous ne l'avez pas lu depuis longtemps, j'aime à vous rappeler qu'il est agréable de revenir s'y abreuver. Et si, comme moi, vous aimez tirer sur les bouts de racines qui sortent de terre et essayer d'en suivre le tortueux cheminement le plus profondément possible, alors vous avez probablement connaissance des origines de SI.



Mais si vous n'en avez jamais entendu parler, alors je me permets de vous orienter vers la source inépuisable d'inspiration de tout un pan de la littérature anglaise et anglophone (Brave New World, Sound And Fury, The Winter of Our Discontent, etc.), vers le phare luminescent d'où tous les rayons divergent, j'ai nommé, le bienheureux Shakespeare.



Et en plus, ici, on est dans la crème de la crème de Shakespeare car, si je ne m'abuse, c'est d'Hamlet que vient la source. Je vous recopie tel quel un morceau de la tirade de Polonius à son fils à la scène 3 de l'acte I :



« Grave dans ta mémoire ces préceptes.

Ne donne pas de langue à tes pensées,

Ni d'acte à des pensées hors de mesure.

Sois familier, ne sois jamais vulgaire ;

Éprouve les amis que tu te fais

Puis retiens-les par un grappin de fer,

Mais n'use pas ta paume à accueillir

Un quelconque blanc-bec, un spadassin.

Tiens-toi loin des querelles, mais, forcé,

Fais que ton adversaire te redoute.

Offre l'oreille à tous, à peu la voix,

Prends l'avis de chacun, mais garde tienne

Ton opinion ; que ton habit soit riche,

Dans la mesure où le permet ta bourse ;

Mais point d'excès de fantaisie : du riche,

Pas voyant ; l'habit, souvent, dit l'homme,

Et, en France, les nobles les plus hauts

Mettent leur point d'honneur dans la dépense.

Ne sois ni emprunteur ni créancier :

Qui prête perd — son prêt et ses amis —

Et qui emprunte émousse le tranchant

De son esprit d'épargne ; mais, surtout,

Toi-même, reste vrai avec toi-même,

D'où il suivra, mieux que la nuit le jour,

Que tu ne seras faux avec personne. »



Vous voyez, c'est confondant, n'est-ce pas ? On comprend donc qu'avec de tels géniteurs, un tel pedigree, le poème en question ne pouvait être que très bon. Mais de ceci encore, ce sera à vous d'en juger, car, comme dit un adage typiquement babeliesque : si tu es capable d'écouter tous les avis et de ne t'en remettre aveuglément à aucun, alors, tu seras un vrai lecteur, mon fils…
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Histoires comme ça

Les Histoires Comme Ça sont remarquables à plusieurs titres. Premièrement parce qu'il n'est pas si fréquent qu'un auteur " pour adultes " fasse l'effort, ou s'adonne à l'exercice d'écrire pour les enfants. C'est en fait bien plus " casse-gueule " et difficile qu'il y paraît car il convient de trouver le ton juste, la formule adaptée pour un lectorat jeune et donc les contraintes sont, quoi qu'on en dise et quoi qu'on en pense, plus grandes que pour la littérature adulte. (Cette apparente facilité est responsable de beaucoup de la production jeunesse de basse qualité qu'on a à déplorer de nos jours : prise en compte véritable des spécificités du lectorat cible.)



Deuxième point sur lequel on peut remarquer très positivement le travail de Rudyard Kipling, c'est qu'il a aussi entrepris un vrai travail d'oeuvre jeunesse, à savoir, réaliser des illustrations pour ses histoires. Si l'on remet en contexte fin XIXe, début XXe, et les contraintes d'impression d'alors, on s'aperçoit que c'est un travail particulièrement peaufiné auquel s'est livré l'auteur. Les illustrations fourmillant de détails marchent encore de nos jours, époque abreuvée de visuels et de couleurs en tous genres, ce qui n'est pas une petite performance.



Ensuite, on peut également louer les trouvailles de l'auteur, louer son sens de l'observation des intérêts spécifiques de l'enfance autour de 6 à 9 ans : l'apparition des choses, les fameux " pourquoi ? " propres à cet âge. Il y a notamment deux histoires centrées sur l'apparition de l'écriture, un sujet qui préoccupe forcément les apprenants lecteurs et scripteurs.



Mais bien entendu, l'essentiel tourne autour des animaux, autre sujet intarissable d'ébahissement et de questionnements pour les enfants. Rudyard Kipling a donc décidé d'inventer des histoires un peu loufoques mais crédibles aux yeux d'un enfant crédule pour expliquer telle ou telle propriété comme la trompe de l'éléphant, la bosse du dromadaire, l'apparition des tatous, la domestication des animaux, les taches du léopard, la peau plissée du rhinocéros, le phénomène des marées, le mode de locomotion des kangourou ou encore les fanons de la baleine.



Seule une des douze histoires est un peu différente et ne joue pas sur le registre des origines (contes étiologiques) mais est plutôt à catégoriser comme un conte de sagesse. Il s'agit de la dernière histoire du recueil, intitulée le Papillon Qui Tapait du Pied et qui traite plus de l'art de se comporter que de l'apparition de telle ou telle chose intrigante.



Je ne suis pas, à proprement parler, une fan de ce recueil, notamment eu égard au vocabulaire utilisé ou à certaines formules répétitives un peu lassantes, de même que la difficulté à lire les histoires seul pour les enfants de cet âge qui aiment à s'essayer eux-mêmes à la lecture. Mais si l'on considère l'époque à laquelle il a été écrit (à l'origine pour la propre fille de l'auteur), il force le respect car la littérature jeunesse n'en était qu'à ses balbutiements et, avec toutes les évolutions apportées depuis lors, il reste d'un niveau acceptable. C'est dire son niveau de qualité en son temps.



Il me reste peut-être à vous confier lesquelles sont mes préférées parmi ces douze histoires. Bien évidemment, je ne saurais que vous conseiller la plus fameuse du recueil, L'Enfant D'Éléphant mais, celle que je chéris encore davantage est probablement le Commencement Des Tatous que je trouve encore très efficace, même un siècle après son écriture. Toutefois, ce que j'exprime ici n'est qu'une critique comme ça, c'est-à-dire, pas grand-chose.
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Si

♫Si, maman, si

Si, maman, si♫

France Gall- 1977 -

---♪---♫----📏---📐---💪---📐---📏----♫---♪---



Moi Si j'étais un homme

Telle Diane quoi de plus naturel en somme !

En temps de guerre, faut pas Si fier

Faut s'initier, c'est apprendre à scier

Car c'est en Sinisciant que Léonard devint Si

Et que chez Vinci on lit sans scie !!?

C'est au pied du mur qu'on reconnait le Franc-Maçon

Poème dédié pour les 12 ans de son fiston

Un Si dit Si Pline: Voix juste qui amène à la vertu

Mais qui conduira au ça crie fils ou porté disparu

A 18 ans, bataille de Loos, porte de Lens

Permettez ces 3 minutes de Si Lens...

(Ci-joint extrait album IF de Bernard Lavilliers- 1988 -)

https://www.youtube.com/watch?v=WE92Sc8-mWw

Si, maman Si elle en avait

Papa...On l'aurait appelée

Si tu sais rencontrer triomphe après défaite,

Et que chacun puise dans leur art t'y fisses

Alors tu seras un homme mon fils

Alors Si, ici c'est un Si et encore mère SI.

A ma maman si, 85 ans ces jours-Si.

Et à Carmin, mon p'tit fils, 2 ans aujourd'hui 😘

Ah zut, j'ai validé avant minuit,

On est toujours samedi !!?



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Le livre de la jungle

Je lus ce livre naguère. Avec quelque enthousiasme, j’entamai ces sept nouvelles et...

... et l'enthousiasme décrut graduellement à mesure que j'avançais dans ma lecture.

Certes c’est bien écrit, certes ce ne fut pas désagréable car Rudyard Kipling est à ranger définitivement dans la catégorie des grands conteurs. Mais au final, il ne me reste pas grande ressouvenance, pas grande impression de profondeur, pas grande émotion de cet assemblage hétéroclite de nouvelles, ayant, me semble-t-il, pour dénominateur commun non pas la jungle en tant que forêt dense primaire (puisque l’une se situe dans le grand nord et parle de phoques) mais le règne animal, et ce que l’on nomme communément « la loi de la jungle », notion finalement beaucoup plus complexe qu'il y paraît et que Jack London a lui appelé "wild" dans son livre intitulé The Call Of The Wild, et lui aussi fort mal traduit sous sa forme connue en français de L'Appel De La Forêt. Le "wild" étant une notion beaucoup plus vaste sémantiquement que le terme "sauvage", tout comme le Jungle Book de Kipling veut dire infiniment plus que les traductions littérales des termes "jungle" et "book". Il y a aussi une sorte de référence aux tables de la loi, laquelle loi s'appliquant aux animaux sauvages, avec son code d'honneur propre, etc. Bref, titre difficile à traduire, mais je reste convaincue qu'une traduction sous forme "La Loi De La Jungle" serait plus proche de l'esprit du livre que celui sous lequel il est connu.

Aussi me permettrai-je, en catimini, dans mon coin, de questionner la pertinence du titre choisi pour la traduction française qui évoque surtout l’idée de forêt et guère le véritable fond de l’ouvrage.

Les trois premières nouvelles (Les Frères De Mowgli, La Chasse De Kaa et " Au Tigre, Au Tigre ! ") ont servi de trame de fond à l’adaptation, tout compte fait, très réussie de Disney dans son film éponyme.

Le Phoque Blanc nous emmène en Alaska et nous raconte le difficile travail de persuasion préalable à l’établissement d’une nursery de phoques à un nouvel endroit que celui traditionnellement fréquenté par le groupe.

Kipling glisse dans ses nouvelles, subrepticement, discrètement, des allusions qu’on qualifierait aujourd’hui « d’écologistes » quant à l’impact de l’homme sur les populations animales.

La nouvelle suivante au titre impossible "Rikki-tikki-tavi" évoque elle aussi un autre impact anthropique possible sur les populations animales, celui du prélèvement dans la nature d’animaux sauvages pour en faire des animaux de compagnie (ici une mangouste).

Dans les deux dernières nouvelles, Kipling puise abondamment dans ses souvenirs coloniaux, notamment en Inde.

Bref, un recueil peut-être pas si indispensable que cela, que je trouve loin du meilleur niveau de l’auteur, mais cette considération n’est que mon avis, c’est-à-dire, pas grand-chose.
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L'homme qui voulut être roi

L’Homme Qui Voulut Être Roi est un recueil de neuf nouvelles, qui ont toutes pour dénominateur commun l’Inde coloniale britannique qu’a bien connu l’auteur.



Comme pour son autre recueil célèbre, Le Livre De La Jungle, on peut éventuellement reprocher à Rudyard Kipling le manque d’homogénéité dans les nouvelles qui constituent ce recueil. D’aucuns diront qu’elles sont la marque de la diversité du talent de l’auteur. Je n’ai pas d’avis trop tranché sur la question. J’ai surtout conservé un bon souvenir de deux des neuf nouvelles, au premier rang desquelles, la première, la nouvelle titre.



C’est l’aventure de deux roublards britanniques qui, par calcul, jouèrent de la crédulité d’un peuple reculé d’Afghanistan afin de se faire passer pour des dieux et ainsi, devenir roi (pour l’un des deux), certes du modeste Kafiristan, mais c’est tout de même déjà ça. Tout alla très bien pour eux jusqu’au moment où un petit incident fit tout basculer. Je ne vous en dis pas davantage pour ne pas vous gâcher le plaisir de la découverte.



Sachez encore que l’adaptation cinématographique de John Houston en 1975 avec Sean Connery et Michael Caine est vraiment très réussie, pour ne pas dire — une fois n’est pas coutume — supérieure à la nouvelle dont elle est issue.



Ensuite, le recueil patine un peu dans la poix, des confessions d’un opiomane dans La Porte Des Cent Mille Peines, à une loi réformée par la déposition d’un enfant de six ans dans L’Amendement De Tods (il ne s'agit pas d'Emmanuel !) en passant par les angoisses contractées dans un village où l’on parque les rescapés du choléra dans L’Étrange Chevauchée De Morrowbie Jukes.



Puis, après ce patinage dans la semoule mais où l'on arrivait encore à ne pas trop somnoler, vient le moment où l’on s’ennuie ferme vers le milieu de l’ouvrage avec les nouvelles La Marque De La Bête » (une histoire de folie et de magie), Bisesa (qui représente, selon les mots de l’auteur, « la passion orientale et son caractère impulsif ») et Bertram Et Bimi (qui nous ressert à sa façon Le Double Assassinat De La Rue Morgue d’Edgar Poe).



Arrivée à un certain seuil de frustration, prête à laisser tomber ce bouquin, la nouvelle L’Homme Qui Fut (histoire assez poignante d’un officier qu’on croit mort depuis belle lurette et qui refait son apparition dans son régiment après des années, genre de Colonel Chabert à la Kipling) est tombée à point nommé pour me réveiller un peu et m'enjoindre à terminer le recueil.



Grand bien m'en a pris car celle qui m’a véritablement prise aux tripes, c’est la toute dernière, au moment où je ne l’espérais plus. Alors que je m’apprêtais à refermer l’ouvrage sur une impression plus que mitigée, Rudyard Kipling m’a décoché en pleine face cette flamboyante nouvelle (au titre impossible) : Les Tambours Du « Fore and Aft ». Elle traite du sort de deux très jeunes garçons, fraîches recrues en qualité de musiciens de troupe dans l'un des pires bataillon de l'armée coloniale, qui vont influencer de façon décisive le cours d’une bataille. Je ne vous en dis pas plus, mais c’est du costaud.



Donc, selon moi, des nouvelles très inégales et pas seulement par la longueur, certaines très quelconques, mais aussi de ces luminescences rares en littérature, dont nous sommes tous un peu à l’affût quand nous lisons. Voilà, à vous de vous faire votre propre opinion maintenant, je vous ai donné la mienne, c’est-à-dire, pas grand chose.
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Comment on fabriqua l'Alphabet

C'est toujours amusant de voir la façon dont Rudyard Kipling va s'y prendre dans les Histoires Comme Ça pour expliquer comment telle ou telle chose est apparue. Ici, contrairement à la majorité des autres nouvelles du recueil, l'explication n'est pas absolument farfelue.



Elle est même assez proche de la façon réelle dont s'est produite la création des alphabets. Évidemment, les exemples délirants pris par l'auteur et basés sur la langue anglaise n'ont absolument rien de réels, mais la mécanique d'identification d'un son à un mot puis sa symbolisation par étapes successives sont tout-à-fait pertinentes.



Ici, une petite fille et son papa, tous deux préhistoriques, s'essayent à un jeu en gravant des écorces de bouleau au moyen de dents de requin. Le but est d'essayer de reproduire tous les sons de leur langue primitive. Le A est alors une bouche de carpe, le L un harpon cassé ou le H des perches destinées à faire sécher des peaux de bêtes.



C'est assez distrayant. En revanche, il faut signaler qu'ici, la traduction est un véritable problème car, par exemple, le B provient d'une symbolisation d'un dessin de castor (beaver en anglais). De même, le Y est l'une des premières lettres à être créée alors qu'en français, le besoin ne s'en fait pas sentir absolument tout de suite, etc.



Bref, une petite histoire sympathique et sans prétention. Je me permets de signaler, pour ceux que la question intéresse, l'excellent livre de Nouchka Cauwet qui s'intitule : Écrire Le Monde, la naissance des alphabets, parfaitement adapté au public auquel s'adresse cette nouvelle (les 7-9 ans environ) et qui me semble très complet et parlant. En outre, retenez que ce n'est qu'un tout petit avis, qu'il ne faut peut-être pas suivre de A à Z, c'est-à-dire, très peu de chose.
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Les taches du léopard

Les Tâches Du Léopard est selon moi l’un des tout meilleurs contes étiologiques de Rudyard Kipling avec L’Enfant D’Éléphant et, probablement, l’un des tout meilleurs jamais imaginés. Avec sa façon de vieux roublard baroudeur des tropiques, Kipling sait trouver le ton à la fois loufoque, drôle et pourtant pas totalement dénué d’un certain lien avec la réalité qui fait que les enfants accrochent tout de suite.



Contrairement à ce que peut suggérer le titre, ce conte ne nous parle pas exclusivement que de léopard ; il y est aussi question d’homme, de koudou, de girafe ou de zèbre. C’est ce qui pour moi donne un grand surcroît d’intérêt à l’ouvrage car il aborde aussi bien les taches du léopard, les rayures du zèbre, les marques réticulées ou étoilées de la girafe que la couleur brun sombre de la peau de l’Éthiopien sous l’angle de l’adaptation au milieu, ce qui, d’un point de vue biologique, est rigoureusement vrai.



Bien évidemment, comme à chaque fois, l’auteur concocte une histoire tarabiscotée qui volontairement s’éloigne de toute forme de véracité, mais l’essentiel est néanmoins là : l’homme, comme tous les autres animaux, a dû s’adapter à son environnement pour survivre. Les enfants posent alors forcément des questions : « Est-ce bien vrai que les premiers Éthiopiens n’étaient pas noirs ? »



C’est alors l’occasion pour l’adulte de parler de toute la diversité humaine, de gommer cette image d’Épinal qui nous laisse supposer que toute l’Afrique sub-saharienne est entièrement et a toujours été de type bantou. Rien n’est plus faux car le teint clair des Bochimans ou des Khoïkhoï (dont la peau magnifique arbore parfois une belle couleur grise) en atteste. Il en va de même pour les Pygmées d’Afrique centrale dont le couleur de peau est assez significativement différente de celle des peuples originaires d’Afrique de l’Ouest qui vivent pourtant à proximité.



On peut de même introduire la grande diversité de pigmentation de la peau chez les peuples amérindiens dont on sait de façon absolue qu’ils sont tous issus d’un même foyer de peuplement provenant du nord-est asiatique et dont la peau était initialement assez claire. On pourrait de la sorte multiplier les exemples avec le sud-est asiatique, la Polynésie et la Mélanésie. Mais le meilleur exemple demeure sans doute celui de la comparaison entre les Papous, dont la couleur de peau rappelle étrangement celle des Pygmées, eux qui vivent dans un milieu très similaire, et ceci à mettre en relation avec les Aborigènes australiens, extraordinairement sombres et pourtant très proches génétiquement des Papous mais qui vivent dans un milieu incomparablement plus irradié par le soleil que ces derniers, un peu comme les Kényans ou les Éthiopiens. Tiens, tiens, nous y voilà avec notre Éthiopien…



En somme, l’homme est un animal comme un autre, qui s’adapte à son milieu, ni plus ni moins qu’un autre, tout comme le léopard, le zèbre ou la girafe. Une véritable leçon d’humanité à l’usage des petits d’homme, surtout à l’époque de son écriture, époque malencontreuse où l’on avait un peu trop tendance à considérer que la blancheur de la peau était l’évolution suprême de l’espèce humaine, fait qu’à la lumière de ce conte comme d’éléments plus scientifiques et plus récents, il convient d’interpréter non pas comme un plus, mais comme une perte d’adaptation acquise il y a des lustres par nos lointains ancêtres. Le jour de votre prochain coup de soleil, vous vous en souviendrez…



Bref, vous vous en sortirez à bon conte, car dans cette édition il est très bien rafraîchit et actualisé. De plus, ses illustrations font mouche sans faire moche. On aurait donc tort de s’en priver mais ce n’est là que l’avis d’une tache, c’est-à-dire pas grand-chose en terrain découvert.
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L'Origine des Tatous

"La reine Elisabeth, à 95 ans, va mieux! " (Leparisien.fr) On peut la voir au volant de sa Jaguar. Queen Elisabeth conduit une Jaguar, mais le prince Harry conduit une Megan ? :)

A son âge, c'est dangereux ! Mais, c'est dangereux parce que c'est une femme au volant! . de plus, elle roule à gauche...





Pas rouler, nager oui,

Courtaud Pataud, c'est lui !

Pas nager, rouler oui,

Piquant Pointu, c'est lui !

— Mon fils, quand tu trouves un Hérisson, pousse-le jusqu'à l'eau et plonge-le dedans ; alors il se déroule. Pour une Tortue, cela se retire en vidant la carapace d'un coup de patte, comme avec un cuiller. Disait une Maman Jaguar à son fils.

Et voilà donc un hérisson Piquant pointu et une tortue

Courtaude Pataude face au jeune Jaguar Moucheté, au bord du "turbide Amazone".





Mais qui est la tortue et qui est le hérisson?

Les 2 supposées proies rendent les explications si complexes sur leur identité, que petit jaguar se blesse la patte sur les piquants du hérisson!

-Plus de piqûres, j'en ai ma chose!





Et alors...

Mais, pourquoi on parle de Tatous, alors? Me demandait Audrey Tautou.





"T'as tout, t'as tout ce que je veux

Tatoue, tatoue ta beauté partout

T'as tout, c'est mon tattoo que tu veux

Tatoue tatoué pour me rendre fou

Tattoo". Eric Lapointe.

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Le Papillon qui tapait du Pied

Vous savez à peu près tous les conséquences que peuvent avoir un battement d'ailes de papillon à l'autre bout du monde ; mais savez-vous quelle répercussion peut avoir un coup de pied de papillon ? C'est pour tâcher de répondre à cette douloureuse et capitale interrogation que Rudyard Kipling nous embarque dans un conte presque digne des Mille Et Une Nuits.



Suleiman ben Daoud est un monarque ô combien sage, puissant et vénéré. Mon petit doigt me dit qu'il possède à la main gauche un anneau digne de faire surgir des bordées de Djinns et autres Ifrites bien décidés à accomplir la plus menues de ses volontés. (Les Ifrites sont assignés aux tâches sur les Djinns, voilà pourquoi il est conseillé de toujours mettre une serviette sur ses genoux — NdC.)



Mais Suleiman est sage et pas orgueilleux pour deux sous. Il a certes une légère tendance polygame et ce ne sont pas ses quelques neuf cent quatre-vingt-dix-neuf épouses qui diront le contraire. Toutefois, il en est une autre, Balkis, qui est la favorite de son coeur et qu'il ne considère pas à l'égal des sus-nommées.



Elle aussi est sage et magnanime, pas comme les 999 mégères à peine apprivoisées qui n'ont de cesse que de se crêper le chignon alors même que ce comportement indispose leur maître et souverain qui, dès lors, préfère s'isoler dans ses jardins luxuriants. Seule Balkis se détache de la meute et observe en secret l'amour de sa vie.



Il suffirait de presque rien, d'un cornet d'Ifrites ou d'une paire de Djinns, pour venir à bout des protestations sans fin et du comportement indigne de ces maîtresses de harem venues de tous les confins des mondes connus. Mais Suleiman a des scrupules ; il rechigne à faire montre de ses pouvoirs et à paraître orgueilleux.



Jusqu'au jour où, grâce à ses pouvoirs inhérents à l'anneau, il surprend et comprend la conversation d'un mâle papillon en discussion serrée avec sa belle. le papillon lui déclare en substance que s'il ne se retenait pas, en un coup de pied, il ferait voler en éclat le beau palais de Suleiman.



Le monarque s'en tient les côtes et pleure de rire mais il comprend, ô combien, le désarroi de ce brave papillon qui peine à juguler les exigences de sa partenaire. Suleiman décide donc de passer un petit marché avec le papillon histoire d'en mettre plein les antennes à la papillonne et qu'elle rabaisse un peu son caquet.



Au signal convenu, c'est-à-dire un coup de pied de papillon, le palais de Suleiman ben Daoud se volatilise dans les cieux et la papillonne en a les ocelles qui pendent… mais cette scène n'avait pas pour seuls témoins le roi et les deux papillons… Je vous laisse découvrir ce qu'il en adviendra…



Bref, du Rudyard Kipling pur jus, toujours aussi grand conteur. J'admire ce talent même si je goûte un peu moins le fond de ses histoires qui ne me fond pas toujours une très grande impression. Mais ce n'est que mon avis, un frêle coup de semelle de papillonne, autant dire, pas grand-chose.



N. B. : Il est à noter que ce conte, issu des Histoires Comme Ça, est l'un des seuls du recueil d'origine à ne pas être un conte étiologique.

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Le Crabe qui jouait avec la Mer

Allez, ne mentez pas ! Vous vous êtes toujours demandés pourquoi la mer avait cette étrange façon de monter et de descendre deux fois par jour. Eh bien, soyez comblés car Rudyard Kipling va répondre à toutes vos interrogations sur la question.



En fait, tout cela est dû à un crabe… bon, c'est un peu plus compliqué que cela, car il semble qu'un magicien ait également un certain rôle dans la manoeuvre ainsi qu'un pêcheur de lune ou quelque chose dans ce genre.



Je sais, à ce stade, vous vous dites que mon exposé n'est pas très clair. J'en conviens. Cela vient sans doute du fait que ce satané crabe, Pau-Amma, pour ne pas le nommer, possède un fichu caractère et qu'il ne veut pas faire ce que le magicien dit aux autres animaux de faire, du coup, on a un peu de mal à le suivre.



Il a tendance à marcher en crabe et à se réfugier au fond de la mer sitôt qu'on aimerait lui parler pour lui demander des éclaircissements, vous voyez le genre. En plus, c'est un crabe géant, gros au moins comme une soucoupe volante. Quand il se met debout, j'en pince pour lui, bien qu'il n'ait pas de pinces, pas encore, tout au moins…



Bon, j'admets que tout cela n'est pas beaucoup plus clair maintenant que j'y réfléchis. Et que vient faire ce pêcheur de lune avec sa ligne dérivante rongée par un rat ? Quel est l'accord tacite que va passer le magicien avec ce grand crabe de Pau-Amma ? Et la petite fille ? Mince ! J'ai complètement oublié de vous parler de la petite fille ! Aïe, aïe, aïe ! C'est un personnage important pourtant !



Comment ? Vous trouvez que ce n'est toujours pas plus clair cette histoire ? Je vous comprends. Eh bien, vous savez quoi, le mieux, c'est que vous la lisiez vous-mêmes, car c'est un bougre de joli petit conte étiologique comme je les aime, qui vous racontera comment les crabes sont devenus crabes au large de la Malaisie et comment les marrées sont devenues marées de par le monde. C'est du Rudyard Kipling en bonne forme, plein de l'inventivité et de l'exotisme qu'on lui connaît. Un bon cru en somme des Histoires Comme Ça. Mais Ça, ce n'est que mon avis qui marche en crabe, à pas chassés et pas chaussés, autant dire, pas grand-chose.
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Le Chat qui s'en va tout seul

Voici un conte étiologique issu des Histoires Comme Ça qui se propose de nous narrer l'origine du caractère si indépendant du chat comparativement à celui d'autres animaux domestiques.



Rudyard Kipling, avec son esprit imaginatif et facétieux habituel, tisse une histoire un peu alambiquée mais qui expliquerait pourquoi les chats s'invitent aux foyers des hommes, les ennemis éternels de tous les animaux, et en ressortent comme bon leur semble en ayant prélevé lait et chaleur.



La femme, en bonne ménagère tyrannique avant l'heure, fait de sa caverne un espace douillet où il fait bon vivre. Ce faisant, elle passe des pactes avec divers animaux sauvages : le chien, le cheval, la vache afin qu'ils acceptent sa domination à condition de recevoir leur dû de nourriture.



Mais le chat, soucieux de son indépendance, refuse de nouer un tel pacte avec la femme. Qu'en sera-t-il de l'homme ? du chien ? Comment obtiendra-t-il ce qu'il désire en donnant un minimum de contreparties ? C'est ce que je vous propose de découvrir par vous même si le cœur vous en dit.



En résumé, un album que je trouve assez sympa mais sans plus. Bien entendu, ceci n'est qu'un avis qui s'en va tout seul, c'est-à-dire, bien peu de chose.
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La première Lettre

Rudyard Kipling déploie une nouvelle fois son imagination débordante pour nous expliquer, ce coup-ci, comment les hommes ont eu l'idée d'écrire. C'est une histoire pour enfant vraiment faite pour eux car ils peuvent particulièrement s'identifier à la protagoniste principale, une petite fille du néolithique.



La petite fille accompagne son papa dans bon nombre de ses déplacements. Mais aujourd'hui, pas de chance, le papa vient de briser son harpon et la pêche risque de s'en trouver sérieusement altérée. Le père est donc tout occupé à rafistoler son harpon avec des nerfs de rennes et autres brimborions préhistoriques quand survient un homme d'une autre ethnie et doué d'un autre langage.



Aussitôt, la petite fille à l'idée de courir à lui pour lui demander d'aller quérir le bon harpon de rechange qui se trouve dans la grotte où est demeurée la mère. (On voit au passage la haute vraisemblance de ce récit, transposition pré-antique du style de vie dans l'Angleterre fin XIXème.)



La petite fille s'ombrage du fait que l'étranger ne pipe mot de ce qu'elle lui raconte. Lui, avec sa logique propre, suppose qu'elle est la fille d'un chef car celui-ci ne prend même pas la peine de le saluer et semble affairé à bricoler son harpon. En gage de bonnes intention, il fait présent à la petite fille d'un morceau d'écorce de bouleau blanc.



Celle-ci saute sur l'occasion et griffonne sur le morceau d'écorce des dessins supposés expliquer en termes clairs l'objet de la requête, à savoir le bon harpon, et destinée à la mère de la susdite enfant. À force de gestes, elle parvient à convaincre l'étranger de se rendre avec cette missive dessinée jusqu'au repaire de la tribu. Qu'adviendra-t-il une fois arrivé sur place ? je vous laisse le soin de le découvrir par vous-même.



Un gentil petit récit, dans la moyenne des Histoires Comme Ça et qui conviendra parfaitement à une petite fille tel que c'était le cas pour l'auteur, qui écrivait ces histoires à destination de sa fille chérie. Bien évidemment, ceci n'est que mon avis, une lettre à la mer, c'est-à-dire, pas grand-chose.
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Trois Troupiers

Plusieurs éditions et traductions existent de ce recueil de nouvelles de Kipling et mon commentaire concerne l’ouvrage publié en 1926 par Nelson, traduit de l’anglais par Théo Varlet, qui contient sept nouvelles de « soldiers three » et sept de « in black and white », publiées à la fin du XIX siècle, sous le règne de Victoria impératrice des Indes, à l’époque où l’Angleterre dominait le monde et où Rudyard Kipling était son héraut.



« Trois troupiers » met en scène les trois mousquetaires de sa gracieuse majesté, Mulvaney, Ortheris et Learoyd, en poste au fin fond des Indes, que le lecteur a déjà croisé dans le recueil « simples contes des collines ». Ces facéties sont de la même veine que celles du sapeur Camember, dessinées par Christophe, mais dans un décor exotique et une langue pimentée de mots hindi et sanscrit.



L'histoire du soldat Learoyd décrit une escroquerie concernant le chien de l’épouse d’un colonel qu’une anglaise désire à tout prix ; nos mousquetaires vont réussir cette mission en maquillant un autre fox-terrier.

La grande bordée de la classe glorifie Mulvaney, désormais marié et démobilisé, qui, devenu technicien ferroviaire, va mettre au pas des bidasses démobilisés.

Les autres nouvelles montrent nos soldats rêver aux femmes, inaccessibles par essence, et à l’alcool, le tout sous une chaleur étouffante.



« Dessins en noir » met en scène les autochtones, certaines nouvelles étant narrées par un anglais, d’autres par un indien, et décrivent des tragédies locales.

« Jumeaux » décrit les malheurs résultant d’une trop grande ressemblance avec un frère endetté et escroc.

« Au vingt deux » raconte une inondation dans un puits de mine et montre un aveugle sauver les mineurs engloutis … un drame où Kipling évoque Germinal.



Cette seconde moitié de contes, plus passionnante que la première, prolonge le recueil « les plus belles histoires » qui regroupe les meilleures nouvelles de Kipling et remémore l’empire britannique, ses fastes et ses contrastes.

Epoque révolue certes, mais l’art de vivre et la culture dans les vallées afghanes ou birmanes a-t-elle changée en cent cinquante ans ?
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Comment le Rhinocéros se fit la Peau

Encore un conte étiologique issu du recueil Histoires Comme Ça. Cette fois-ci, Rudyard Kipling s'ingénie à nous expliquer pourquoi diable les rhinocéros ont une peau plissée.



Une fois encore, c'est une histoire abracadabrante mais très efficace pour faire réagir les enfants de 4 à 6 ans. Dans les temps anciens, le rhinocéros était fort mal élevé, comme chacun sait. De sorte qu'il n'hésita pas à voler le gâteau qu'un Parsi se faisait cuire.



En outre, le Parsi se montre parfois quelque peu rancunier, si bien qu'à la première canicule, alors même que le rhinocéros a retiré sa peau pour aller barboter dans la Mer rouge, le Parsi s'en empare et disparaît avec elle.



À n'en pas douter, il va lui jouer un plaisant tour, mais ÇA, ce sera à vous de le découvrir si ÇA vous intéresse. Voilà, pas d'histoire, c'est comme ça et pas autrement.



Oui, bon, c'est gentillet mais ÇA ne casse pas cinq pattes à un rhinocéros. On peut même se permettre de l'oublier sans faire une très grosse injure à son auteur. Pas de peau ! Mais ce n'est que mon avis muni d'une corne en plein milieu, c'est-à-dire, pas grand-chose.
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Le livre de la jungle

La plupart d'entre nous avons dans notre mémoire, si ce n'est dans notre coeur, des lectures qui ont marqué notre enfance. Et, je viens de me faire la remarque que, sans sexisme aucun, selon que ce soit le père ou la mère qui a tenu le rôle de conteur, le choix des livres n'est pas tout à fait le même.



Féru de lecture, de musique classique et jazz, c'est donc mon père qui a tenu ce rôle auprès de l'enfant que j'étais. Et, si ce n'est qu'à Walt Disney que je dois de connaître Blanche-Neige, Cendrillon ou La Belle au Bois Dormant, c'est bien à mon père que je dois l'émerveillement, le frisson, des Contes des Mille et une Nuits, de La Petite Fille aux Allumettes, de Pierre et le Loup et du Livre de la Jungle.



Il y a des décennies que je n'avais rouvert ce livre. Son livre. Un bon vieux livre, édité en 1923, que mon père avait dû chiner dans les années cinquante sur les Quais des bords de Seine. Un livre relié, aux pages jaunies, à l'encre passée, et qui sent la poussière. Un livre que l'on ouvre avec déférence comme un vieux grimoire lesté de pouvoirs et de magie.



On a souvent tendance à surévaluer la sensibilité des enfants. Il me semble pourtant que cette "sensibilité" n'existe essentiellement que lorsqu'ils peuvent transférer l'imaginaire d'une histoire à leur propre univers, à ce qu'ils "connaissent"... tels un méchant loup ou une sorcière, personnages fictifs mais menace "réelle" pour leur vulnérabilité d'enfant face à l'adulte tout puissant.



C'est ainsi que, en relisant Le Livre de la Jungle, j'y ai trouvé une cruauté qui m'avait totalement échappée à l'époque. Là où je n'avais retenu que le courageux jeune Mowgli ou le volontaire et brave Kotick, j'ai lu et relevé l'impitoyable loi de la jungle, le massacre de milliers de phoques, l'asservissement des animaux par l'homme.

Force est de reconnaître que, comme nombre d'entre nous, ma sensibilité s'est non seulement décentrée mais, de plus, sérieusement accrue avec l'âge.



Par contre, tout comme dans mon enfance, je garde une petite préférence pour Rikki-Tikki-Tavi, la mangouste. A égalité aujourd'hui avec Akela, le loup banni par son clan car devenu trop vieux pour en être le chef. Hé oui, à chaque âge de la vie, ses "transferts", hein !



Merveilleux Livre de la Jungle ! Relu avec toute la charge affective qu'il revêt pour moi et rangé à nouveau, sans doute pour toujours, dans ma bibliothèque, avec toute la gratitude et l'émotion qui siéent à un bonheur d'enfance.

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L'Origine des Tatous

Sans nul doute, avec L'Enfant D'Éléphant, l'une des plus réussies des histoires qui composent le recueil Histoires Comme Ça dont elle est issue. Ici, toujours dans la même logique du conte étiologique, il s'agit de trouver une origine aux tatous et Rudyard Kipling n'est jamais en panne d'imagination dans ce domaine.



C'est probablement aussi l'une des histoires les plus comiques du recueil, très bien soutenue par les magnifiques dessins de l'illustrateur britannique John A. Rowe et qui mériterait sûrement d'être reprise et développée dans un long métrage d'animation pour la jeunesse.



On n'y rencontre que quatre personnages, mais avec un potentiel comique exceptionnel. Un jeune jaguar pas trop finaud qui applique à la lettre les conseils de sa mère, même quand la situation ne convient plus. Une tortue et un hérisson roublards qui, s'ils sont vulnérables par nature, compensent largement cet inconvénient par leur ruse et leur habileté langagière.



Quand on dit au jeune jaguar qu'un hérisson, ça se met en boule et ça ne sait pas nager, il applique à la lettre ces critères, si bien que si par hasard il rencontre quelqu'un d'autre qui se met en boule, il en déduit que c'est à coup sûr un hérisson, et si, par un autre hasard, il rencontre un hérisson qui sait nager, alors il ne le considère plus comme tel. Idem, bien évidemment pour les critères applicables à la tortue.



Bref, un très bon moment, du Kipling en très grande forme (ce qui n'est pas toujours le cas) et un beau livre de qualité, donc, pourquoi s'en priver. Mais bien sûr, comme d'habitude, si tatou compris, ce n'est qu'un avis, c'est-à-dire, très peu de chose.



P. S. : Je constate, sans trop me l'expliquer, qu'à chaque fois qu'un livre pour enfant fait intervenir un jaguar ou son proche parent le puma, celui-ci est présenté comme un peu balourd et se retrouve souvent le dindon de la farce comme dans Kotia et le Seigneur Jaguar (http://www.babelio.com/livres/Kerillis-Kotia-et-le-seigneur-Jaguar/505558/critiques/420691) ou encore Pourquoi les Singes vivent-ils dans les Arbres ? (http://www.babelio.com/livres/Ivanovitch-Lair-Pourquoi-les-singes-vivent-ils-dans-les-arbres-/318096/critiques/322834) ou même la série animée Les Légendes de Tatonka où le puma a toujours le mauvais rôle. Si quelqu'un connaît l'explication, je suis preneuse.
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Simples contes des collines

Dix-huit short stories, pour apprécier Kipling et son immense talent de conteur.

Dans ces histoires, c'est l'Inde coloniale des contreforts de l'Himmalaya qui prend vie: Celle de la domination anglaise à la fin du 19e siècle.

Fonctionnaires et soldats britanniques forment cette société coloniale où dominent l'ennui et le désœuvrement... Y naissent et s'y forment quelques complots, drames et quiproquos dans lesquels certains protagonistes perdent la vie ou gagnent en expériences et sagesse.

Qu'on ne s'y méprenne pas: ces Simples contes des collines ressortent d'anecdotes sur une micro-société anglaise d'une époque déjà lointaine et révolue. C'est ce qui fait leur parfum délicieusement suranné.
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Le livre de la jungle

À travers ces petites histoires d'animaux, Rudyard Kipling nous raconte les hommes. La loi de la jungle c'est aussi bien souvent la loi des hommes, la loi des colonisateurs, la loi des chasseurs d'animaux.



S'il avait vraiment laissé parler les animaux, l'histoire aurait été différente. Nul doute que l'éléphant préfèrerait être libre et que le cheval, le bœuf et le mulet n'auraient nulle envie d'obéir à leur conducteur qui les mène droit vers la boucherie qu'est la guerre.



C'est vrai qu'un animal dompté n'est plus que l'ombre de lui-même.



Un roman d'aventures qui nous parle aussi de courage, de valeurs et de solidarité.
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Histoires comme ça

De jolis contes à raconter aux enfants et aux adultes.

Une sensation des contes des mille et une nuits.

Une jolie petite découverte. C'est poétique, inventif, imaginatif et imagé...
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Kim

A travers ce grand roman d'aventures, Rudyard Kipling nous dévoile l'Inde britannique tout entière. Couleurs, odeurs, rumeurs... tous nos sens sont en éveil ; paysages, personnages et usages... tous nos repères sont brouillés ; rien n'est dissimulé, des multiples croyances et traditions indiennes, à ceux qui emboîtent le pas à Kim, ce "faux indigène", orphelin, fils de colons irlandais, poussé comme une mauvaise herbe dans les rues sales et encombrées de Lahore et qui voit son existence complètement bouleversée à l'aube de son adolescence.



"Je suis Kim. Je suis Kim. Et qu'est-ce que Kim ?"

Kim est avant tout un sahib, c'est à dire un fils de Blanc, et de ce fait, même si son père est mort, pour la communauté anglaise (et maçonnique) des Indes, il ne peut vivre à sa façon, comme un de la plus basse caste, sans loi ni foi, sans instruction. Il doit impérativement entrer dans une école et apprendre un métier qui lui permette de rendre service à l'Etat en temps voulu, histoire de lui renvoyer l'ascenseur... Kim, lui, n'aime rien tant que sa liberté et "tracer la route" en vagabond. Méconnaissable sous ses loques de mendiant, il part à la recherche d'une rivière sacrée en compagnie d'un vieux lama tibétain (le moine, pas l'animal, hein !) et devient son chela (serviteur-disciple). Une amitié hors norme se lie jour après jour, épreuve après épreuve, entre l'adolescent et le vieillard... Là seulement commence l'aventure.



La complexité de ce roman vient de ce qu'il ne se contente pas de narrer le parcours initiatique d'un enfant puis d'un jeune homme dans un pays colonisé, en tous points différent de la lointaine Angleterre. Au-delà du romanesque, c'est une approche ésotérique et ethnologique qui tend à mettre en avant le rôle fondamental joué par la loge maçonnique dans la construction et la structuration des Indes britanniques. Le "Grand Jeu" - auquel Kim en tant que fils de franc-maçon est destiné à prendre part dès son éducation prise en main - teinte tout le récit des couleurs de l'action, de l'espionnage et de l'aventure. Pour Kipling qui connaît son sujet et son pays sur le bout des doigts, la narration est donc intuitive, elle coule de source ; pour l'humble lectrice du XXIème siècle que je suis, elle s'avère bien plus ardue.



Je ne dirai pas ne pas avoir apprécié ce roman mais je ne prétendrai pas non plus qu'il m'a emportée. J'ai aimé le dépaysement qu'il m'a offert et les connaissances variées sur l'Inde qu'il a mises à ma portée, cependant son style très particulier et son rythme assez saccadé ont quelque peu malmené mon intérêt qui parfois est allé croissant et à d'autres (longs) moments a décliné vertigineusement.



Heureusement, la dernière partie de l'oeuvre qui se passe quasiment exclusivement dans les hautes montagnes de la chaîne Himalaya m'a ravie et j'ai vraiment senti que cette apogée s'était laissée mériter et conquérir, comme lorsqu'on souffre dans l'ascension d'un sommet.



Une lecture marquante donc, mais moins accessible qu'il y paraît.





Challenge NOBEL 2013 - 2014
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