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Citation de enkidu_


Le point de départ de la science moderne a été le rejet de l’ancienne vision organique de l’univers. La métaphore de la machine devint centrale dans la pensée scientifique, avec des conséquences considérables. En un sens, elle était libératrice : de nouvelles façons de penser pouvaient émerger, encourageant l’invention des machines et l’évolution des technologies. Dans ce premier chapitre, je retrace l’histoire de cette idée et montre ce qu’il arrive quand on la remet en question.

Avant le XVIIe siècle, il était évident pour tout le monde ou presque que l’univers était un organisme vivant, tout comme la Terre. Dans l’Europe antique, au Moyen Âge ou à la Renaissance, la nature était vivante. Léonard de Vinci (1452-1519), par exemple, l’énonce explicitement : « Nous pouvons dire que la Terre possède une âme végétative, que le sol constitue sa chair, la roche ses os… et le va-et-vient des océans, sa respiration et son pouls. » William Gilbert (1540-1603), un pionnier de l’étude du magnétisme, se montrait tout aussi explicite : « Nous considérons que l’univers tout entier est animé, et que tous les astres, les étoiles ainsi que la noble Terre ont été gouvernés depuis le début par leurs propres âmes, dans un désir d’autoconservation. »

Même Nicolas Copernic, dont la théorie révolutionnaire du mouvement des astres, publiée en 1543, mettait le Soleil plutôt que la Terre au centre de notre système, n’était pas mécaniste pour autant. Ses raisons étaient mystiques autant que scientifiques. Il pensait que reconnaître sa position centrale magnifierait le Soleil : « C’est à bon escient que certains l’appellent la lumière du monde, d’autres son âme et d’autres encore le gouverneur. Hermès Trismégiste le nomme le Dieu visible, l’Electre de Sophocle l’appelle l’œil-qui-voit-tout. Et de fait le Soleil, de son trône royal, guide sa famille de planètes dans leur mouvement autour de lui. »

La révolution copernicienne en cosmologie a été un puissant stimulus pour le développement ultérieur de la physique. Mais le passage à la théorie mécaniste de la nature qui a commencé après 1600 fut bien plus radical. (pp. 39-40)
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