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Citation de art-bsurde


La porte du wagon était ouverte. On avait de l'air. Et surtout, on quittait Birkenau. J'étais toute heureuse de soulagement.
Pourtant tout avait changé. Au sortir du camp d'extermination, je regardais le paysage normal comme s'il était devenu irréel. A l'aller, je ne l'avais pas vu, mais maintenant, ce pays dont les Silésiens chantent encore les louanges aujourd'hui s'étendait paisiblement sous mes yeux, avec une beauté de carte postale, comme si le temps avait été suspendu, et que je ne sortisse pas directement d'Auschwitz. Des cyclistes sur de tranquilles chemins de terre, entre des champs inondés de soleil. Le monde n'avait pas changé, Auschwitz n'était pas sur une autre planète, il faisait partie de la vie qui s'étendait devant nous et avait continué comme par le passé. Je méditais l'illogisme qui faisait qu'une telle insouciance pût coexister avec notre convoi, sur un même espace. Notre train venait quand même des camps, relevait de la spécificité particulière de l'existence des camps, et sous nos yeux s'étendait la Pologne, ou l'Allemagne, la Haute-Silésie, peu importe le nom, en tout cas une patrie pour les hommes devant lesquels nous passions, un lieu, où ils se sentaient bien. Ce que je venais de vivre ne les avaient même pas touchés. Je découvrais le mystère de la simultanéité comme une réalité insondable, qu'on ne pouvait pas tout à fait se représenter, apparentée à l'infini, à l'éternité.
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