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Critiques de Ruwen Ogien (65)
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Philosopher ou faire l'amour

Pssst…venez par ici. Oui, vous ! Petit(e) babeliote… vous avez deux minutes pour parler d'amour ?



Mais d'abord, savez-vous si vous êtes éthiquement minimaliste ou maximaliste ?



Un papier un stylo, on va faire le test ensemble.



1. Y a-t-il des crimes sans victimes ? ou « Sinead O'Connor au Saturday Night Live »

Souvenez-vous, dans les années 90 la chanteuse irlandaise Sinead O'Connor est invitée dans la célèbre émission de la chaine NBC, le Saturday Night Live. A la fin de sa chanson, O'Connor sort une photo du pape Jean Paul II, l'incendie en direct en prononçant ces mots « fight the real enemy » (combattez le vrai ennemi), embrasant par là même l'Amérique entière et mettant un terme à sa carrière (commerciale du moins).

Le blasphème, puisque c'est de cela dont il est question, est-il un crime ?

Oui / Non



2.Peut-on être immoral vis-à-vis de soi-même ? ou « Oblomov est-il moral ? »

Souvenez-vous d'Oblomov d'Ivan Gontcharov, ce personnage aboulique qui gâche ses talents dans une inertie onirique sans fonds. La paresse d'Oblomov qui gâche ses talents, de même que le suicide d'Emma Bovary constituent t ils des actes immoraux ?

Oui / Non



3.Un “mauvais” samaritain manque-t-il forcément d'éthique ?

Imaginez vous témoin d'un accident de voiture d'une gravité exceptionnelle, les secours n'y pourront rien, il faut immédiatement intervenir, la personne est en sang. Vous voyez un automobiliste passer devant la victime sans s'arrêter. Scandale ! Vous le prenez à parti, il vous réplique qu'il ne sait pas si les victimes ensanglantées ne sont pas contaminées par le VIH et que le risque pour lui d'intervenir est peut-être trop important. Alors le mauvais samaritain est-il immoral ?

Oui / Non



4.L'Etat peut-il nous dire ce qui est bon pour nous ? (paternalisme) ou « Ni Dieux, Ni Maîtres »

Imaginez un monde où gâcher ses talents, consommer trop gras ou trop sucré ou pratiquer la sodomie serait sanctionné par la loi. le rôle de l'Etat doit-il s'étendre à la sphère privée ou est-ce infantilisant ?

Oui / Non



Résultats :



Il existe trois propositions éthiques : l'éthique des vertus (inspirée d'Aristote), l'éthique des devoirs (mise en forme par Kant) et l'éthique des conséquences (matrice de l'utilitarisme), pour connaître votre résultat :



* Vous avez une majorité de Oui : « Et le Kant dira-on ? » : vous êtes maximaliste. A l'image de d'Aristote et de Kant vous pensez que gâcher ses talents, se masturber ou mentir même pour sauver des vies est immoral. En effet pour ce dernier il faut que la maxime de nos actions puisse être érigée en principe universel, rien que ça, or se masturber, par exemple, va à l'encontre de la conservation de l'espèce. Vous pensez aussi qu'il y a des victimes par ricochets à l'infini et même crimes sans victimes comme le blasphème, l'injure à la patrie etc.



* Vous avez une majorité de Non : « En plein dans le Mill » : vous êtes minimaliste. A l'image de John Stuart Mill vous pensez que tant que l'on ne nuit pas à autrui notre conduite ne peut faire l'objet de jugement de valeur moraux dans nos relations privées ou d'interventions étatiques et en bon utilitariste vous pensez que la fin (si elle ajoute au bien commun) justifie les moyens. Pour vous trois principes suffisent à l'éthique : l'égale considération (qui justifie tout de même le secours à personne en danger), la non-nuisance et l'indifférence au bien personnel, c'est-à-dire que les devoirs envers soi même sont moralement neutres !



***



Vous voilà désormais prêts à entrer dans l'univers d'Ogien, car quelque soit l'objet d'étude, c'est à partir de ses principes de philosophie éthique que l'auteur nous livre sa pensée.



On réfléchit peu sur l'amour et la sexualité, en tout cas pas assez, on pense à l'entreprise du philosophe Michel Foucault, ou celle plus esthétique du sémiologue Roland Barthes. Dans “Philosopher ou faire l'amour” on retrouve l'espièglerie ludique de Ruwen Ogien, disparu en 2017, son exigence aussi, notamment dans la place qu'il accorde à la méthode en philosophie pour penser, classer, analyser les concepts et ou comparer les grilles de lecture et il allie exigence et pédagogie pour son lecteur.



Il accompagne sans cesse le sujet de la méthode, définissant les “intuitions morales” par exemple, expliquant comment il va s'attaquer aux idées reçues, aux clichés sur l'amour. Par exemple le présupposé de “l'irrenplacabilité de l'être aimé” ce fameux, parce que c'était lui parce que c'était moi de Montaigne. Ruwen Ogien rapporte cette anecdote : un anthropologue raconte à une tribu de Rhodésie (Afrique australe) les péripéties nombreuses qu'endure et accompli, par amour, un chevalier pour sa dulcinée, au sortir les membres de la tribu circonspects l'interroge “Pourquoi a t-il fait tout ça ? il ne pouvait pas prendre une autre fille à la place ?”



“Je m'intéresse avant tout aux problèmes logiques et moraux que posent les idées de bases de l'amour”.



La morale est loin d'être un simple domaine d'onanisme intellectuel (puisqu'on est dans le thème…) car la règle morale se retrouve traduite dans la règle juridique et l'évolution des moeurs c'est l'évolution du droit, on voit bien que le degré de répression ou de tolérance d'une société dépend aussi de conceptions morales qui sont “l'esprit des lois”.



“Il est moral d'aimer, quel que soit l'aimé, et même si l'aimé n'est pas aimable (…) car l'amour s'il est sincère et passionné a une valeur catégorique et justifie à lui seul toutes les aberrations de l'amant.” Vladimir Jankélévitch. bah oui mais non… il n'est pas toujours vrai de faire coïncider le bien et l'amour, ce n'est qu'une des idées à laquelle s'attaque le philosophe. Ce dernier ne délivrera pas de définition de l'amour mais, éternel empêcheur de tourner en rond, il viendra éroder un certain nombre d'idées de bases sur l'amour (l'amour plus important que tout, peut-on aimer sans raison, l'amour dans la durée etc) et brocarder gentiment les conceptions philosophiques établies de l'amour.



Dans son entreprise de démolition de la morale “maximaliste” Ogien s'attache à questionner les formes d'amour valorisées, “validées” versus celles qui sont jugées immorales ou indignes d'être considérées comme des formes d'amour vers lesquelles il faut tendre quand bien même elles sont pratiquées entre adultes consentants et ne causent de torts à personne. Au contraire, l'amour est une sorte de circonstance atténuante lorsqu'on nuit à autrui, longtemps on a parlé de “crime passionnel”, comme pour atténuer ce qu'habituellement la morale condamne.



“Est-ce que le sexe est sale ? Oui, mais seulement quand il est bien fait” Woody Allen. Mais Ogien ne démolit pas pour le plaisir de détruire. Ni même pour substituer sa définition, sa production conceptuelle à celles qui la précède. Tout au contraire, il s'y refuse, mais dans ce flottement apparent, le philosophe peut amener toutes les autres formes d'amour, éthiquement suspectes, sur lesquelles il a travaillé l'essentiel de sa carrière et c'est finalement une invite à élargir à tous ces “damnés de l'amour” la conception initialement étriquée de “l'amour” pour la dépasser, sans la noyer : Alors bienvenue aux abstinents, aux “no sex”, aux célibats choisis, à ceux qui aiment les hommes, les femmes, les hommes et les femmes cis ou transgenres, à ceux qui envisagent l'amour ou la sexualité sous le prisme contractuel comme les sadomasochistes, les polyamoureux ou les prostitués, sur un fond de “Love For Sale” un peu jazz de Cole Porter :



“Let the poets pipe of love,

in their child'sh way

I know every type of love

(laissons les poètes chanter l'amour à leur façon puérile, moi je connais toutes les formes d'amour)”



Pour se faire, les philosophes bien sûr, mais plus surprenant les chansons populaires du rock anglais à la variété française sont appelées en renfort, ce qui me rappelle également le constat de Roland Barthes dans “Fragments d'un discours amoureux” qui considérait que la philosophie et les sciences humaines, contrairement à la variété populaire, n'offraient que peu de textes sur l'amour.



“il n'existe, à mon avis, aucune bonne raison philosophique de dévaloriser complètement l'amour physique et de survaloriser l'amour romantique.”



Est-ce qu'Ogien épuise le sujet de l'amour ? Evidemment que non, soyez rassurés, il garde son mystère, ses servitudes et sa joie ! On lit toujours Ogien avec le sourire car c'est un peu le “c'est pas sorcier” de la philo, très vite les théories, définitions et citations cèdent le pas à l'expérience, les questionnaires sociologico-philosophiques sont autant d'occasions de se poser les bonnes questions, y compris les plus taboues. Après la théorie il reste toujours une place pour les travaux pratiques, alors bonne Saint-Valentin !
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Mes mille et une nuits

Témoignage émouvant de ce parcours éprouvant et du combat qu’a mené Ruwen Ogien sur quelques années vécues au rythme des analyses et des traitements agressifs contre son cancer du pancréas.

C’est l ‘occasion de réflexions à la fois intimes, personnelles et professionnelles, philosophiques, sur la condition de malade dans notre monde occidental. Ce mélange des genres donne un ton presque confidentiel, éloigné d’un traité érudit sur le sujet. Il n’y a pas la rigueur et la méthode analytique cadrée des thèses , et cela renforce le sentiment de connivence avec le lecteur.



Dès l’entrée en matière, les questions affluent. Et l’un d’elle, fondamentale, et pourtant sans réponse : qu’est ce que ça veut dire « être malade »?



« Qu’est-ce que signifient ces mots « malade », « maladie »? Est-ce qu’on est malade quand on est alcoolique ou sourd-muet? Est-on « malade » quand on souffre d’une entorse à la cheville ou d’une piqûre d’abeille?

Et quand on est obèse ou chauve ou trisomique? »



A ces questions sans réponse, succède une diatribe contre le dolorisme. Ce qui ne nous tuerait pas nous rendrait plus fort. Les « avantages » liés à la souffrance, les bénéfices que peut occasionner la maladie : foutaises, nous dit le philosophe. Et pourtant la formule nietzschéenne fait florès : on la trouve aussi bien au début de Conan le Barbare et à la fin des Bronzés 3,



« ce qui n’est pas un label de qualité, mais une manifestation impressionnante de son pouvoir de pénétration dans tous ls esprits, même les moins versés dans la philosophie ».



Pour l’auteur,



« la souffrance physique est un fait brut qui n’a aucun sens, qu’on peut expliquer par des causes, mais qu’on ne peut justifier par des raisons.



Ruwen Ogien traite aussi de la relation patient-soignant, de son enfer pavé de bonnes intentions. Du statut particulier que confère la maladie, qui devient un filtre inéluctable à toute relation sociale, et qui génère des codes de communication particuliers, et des théories comportementales qui ne donnent pas beaucoup de marge dans le cheminement d’une maladie chronique.

C’est d’autant plus compliqué que le statut de malade est en train de devenir une condition sociale, en particulier avec ces maladies de civilisation que sont le diabète ou l’hypertension, dont on ne guérira pas mais qui vont modifier le regard de la société sur la personne concernée.



La dernière partie est un journal, qui témoigne du caractère non linéaire du cheminement de ces mille et une nuits, au rythme des nouvelles plus ou moins rassurantes des résultats d’examen .



Un beau testament


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L'influence de l'odeur des croissants chaud..

Un peu de philo, ça peut pas faire de mal! Surtout quand l’essai est destiné aux non-spécialistes et donc clair. Pas simpliste non plus : les raisonnements impliquant une logique minimale sont à parcourir avec attention. Cela dit, les mêmes notions sont reprises de chapitre en chapitre quand le propos l’impose ce qui permet de s’approprier les notions de base et de suivre sans trop de difficulté.

Le thème abordé est la morale (ou l’éthique, que l’auteur dit ne pas différencier). quels en sont les origines, innées ou acquises, quels mécanismes sont en jeu dans les comportements induits par des situations pratiques?

Le raisonnement est fondé sur des expériences imaginaires ou réellement tentées : imaginez que vous vous réveilliez dans votre lit avec un violoniste branché par des tuyaux dans votre dos et ce pour neuf mois…Neuf mois? La durée n’est pas anodine : voilà de quoi cogiter au sujet de l’avortement. Quant à l’hypothèse d’un tramway fou, vous pouvez sauver cinq personnes de la mort si vous le déviez vers une voie où se trouve un seul homme. que faites-vous? Bien entendu, si votre réaction première est de pointer le caractère illogique des situations évoquées, il faut vite l’oublier, c’est une façon d’esquiver le problème sans y réfléchir.



Globalement , on n’obtiendra pas de réponse : le propos est plutôt de démontrer qu’aucune doctrine n’est irréfutable et que de nombreux facteurs sont en jeu pour expliquer ou pas nos comportements. L’expérience qui donne son titre à l’ouvrage est édifiante : la générosité induite par un odeur de croissants chauds!





Les avancées dans ce domaine complexe viendront, à mon humble avis de la confrontation des spécialités qui peu à peu, ouvrent leur frontière et s’unissent pour élargir la connaissance de l’humain : neurophysiologistes, sociologues, psychologues….
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L'influence de l'odeur des croissants chaud..

C’est vrai ça… Une odeur de croissants chauds (ou de poulet grillé, ou de barbe à papa, ou de soupe à l’oignon…) qui vient flatter la narine se propage immédiatement au cerveau et éveille chez le renifleur ravi des sentiments altruistes moins prompts à se manifester dans d’autres conditions (se baladant au milieu d’une déchetterie, ou ramassant la crotte du chat dans la litière –si on tient à rester dans le domaine olfactif). C’est à travers le résultat de cette expérience étonnante –mais véridique- que Ruwen Ogien donne son titre à un livre qui aurait également pu s’intituler « Traité de Philosophie Morale Expérimentale ». Titre moins réjouissant que celui pour lequel a finalement opté l’auteur : L’influence de l’odeur des croissants chauds sur la bonté humaine - ce qui démontre bien, une nouvelle fois, qu’il suffit de peu de choses pour provoquer l’enthousiasme ou le rejet chez l’être humain.



Toutefois, le titre n’est pas trompeur et malgré des apparences débonnaires suspectes, il propose en effet un contenu qui se laisse engloutir sans résistance. Le livre ne cache pas son intention de présenter la philosophie morale expérimentale à des amateurs ; ainsi, Ruwen Ogien prend des pincettes pour évoquer des notions qui sembleraient a priori opaques, et ne cesse de les illustrer par une abondance d’exemples souvent drôles et étonnants.



De cette façon, on avance pas à pas… La partie théorique n’est pas abordée de front, mais approchée par le biais d’illustrations éloquentes qui prennent la forme d’expériences de pensée : une série de volontaires a été soumise à différents cas de figure entre lesquels elle a dû trancher et donner son avis, mettant en jeu ses « intuitions morales ». Instinctivement, quel comportement semble le plus moral à la majorité des gens ? Les intuitions morales partagées par la majorité vont-elles plus dans le sens des conceptions déontologistes ou conséquentialistes de l’éthique ? A moins d’être un fin connaisseur de Jeremy Bentham ou d’Emmanuel Kant, difficile de comprendre où veut en venir Ruwen Ogien… Mais ce dernier est prévenant. N’a-t-il jamais oublié l’ignorance de ses débuts ou arrive-t-il à se glisser dans la peau de ses lecteurs les plus incultes ? en tout cas il n’oublie pas de revenir sur toutes les notions qui pourraient poser problème et de les résumer de manière synthétique. De quoi nous permettre d’apprécier à leur juste valeur les multiples expériences de pensée proposées dans ce livre… « Est-il acceptable de tuer un piéton imprudent pour éviter de laisser mourir cinq personnes gravement blessées qu’on transporte à l’hôpital en urgence ? » Dilemme auquel on préférerait ne jamais être confronté au cours de son existence… Mais puisqu’on nous demande de trancher, nous tranchons. Se pose alors la question de savoir pourquoi nous privilégions telle solution plutôt que telle autre… Quels sont les ressorts et mécanismes inconscients qui se dissimulent derrière nos choix ? Ces expériences de pensée hors du commun permettent d’amplifier les rouages déployés au quotidien dans nos choix et nos jugements.





L’influence de l’odeur des croissants chauds… ne se limite bien heureusement pas à ce répertoriage des expériences de pensée qui ont été menées depuis le siècle dernier. Dans une deuxième partie du livre, Ruwen Ogien tente de dégager quelques éléments de réflexion tirés de ces différentes simulations. Quelles sont les différences et les similitudes qui lient intuitions et règles morales ? Existe-t-il un instinct moral ? Quelles méthodes sont employées dans les expériences ? L’auteur nous épargne le ton péremptoire de ceux qui cherchent à tout prix à convaincre leur lecteur d’une vérité, en faisant ressortir les différentes failles qui entourent la philosophie morale expérimentale. Pour aller au plus loin de cette discipline contrastée qu’est la morale, ne faut-il pas qu’à notre tour, nous devenions des lecteurs contestateurs, jamais certains de la pertinence des faits observés ?



La conclusion permet de laisser la question en suspens… remettant presque en cause la validité de la philosophie morale expérimentale ! Puisque la morale ne peut pas être fondée, est-il vraiment utile que nous nous acharnions dessus dans des rixes infernales, que ni le déontologisme, ni le conséquentialisme ne sauraient justifier ? Pour le plaisir des spéculations, et celui de chercher à comprendre la complexité du raisonnement et de la psychologie de l’être humain, la réponse est : oui ! Le style clair et sobre de Ruwen Ogien offre une vulgarisation plaisante. Absolument pas réductrice, elle donnera envie d’aller fouiner par soi-même entre les écrits de Rawls, Wittgenstein, Kant ou Bentham, dans l’espoir de cerner un peu mieux les paradoxes et les incohérences d’une morale qui se veut inflexible.
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Mes mille et une nuits

Ruwen Ogien est un philosophe contemporain, né en 1949, il décède en 2017 des suites d’un cancer du pancréas. Il a été chercheur au CNRS. De courant de pensée libertaire, il donne conscience que la liberté est précaire, le respect de l’autre et l’égalité entre hommes sont des notions fragiles. Dans son essai « Mes mille et une nuits », il s’interroge et analyse le parcours du malade de longue durée. Il remet en question le concept de «Dolorisme », c’est-à-dire le courant qui défend que « la maladie rend plus fort » ou encore que « ce qui ne tue pas rend plus fort ». En quoi souffrances et douleurs auraient-elles des vertus ? Toutes sortes de métaphores entourent la maladie pour ne pas la nommer, la contourner ou plutôt « l’hypocriser » ? (néologisme que je trouve adéquat). Ce qui m’a interpelée dans ce discours d’homme gravement malade sont toutes ces scènes théâtrales qu’il faut jouer, l’acteur qu’il faut devenir et le rôle à tenir pour entrer dans le système de soins et suivre un chemin empathique. Bien se faire « voir » par le personnel soignant afin que les séances récurrentes de traitement lourd se passent dans la bonne humeur, sous les meilleurs auspices afin de ne pas rajouter une pierre à l’édifice du mal-être.

Me trouvant de ce côté des « tout puissants », cela m’a profondément bouleversée.

Où se trouve l’égalité ici ? Où sont les frontières du respect et de la liberté ?A toutes les blouses blanches, j’adresse ce vœu : A bas les masques !

Soyons nous-mêmes, authentiques et surtout soignons chacun comme si nous avions affaire à nous-mêmes !
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L'influence de l'odeur des croissants chaud..

En matière de viennoiseries, je suis corps et âme vouée au pain aux raisins, mais les bouffées qui s’échappent des boulangeries ont un petit quelque chose d’euphorisant. Pour finir de planter le décor, je souligne que la philosophie et moi ne nous fréquentons qu’épisodiquement. Mais j’étais au Procope le soir de la remise du Prix des Lumières et le livre lauréat m’a immédiatement intriguée. Toutefois, ne vous attendez pas à une analyse très poussée du livre.

Dans son essai, Ruwen Ogien réfléchit aux intuitions et aux règles de raisonnement morales et à ce qui fonde l’éthique. Dans le sens de la philosophie expérimentale, il présente plusieurs expériences de pensée et détaille les scénarios possibles pour chacune d’elles. Selon le principe qu’il faut traiter les cas similaires de façon similaire se posent alors de multiples questions. Quelle est la différence entre tuer et laisser mourir ? La morale peut-elle aboutir à des conclusions contradictoires ? Faut-il refuser le débat dès lors que les principes sont absurdes ? Comment peut-on justifier des intuitions morales aux conséquences fâcheuses ? Est-il moral de faire de l’homme un moyen ? « Il est contraire aux lois et aux mœurs de notre société de recevoir une rémunération en échange d’un don d’organe. Mais en quoi est-ce contraire à la dignité humaine ? » (p. 188)

L’auteur différencie les intuitions conséquentialistes et les intuitions déontologistes, à savoir s’il faut tenter de faire le moins de mal possible ou de ne faire aucun mal. Il interroge également sur les fautes morales sans victimes et sur la tendance humaine à créer une morale étendue à quasiment toutes choses. Question se pose également de savoir si la morale est innée, acquise, universellement partagée ou encore influençable ? Les expériences présentées par Ruwen Ogien témoignent qu’une simple odeur de croissant chaud peut encourager des comportements vertueux et que des injonctions rationnelles peuvent favoriser des réactions néfastes. « Quand vous dites à quelqu’un qu’il est bon, il ne va pas vous demander des preuves. Quand vous lui dites qu’il est mauvais, il va probablement en exiger. » (p. 225)

Au fil de la lecture, on comprend que les théories qui semblent simples au premier regard ne demandent qu’à se complexifier au contact des raisonnements et des objections. Il apparaît finalement – et on s’en doutait déjà – qu’aucune réponse ne peut se prétendre la bonne et que la morale ne peut fonder des vérités définitives.

L’essai de Ruwen Ogien introduit simplement et clairement la philosophie morale et expérimentale et les théories de ses représentants. Je lui reproche un petit penchant à la redondance, mais je lui adresse toutes mes félicitations sur un point : il m’a donné envie de relire Kant et ça, ce n’était pas gagné !

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L'influence de l'odeur des croissants chaud..

Tous les commentaires précédents sont excellents, et, sur le fond, je ne pourrais que paraphraser ce qui a déjà été écrit sur ce livre qui traite de questions de philosophie morale expérimentale, tout un programme!

Je suis assez.. primaire, je n’ai pas lu Kant, et n’y comprendrais d’ailleurs rien, et ma morale à moi ( transmise à mes enfants)est assez basique, c’est déjà le fameux «  ne fais pas à autrui que tu ne voudrais pas qu’on te fasse »Faire plus, c’est mieux, bien sûr, mais appliquer cela, c’est déjà pas si mal. Je suis certaine d’ailleurs que Mr Ogien ( et d’ailleurs il ne s’en prive pas) parviendrait à me démonter cela. Car si autrui aime qu’on lui fasse du mal, qui suis-je pour en juger? Des goûts et des couleurs, après tout.. Personne, d’accord, mais qu’il trouve un partenaire qui lui convienne pour ce faire, cela ne me regarde pas.



C’est sûr donc que qui s’intéresse plus avant que moi à ces réflexions sur la morale pourra se plonger avec délice dans ce livre, et même prolonger sa lecture avec les innombrables travaux cités en référence.

A mon niveau, j’ai bien sûr été intéressée par certains raisonnements poussés jusqu’à l’extrême et trouvé assez salutaire de me pencher sur ce qui nous motive réellement, et c’est complexe.



J’ai trouvé que Ruwen Ogien avait un humour , fin et constant au fil des pages, et heureusement car tout cela pourrait avoir un côté un peu indigeste.

Un exemple dans le fameux exemple du tramway qui tue! Je tente de résumer brièvement, un tramway lancé à une certaine vitesse sur une voie, et sur cette voie 5 cheminots en travaux qui vont se faire écraser parce qu’il y a du y avoir un cafouillage administratif.. Une autre voie de dégagement, sur celle-ci un seul cheminot. Possibilité donc d’actionner un levier qui change le trajet et ne sacrifie qu’un homme. Est-il permis moralement de détourner ce tramway?

Et bien.. p 80, en note , il précise qu’ont été éliminés les répondants qui jugeaient qu’il n’était pas permis de détourner le train sur une voie secondaire, même si personne ne s’y trouvait. Il y en a eu, si, si!!!On sent que ça l’a fait rire. Moi aussi, il en est qui ont le strict respect de l’horaire..



Les expérimentateurs ont d’ailleurs corsé le problème ( schémas à la clé) en installant un gros monsieur penché sur un parapet au dessus du pont . Or.. si une certaine masse tombe sur une voie , un effet physique va ralentir le train et permettre aux cheminots de dégager vite fait. Bien. Sauf qu’évidemment, le gros monsieur lui.. Alors, c’est moralement admissible ou non? En fait le but recherché est bien sûr de savoir si les individus testés sont prêts à être actifs, et à tuer quelqu’un eux-mêmes pour sauver d’autres personnes. Je souhaite n’avoir jamais à répondre à ce genre de questions, car, encore au ras des pâquerettes , je me dis que cela n’a rien d’évident dans le geste, qu’il faut penser vite,que déjà dans les quizz, j'ai du mal, alors là.. et puis que physiquement, déjà, j’aurais du mal à le pousser. Et le convaincre de sauter, je ne le sens pas bien non plus, il va ergoter. Bref je crois que je ne suis pas faite pour la philosophie morale. Expérimentale ou non.



En tout cas, dans l’excellent chapitre: "Osez critiquer les règles morales", je retiens quelque chose qui me semble fondamental , car j’ai lu et entendu des choses assez agaçantes énoncées très doctement par certains sur un droit récemment octroyé par la loi française , qui précipiterait à coup sûr notre civilisation dans des catastrophes inimaginables . Le genre: accorder le mariage aux homosexuels, c’est fatalement, en venir rapidement à la PMA pour tous, et qui pourra désormais interdire la location d’utérus d’une habitante du Sahel contre un bidon d’eau, pour y implanter des quadruplés destinés à égayer le foyer d’un couple ( ou pire..) homosexuel?Ciel. J’exagère un peu, mais c’est le sens :)



C’est ce qui est nommé dans ce livre l’argument de" la pente fatale", oui ça fait peur.. qui vaut pour beaucoup de choses, clonage, euthanasie , etc, terrains de société pour le moins glissants, c’est vrai. Argument déduit par certains de la troisième règle du raisonnement moral, inattaquable pour certains philosophes: "traiter les cas similaires de façon similaire" 

Ce à quoi répond Ruwen Ogien dans un grand élan de bon sens à mon niveau: " Affirmer, par exemple, qu’il n’y a pas de différence morale significative entre masseur et travailleur du sexe, ne suggère absolument pas que, si on commence par être masseur dans un cabinet de kinésithérapeute, on finira nécessairement par faire des passes au bois de Boulogne ".



Et la conclusion de l’ouvrage est que la philosophie expérimentale " peut nous permettre de reconnaître que rien dans les concepts et les méthodes de la philosophie morale n’est à l’abri de la contestation et de la révision.". Et que nous sommes autorisés " à penser que le débat moral n’est pas complètement irrationnel "( on en doute, quelquefois..), et qu"’il peut progresser par la critique conceptuelle , la remise en cause des préjugés, et l’échange d’arguments logiques et respectueux des faits. "



Je rajouterais volontiers qu’il existe dans de nombreux domaines des comités d’éthique , en particulier le CCNE dont le président actuel, fort sympathique , est Jean Claude Ameisein, dont le rôle est justement de réfléchir aux évolutions de notre société, et à éventuellement suggérer des lois que l’Etat sera chargé de faire appliquer.




Lien : http://www.telerama.fr/radio..
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L'éthique aujourd'hui : Maximalistes et minim..

Pssst…venez par ici. Oui, vous ! Petit babeliote… vous avez deux minutes pour parler morale? D'ailleurs savez-vous si vous êtes éthiquement minimaliste ou maximaliste ? Un papier un stylo, on va faire le test ensemble :



1. Y a-t-il des crimes sans victimes ? ou « Sinead O'Connor au Saturday Night Live » (cet exemple est de mon cru, vous ne le trouverez pas dans le livre d'Ogien, mais l'idée est là)



Souvenez-vous, dans les années 90 la chanteuse irlandaise Sinead O'Connor est invitée dans la célèbre émission de la chaine NBC, le Saturday Night Live. A la fin de sa chanson, O'Connor sort une photo du pape Jean Paul II, l'incendie en direct en prononçant ces mots « fight the real enemy » (combattez le vrai ennemi), embrasant par là même l'Amérique entière et mettant un terme à sa carrière (commerciale du moins).



Le blasphème, puisque c'est de cela dont il est question, est-il un crime ?



Oui / Non



2.Peut-on être immoral vis-à-vis de soi-même ? ou « Oblomov est-il moral ? » (cet exemple est de mon cru, vous ne le trouverez pas dans le livre d'Ogien, mais l'idée est là)



Souvenez-vous d'Oblomov d'Ivan Gontcharov, ce personnage aboulique qui gâche ses talents dans une inertie onirique sans fonds. La paresse d'Oblomov qui gâche ses talents, de même que le suicide d'Emma Bovary constituent t ils des actes immoraux ?



Oui / Non



3.Un mauvais samaritain manque-t-il forcément d'éthique ? (cet exemple est dans le livre d'Ogien, l'idée est d'autant plus là…)



Imaginez vous témoin d'un accident de voiture d'une gravité exceptionnelle, les secours n'y pourront rien, il faut immédiatement intervenir, la personne est en sang. Vous voyez un automobiliste passer devant la victime sans s'arrêter. Scandale ! Vous le prenez à parti, il vous réplique qu'il ne sait pas si les victimes ensanglantées ne sont pas contaminées par le VIH et que le risque pour lui d'intervenir est peut-être trop important. Alors le mauvais samaritain est-il immoral ?



Oui / Non



4.L'Etat peut-il nous dire ce qui est bon pour nous ? (paternalisme) ou « Ni Dieux, Ni Maîtres »



Imaginez un monde où gâcher ses talents, consommer trop gras ou trop sucré ou pratiquer la sodomie serait sanctionné par la loi. le rôle de l'Etat doit-il s'étendre à la sphère privée ou est-ce infantilisant ?



Oui / Non



Résultats :



Il existe trois propositions éthiques : l'éthique des vertus (inspirée d'Aristote), l'éthique des devoirs (mise en forme par Kant) et l'éthique des conséquences (matrice de l'utilitarisme), pour connaître votre résultat :



* Vous avez une majorité de Oui : « Et le Kant dira-on ? » : vous êtes maximaliste. A l'image de d'Aristote et de Kant vous pensez que gâcher ses talents, se masturber ou mentir même pour sauver des vies est immoral. En effet pour ce dernier il faut que la maxime de nos actions puisse être érigée en principe universel, rien que ça, or se masturber va à l'encontre de la conservation de l'espèce. Vous pensez aussi qu'il y a des crimes sans victimes comme le blasphème, l'injure à la patrie etc.



* Vous avez une majorité de Non : « En plein dans le Mill » : vous êtes minimaliste. A l'image de John Stuart Mill vous pensez que tant que l'on ne nuit pas à autrui notre conduite ne peut faire l'objet de jugement de valeur moraux dans nos relations privées ou d'interventions étatiques et en bon utilitariste vous pensez que la fin (si elle ajoute au bien commun) justifie les moyens. Pour vous trois principes suffisent à l'éthique : l'égale considération (qui justifie tout de même le secours à personne en danger), la non nuisance et l'indifférence au bien personnel, c'est-à-dire que les devoirs envers soi même sont moralement neutre !



Pour ma part, j'ai regretté qu'Ogien ne développe pas davantage l'argumentaire sur les dommages indirects, les victimes par ricochet, qu'il réponde notamment aux existentialistes : liberté = responsabilité. Si on ne peut pas se causer de tort à soi-même, que pensait Ogien des personnes qui, atteintes d'un cancer, attaquent Malboro en justice aux USA après avoir fumé pendant 20 ou 30 ans ?



Il demeure que l'objectif d'Ogien est d'exposer ces principes d'éthique de façon suffisamment analytique pour qu'ils puissent être débattus. Et vous serez saisi par l'envie de polémiquer avec l'auteur, de le pousser jusque dans les corners les plus obscurs de son raisonnement, vous vous surprendrez à vouloir couper la parole à ses phrases, à lever la main, prendre des notes, secouer la tête, froncer les sourcils, parler à haute voix.



L'approche ludique de cette critique reflète je crois l'esprit malicieux du capitaine Ogien, ce salutaire empêcheur de tourner en rond, je vous laisse désormais monter à bord de son vaisseau et j'en termine avec ma critique minimum d'un ouvrage minimal.
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L'influence de l'odeur des croissants chaud..

Si vous considérez que la philosophie est l’art de couper les cheveux en quatre ou de déterminer par quel bout manger un spaghetti, ce livre peut vous réconcilier avec la discipline. Car dans ce livre, rien que du concret : on vole des parapluies dans des restaurants, on pousse des gens devant des trams en marche, ou on observe un enfant se noyer dans un lac.



À travers toute une collection d’expérience de pensée, l’auteur nous force à prendre des positions philosophiques, parfois émotionnellement fortes, pour s’amuser à en contester la logique quelques paragraphes plus loin. Ensuite viennent des explications plus théoriques, sur la façon dont les grandes écoles de philosophie raisonnent sur ces cas particuliers.



Le livre nous révèle que nous avons tous une idée de comment fonctionne le monde, ou comment, au moins, devrait-il fonctionner. Les grands débats de société – avortement, euthanasie, eugénisme – découlent directement de nos prises de position.



Sa grande force est de partir d’expériences réelles (quand c’est possible : aucun être vivant n’a été jeté sous un tram pour le plaisir de faire l’expérience). Après tout, c’est bien beau de raisonner sur la nature humaine dans sa tour d’ivoire, mais pouvoir constater comment les gens réagissent en vivant la situation à chaud peut apporter un nouvel éclairage sur une question (ou plus de confusion : après tout, la façon dont on se comporte à chaud n’est pas forcément celle dont on voudrait se comporter… ou dont on voudrait que les autres se comportent). C’est également une bonne façon de distinguer les intuitions morales universelles et celles qui sont fortement influencées par une culture particulière.



N’hésitez pas à partager les petites histoires autour de vous pour en discuter. Il y a largement de quoi perdre quelques amis dans l’aventure !
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Philosopher ou faire l'amour



Personne ne semble penser que philosopher sur la solitude ou l’ennui aboutira à les faire disparaître, et pourtant, penser l’amour ne semble pas un sujet philosophique, comme si sa connaissance devait être aussi intuitive et sans explications que l’amour lui même, et que essayer de penser le concept d’amour risquerait d’en perdre le sel.



Ruwen Ogien, nonobstant, essaie de penser ce que derrière l’idéologie de l’amour romantique, avec l’idée d’un amour unique et irremplaçable, et d’autre part, nos mœurs , où plus personne ne juge le divorce, le remariage ou la séparation comme des infamies, ce que aimer veut dire.

C’était un libertaire, ce RO, pour les intimes que vous allez être, et dans son livre « Philosopher ou faire l’amour » il annonce la couleur : il ne nous donnera pas une définition, l’amour c’est ça, point. Mais il décortique, il déchiffre, il analyse.



Il énumère d’abord les six idées de base des différentes formes de l’amour :



1- l’amour est plus important que tout : oui, mais R O a au début de son livre rappelé le Banquet de Platon, et les trois sortes d’amour rappelées par Comte Sponville dans « le sexe ni la mort », l’amour charnel : Eros, l’amitié, le respect : Philia, et l’amour presque mystique : Agapé. Les invités de ce Banquet sont un peu ivres lorsqu’ils parlent de l’amour, mais, bon. La question est : quelle sorte d’amour a t elle une importance suprême ? Pour Kant, ce serait le respect qui primerait. Pour la sensibilité moderne, la liberté primerait sans doute sur l’amour. Etre un individu libre.



2- l’être aimé est irremplaçable : encore le Banquet, avec le récit un peu fou d’Aristophane qui a bu et voit double: nous les hommes étions au début du monde tous ronds comme des oranges (non, pas comme des coings), très rapides, puissants et arrogants, si bien que les dieux nous ont coupés en deux. Depuis, nous cherchons désespérément cette moitié perdue, et seuls certains privilégiés, malgré toute la littérature trompeuse, la retrouvent. Les deux êtres, homme/ femme ou mêmes sexes, se fondent l’un dans l’autre, redeviennent un. Nous connaissons tous des couples qui disent : « nous avons aimé l’Italie, nous avons un perroquet, nous t’embrassons, nous venons de lire RO».



Cependant, dit RO, on n’est pas pas irremplaçable, on le devient. Un des moyens de le devenir, c’est de montrer à notre partenaire que le coût de notre remplacement serait extrêmement élevé !!! Et puis on peut avoir des enfants ou des biens importants en commun, d’où l’impossibilité de couper le lien.



3-on peut aimer sans raison : Pourquoi aimons nous ? « je l’aime parce qu’il est bête et méchant », ce serait une raison d’aimer douteuse, non ? Pourtant, quand Montaigne dit « parce que c’est lui, parce que c’est moi », il avoue par là même qu’il ne connaît pas la raison. Et on accepte aussi la proposition : « je l’aime parce qu’il est un peu macho, un peu menteur », ou « je l’aime parce qu’il est beau ». Finalement, les raisons qui justifient que l’on aime importent peu.



4-l’amour est au delà du bien et du mal :Y a t il une moralité à aimer un être particulier , plus que les autres ? Cas de figure : je peux donner mon rein à ma mère qui en a besoin, ou à d’autres patients qui en ont plus besoin. Que faire, où est l’acte moral ?

Autre cas de figure : un capitaine de bateau qui sauverait sa femme de préférence à d’autres passagers serait il moral ? l’amour qu’il lui porte suffirait il à justifier son choix ?

Ou alors on doit admettre que l’amour n’est pas au dessus des lois morales, et qu’il peut/doit être impartial. Il se rapprocherait en ce cas plus de la bienveillance, de la charité que de l’amour fusion.



5-on ne peut pas aimer sur commande : L’amour est plus fort que la volonté, on aime malgré tout. Cupidon est un capricieux qui frappe aveuglément. On tombe amoureux, mais on aime sa mère. On peut décider d’arrêter de fumer le 31 décembre mais pas d’arrêter d’aimer Lola le 1 janvier.

On pouvait décider de croire en l’existence de Dieu, lorsque les tortures de l’Inquisition vous faisaient trop peur, ou bien dans l’espoir d’une vie éternelle.

De nos jours, on peut pragmatiquement décider de croire ce qui nous semble utile à l’avancement de la science, même lorsque les preuves sont insuffisantes, mais cette volonté peut être bouleversée par d’autres données. On croit au danger de la pandémie, puis on s’aperçoit que l’on nous a gonflés.

C’est Kant qui a remis en doute les principes moraux lorsqu’ils sont basés sur la peur, ou sur la contrainte, car il y a selon lui une seule forme d’amour que l’on ne peut commander, celle qui consiste à œuvrer pour le bien d’autrui. « Tu aimeras ton prochain, » dit Kant, c’est bien gentil, mais l’amour en tant que sentiment ne peut pas se commander. Sauf que oeuvrer pour le bien d’autrui, ce serait plutôt de la bienveillance, ou une règle du métier que l’on exerce, médecins, enseignants, soignants.

Est ce de l’amour au sens où nous l’entendons ? non.



6-l’amour qui ne dure pas n’est pas un amour véritable : Le bonheur pour les Anciens n’avait rien à voir avec la définition « idée neuve en Europe » qu’en donne Saint-Just , quelques mois avant de perdre la tête sur l’échafaud. Pour les anciens, le bonheur est relativement ascétique, rien à voir avec les plaisirs du corps, religieux, car ce n’est pas un bien terrestre, et élitiste, réservé aux sages.

Est ce cela que nous entendons quand nous parlons d’un amour éternel, romantique, céleste ? non réductible au sexe, religieux en ce sens qu’il affirme une éternité de sentiment sans savoir vraiment ce qui adviendra, et élitiste puisque trouver sa moitié d’orange, tout le monde en convient, c’est rare. Ou alors, ainsi que l’idée du bonheur démocratique , désacralisée, attentive au bien être du plus grand nombre, idée de Saint Just, si elle s’étend à la définition de l’amour, serait elle une autre approche plus proche de nos réalités?



En fait, RO en voulant non pas donner une définition de l’amour, mais explorer le sens moral du concept d’aimer, l’a étendu a toutes les formes, Dieu, le chocolat, mon mari, mes enfants, ma famille, et l’ensemble finit par être un peu obscur.



J’ai essayé malgré tout de faire un résumé de ce livre savoureux et qui pose plein de questions morales.

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Penser la pornographie

La pornographie est-elle morale ? Ce grand sujet philosophique est rarement abordé dans les discussions, puisque tout le monde est contre. Pourquoi donc Internet est-il rempli de sites que personne n’a jamais consultés, et pourquoi certains réalisateurs s’obstinent-ils à créer des films que personne ne regarde ? Le mystère reste entier. En attendant, on peut toujours traiter le sujet initial, ne fut-ce qu’à titre de curiosité intellectuelle.



Premier point à signaler, l’ouvrage n’est pas neutre et généraliste. L’auteur explique clairement dans les premiers chapitres que son but est de réfuter les arguments du camp des « contre », qu’il juge contradictoires, mais cette précision n’est malheureusement pas indiquée sur la quatrième de couverture. Première déception pour moi, puisque je ne connais pas trop le débat, et découvrir des arguments par quelqu’un qui veut les combattre, ce n’est pas l’idéal !



La première partie de l’essai pourrait illustrer la phrase « Quand un philosophe me répond, je ne comprend plus ma question ». L’auteur passe en revue les différentes définitions de la pornographie pour montrer qu’elles sont toutes incohérentes, et variables selon l’époque (rappelons-nous que « Madame Bovary » a été attaqué pour outrage aux bonnes mœurs). Elles contiennent toutes un élément subjectif, car il s’agit de juger l’intention de l’auteur, celle du consommateur, ou les sentiments d’un non-consommateur exposé par accident à de telles œuvres.



Dans un second temps, on s’attaque aux deux arguments modernes, qui ont remplacé les arguments moraux ou religieux devenus obsolètes de nos jours : la violence faite aux femmes et la protection des mineurs. Cette partie est un peu trop théorique à mon goût. Certes, on y parle de liberté de choix, on critique le paternalisme et le côté arbitraire des interdictions, mais pas vraiment des conséquences pratiques. L’auteur mentionne bien le côté partisan des études sur le sujet (les études commandées par des groupes « pornophobes » montrent que la pornographie est dangereuse, celles des « pornophiles » qu’elle est inoffensive), ou même l’incapacité de les réaliser (on imagine mal un groupe de sociologues obliger des jeunes adolescents à visionner du porno pour en conclure « ils sont tous traumatisés, nous recommandons l’interdiction ») mais on a quand même peu de concret à se mettre sous la dent.



Le gros point faible du livre reste que tous les arguments ne concernent que la consommation de la pornographie, mais on ne parle jamais de sa production. Pourtant, il me semble que c’est ce point qui concentre le plus de critiques : peut-on échanger une relation sexuelle contre de l’argent ? Et sans y répondre à cette question, le reste de l’argumentation ne repose plus sur grand chose car si la réponse est non, le visionnage récréatif de quelque chose d’immoral ne peut pas être moral.



L’essai ne m’a pas vraiment convaincu, je le trouve trop porté sur les pinaillages intellectuels, et pas assez imprégné des réalités du terrain.
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L'influence de l'odeur des croissants chaud..

Est-il moral de sacrifier une personne pour en sauver cinq ? Le procédé du sacrifice influence-t-il cette réponse ? L’inceste est-il immoral ? Faut-il éliminer les animaux pour les libérer ? La morale est-elle instinctive ? Une vie brève et médiocre est-elle préférable à pas de vie du tout ? L’odeur des croissants chauds a-t-elle une influence sur la bonté humaine ? Telles sont les multiples questions que Ruwen Ogien se pose et nous pose. À partir de situations concrètes, il réfléchit à la question morale, dans une démarche philosophique. Nécessairement, le lecteur ne peut à son tour que verser dans l’analyse et se triturer les neurones…



Outre son intelligence et sa pertinence, la grande qualité de Ruwen Ogien est son accessibilité. Un philosophe qui prend la peine de nous expliquer les concepts (pas si nombreux) qu’il aborde et qui écrit pour que le commun des mortels qui a envie de le lire le puisse, c’est précieux. Et cet ouvrage de philosophie morale expérimentale a l’avantage d’aborder de nombreux problèmes susceptibles de parler à tous. Il ne prétend pas apporter de réponse univoque, mais révèle et explique les divers points de vue relatifs aux différents courants philosophiques, et surtout les paradoxes qui habitent les individus : untel aura une réaction utilitariste dans tel cas, alors qu’il sera plus conséquentialiste dans un autre… Il ne s’agit pas de juger ni de critiquer avec cet ouvrage, encore moins de prescrire une morale modèle que chaque quidam devrait suivre, mais bien de mettre en perspective des interrogations banales dans leur complexité, toujours dans une approche philosophique.



L’Influence de l’odeur des croissants chauds sur la bonté humaine est pétri d’humour et de réflexion, et invite à une introspection raisonnée.
Lien : https://auxlivresdemesruches..
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L'influence de l'odeur des croissants chaud..

A partir d'expériences et de casse-têtes moraux, Ruwen Ogien propose au lecteur de s'interroger sur ses choix, ce qui les motive, ce qui les guide ou les influence, sur ses intuitions morales et les principes d'éthique; d'une façon plus générale sur la philosophie morale expérimentale.

Pour cela, il présente certaines expériences les plus couramment menées en psychologie sociale telles le tramway incontrôlable qu'il faut arrêter à tout prix, l'enfant qui se noie, une machine qui propose de vivre des expériences.



Le livre se décompose en deux parties.

La première aborde dix neuf casse-têtes moraux en les posant sous forme de problèmes, de dilemmes et de paradoxes, tandis que la seconde partie propose les "ingrédients" de la cuisine morale.

Si la première partie est la plus longue, elle se lit néanmoins très bien car les sujets abordés le sont de façon ludique, avec des dessins pour mieux comprendre les situations, et avec un style facile à comprendre pour tout type de lecteur (initié ou non) et quelques touches d'humour de la part de l'auteur.

J'ai d'ailleurs retrouvé certaines situations abordées lors de cours en sciences économiques dans le domaine de la théorie des jeux.

La deuxième partie est plus courte mais encore plus intéressante car l'auteur va plus loin dans ses réflexions sur les intuitions morales et les principes éthiques et c'est sans doute dans cette partie que le lecteur y trouvera le plus de clés pour mieux appréhender la philosophie morale ou en tout cas l'incitera à se poser des questions.

C'est une partie que j'ai réellement apprécié et que je trouve bienvenue après les casse-têtes moraux de la première partie.

La conclusion de l'auteur, "Ne cherchez pas à "fonder" la morale", est tout aussi intéressante : "Mais pourquoi faudrait-il chercher à "fonder" la morale ? Pourquoi faudrait-il penser qu'on devrait faire plus, ou qu'on pourrait faire plus, qu'essayer d'améliorer un peu nos croyances morales par la critique philosophique, en éliminant les plus absurdes et les plus chargées de préjugés ?" et n'est pas toujours évidente à atteindre.



L'influence de ce livre n'est pas neutre, il est à mon avis très difficile de rester de marbre en le lisant et de ne se poser aucune question, ou de ne pas se prêter au jeu du "Et dans cette situation je ferai quoi ?" pour se faire surprendre aussitôt après avec l'explication qui suit.

Ce livre est plutôt un ouvrage de vulgarisation, si bien qu'il donne envie d'approfondir certains thèmes abordés, en tout cas ce fut le cas pour moi.

Et si tout le monde, ou presque, se pourléchait les babines à l'évocation du titre, et bien les croissants chauds et leur bonne odeur mettent beaucoup de temps à apparaître dans le récit (pas avant la page 208) et n'y font finalement qu'un passage éclair.

Ne serait-ce pas là aussi une petite ruse de l'auteur pour s'attirer des lecteurs ?

En tout état de cause, le titre est assez bien choisi, reflète bien les propos développés par Ruwen Ogien et ne laisse personne indifférent.



Ce livre de Ruwen Ogien est très accessible, en plus d'être intéressant et bien écrit, et m'a donné envie de relire des écrits philosophiques.

C'est une belle découverte et, si ce titre vous met déjà en appétit, je vous incite à vous laisser influencer par la bonne odeur de croissants chauds et à savourer ce livre.



Je remercie Babelio et les éditions Grasset pour l'envoi de ce livre.


Lien : http://lemondedemissg.blogsp..
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Mes mille et une nuits

Encore un essai à contre-courant de notre société, que nous a offert ce grand philosophe éprouvé par sa maladie, contre laquelle il s'est battu et sur quoi il a longuement ironisé.

Hélas l'auteur décédera peu de temps après.



Ruwen a bien analysé les différents comportements du corps médical, qui prend le plus souvent des allures de grand Manitou, contre lequel on ne peut dire grand chose. On montre patte blanche, on se soumet - ou l'on feint de se soumettre, on écoute les chansonnettes des uns et des autres. Traitement par-ci, tentatives par-là... Parfois les toubibs, sortes de Diafoirus purgonesques et sadiques laissent peu de place à une possible entente cordiale. Patients et curateurs ont emprunté le masque du comédien - et la pièce commence. Comique assuré si l'on a la pêche, drame total si on se borne à regarder le plat de résistance, peu ragoûtant.



Foin de dolorisme ! pour Ruwen Ogien, cette méduse à tête de merluche jaune qui vous empêchera d'avancer sans blessure jusqu'au rivage. La guerre est déclarée aux maximes toutes faites, aux idées reçues, à la philosophe ou psychologie "positive"... Vous souvenez-vous de l'abbé Bournisien, dans Madame Bovary, disant à Hippolyte en train de couver sa gangrène, qu'il faut qu'il se réjouisse de son épreuve, envoyée par le Seigneur ? Boris Cyrulnik se voit mal parti avec ses thèses sur la résilience ! Eh non ! ce qui nous assassine à petit feu, nous déchire, nous épouvante, cela ne nous rend pas plus forts, même si on n'en crève pas sous le coup ! On en a réchappé, mais, le plus souvent on est bien fatigué. Et on se serait bien passé de cette épreuve qui nous a coupés du monde, de la société, du travail, de la famille, de la dignité aussi.



Ruwen est ici moins coriace que dans certains de ses essais. On peut comprendre qu'il ne puisse pas vraiment exprimer tout le fond de sa pensée. Il est encore entre les mains et la dépendance du corps médical. S'il garde son esprit, vif, métaphorique, tout à fait conscient qu'il est dans une ample comédie médicale à "cent actes divers", néanmoins ces actes médicaux sont son épée de Damoclés et il doit se défendre et donner la réplique à ses curieux protagonistes, fort nombreux. Et la maladie est, elle aussi, une drôle d'actrice.



On ne se sent pas forcément héroïque, on n'a pas vraiment envie de faire risette ou de prendre une mine de circonstance, tantôt accablée, tantôt guillerette. En fait, on en a ras le bol. On n'a pas besoin d'en rajouter une couche. Si on a de l'humour, de la patience, du courage, si l'on a suffisamment de force ironique pour écrire un bouquin comme celui de Ogien, c'est déjà un exploit. le drame laisse ainsi la place à une comédie plaisante, vivante, qui dit toute l'absurdité de plusieurs siècles tressant une couronne....de lauriers au dolorisme, apanage des saints, des martyrs, bref de tous ceux qui ont eu besoin de se trouver affaiblis, voire aux portes de la mort ou de l'Enfer pour se rendre compte - parce qu'on le leur a dit - que, finalement, quand ils étaient bien portant, c'étaient tous des cruches !!



Je regretter que la maladie l'ait emporté. Nous restera à l'esprit comme consolation l'oeuvre de ce grand et très original philosophe, courageux et lucide, aux portes de la mort.
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L'influence de l'odeur des croissants chaud..

J'ai été passionnée par cette lecture. Une excellente introduction à la philosophie morale. J'ai particulièrement aimé la partie du livre où l'auteur amène des réflexions en partant d'exemples très concrets, qui sont en effet de vrais casse-tête moraux. Cela avec une touche d'humour très agréable, et une écrite plutôt accessible.



Cette lecture m'a ouverte à des questionnements nouveaux , et rien que pour ça, elle en valait largement la peine.
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L'influence de l'odeur des croissants chaud..

Ce texte est très intéressant car il provoque notre réflexion éthique à travers des exemples simples et passionnants.



Attention toutefois car l'auteur est partisan d'une éthique minimaliste : l'indifférence morale du rapport à soi-même, deuxièmement, la non nuisance à autrui, troisièmement, la considération égale de chacun.



A travers les exemples donnés dans ce livre, c'est une certaine idée de l'éthique qui est défendue. Cette précaution étant énoncée, cela reste toutefois une lecture fraiche et ludique, de nature à nous poser des questions intelligemment!
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Philosopher ou faire l'amour

Ruwen OGIER, directeur de recherche au CNRS, explore les diverses facettes de l’Amour à travers les conceptions de différents philosophes, écrivains ou rimailleurs. Il développe ce sujet en citant ces « Vérités » qui se propagent de siècle en siècle, ici ou là, essais, romans, maximes, vieux dictons issus de la sagesse populaire, poèmes, chansons ou ritournelles immortelles.

Mais dans le même temps il évoque les contre-vérités assénées régulièrement, et ce, parfois au cœur du même discours, de la même chanson, par exemple, l’incontournable Hymne à l’Amour où Piaf y affirme à la fois ses certitudes :

« Peu m’importent les problèmes

Mon Amour puisque tu m’aimes »

et ses doutes :

« Mon Amour, crois-tu qu’on s’aime ? ».

Il pose aussi l’éternelle question à laquelle il est bien difficile de répondre :

« Est-ce que je l’aime parce qu’il est beau, intelligent, fort et gentil ? » ou

« Est-ce que c’est parce que je l’aime que je le trouve beau, intelligent, fort et gentil ? ».

Il parle donc d’amour tout au long de ces 203 pages : amour physique ou amour moral, amour savant ou amour populaire, amour partial ou amour impartial, amour sacré, émotions, sensations, raisons d’aimer, déraison …

Mais en refermant ce livre, je me posais, moi, la question essentielle : plutôt que de PHILOSOPHER avec Ruwen OGIER pendant ces quelques heures de lecture n’aurait-il pas été préférable et plus agréable de FAIRE L’AMOUR ?

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Le corps et l'argent

📖 Une lecture riche en explications pour connaître la situation actuelle en France sur ce sujet.

L’auteur en citant les deux bords et en donnant son point de vue nous montre à quel point la situation est toujours inversée. Il nous montre dans notre quotidien, que ça soit par les mœurs, les lois, la politique, à quel point l’avis d’une grande partie de la population est imposé dans leur tête faisant d’eux des gens irréfléchis sur ce sujet important.

Il est désespérant de voir à quel point les gens préfèrent pointer du doigt la misère, plutôt que l’aider à s’en sortir.



Nous vivons dans un monde bâtit sur l’argent, l’inégalité, l’injustice… Tout se résume au travail, alias un échange de services (ou sévices vu comment cela nous met kaput), contre rémunération. Mais il est plus accepté de donner, de faire du bénévolat gratuitement, que de demander une rémunération. (Là encore peu font la comparaison avec eux-mêmes). Pires, certains jobs ne sont pas vus comme telle, car sans doute de la part de certains ne pouvant faire cela, donc par jalousie de rivaliser n’accepte pas la différence.



3 soucis principaux nous concernent tous:

→ Nous ne disposons pas de notre corps, donc, nous n’avons pas la liberté d’en jouir.

→ Nous vendons/ louons de notre plein gré notre corps, notre santé en échange d’argent dans ce qui est appelé « travail », mais les gens ne voient pas la similitude avec la prostitution, ni avec le « don » d’organes.

→ Le sexe est tabou dans notre société, dans les mœurs.



Je ne sais pas si cette lecture ouvrira l’esprit à ceux qui dénigrent la prostitution. Quant à moi je partageais déjà avant la lecture l’avis de l’auteur.

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Mes mille et une nuits

Il s’agit d’un essai dans lequel l’auteur, qui est philosophe, s’en prend au « dolorisme » très à la mode actuellement. D’après cette théorie, la maladie (notamment quand elle est grave) permettrait au malade de s’élever. La souffrance modifierait sa façon d’appréhender le monde et rendrait donc le malade meilleur. On entend en effet de plus en plus de témoignages de malades disant à quel point la maladie les a changés mais dans le sens positif du terme (il faut noter cependant qu’il s’agit souvent dans ces cas-là de malades guéris). Ruwen Ogien, qui peut parler de la souffrance étant lui-même atteint au moment de la rédaction de son essai d’un cancer du pancréas (dont il est décédé depuis), réfute cette théorie. Pour lui, être malade ne grandit personne et développer cette idée revient à culpabiliser tous ceux qui luttent sans ressentir cette pseudo élévation. Cet essai, s’il est parfois un peu difficile, reste globalement abordable et interroge de manière très intéressante la place du malade dans la société actuelle ainsi que la relation médecin-patient tout en évitant de verser dans le pathos en dépit de la situation de son auteur.
Lien : http://monpetitcarnetdelectu..
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La guerre aux pauvres commence à l'école : Sur ..

Le titre de ce livre ne correspond qu'au dernier chapitre de l'ouvrage. C'est une réflexion sur la morale laïque telle qu'elle a été enseignée à l'école de Jules Ferry et dont Vincent Peillon a proposé le retour.
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