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Critiques de Ryszard Kapuscinski (145)
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Ebène : Aventures africaines

Bien que Ryszard Kapuscinski dans son incipit se garde bien de généraliser sur l’Afrique, il le fait quand même, en en relevant les ressemblances psychiques, au delà des dissemblances évidentes entre quelques pays où il vit.

C’est un monde, ce livre, une Bible, une étude particulièrement aigue, reconnaissante, proche de la réalité des manières de vivre de certains africains.

Un chef d’œuvre pour qui veut comprendre quelques points communs à la partie sub-saharienne de l’Afrique.



1-Le temps n’a pas la même valeur qu’en Europe où l’on court et où on oublie de respirer et de penser ( enfin, certains ) Le temps, en Afrique, « est une catégorie beaucoup plus lâche, ouverte, élastique, subjective, ».C’est l’homme qui invente son temps, avec l’aide des ancêtres toujours présents, et les dieux, aussi.

Le temps est mis en marche par nous les humains, il n’existerait pas si nous n’y pensions pas. ( Saint Augustin l’Africain le disait déjà.)



2- La mobilité : les villages sont parfois en proie aux épidémies, aux invasions, au feu, à la stérilité des sols, d’où la nécessité de migrer par « l’esquive, la dérobade et la ruse »



3-La solitude, une situation intenable pour un africain, qui vit regroupé en famille, protégé par le clan, faisant toujours « partie de ». D’où la difficulté pour les écrivains africains de s’isoler pour écrire. Car survivre, dans des conditions précaires, ne peut se faire qu’en groupe, avec l’aide , de plus, des ancêtres, confondus dans l’imaginaire avec les dieux.



4- La Matrilinéarité : l’enfant appartient aux deux époux, cependant, c’est bien l’ascendance de la femme qui prévaut, entre autres avec le pouvoir de l’oncle maternel, vrai père de l’enfant. (Matrilinéarité n’est pas matri localité, les femmes continuent à aller habiter chez leurs époux, le pouvoir cependant leur appartient.)



5- Les esprits. Ils existent, des sorciers peuvent faire du mal, « manger les âmes », ce que nous européens appelons dépression, tout en étant aussi démunis pour en comprendre les raisons que eux, qui croient aux sorciers sans jamais en avoir vu un.

Les sorciers agissent souvent à distance, et agissent.



6- Les bestioles : « des fissures du plancher et des murs, des chambranles et des coins, dessous les tasseaux et rebords des fenêtres sortent au grand jour des armées de fourmis, de mille-pattes, d’araignées et de scarabées, s’envolent des nuées de mouches et de papillons de nuit. »Et les plus redoutables, les moustiques.



7- Le partage : jamais un enfant ne mangera sans en donner aux autres, la nourriture étant un acte social par excellence. Même si elle est rare, surtout si elle est rare, elle se partage, le jour même. ( d’ailleurs, garder de la nourriture est un acte condamné d’avance, vu le nombre de souris affamées elles aussi)



Journaliste polonais appelé sur les zones de conflits, Kapuscinski ne se contente pas de ces idées générales, il analyse les raisons des guerres, avec une vraie connaissance et vraie compréhension de ce dont il parle. Une appartenance aux civilisations qu’il visite, on pourrait dire de l’intérieur, sans ingénuisme, sans idée préconçue, au plus près de la vérité, relevant les paradoxes ; j’en cite certains :



Le Ghana est le premier pays au Sud du Sahara à obtenir l’indépendance, Nkrumah partisan du panafricanisme, accueille tous les mouvements activistes du continent et des Noirs Américains , avec les dissensions inattendues, ou comment une vraie bonne idée peut capoter( voir Maya Angelou)



Zanzibar a été peuplé de musulmans réfugiés de Chiraz en Iran, qui ont vaincu les Portugais , avant d’être colonie britannique. Puis un agitateur déclare que les Arabes, propriétaires des plantations de girofliers et de cocotiers, et cerveaux de la traite et de la vente des esclaves, -servant souvent de porteurs de l’ivoire, huile de palme, peaux de bêtes sauvages , pierres précieuses, à destination de l’Orient- sont des étrangers, et donc, à combattre. Et l’Indépendance, justement, pour les Arabes, signifie prendre le pouvoir, les Noirs veulent aussi le pouvoir. Problème.



Le Rwanda : ce petit pays est divisé en non pas deux ethnies, deux tribus, deux religions différentes mais en deux castes, comme sous l’ancien Régime en France : les propriétaires de bétail, Tutsis, 14% de la population, et la caste des agriculteurs, les Hutus , 85% de la population. Révolution des uns contre les autres, répression et mise à feu, vengeance , peur de la vengeance, très profondément ancrée chez les africains, dit l’auteur et génocide que l’on connait.



Le Libéria : seul pays d’Afrique de l’Ouest à ne pas avoir connu le colonialisme, d’anciens esclaves venus d’Amérique y accostent. Ils sont affranchis, et, comble du malheur dont Graham Greene parle dans son livre « Voyage sans carte », ils vont se conduire comme des colons. Ils n’ont connu que l’esclavage, puisqu’on sait qu’ être affranchi aux USA , c’est être toujours esclave, alors, ils le recréent , ce statut, à leur avantage sur ces sauvages indigènes.

Malheur, malheur. Suivi d’autres malheurs, coup d’Etat, dictatures, terreur, coup d’Etat.



Et livre absolument génial, historique, attentif aux histoires qu’il transmet, une somme, un chef d’œuvre, qui m’a été offert par Dombrow01, Pierre Duchesne III .





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La mer dans une goutte d'eau

D'après Margot Carlier, qui a réuni et présente en cet ouvrage les premiers textes de deux monstres sacrés de la littérature polonaise dans une spécialité propre au pays : le reportage littéraire. De cette forme artistique particulière, selon elle, Ryszard Kapuscinski et Hanna Krall sont considérés le père et la mère.



De Ryszard Kapuscinski, né en 1932 à Pinsk (à l'époque en Pologne, actuellement en Biélorussie) et décédé le 23 janvier 2007 à Varsovie, j'ai lu avec grand intérêt ses best-sellers "Ebène" ou ses aventures africaines ; "Le Négus" ou la biographie d'Haïlé Sélassié, empereur d'Éthiopie (1892-1975) et "Le Shah" ou la biographie de Mohammad Reza Pahlavi d'Iran (1919-1980). de Hanna Krall, je dois hélas avouer n'avoir lu aucun de ses livres, bien que dans la bibliothèque de Babelio y figurent quatorze.



Tout au long de leur longue carrière d'écrivain et de reporter, Kapuscinski et Krall ont été liés "par une solide et belle amitié". Dans "Autoportrait d'un reporter" de 2008 par Kapuscinski, dans la préface Hanna Krall note à ce propos : "Pendant des années, on se voyait avec Rysiek (son diminutif de Ryszard) toujours dans le même café, Place Bankowy. Sans rien demander, Sławek, le garçon, nous servait machinalement du Campari avec du jus d'orange. Nous échangions les dernières nouvelles, quelques potins, en pouffant de rire, et lorsqu'il se passait quelque chose d'important dans le monde, Rysiek m'expliquait la situation."

À la page 235 se trouve une belle photo des 2 artistes, tout sourire, à l'occasion de la Foire au livre de Leipzig en 2000 et la réception par Hanna du Prix de l'Entente européenne.



Margot Carlier, dans son introduction instructive et enthousiaste, spécifie que la plupart des textes contenus dans le présent volume sont inédits en France. Seulement 2 textes ont fait l'objet d'une publication antérieure, sur les 30 textes retenus, soit 15 d'elle et 15 de lui.



Quelles sont les caractéristiques principales des textes de ce duo ?

- Leur style est d'abord éminemment littéraire. Ils ont le souci de la narration tout en se servant des techniques de la fiction, comme le recours à l'ellipse, la métaphore, l'anecdote, l'ironie et à la poésie, mais toujours avec un très grand soin du détail.

- Écrits entre 1950 et 1970, ils reflètent la vie des gens ordinaires dans un système communiste oppressant aux conditions de vie souvent déplorables. Dans un contexte de grèves, de grisaille et d'injustices.



Il paraît qu'aujourd'hui en Pologne, le "krallovisme" et "à la Kapu" sont des termes encore toujours utilisés avec humour et respect par de jeunes écrivains et reporters pour qualifier le style de Krall et Kapuscinski.



Le titre du recueil trouve son origine dans une boutade de l'historien Adam Michnik : "Nous disions du reportage qu'il était l'art de voir la mer dans une goutte d'eau". Une façon de voir l'écriture sous la censure communiste.

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Mes voyages avec Hérodote





Kapuscinsky, jeune journaliste, veut partir, franchir des frontières, s’évader, peu importe où, puisque nous sommes en 1954, quand dans son pays tout est sujet à caution, tout est suspect, toute phrase peut être équivoque.

Les « histoires » d’Hérodote furent publiées en Pologne en 1955. Quand le journaliste est envoyé en Inde, son supérieur lui offre le livre du grec. Il débarque avec un costume style «  pacte de Varsovie cuvée 56 », dit-il avec humour…

Le propos de ces «  Voyages »  n’est évidemment pas d’aller sur les traces d’Hérodote, qui ne connaissait que le monde connu autour de la Grèce en l’an 450 : l’Égypte, la Syrie, l’empire perse avec Babylone (dans l’actuel Irak) l’Ukraine actuelle et la Macédoine.



Car Kapuscinsky ne peut choisir où il va aller et il lit le livre là où il est envoyé par son journal, avec des comparaisons et des références, des retours sur l’enfance et les difficultés rencontrées par Hérodote.

« Les voyages avec Hérodote » est donc plutôt l’histoire de la vie et des coutumes en général à Athènes, où seuls les citoyens dont les deux parents sont nés en Attique peuvent bénéficier des droits politiques. Or Hérodote est né en terre d’Asie, l’actuelle Turquie, il n’a donc aucun droit.

Ce n’est pas une recherche « sur les pas de », un voyage reprenant les découvertes de ce premier géographe, le « père de l’histoire » selon Cicéron, que nous présente l’auteur. Ce sont ses réflexions personnelles, le choc qu’il a eu en Inde, où il découvre la pauvreté et le mysticisme : « Individuellement, en groupes, par clans entiers. Des colonnes de pèlerins. Des estropiés avec leurs béquilles. Des squelettes de vieillards portés sur les épaules de jeunes gens. Des êtres tordus et mutilés rampant avec peine sur l’asphalte éventré et défoncé. Des vaches, des chèvres ainsi que des hordes de chiens faméliques escortant »

L’auteur passe d’un relatif paradis polonais à un enfer absolu. Et en profite pour remonter dans l’histoire, non pas d’Hérodote, mais par exemple la pensée de Confucius lorsqu’il est envoyé en Chine : « Le confucianisme est une philosophie de pouvoir, de fonctionnaires, de structure, d’ordre, de garde-à-vous ; le taoïsme est la sagesse de ceux qui refusent de jouer le jeu et veulent rester ».

Il se sent en même temps attiré par ces civilisations si lointaines de la sienne, et pourtant pas intégré :

« Me sentais-je en sécurité ? Oui. Étranger ? Non. Bizarre ? Oui, mais j’aurais été incapable de définir cette sensation qui pourtant ne tarda pas à se préciser lorsqu’un homme aux pieds nus est entré dans ma chambre avec une théière et quelques biscuits. C’était la première fois de ma vie qu’il m’arrivait une chose pareille ».

Très érudit, reprenant les guerres médiques par le menu, la guerre de Troie, R K médite bien entendu sur les guerres, le pourquoi des guerres et le désir de vengeance. Il imagine aussi la manière de voyager d’Hérodote en Égypte, et nous livre ses propres aventures vécues dans le même pays. Enfin, au Congo, il lit Mary Kingsley et Balandier, sans oublier le livre d’Hérodote.

Finalement, que ce soit en Éthiopie, ou dans tous les autres pays d’Afrique qu’il doit chroniquer en tant que journaliste, R K est tellement obsédé par Hérodote qu’il en oublie, nous confie-t-il, le temps et les lieux.



Étrange manière de voyager, étrange livre, et pourtant bon voyage nous est offert dans l’histoire en général.

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Ebène : Aventures africaines

La route de koumassi. C’est le Deuxième livre de cet auteur que je lis. Il a été traduit par Veronique Patte.A quoi ressemble la gare routière d’Accra . A un grand cirque qui fait une brève halte et qui est un festival de musique et de couleurs. Les bus font davantage penser à des pullmans glissants sur des autoroutes. Autobus aux couleurs vives. j’ai lu de lui un livre sur le Négus qui était fort intéressant. L’Africain croit à l’existence de 3 mondes parallèles. Celui qui l’entoure fait de réalité palpable. le monde des ancêtres défunts. Enfin le monde des esprits ou les swahili mangent les petits enfants. cet écrivain dit sèchement les choses qu’il voit. Je deviens plus critique et pourtant j’aime cet auteur. Je suis né dans

ces années de décolonisation et plein d’espoir. Je suis marqué par ce point de vue. Je pense au sommeil, à Vero qui dort mal, a l’émission de télé sur la 5 qui en parle. Je pense aussi a l’assoupissement de l’auteur en camion. On se penche sur moi. Il fait encore nuit.

J’aime les livres papiers qui encombrent la maison.
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Autoportrait d'un reporter



Ce petit opus de tout juste 100 pages a le double mérite de rendre hommage à un des plus valeureux reporters que le monde ait connu, le journaliste d’origine polonaise, Ryszard Kapuscinski (1932-2007) et de mettre les pendules à l’heure à un moment où la profession de journalisme traverse une période difficile à cause du développement inquiétant du "fake news" et l’organisation de fausses informations à travers les réseaux sociaux, telle l’usine à trolls de Saint-Pétersbourg par exemple.



Le professeur de lettres Patrice Kleff, assisté par Lucie Szechter, pour la rubrique "Un livre, un film" et par la traductrice professionnelle, Véronique Patte, a fait un excellent travail en constituant un dossier qui regroupe des textes importants et de notes pertinentes de maître Kapuscinski relatives à ce beau métier de journaliste.



Avant d’entamer une carrière comme administrateur au Parlement européen, mes premiers pas professionnels ont justement été dans le journalisme, comme collaborateur au magazine belge "Spectator", qui n’existe plus et qui était comparable à "L’Express" en France. C’est de cette époque que date mon admiration pour Ryszard Kapuscinski et son grand confrère français, Albert Londres (1884-1932).



Au fil des années, j’ai pratiquement tout lu du globe-trotter polonais et encore récemment une sélection d’écrits de lui et de sa compatriote et amie, Hanna Krall, réunis dans un bel ouvrage "La mer dans une goutte d’eau", que j’ai eu grand plaisir à commenter ici le 20 novembre dernier.



Cet ouvrage qui est avant tout instructif, a été édité chez Flammarion dans leur excellente collection "Étonnants Classiques" qui présente des textes abrégés avec dossiers destinés aux lycées et collèges.



Après une brève histoire des médias, illustrée par un fascinant tableau chronologique de 1452 (invention de la presse de Gutenberg) à 2010, comme "quatrième pouvoir" après les pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire et comme un indispensable contre-pouvoir, le fascicule présente un résumé succinct de la carrière journalistique de Kapuscinski.



Suit alors le "Autoportrait d’un reporter" proprement dit, soit le recueil de textes laissés par Kapuscinski comme œuvre posthume, qui couvre une multitude de questions, telles l’indépendance de la presse, la neutralité et les risques du correspondant de guerre, l’objectivité du journaliste, les méthodes d’interview, la course à l’information et le marché de l’information. Ces aspects du monde du journaliste sont suivis par toute une série de photos sur la construction de l’information, où l’on voit entre autres une photo prise par l’auteur lui-même en 1975 d’enfants soldats en Angola.



La dernière partie du livre constitue un dossier avec un reportage de l’auteur sur la révolution iranienne et le Shah et ses vues sur la déontologie journalistique.

L’ouvrage se termine avec le thème "Un livre, un film", et la controverse autour du film "Spotlight" du régisseur américain Tom McCarthy de 2015.

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Ebène : Aventures africaines

Kapuscinski, journaliste pour l'agence officielle polonaise du temps du communisme, a eu l'opportunité d'être envoyé en Afrique, et d'y couvrir les conflits et « luttes de libération ». Il y a rencontré des chefs d'état, des dictateurs, leur clique, leurs protégés, et tout un monde du quotidien très éloigné de sa culture. En esprit libre, il a su profiter de cette chance pour tenter de comprendre la culture et les modes de fonctionnement des sociétés des pays où il résidait. Cela a donné Ébène, un essai un peu poil à gratter, qui n'idéalise pas l'Afrique, mais essaye de trouver des explications à des habitudes bien ancrées. le rôle de la famille, au sens le plus large, de la tribu, du retour attendu de ceux qui réussissent à percer y était clairement exposé.

L'art de Kapuscinki est d'avoir su traduire le poids de la chaleur, l'incertitude du quotidien, les tensions politiques ou ethniques, le quête de nourriture... La présentation de Kapuscinki a peut être un peu vieilli, mais son regard reste tout à la fois clinique et humain.

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Ebène : Aventures africaines

Ryszard Kapuscinski est polonais et commence un voyage en Afrique en 1958 , il a la particularité d'aller dans les quartiers africains et non pas dans les hôtels pour touristes . Il nous donne son avis sur les conflits africains du XX ième siècle et son récit est intemporel , en effet , rien ou si peu a changé sur ce continent dont une grande partie est continuellement en guerre . Il aborde notamment la vie de quelques dictateurs comme Amin Dada ( voir à ce sujet le magnifique film ' Le dernier roi d' Ecosse ' qui offre un portrait un peu plus nuancé ) , il analyse le génocide du Rwanda de façon intelligente , nous explique l'origine incroyable du Libéria , où les anciens esclaves Afro -américains s'empressent de faire revivre l'esclavage . Pour celui qui est intéressé par le continent africain , je recommande Américan Darling de Russel Banks qui se passe au Libéria .

Conclusion , un livre intéressant pour ses nombreuses anecdotes et une belle analyse du continent africain .
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Le Négus

Le mensonge donne au langage un sel qui manque à la vérité. L’uchronie confère au trône de la dignité. Le temps du sommeil que l’on a appelé la vie. Comment un peuple doux se transforme en foule vociférante. Sont’ils des monstres? Peuple d’hommes à javeline et à bouclier. L’échange ancien est suicidaire. Il suscite de nouvelle forme sociale. Haile Selassie puis Mengistu colonel de profession. Avant, ailleurs, demain, le passé.ce rastafari de Bob Marley. Ce roi des rois , ce ministre de la plume. C’est abyssin. Le train Djibouti-Addis Abeba a été construit par les Français. Chantal en parlait à Vero. Le début de la fin en Éthiopie. Le Negus se croit toujours empereur. Le guebi
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Il n'y aura pas de paradis : La guerre du f..





Grand reporter polonais Ryszard Kapuscinski, auteur du très connu Ebène, visite pour le compte de son journal certains pays africains. Après avoir vu en personne Nkrumah, Lumumba dans leurs meetings, il nous donne une idée de certains pays africains de 1960 à 1974, au moment des indépendances.

Il nous régale des débats de la Chambre législative du Tanganyika (aujourd’hui Tanzanie) de décembre 1963.

La député Lucy Lameck, vice ministre des Coopératives, grande dame féministe et humaniste, présente un projet : que, vu les changements opérés dans la société et ses nouveaux problèmes concernant la population urbaine notamment, une loi aidant les filles- mères et rendant obligatoire les pensions alimentaires pour les enfants naturels devient nécessaire.

1- réaction du député Mobgo: La loi sur les pensions alimentaires entrainerait une augmentation générale de la prostitution, à seule fin de payer produits de beauté « ces jeunes filles seraient comme des pays en voie de développement : elles feraient l’objet d’investissements ».

2- réaction du député Akindu : danger, car les jeunes filles enceintes pourraient prétendre que les pères de ces enfants naturels sont des ministres ou des députés. Et d’ailleurs, ajoute-il, « si vous n’arrivez pas à maitriser vos instincts, mariez –vous au plus vite »

3- Réaction du député Wambura : Les femmes africaines ont toujours eu beaucoup d’hommes, il serait difficile de déterminer lequel est le père. Et, par ailleurs, les chômeurs peuvent faire des enfants mais ne pourront pas payer de pension alimentaire.

4- Justement, dit un autre, la production d’enfants deviendra en toute impunité le travail des chômeurs.

5- Réaction du député Mfundo : en Afrique, la différence entre enfants légitimes et naturels n’a jamais existé, elle a été inculquée par le colonialisme.

6- Réaction de la députée lady Chesman, qui se prononce pour l’adoption de la loi :elle évitera la construction d’orphelinats et permettra de consacrer plus de fonds aux trois fléaux du Tanganyika : l’obscurantisme, la pauvreté et les maladies.

7- Réaction du député Mtapi : la loi aurait de fâcheuses conséquences sur la criminalité, les hommes préférant tuer leurs enfants naturels au lieu de payer pour eux.

8- Réaction du député Mello : seuls les hommes mariés devraient être, en tout état de cause, astreint à ce paiement malheureux, les célibataires seraient, sinon, obligés de se marier malencontreusement.

9- Réaction du député Kawawa. Apprendre aux femmes comment éviter une grossesse ne ferait qu’inciter les hommes à des pratiques immorales.



Tous étant d’accord sur le fait que la loi provoquerait une baisse de la moralité, l’adoption du projet a été rejeté, cependant une commission de cinq personnes a été réunie afin de revoir le projet de loi.



Kapuscinsky analyse aussi l’Afrique du Sud de 1965: les Afrikaners, occupant l’administration, l’armée, la police, le Parlement et l’église, bien que d’origine européenne ( hollandaise) ne se veulent pas européens : ils ne sont qu’une minorité, cependant leur fanatisme religieux de leur foi protestante, ne s’améliore pas lorsque l’or et les diamants furent découverts sur « leur terre ».

Ils se sont heurtés aux tribus bantoues qui se trouvaient au milieu du XIX siècle au sommet de leur puissance, guerres sur guerres ont opposés les premiers occupants bantous et les Afrikaners. Ils se heurtent aussi plus tard aux Anglais qui n’ont rien à voir avec eux, car, selon l’auteur, la plupart des Afrikaners sont issus de paysans hollandais primitifs « cette relique vivante de l’Europe féodale fossilisée dans le désert ». Lorsque le gouvernement anglais abolit l’esclavage en 1836, c’en est trop pour les Afrikaners : ils fuient avec leurs esclaves dans un « grand Trek ».



Curieusement, Kapuscinsky ne parle pas de Mandela, emprisonné en 1962 pour 27 ans. Il ne parle pas de Nkrumah, premier président du Ghana, renversé par contumace en 1966, ni de l’assassinat au Katanga de Patrice Lumumba, en 1972, malgré ce qu’affirme la quatrième de couverture ( ou bien ai-je mal lu ?)



Bien que ne parlant que de qu’il a vu, de ses yeux vus, et donc rien de ce que nous, nous savons 60 ans après, le titre même montre que l’auteur n’est pas très optimiste quant à l’avenir de l ‘Afrique, en particulier en Ethiopie « Il n’y aura pas de paradis ». Le sous titre « guerre du foot » entre le Salvador et le Honduras, est développé en 45 pages : les combattants ne savent même pas pourquoi ils se battent, bilan 20 000 morts, pas plus positif.

Enfin, avec un graphisme différent, les pensées personnelles de l’auteur, ses maladies, les menaces de mort lorsqu’il entre en fraude dans un pays en guerre, sa déception, sa morsure par un scorpion, ponctuent les reportages de guerre. Et, aussi, ce qui sauve entièrement ces pochades réelles sur son vécu, un peu égocentrées, le : pourquoi ai-je fait ça ? Oui, pourquoi ?

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Ebène : Aventures africaines

Gros gros coup de coeur! J'ai plongé dans ce livre autobiographique, cet essai sur le continent africain avec une passion que je n'aurais pas soupçonnée!

Ryszard Kapuscinski, journaliste polonais, parcourt une Afrique de l'aube des indépendances aux années 90 et est aux premières lignes des coups d'état qui embrasent le continent.

Du Sahara aux rives des deux océans, il observe et s'immisce dans la vie des plus pauvres, refusant les quartiers européens aux jardins ombragés pour rencontrer la population.

Le journaliste, en plus d'avoir une belle plume, fait montre d'une réelle humilité dans son regard sur ce continent aux moeurs et perceptions si différentes des Européens. Il observe, commente, critique d'un oeil curieux et ouvert, et il est clair qu'il veut expliquer au mieux qui est ce peuple pour déjouer toutes les interprétations ethnocentrées sur l'Europe.

J'ai découvert une Afrique belle mais aride, qui se reconstruit sur les ruines laissées suite aux indépendances sans avoir tous les outils indispensables à cette reconstruction politique.

Dans ce livre, c'est l'Afrique contemporaine, la vraie, avec toutes ses diversités, ses richesses et ses grandes misères, ses croyances, sa façon d'être au monde.

Fabuleux, et très émouvant.
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Ebène : Aventures africaines

L'auteur est un journaliste, par ailleurs doté d'un réel talent d'écrivain, qui séjourna en Afrique dès la fin des années 50, et vit donc les anciens pays colonisés accéder à l'indépendance, et en vivre les premières années non sans difficultés. Ce livre est un recueil de chroniques et de brefs reportages, s'attachant à décrire les conditions de vie des Africains, leur mentalité, leurs coutumes, les traumatismes persistants dus à la colonisation, les maladies et la misère qui les accablent, les conditions de vie dans des pays où gouvernent des élites le plus souvent corrompues. Nous nous rendrons avec lui de l'Ouest à l'Est de l'Afrique, visitant le Ghana, la Tanzanie, l'Ouganda, Zanzibar, le Nigeria, et bien d'autres pays y compris le Liberia dont il dresse un tableau hallucinant. Ce livre écrit en 1998 date sans doute un peu mais reste un témoignage fascinant, d'autant plus qu'il est écrit dans une langue simple et fluide souvent teintée de poésie.
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Ebène : Aventures africaines

Je ne sais, si je pourrais trouver les mots pour vous donnez mon ressenti à la lecture de ce livre. C'est très fort.

Une plume magnifique, des détails qui peuvent être donner que par une personne ayant vécu sur place et au plus près de la population. En un mot ne passez pas à côté, lisez-le, vous ne verrez plus tous ces pays de la même façon..



Un immense merci à Francine ainsi qu'à Pierre Duchesne III, qui m'ont fait un très beau cadeau, en me donnant l'occasion de lire ce très beau récit.



Ebène - Aventures africaines de Ryszard Kapuscinski, ce journaliste passionné, nous fait un magnifique reportage en sillonnant de nombreux pays africains, vivant au milieu du peuple, dans des conditions très difficiles que peu d'occidentaux auraient acceptées, mais pour lui, le principal était d'être au plus près des malheureux.

"Si l'un des gamins a de quoi manger, il mange. Cela peut-être un morceau de pain ou de biscuit, un bout de manioc ou de banane. Jamais il ne mangera sa portion tout seul, car les enfants partagent tout. Généralement l'aîné du groupe s'efforce de faire un partage équitable, même si chacun ne récupère que des miettes. Le reste de la journée ne sera plus qu'une quête permanente de nourriture. Car ses enfants sont constamment affamés."



Tous ces pays ont connu la colonisation. L'Europe a morcelé l'Afrique, ils ont pris tout ce qu'ils voulaient, vivaient comme des nababs, ils ont pratiqué l'esclavage, résidaient toujours près des ports, des voies praticables. Les hommes et les femmes qui peuplaient ce pays leurs servaient de domestiques tout simplement. Il ne fallait surtout pas se mélanger.

"Le drame de nos civilisations, et de l'Europe notamment, c'est que jadis les premiers contacts avec l'Afrique ont été le privilège d'individus de la pire engeance : voleurs, soldatesque, aventuriers, criminels, trafiquants d'esclaves, etc. Certes, il y a eu des exceptions : des missionnaires honnêtes, des voyageurs passionnés, des chercheurs, mais en général le ton, la norme, le climat ont pendant des siècles été dictés par des canailles, des brigands internationaux peu soucieux de découvrit d'autres cultures, de communiquer avec elles, de les respecter. C'étaient pour la plupart des mercenaires obscurs, butés, rustres, insensibles, analphabètes. La seule chose qui les intéressait, c'était conquérir, piller et massacrer."



Suite à la décolonisation, les africains ont du subir, des dictatures, génocides, coups d'état, la terreur, la faim, le manque d'eau, les maladies, toujours pour les mêmes, l'aide alimentaire ne leur parvenait pas, des chefs de guerre se servaient avant. Une honte.

"Ils attaquent et pillent les femmes et les enfants parce que ceux-ci sont les destinataires de l'aide humanitaire, des sacs de farine et de riz, des paquets de biscuits et des boîtes de lait en poudre en provenance du monde entier."



Il ne faut pas oublier que tout ce peuple couche à même le sol, ils sont aussi piqué par un grand nombre de bestioles, notre reporter en a fait les frais.

"Les murs, le lit, la petite table et le plancher sont noirs. Noirs de cafard. J'ai déjà eu l'occasion de vivre avec toute sorte de vermine, parmi des millions de mouches, de cousins, de blattes et de punaises, au coeur d'innombrables nuées, d'essaims de guêpes, d'araignées, de carabes, de scarabées, de taons, de moustiques et de sauterelles voraces. Mais cette fois-ci, je suis frappé par la dimension des cafards, la taille de chaque insecte séparément. Ces ont des bestioles énormes, larges comme des tortues, sombres, luisantes, velues et moustachues. Leur taille monstrueuse me tétanise."



Je peux vous dire que j'ai été horrifiée, je connais les cafards, mais là ce sont des phénomènes...

Ce livre m'a beaucoup touchée, de voir ces milliers de personnes, dans le dénuement le plus complet, affamées, malades, toujours à la recherche d'ombre, d'eau, de nourriture. La cause de tous ces maux, le pouvoir qui en veut toujours plus au détriment de leurs congénères.

Très triste.

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Mes voyages avec Hérodote

Autoportrait avec historien ?

J'ai adoré ce livre atypique d'un grand journaliste polonais que je ne connaissais pas. Il y a là une très grande richesse car le parcours personnel de cet auteur est passionnant. De la Pologne communiste, directement parachuté en Inde, puis en Chine puis en Afrique en pleine décolonisation, en Algérie....Je retiens une magnifique et bouleversante scène de concert de jazz avec Louis Armstrong à Khartoum...

Maus surtout, l'auteur évoque son compagnonnage sur des décennies avec Hérodote et intercale les passages sur lui et les récits d'Hérodote qui sont parfois proprement stupéfiants. Ce qui est très beau c'est que l'auteur se pose bien plus de questions qu'il n'apporte de réponses sur les récits du grand historien grec et c'est là que l'on glisse vers un aspect passionnant du livre, une réflexion fine sur le métier de journalisme, sur les horreurs des temps et même peut-être (mais l'auteur est trop modeste pour le dire ouvertement) une forme d'autoportrait déguisé en Hérodote.

Pour moi qui (bien que prof d'histoire, j'ai honte) ne suis pas un grand passionné d'histoire antique, le livre m'a vraiment passionné car il met le doigt sur le problème que nous avons avec les sources antiques, c'est que souvent il est bien difficile de démêler le vrai du faux...

Si le sujet peut faire peur (un truc compliqué sur l'histoire Antique), il faut bien au contraire se laisser porter par ce très très beau livre que je ne suis pas prêt d'oublier !
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Ebène : Aventures africaines

"Ébène" est un livre bouleversant. J'y suis rentré pour découvrir un continent fascinant dont je ne connais que trop peu de choses. Ce livre est d'ailleurs plus un carnet de voyage qu'un récit journalistique au sens propre.

On y suit les pérégrinations de Ryszard Kapuscinski dans son rôle de premier correspondant en Afrique pour un journal polonais. Pas de réelle chronologie donc et, suivant les chapitres, il faut parfois plusieurs pages avant de comprendre dans quel pays du continent on se trouve. C'est ce que j'ai aimé dans ce livre; ici, la subjectivité est de mise et on n'a donc pas l'impression de lire un cours sur l'Afrique. J'avais entamé cette lecture avec d'autant plus de pincettes que j'avais ouï-dire qu'il romançait un peu ses écrits (du genre "je vécus dans un appartement décrépit" alors qu'en fait "je vivais dans un hôtel 3 étoiles"); finalement, si ces errements ne desservent pas la pertinence ni la véracité de ses propos, je lui pardonne (il doit être content, tiens!).

Du Liberia, on passe par l’Éthiopie ou encore le Rwanda et chaque pays offre des particularités frappantes qu'elles soient historiques ou culturelles; on partage les surprises et les coups de gueule du journaliste quant à ce continent si différent de par son climat et sa culture. Parfois dur à lire tant la violence peut être très présente mais un ouvrage très enrichissant qui m'a donné envie d'en découvrir plus.

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Ebène : Aventures africaines

En grand témoin de son époque, Ryszard Kapuscinski nous raconte les soubresauts d'un continent en quête de dignité, de liberté, de progrès et rêvant de prendre toute sa place dans le concert des nations. L'auteur traverse plusieurs anciennes colonies ou pays et s'arrête sur des moments clés de leur Histoire.

C'est le cas notamment de l'accession au pouvoir du dictateur Idi Amin Dada en Ouganda ou encore des prémices du génocide rwandais. En ce sens, ce travail est remarquable car il émane de déductions factuelles . Cependant, il serait réducteur de n'y voir que cette grille de lecture.



Le journaliste polonais propose aussi une approche sociale, anthropologique, géographique, en un mot pluridisciplinaire tout en étant crédible et réaliste. Toutefois, certaines de ses analyses se révèlent hâtives ; à l'image de sa tentative d'explication du sous (ou mal) développement du continent, qui serait (entre autres) lié à une absence récurrente d'autocritique. Il me semble que des auteurs africains comme Chinua Achebe ou Nazi Boni (tous deux chroniqués ici) aient mis en lumière des formes de remise en question.



Ebène reste néanmoins un ouvrage généreux et rigoureux, rendu possible grâce à un style limpide et à des informations variées et fiables.
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Ebène : Aventures africaines

Quel choc !



Je dois cette lecture à Dominique qui a chroniqué Mes voyages avec Hérodotes que je vais me dépêcher de lire au plus vite.



Ma dernière réflexion en refermant le livre de Ryszard Kapusinski a été:«c'est tellement bien, je pense que tout le monde le connaît sauf moi»!



Si vous faites partie de ceux qui ont ,encore, la chance de ne pas l'avoir lu , réjouissez-vous, un grand plaisir vous attend, caché dans les pages d’Ébène .



Le reporter raconte son aventure africaine, il va à la rencontre des habitants , ne fuit aucun conflit ni aucune histoire douloureuse et comme les actualités télévisées vous le raconte à longueur d'années ce continent n 'en manquent pas.

A la lecture de ce livre on se rend compte qu'on ne connaît qu'une faible partie de massacres africains que beaucoup se passent dans le silence loin des caméras du monde.



On se promène donc au Ghana, au Liberia, en Éthiopie , en Érythrée , en Somalie, au Rwanda …



Partout la misère, la guerre, la destruction, et la nature implacable.



J 'ai déjà lu beaucoup de livres sur l'Afrique, l’originalité de cet auteur , c'est de partir d'expériences concrètes qu'il sait merveilleusement raconter .



Les description de la nature et de la chaleur sont inoubliables, je crois qu'aucun film ne permet de mieux comprendre à quel point la chaleur peut accabler l'homme et rendre toute activité superflue .



Par moment , j'ai cru relire les romans d'aventure qui ont charmé mon enfance. Le combat à mort contre le cobra est un de ces instants où la lecture devient magique , on part ailleurs bien loin du monde facile et policé de mon petit coin de France.



Cela n'empêche pas l'auteur de cerner au plus près les problèmes politiques actuels et passés de cet incroyable continent, bien au contraire, toutes les images « folkloriques » de l'Afrique nous permettent de mieux comprendre le quotidien des habitants. Et lorsqu'il raconte toujours avec la même précision son attaque par la malaria , on se dit que les gens atteints de cette maladie et mal soignés ne peuvent guère faire autre chose que survivre .



On est loin des clichés d'une population bon enfant qui ne veut rien faire, dans la fournaise implacable , touché par la maladie, les hommes ne peuvent que survivre et surtout meurent très vite. Quand en plus la folie guerrière des armes s 'en mêlent c'est l’hécatombe assurée.



Je n'ai jamais eu envie de visiter l'Afrique et ce livre dit mieux que tout ce que j'ai toujours pensé que le touriste passe forcément à côté des réalités de ce continent .
Lien : http://luocine.over-blog.com..
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Ebène : Aventures africaines

Quel livre ! A mettre entre absolument toutes les mains.

L'Histoire contemporaine de l'Afrique noire - et donc celle de la vieille Europe car l'auteur traite ici des années post-décolonialisation - à travers des courts chapitres d'une dizaine de pages. Celui sur le Rwanda devrait figurer dans les livres d'école, tellement il est limpide, et permet d'éclairer le lecteur, souvent peu avisé, sur ce qui c'est réellement passé là-bas.

Témoin de guerre civile, de coup d'état, de récits ordinaires, Ryszard Kapuściński, apporte un éclairage vraiment passionnant.

Un seul bémol, la langue n'est pas toujours "littéraire" mais plutôt "journalistique", un détail vue la qualité de l'oeuvre !
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Ebène : Aventures africaines

Un superbe livre qui raconte la vie de l'auteur en Afrique. Reporter, Kapuscinky a sillonné ce continent d'est en ouest et du nord au sud pendant des dizaines d'années. Il maîtrise parfaitement son sujet. Son livre est une source d'informations et aussi une ode aux voyages. A lire absolument. Texte d'un grand intérêt et de qualité.
Lien : http://araucaria.20six.fr/
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Ebène : Aventures africaines

Écrivain et journaliste polonais, l’un de plus traduits à l’étranger, Ryszard Japuscinski s’est rendu célèbre avec ses reportages sur l’Afrique, le Moyen-Orient et l’Europe communiste.



Avec « Ébène » il nous démonte sa parfaite connaissance du continent africain, et plus particulièrement de l’Afrique subsaharienne. De la fin des années 1950 aux années 2000 il relate dans ce livre son expérience d’une contrée du monde qu’il aime, avec ses imperfections, ses difficultés, ses contradictions.



Chaque chapitre est un petit roman. Chaque rencontre est l’occasion d’évoquer une page de l’histoire d’un pays, une croyance d’un peuple, les superstitions d’un autre, la géographie d’une contrée et son contexte géopolitique. Il fait la démonstration que l’Afrique n’est pas « une » mais multiple. Sa connaissance des peuples, de l’histoire, des régions, de la politique lui permettent une analyse pointue des particularités de ce continent trop souvent traité globalement. Il nous permet de mieux comprendre ce qui se joue sur ce continent que l’Occident ne sait appréhender.



L’écriture est simple, claire et précise. La tragédie du Rwanda n'a jamais été aussi limpide, la personnalité d'Amin Dada si bien définie, les rôles de l'Europe si clairement présentés. Le récit commence alors que les États africains, créés par les Européens sans tenir compte des tribus, des ethnies, des cultures, accèdent à l’indépendance. Un monde entre deux modes de vie, des étapes cruciales pour la construction de ces jeunes nations sur base de conflits ethniques endormis pendant la colonisation. On y vit avec l’auteur les coup d’état, les épidémies, les désillusions de la décolonisation, une vie politique complexe.



C’est un portrait assez effrayant qui est dessiné de cette Afrique noire divisée non seulement par l’influence de l’Europe, de la traite des noirs et de la colonisation, mais aussi par ses croyances, ses traditions, ses antagonismes internes. Avec pour base l’humain, les êtres qui composent cette Afrique magnifique et tourmentée, sans jamais poser de jugement.



À la fois récit de voyage et essai sociologique, «Ébène » est un livre passionnant écrit par un passionné, amoureux de cette terre riche de sa diversité.



« Ébène" a été élu « Meilleur livre de l’année 2000 » par la rédaction de Lire et a reçu le Prix Tropiques 2002 attribué par le Sénat et le prix Princesse des Asturies en 2003. Des récompenses qui saluent la valeur de ce livre.

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Mes voyages avec Hérodote

Ryszard Kapuscinski était polonais, journaliste et grand voyageur.

Si vous ne l’avez jamais lu je vous envie cette découverte et je vous souhaite de prolonger cette lecture par l’autre grand succès du journaliste : Ebène, une vision de l’Afrique que le temps n’a fait que confirmer, un réquisitoire sans concession.



Dans ce livre c’est le monde qui est son terrain de jeux, l’Inde, la Chine, le Congo, l’Iran, Kapuscinski livre ses souvenirs de reporter, ses débuts modestes et marqué du sceau de la chance.



Dans les années cinquante le rideau de fer s’entrouvre et les journalistes sont invités à aller " voir ailleurs "

Destination l’Inde de Nehru, dans sa valise le jeune journaliste emporte un gros livre qui sera le compagnon fidèle de tous ses voyages : Hérodote le grec, le fameux Père de l’Histoire ( et tout ça avec des majuscules).

Les voyages de Ryszard Kapuscinski assouvissent son envie de " territoires inconnus", de voir " derrière la frontière". La pensée de Kapuscinski est riche, subtile, et toujours empreinte de tendresse pour les pays explorés, pour les personnes rencontrées.

Son ami grec lui est un modèle car dit-il



"Hérodote et les hommes qu'il rencontre m'intriguent dans la mesure où le contenu de nos reportages provient essentiellement des hommes, la qualité de notre texte est tributaire de notre relation à autrui, de la nature et de la température de cette relation."



Sa lecture permanente d’Hérodote a aiguisé sa réflexion, acéré son regard, lui qui connut la Guerre froide, sait aussi bien expliquer, commenter, s’interroger sur les relations entre l’Europe et l’Asie aujourd’hui.

Hérodote voulait comprendre le monde qui l’entourait, déceler les raisons des guerres, connaître les peuples, il s’étonne de ce qu’il voit, s’émerveille devant les contrées traversées et répond au travail de Kapuscinski dans ses reportages.

Les commentaires du livre d’Hérodote s’accompagnent de remarques sur son métier, pour lui le Grec est avant tout un précurseur de l’enquête journalistique, il veut savoir, raconter, comparer et témoigner.

Le reporter d’aujourd’hui se reconnaît en lui au point d’entremêler ses souvenirs au texte d’ Hérodote et de faire en sa compagnie une belle réflexion sur la quête des informations, sur la validité des récits, et plus généralement le statut du journaliste.

Quand l’antiquité vient éclairer les événements contemporains et ainsi dévoiler "l’art du reportage" c’est un grand plaisir pour le lecteur.

L’auteur nous communique en sus sa passion et ses propos sur son vieil ami donnent envie d’ouvrir ses fameuses Enquêtes

Cette complicité à plus de deux mille ans de distance m’a séduite, je l’ai lu avec à mes côtés les trois volumes d'Hérodote et je suis revenue plus riche de ce voyage
Lien : http://asautsetagambades.hau..
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— Il s’en est fallu d’un cheveu ! Sans son regard rapide, sans ses yeux de lynx, XXX XXXX, en ce moment, ne serait peut-être plus de ce monde ! Quel désastre pour l’humanité ! Sans parler de vous, Hastings ! Qu’auriez-vous fait sans moi dans la vie, mon pauvre ami ? Je vous félicite de m’avoir encore à vos côtés ! Vous-même d’ailleurs, auriez pu être tué. Mais cela, au moins, ce ne serait pas un deuil national ! Héros de Agatha Christie

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