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Citations de Ryû Murakami (397)


Kataoka Keiko repensa à ce que l’homme lui avait dit. Il avait parlé avec la voix neutre qu’ont les commentateurs sportifs pour décrire un geste de tennis ou un swing de golf : « Noriko, elle est curieusement conformée et son sexe est si profond, si curieusement orienté que lorsque je la pénètre, je n’ai pas l’impression de m’enfoncer en elle mais de glisser sur son cul, sa vulve est si ouverte, si humide, si dégoulinante de mouille que je ne sens pas les parois de son vagin. Comment dire ? Une impression de viande de porc, la chaire d’une truie qui n’aurait jamais rien avalé d’autre que des ignames. Je n’en ressens d’abord pas la consistance bien qu’elle offre quelque résistance. Puis, au bout d’un certain temps, lorsqu’on approche du dénouement, comme si elle passait le turbo, les parois de son vagin se contractent, son corps se vrille et c’est là qu’elle commence à jouir, Noriko. Si j’éjacule avant, j’ai l’impression de pisser dans un égout de la banlieue d’Osaka. Noriko, elle n’est vraiment bonne que lorsqu’elle se vrille comme une authentique hyène errant dans la savane. J’ai fait le compte une fois : elle a joui dix-huit fois.
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L’être humain ne peut survivre que s’il pense avoir une valeur personnelle quelconque
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J'aimerais que ces lignes aient la même hésitation qu'un papillon perdu dans l'immensité d'un haut plateau.
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Qu'est ce que c'est que ce bal ? On dirait que tous les gens les plus minables de la planète se sont donnés rendez vous ici. De vraies pourritures, même pas grotesques. Pourtant, quand on est affreusement laid, on a encore des chances de salut, comme dans Fellini.
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Il n'y a que deux sortes d'hommes : ceux qui se sentent plus forts quand ils ont tué un ennemi sur le champ de bataille et ceux qui se sentent plus forts quand ils en reviennent vivants et peuvent boire une bière, voilà les deux seules espèces d'hommes qui existent, mais quand on en revient à la vraie guerre, l'armée qui la perd, c'est celle où dominent les types qui ne sentent pas à l'aise sur le champ de bataille.
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Je me suis accroupi dans l'herbe pour attendre les oiseaux.
Lorsqu'ils descendront en voltigeant et que la lumière et la chaleur du jour arriveront jusqu'ici, j'imagine que mon ombre s'allongera sur les petits oiseaux gris et l'ananas, et les recouvrira.
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La peur avait pris possession de lui, une peur dont toutes ses cellules portaient le souvenir intime, la peur, non de la faim ou de la mort, mais la peur du temps. D'un temps infiniment long durant lequel il avait eu faim et cru qu'il allait mourir. Les bébés ne comprennent pas ce qui leur arrive, ils ignorent quand cela va s'arrêter, mais le temps passé à avoir peur imprègne leurs cellules. Hashi avait passé treize heures dans ce casier de consigne, treize heures de plein été, treize heures d'aboiements de chiens, de cannes d'aveugle tapotant sur le sol, de bouteilles dégringolant dans les machines automatiques, de kaxons, de vieux papiers tourbillonnant dans le vent, de toux de vieillards, d'eau coulant au fond d'un seau, de crissements de freins au carrefour, d'une radio au loin, d'enfants plongeant dans une piscine, de frôlements de jupe, de rires de femmes, de ses propres sanglots, de bruits de bois, de plastique, de fer, de frôlements de peau douce de femmes, de langue râpeuse de chien, dans des odeurs de sang, , de vomissures, de sueur, de médicament, de graillon, de parfums. Toutes ces sensations étaient reliées entre elles par le souvenir : Tu es inutile, personne ne veut de toi, personne n'a besoin de toi.
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Puis la ville recouverte de cendres magnifiques, des enfants ensanglantés déambulant dans les rues, au milieu des chiens sauvages, des vautours et de la vermine. Ces images le libérèrent, le délivrèrent de la vision de lui-même enfermé au cœur de l'été dans une horrible boîte sombre et étroite. Comme un serpent qui mue, sa vieille peau partait en lambeaux, la carapace se brisant, des souvenirs profondément enfouis resurgissaient. Les souvenirs d'un été, dix-sept plus tôt. La force qui avait soutenu ce bébé hurlant de toutes ses forces, luttant contre l'atroce chaleur étouffante du casier de consigne, cette force commençait à resurgir du tréfonds de lui-même. Il se rappelait la voix qui l'avait encouragé à survivre, et cette voix disait : Tue, tue, détruis, détruis-les tous ! Cette voix résonnait à nouveau, en arrière-plan du brouhaha de la ville en contrebas avec ses minuscules silhouettes, ses voitures comme des jouets miniatures. Tue, tue, détruis, détruis-les tous ! Tu ne veux pas devenir une momie sous un drap rougi de sang ? Alors détruis, encore et encore, réduis cette ville en cendre.
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"La littérature consiste à traduire les cris et les chuchotements de ceux qui suffoquent, privés de mots... En écrivant ce roman, je me suis senti dans la position de celui qui se voit confier le soin de traiter seul les ordures. »
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L'épouse du garde, tremblante, ne peut émettre un son. La main droite de l’homme serre son cou. Elle veut appeler mais sa voix reste nouée dans sa gorge. La casquette de l’homme tombe. Il approche son visage tout en enfonçant ses doigts dans la chair. Sa main gauche glisse entre les genoux de l’épouse. Elle se débat. Elle perd une chaussure. A côté, l’homme aux dents cassées ne rit plus. La bouteille de whisky se renverse et trempe les bas de la femme. Des orteils mouillés se propage une vague de chair de poule. Sa gorge est prise d’un tremblement. De douleur, de colère, de dégoût.
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La femme qui venait d'être assassinée s'appelait Yanagimoto Midori et la première personne qui la découvrit fut son amie Henmi Midori. A la vérité, ce ne fut pas la première. Après que Sugioka se fut enfui, onze personnes passèrent auprès de Yanagimoto Midori dont la gorge tranchée laissait échapper des flots de sang, mais elles firent comme si elles n'avaient rien vu. C'était une ruelle où deux voitures auraient à peine pu se croiser et il était impossible que personne n'ait rien remarqué. En outre, Yanagimoto Midori avait une robe blanche maculée de sang, les pains au curry écrasés contre le mur en béton donnaient l'impression d'un dégueulis ou d'une chiasse répandue là et les palourdes éparpillées hors du sac diffusaient une odeur de marée accentuée par l’intensité du soleil d'après la saison des pluies. Les onze personnes qui étaient passées par là avaient toutes remarqué Yanagimoto Midori mais avaient aussitôt détourné le regard en essayant de se convaincre qu'elles n'avaient rien vu.
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C'est lors de cette seconde "non-apparition" que Nobue leur fit une proposition qui emporta leur adhésion. Dans la bande qu'ils formaient; lorsque cette proposition fut faite, chacun écouta, donna son avis et participa à la prise de décision. C'est ainsi que la proposition se mua en réalité, un évènement aussi décisif que l'adoption, il y a sept ou huit cent mille ans, par nos lointains ancêtres de la station verticale lorsque les hommes se mirent à marcher sur deux jambes, bref, une chose inédite pour eux.
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S'il le propose, difficile de ne pas accepter mais est-ce bien raisonnable qu'un type propose 20 000 ou 30 000 yens juste pour l'accompagner au karaoké ? J'ai beau penser qu'ils sont très cons, je ne peux pas m'empêcher d'être gênée et d'en faire des tonnes pour qu'ils passent un bon moment.
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Kiku aurait voulu courir au premier étage et assomer la femme en sous-vêtements noirs à coups de poing. Comme il aurait aimé aussi tuer la mère qu'il avait vue mendier avec son enfant à Shinjuku ! Ce n'était pas tant par haine envers les parents qui maltraitaient leurs enfants, que par incapacité à supporter l'impuissance d'êtres démunis comme les bébés et les enfants. Ils ne peuvent rien faire d'autre que pleurer. Même si on les enferme, ils ne peuvent que pleurer en tremblant de tous leurs membres. Pourtant à la télé j'ai vu une fois un bébé girafe qui tenait debout à peine une heure après être sorti du ventre de sa mère. Si seulement les bébés humains étaient comme ça ! Ça fait longtemps que j'aurais pu leur démolir le portrait à tous !
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Les Espagnols comme les Américains ont massacré un bon nombre d'indiens, mais ils n'avaient sans doute pas vraiment de mauvaises intentions. Ils étaient inconscient de ce qu'ils faisaient. Et parfois l'inconscient a des conséquences bien pires que celle de la véritable intention de nuire.
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Lili se tourne à demi e respirant profondément. Elle gémit tout bas. dérangée, la légère couverture qui la couvrait semble lui fausser compagnie au ralenti; Ses longs cheveux forment un grand S collé à son dos. un peu de sueur luit au creux de ses reins.
Les sous-vêtements qu'elle portait hier sont éparpillés sur le sol. roulés en boule et jetés loin, ils paraissent tout petits; on croirait des taches de peinture ou des brûlures dans le tapis.
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"Je ne veux pas dire que les gens qui ont été élevés normalement par leurs parents ne peuvent pas comprendre la condition d'enfants comme nous, mais, ce qui est sûr, c'est qu'en grandissant les gens oublient à quel point on est faible et impuissant quand on est enfant."
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Hiromi eut un geste de l'index qui semblait couper l'espace de sa main gauche.
-Incroyable, ici, on dirait vraiment un autre monde. Elle est super belle.
-Vous êtes ouverts jusqu'à quelle heure ? demanda-t-elle en rendant la bague au vendeur.
-Jusqu'à 21 heures.
-Hiromi, tu en as envie tout de suite ? dit Takamori Chieko ?
Oui, acquiesça Hiromi. Comment avaient-elles compris ? se demanda-t-elle. Lorsqu'on a envie d'une chose, il faut tout faire pour l'obtenir sans tarder car les choses changent de nature après une ou deux nuits et redeviennent ordinaires. Elles le savaient très bien comme elles savaient qu'il n'existait pas une seule lycéenne capable de travailler six mois dans un McDonald's pour se payer un sac Prada.
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A l'école primaire, quand je restais trois jours à la maison à cause d'une grippe, mes amis et la maîtresse commençaient à me manquer. Si, après cent dix-neuf jours d'exclusion, je n'éprouvais aucune joie à retrouver cette classe, c'était que le lycée nous traitait comme du bétail. Comme les chiens, les cochons et les veaux. Enfants, nous étions autorisés à nous amuser librement puis, au moment de l'adolescence, le dressage et la sélection commençaient. Etre lycéen était la première étape de la DOMESTICATION de l'homme.
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A proximité d’un tas de charbon au sommet lisse et arrondi, une puanteur violente s’élève dans le ciel sombre. Des odeurs de pourriture montent de partout et s’infiltrent, en flux plus ou moins compacts, dans l’air épais. Ça et là, on entrevoit un filet de terre rouge, à peine visible entre les détritus et les ordures. Il y a de la viande que l’on a jetée à la poubelle, de la charcuterie apparemment : des saucisses, ou quelque chose de semblable entouré de boyau. Visiblement, elle est avariée. La moisissure qui la recouvre pénètre aussi à l’intérieur, enlace chaque filament, chaque fibre de chair qui garnit les boyaux. On dirait un amoncellement de sexes vérolés d’hommes blancs. Juste à côté, ce sont des bananes : des bananes pourries s’entassant, réduites à des peaux noires d’où coule lentement le liquide visqueux du fruit en décomposition. Il y a aussi du lait, qui n’a pas été congelé convenablement ; acide et teinté de gris, il s’accroche aux bouteilles brisées, englué autour du goulot. Et puis ce sont les cadavres d’animaux : chiens, chats, bœufs et porcs déposés ici par le service d’hygiène ; les crocs à l’air et les yeux écarquillés. Leurs ventres crevés sont de véritables lambeaux de vêtement : par les fissures minces s’échappe la pestilence, tandis que, par les déchirures relativement plus grandes, ce sont les viscères qui débordent : des intestins à peu près gros comme un petit doigt. Derrière, ce sont des choux : probablement amassés ici parce que, en cette saison, ils ne sont plus bons à la consommation ; leur couleur noirâtre fait qu’ils n’ont plus l’aspect d’un chou ; on dirait plutôt des crânes de nourrissons fondus et gluants. Ce n’est pas la feuille entière qui a changé de couleur, une infinité de tavelures rouges et noires produit cet effet. Plus loin encore, des coquillages et des poissons luisants d’huile sale ; et également des œufs : le jaune a coulé hors de la coquille et a formé, en concrétion sur le sol, quelque chose qui ressemble à des glaçons jaunes où se reflète le ciel nuageux.
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