Pense à ton caméléon. Sa mort est peut-être un signe. C'est peut-être à toi de le faire revivre, mon enfant, c'est toi qui doit changer de couleur en fonction du lieu où tu te trouves... Sans pour autant changer la couleur de ton âme. Si tu n' apprends pas à le faire, tu vas passer le reste de ta vie à la dérive, à t' accrocher à des planches sans jamais apercevoir la côte.
Ce qui nous sauve lorsque nous sommes accroupis dans le pénombre c'est le touriste de passage muni d'un gros billet de banque dépourvu de la moindre valeur pour lui et qui de retour chez lui va se vanter d'avoir changer la vie de quelqu'un avec cette petite monnaie insignifiante . le pire c'est lorsqu'ils veulent nous prendre en photo ; voue essayez d'avoir l'air le plus triste possible parce que ces airs tristes vous rapportent davantage ; votre regard d'enfant du tiers-monde en proie à la souffrance leur gagne quelques seconde de sainteté ......à leurs propres yeux du moins.
Nous appartenons à la même espèce, comprend-il enfin. Et j'aspire à être comme lui ! Je l'envie ! Il est un humain qui aspirait à devenir un monstre, et moi... je suis un monstre qui désire ardemment être un homme.
Des diapos, des diapos, des diapos !
À 12 ans, la vie n'a rien d'un film se déroulant jusqu'à une fin inexorable. C'est plutôt un diaporama : un condensé d'images fixes, d'odeurs et de sons. On peut mélanger les diapositives sur le carrousel, s'attarder sur une image qui vous est chère, passer rapidement sur les traumatismes et les déceptions, et revenir savourer une image à loisir. Un jour ou l'autre pourtant, nous nous apercevons que ce qui était discontinu devient continu, que l'hémisphère gauche de notre cerveau ordonne à l'hémisphère droit de calmer ses élans poétiques, que le temps […] file à toute vapeur après avoir quitté poussivement le quai de départ.
Pour certains, cette prise de conscience représente un éveil, un appel de l'âge adulte. C'est à ce moment-là aussi que la réalité de la vie s'impose et que l'imaginaire perd sa primauté.
J'suis tranquille dans ma cabane avec mes potes, quand surgit c'te tête de nœud, un drap autour des épaules. Y parle comme un majordome anglais et y m'raconte qu'il incinère son caméléon à la mode des Vikings.
Il caresse mes cheveux. Je me sens un peu gêné. Il devrait savoir que la tête est le siège de l'âme et qu'un étranger ne devrait pas la profaner.
Parce que j'ai cru que mes parents étaient des super-héros, j'avais pensé qu'ils étaient comme le Passeur de ce conte japonais, et qu'ils allaient me faire traverser la rivière et m'apprendre à vaincre mon chagrin. Mais je voyais bien à présent qu'il fallait aussi que je sois leur Passeur. Et que je les emmène très loin de leur trou noir personnel.
Pendant l'enfance, la distance entre aujourd'hui et demain est aussi vaste que l'éternité.
Soudain, j'entendis la voix de Zombie qui disait: "on essaye de comprendre ce qui se passe et parfois, on comprend trop bien et on se rend compte qu'il n'y a plus d'issue".
Je prendrai le train au Kansas
Tu changeras à Santa Fe
Nous nous croiserons à Vampire Junction
Là où nos âmes nous serons d'un suçon dérobées.
Timmy Valentine