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4.07/5 (sur 15 notes)

Nationalité : Belgique
Né(e) : 1950
Biographie :

Girolamo Santocono, alias Toni Santocono, est un auteur belge d'origine italienne.

En 1953, tout petit, il débarque dans le Hainaut avec sa mère. Ils y rejoignent son père qui est venu travailler dans la mine, suite aux accords belgo-italiens, signés dans le cadre de la " bataille du charbon " .

Il a étudié la sociologie à l'Université libre de Bruxelles.

Aujourd'hui animateur-directeur du Centre culturel de Chapelle-Lez-Herlaimont, Toni Santocono a touché à tous les domaines artistiques.

Il est surtout connu comme écrivain. Rue des Italiens (1986) et Dinddra (1998) ont été publié aux Éditions du Cerisier.

Source : http://www.sambraisie.be
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Bibliographie de Girolamo Santocono   (2)Voir plus

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Citations et extraits (12) Voir plus Ajouter une citation
Je me rappelle qu'en fin de sixième, on nous a demandé ce que nous comptions faire plus tard. Dans notre classe, en particulier dans les sections B et C, la majorité se destinait à l'école technique ou à l'usine. Franco, Nino, Rosario voulaient devenir électriciens; Joseph et Pippo mécaniciens; Arturo et Peppe menuisiers et puis les autres qui ne savaient pas. Moi, en accord avec la sentence que mon père avait rendue des années plus tôt, j'ai répondu que je voulais devenir médecin. Stupeur! Notre brave instituteur a failli s'étrangler. Il s'attendait à tout sauf à ça, le pauvre. Il m'a expliqué, le premier moment de surprise passé, que pour ce faire, il allait me falloir de longues études très chères et surtout il allait me falloir être très intelligent. En tous cas, beaucoup plus que je ne l'étais. J'ai trouvé ses arguments tout à fait acceptables mais ça n'a pas été l'avis de mon père quand je les lui ai rapportés. Il a piqué une de ces crises bleues où tous les saints du Paradis sont devenus cocus et toutes les saintes putains: "Porco Diavolo! C'est moi qui décide si mon fils est intelligent ou non! s'il doit aller à l'école jusqu'à cinquante ans pour devenir dottore, eh bien il ira jusqu'à cinquante ans!"
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En fait, tu vois, si je me coupe des bouts de doigts, c’est pour ne pas perdre la tête !… Tu vois, le danger, c’est la résignation. Le danger, c’est quand tu laisses le sort te tomber dessus comme les saisons d’une année. Tu vois, tu supportes et puis tu t’habitues et tu finis par trouver normal que la vie soit comme ça. Ton cerveau se vide et dans la tête, t’as plus que de la polenta. Et moi, la polenta, je l’aime dans l’estomac, pas dans le crâne !…
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- Raymond, tu es mon ami, je t'aime bien, je vais te raconter ma vie : je suis le fils d'un immigré vagabond ; un enfant du voyage imaginé. Partout, je suis un étranger, je n'ai pas de racine. Je ne sais même pas ce que c'est, moi, des racines. Tout le monde en parle, mes amis, mon père, et moi, je ne sais pas ce que c'est. Mes pieds ne sont pas cloués au sol, ils bougent, je ne suis pas un arbre quand même ! Qu'est-ce que tu en penses, toi Raymond ? Est-ce que c'et obligé qu'il faut absolument être de quelque part ? Quand j'étais petit, on m'appelait le macaroni et moi, je ne comprenais rien parce que, moi, j'au jamais vraiment aimé les pâtes. Enfin, sauf celles à la sauce tomate de ma man ! Tu ne trouves pas que c'est une drôle d'affaire ?...
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En fait, parmi les longues listes des malheurs que l'immigration déversait sur sa tête, celui que ma mère considérait être le plus terrible à supporter - la véritable déchéance humaine - était sans aucun doute le fait qu'elle ne pouvait pas s'habiller avec raffinement. Donc, dans cet ordre d'idées, un départ pour Charleroi était pour elle une occasion exceptionnelle de sortir sa garde-robe. C'est pourquoi elle préparait à chaque fois le voyage très soigneusement et longtemps à l'avance.
Pourtant, ce jour-là, rien n'avait annoncé un départ. Pas même le bain obligatoire. Et lorsqu'on m'a dit qu'on partait voir les Zii de Charleroi, j'ai tout de suite compris que quelque chose ne tournait pas rond.
C'était un après-midi en plein milieu de la semaine, mon père n'avait pas été travailler. Il avait passé toute la matinée, avec d'autres hommes, chez Pépino a écouter la radio et à déchiffrer des journaux qu'on avait ramenés de Morlanwelz :"Qu'est-ce qu'il dit?"
- Aspetta, tu vois bien que je lis !
- Il dit qu'il y'a 2 à 300 morts !

Un silence étouffant c'était installé dans la pièce. Un de ces silences ou tout le monde attend, comme une bouée de sauvetage ou que quelqu'un l'interrompe très vite tant il te prend à la gorge. La fumée de plusieurs paquets de Mervil répandait une odeur âcre et piquante qui faisait pleurer les yeux de certains.

- Ma allez, qu'il exagère toujours ! … S'il fallait croire tout ce qu'il raconte !

- Mais qu'est-ce qu'on est venu faire ici !

- On donne des noms?

- Non! Mais il dit qu'il y'a beaucoup d'italiens.

- Moi, je retourne au pays !… Je ne reste plus ici !

- Il y'a quelqu'un qui a des parents là-bas?

- Moi, j'ai un beau-frère.

Voilà pourquoi on partait subitement à Charleroi.

1956, Marcinelle, le Bois du Cazier. Une mine s'écroule entraînant avec elle 263 mineurs dont plus de 200 sont italiens. C'était au mois d'août et je ne me souviens plus s'il y'avait du soleil ce jour-là.
Toutes les sirènes des charbonnages de la région se sont mises à gémir. l'Etoile est restée silencieuse ce jour-là. Une voiture nous a déposé à Marcinelle. C'était la première fois que je montais dans une voiture. J'ai trouvé cela très gais.
Tout au long du trajet, j'ai vu défiler devant moi des paysages noirs, des maisons sombres, des trams livides et des gens consternés.
Les sirènes de trois camions de pompiers qui passent à toutes vitesse stoppent la voiture.

Lorsque qu'on s'est arrêté une deuxième fois, nous sommes arrivés.

Mon oncle était sain et sauf. Nous l'avons trouvé sur le pas de la porte attendant je ne sais qu'elle venue présidentielle. Il m'a semblé très vieilli. A peine étions-nous entrés qu'il s'est mis à nous raconter, comme s'il voulait s'excuser d'être encore en vie.

Je n'ai plus qu'un vague souvenir de ce qui s'est passé par la suite, mais je peux dire que quelque chose avait changé à l'Etoile. Pendant plusieurs jours, les sujets de conversations tournaient tous autour de la catastrophe et on parlait de retour au pays. Pas mal avait déjà pris la décision de rentrer, d'ailleurs.

La bande de gosse de la cantine maigrissaient à vue d'oeil. Toto, mon meilleur copain a disparu un jour, tout comme Sanson et Scugnizze … Ils avaient suivi leur père qui allait reprendre, comme si rien ne s'était passé, l'élevage des cochons ou la culture des olives. La Belgique deviendrait pour eux un souvenir parmi tant d'autres, une parenthèse de plus.
Et toi, papa, pourquoi n'es-tu pas retourné aussi? Pourquoi n'es-tu pas allé reprendre ce métier de barbier qui sent si bon le savon et l'eau de toilette?
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C'était aussi un homme tranquille qui se réfugiait dans le silence comme d'autres dans un lit douillet. Il disait toujours : "Si tu dis quelque chose qui soit plus beau que le silence, alors parle. Sinon, tais toi !"
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Et nous, ceux de la deuxième génération, nous sommes passés à côté d'eux sans jamais les avoir vus totalement. De leur vie, nous n'avons retenu ce qui intéressait notre propre histoire, donnant de l'importance à ce qu'eux considéraient comme simples anecdotes. Nous, on parle de la mine, eux de la guerre et du fascisme. On retient les corons, eux la misère du pays...
Mon père disait "C'est le sirocco qui est mauvais pour les poumons des mineurs."
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Il regarde son chef mâchonner ses mots et de dit qu'il a de bien grands trous de nez pour un si petit visage. Il voudrait être un insecte pour pénétrer dedans et lui chatouiller les sinus jusqu'à ce qu'il soit obligé de se taire. Mais, il n'est pas un insecte et l'autre continue à parler. Alors Pino hoche la tête au hasard du mouvement de ses lèvres. Soudain, il réalise qu'il vient de rater le café de dix heures. Une véritable catastrophe dont seuls les employés prisonniers d'un bureau mesurent l'ampleur. Les deux heures qui le séparent de la pause de midi vont lui sembler interminables.
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Il a l'impression de poursuivre une existence sans épaisseur, une vie monocorde indigne d'un jeune de sa trempe. A son âge, son père avait déjà accompli l'essentiel de sa destinée alors que lui, végète toujours dans un vide profond entre un bureau sordide et un ciel en forme de trou noir. C'est vrai quoi, à vingt ans, Antonio a tout plaqué : amis, parents, soleil et air pur pour venir s'installer dans ce pays o le rhume partage la vedette avec le rhumatisme.
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L'oncle raconte, pour la trentième fois, comment à son arrivée n Belgique, il s'est disputé avec un employé des chemins de fer parce que ce con li avait parlé de ses bagages alors que lui, il avait compris "ses bagachi" (putains). De grands éclats de rire fusent et tout le monde voudrait que le souper ne s'arrête pas.
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Dans son sicilien natal, le mère appelle le travail de Pino ; "u pustu" (le poste). Une pure abstraction de la notion e travail qui tend à placer celui qui le possède dans un état de grâce sociale. Peu importe ce qu'on y fait, ce qui compte c'est qu'on l'exerce avec une cravate.
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