"Bal tragique à Windsor" de S.J Bennett
Les chiens, eux, savaient. Comme Candy, ce matin. Les corgis avait détesté Vladimir Poutine au premier regard et cherché à lui mordre les chevilles lors d'une visite officielle.
La reine se disait que, sans sa cousine, sa vie ne serait plus la même. Ce serait une nouvelle ère. Et avec Philip qui partirait bientôt prendre sa retraite dans le Norfolk , sa solitude serait d'une tout autre nature. Cela faisait presque dix ans qu'elle avait perdu sa soeur, et leur mère était morte peu après. Tous les parents et amis proches des premiers jours disparaissaient un à un avec une régularité déprimante. C'était pareil pour les chiens.
Comme le temps passait vite. Ou pas. Parfois, on se demandait comment on allait tenir jusqu'à l'heure du thé. D'autres fois, en un clin d'oeil, une décennie s'était écoulée.
Pour son usage personnel, la reine n'avait besoin que de six pièces, toutes déjà fonctionnelles. C'étaient les sept cent soixante-dix autres qui posaient problème.
Sir Simon n’était guère féru de natation. Bien sûr, mille ans plus tôt, quand il était élève pilote, les exercices en mer l’avaient souvent amené à passer des heures dans l’eau. En cas de besoin, il aurait même pu s’extraire d’un hélicoptère sombrant dans l’océan Atlantique. Mais il ne lui serait jamais venu à l’idée de faire des longueurs dans une piscine couverte. Hélas, alors qu’il approchait le grand âge de 54 ans, son tour de taille avait quelques centimètres de trop et son médecin avait poussé les hauts cris en voyant son taux de cholestérol. Il allait devoir faire d’autres sacrifices que celui de son bouton de pantalon.
Ces quelques semaines à Balmoral avaient été un vrai bain de sang : on aurait dit que les moustiques y tenaient leur congrés mondial annuel.
Elle [ la reine ] pria pour sa famille, proche et éloignée, et dit merci pour la génération suivante, qui prenait un si bon départ. Cela dit, si Harry pouvait se trouver une épouse décente, ce serait encore mieux.
Comme toujours, même à 94 ans, Philip avait l’air de sortir tout droit d’un magazine. Elle n’avait jamais vu quiconque porter aussi bien l’uniforme ou le smoking. Quand ils s’étaient mariés, il était le meilleur parti d’Europe. Elle s’était sentie si chanceuse à l’époque, et c’était toujours le cas aujourd’hui… même s’il était affreusement agaçant la moitié du temps.
Compatissant, le prince consort baissa la voix.
- Il n'a pas réfléchi aux conséquences. La dernière chose que souhaite un homme, c'est bien d'être retrouvé dans un palais royal avec les bijoux de famille à l'air.
- Philip !
- Mais c'est vrai. Pas étonnant que tout le monde évite de parler de cette histoire. Enfin, c'est également pour épargner vos nerfs fragiles.
La reine lui lança un regard réprobateur.
- Les gens ont la mémoire courte. J'ai survécu à une guerre mondiale, à Sarah Ferguson et à votre service dans la marine.
Au palais de Kensington, je la voyais constamment. En pantalons cigarette et gros pulls moelleux. Superbes chevilles, superbes cheveux. Sans oublier le plus charmant et le plus coquin de tous les sourires. « Comment allez-vous, Sholto ? » Elle vous donnait toujours l’impression de penser – voir d’espérer – que vous étiez en train de mijoter quelques mauvais coups. J’aurais bien aimé que ce soit vrai.Il y avait de la mélancolie dans sa voix