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Citations de Sabine Sicaud (92)


Sabine Sicaud
Vert non pas anglais, vert plus doux
Qu’ont les pelouses de chez nous.
Couchants lilas, baignés de roux,
Volets s’ouvrant dans le feuillage.

Sabine Sicaud, poète prodige (1913-1928)

(Une plaque dans l'herbe au Jardin des Poètes, Paris 16ème)
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Sabine Sicaud
Ne te laisse pas diminuer surtout, ni par les autres, ni par toi.
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Sabine Sicaud
Le Chemin De Sable.

Ne pas se rappeler en suivant ce chemin. . .
Ne pas se rappeler. . . Je te donnais la main.
Nos pas étaient semblables,
Nos ombres s'accordaient devant nous sur le sable,
Nous regardions très loin ou tout près, simplement.
L'air sentait ce qu'il sent en ce moment.
Le vent ne venait pas de l'Océan. De là
Ni d'ailleurs. Pas de vent. Pas de nuage. Un pin
Dont le jumeau fut coupé dans le temps
Était seul. Nous parlions ou nous ne parlions pas.
Nous passions, mais si sûrs de la belle heure stable!
Ne te retourne pas sur le chemin de sable.
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Sabine Sicaud
Si quelque oiseau bleu me fait signe,
rien, sachez-le, ne me retient.
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Mot vert. Silence vert. Mains vertes
De grands arbres penchés , d'arbustes fous;
Doigts mêlés de rosiers, de lauriers, de bambous,
Pieds de cèdres âgés où se concertent
Les bêtes à Bon Dieu; rondes alertes
De libellules sur l'eau verte...
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Sabine Sicaud
La Chèvre


L’herbe est si fraîche, ce matin,
Que son velours tendre nous hante ‒
Son velours neuf qui sent la menthe,
Le jeune fenouil et le thym.

La vache s’étire, gourmande,
Vers le champ de trèfle voisin.
Tous les verts bordent le chemin
Du vert acide au vert amande.

Mais c’est un velours trop soigné
Qui s’aligne entre les clôtures. . .
Dans les ronces, à l’aventure,
La chèvre aime s’égratigner.

Elle aime le vert des broussailles
Où l’ombre devient fauve un peu,
Et ce vert d’arbres presque bleus
Que tous les vents d’orage assaillent.

C’est bien au-delà des sillons
Et des vergers gorgés de sèves,
Que les clochettes de son rêve
Éparpillent leurs carillons. . .

Parfois, un glas les accompagne. . .
Mais il fait beau, c’est le matin !
Chevrette de Monsieur Seguin
Ne regardez pas la montagne. . .
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Sabine Sicaud
FRAGMENTS DE POEMES.

Ne t'éloigne pas de la fenêtre, disait l'Oiseau bleu.
Même si tu ne m'entends pas, je suis toujours sur l'arbre.
Les rasoirs ont tranché mes pieds, disait-il, non mes ailes.

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Sabine Sicaud
La Rose Bleue.

. . . Et d’autres, mieux que moi, comme l’on se souvient,
se souviendront d’étés anciens, d’odeurs vivaces.

Mais quelqu’un dira-t-il, ô rose, infante bleue,
Dame étrangère qui surprend, même là-bas,
dans ces parcs où des paons royaux traînent leur queue,
dira-t-il qu’il te connaissait, Princesse bleue?

Même poète, osera-t-il
Franchir la grille ou marchander la gerbe?
tant de sentiers sont bleus, depuis avril,
d’un bleu tout simple. . . Osera-t-il?

Et, même osant, que savoir d’une rose
qui n’est plus cette rose avec l’âme d’hier?
− Le temps des dieux et des métamorphoses,
s’il revenait, pourtant, dame en bleu qui fut rose?

Les Contes de Perrault?... J’ai tant rêvé,
sais-tu, de baguettes magiques, de breuvages
transformant, pour la perdre ou la sauver,
la Belle dont un Prince avait rêvé. . .

J’ai tant rêvé, comme le Prince, que, peut-être,
sous ton déguisement, je te reconnaîtrais?
Va, ce n’est pas ta faute. . . et l’on peut mettre
Une robe d’azur sans trop mentir, peut-être. . .

De l’orgueil? On te croit de l’orgueil? Je dirais :
« Ne devinez-vous pas qu’être une rose bleue
c’est être seule et triste?... » Et le secret
de ton odeur perdue aussi, je le dirais,
pour qu’on t’accueille avec douceur, ma Rose. . .
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Sabine Sicaud
La bruyère
     
Ô bruyère, bruyère,
Je croyais te connaître et je ne savais rien
De cette odeur mêlée à la rumeur légère
Qui vient du fond des pignadas, qui vient
Des longs pays qui sont les tiens, bruyère…
     
– Je connaissais ta petite âme de chez nous,
Ta petite âme éparse au pied de chênes roux
Et de sorbiers déjà couleur d’automne…
     
– Mais ce rose éclatant, ces violets pourprés,
Ces épis de corail aux grains serrés,
Cette lumière en fins grelots qui sonnent,
Les trouve-t-on chez nous, même l’automne ?
     
– Ici, les pins tendent si haut leurs parasols
Que les vents de la dune se prélassent
Et que le soleil joue à pile ou face,
Librement, sur tes chauds tapis couvrant le sol…
     
– Et c’est comme une flamme au ras des sables,
Un couchant rouge et mauve interminable
Sous les hauts parasols,
Quand tu fleuris, bruyère…
     
– Tes fleurs… tes fleurs sont le tapis
D’un temple ouvert, bourdonnant de prières…
Entre les piliers bruns, des parfums assoupis
D’encens et de résine,
Des parfums d’immortelle et de mousse marine
Accompagnent le tien, bercé dans l’air…
     
– Et ton âme d’ici, je la découvre
De ce wagon-joujou courant près de la mer,
Au seuil de ces pays roses et verts
Qui s’ouvrent
Sur le vert et le rose argentés de la mer…
     
     
Côte d’Argent, 1925
     
Recueil ‘Poèmes d’enfant’, 1926.
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Sabine Sicaud
La chanson du petit caillou

On le croit silencieux: moi je sais qu'il chante.
Il chante, au bord du chemin, sa chanson de petit caillou.
Mais comme il chante à voix basse, les hommes, d'ordinaire,n'en savent rien.
A-t-il appris ,dans la rivière ou sur le barrage du ruisseau, les secrets de l'eau qui court ?
A-t-il appris ,le long de la route, les secrets des êtres qui passent?
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Sabine Sicaud
Aux médecins qui viennent me voir

Je ne peux plus, je ne peux plus, vous voyez bien…
C’est tout ce que je puis.
Et vous me regardez et vous ne faites rien.
Vous dites que je peux, vous dites – aujourd’hui
Comme il y a des jours et des jours – que l’on doit
Lutter quand même et vous ne savez pas
Que j’ai donné toute ma pauvre force, moi,
Tout mon pauvre courage et que j’ai dans mes bras
Tous mes efforts cassés, tous mes efforts trompés
Qui pèsent tant, si vous saviez !
Pourquoi ne pas comprendre ? Au bois des oliviers
Jésus de Nazareth pleurait, enveloppé
D’une moins lourde nuit que celle où je descends.
Il fait noir. Tout est laid, misérable, écœurant Sinistre…
Vainement, vous tentez en passant
Un absurde sourire auquel nul ne se prend.
C’est d’un geste raté, d’une voix sonnant faux
Que vous me promettez un secours pour demain.
Demain ! C’est à présent, tout de suite, qu’il faut
Une main secourable dans ma main.
Je suis à bout…
C’est tout ce que je peux souffrir, c’est tout.
Je ne peux plus, je ne crois plus, n’espère plus.
Vous n’avez pas voulu
Pas su comprendre, sans pitié
Vous me laissez souffrir ma souffrance… Au moins
Faites-moi donc mourir comme on est foudroyé
D’un seul coup de couteau, d’un coup de poing
Ou d’un de ces poisons de fakir, vert et or,
Qui vous endorment pour toujours, comme on s’endort
Quand on a tant souffert, tant souffert jour et nuit
Que rien ne compte plus que l’oubli, rien que lui…
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Sabine Sicaud
Et que m'importe la coque de ton âme,
qu'elle soit jeune ou vieille, épaisse ou fine ;
que l'on appelle un homme ou une femme,
que tu sois une cloche, un gong ou le grelot
d'une source invisible,
j'entendrai bien le son.
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La paix
     
Comment je l'imagine ?
Eh bien, je ne sais pas...
Peut-être enfant, très blonde, et tenant dans ses bras
Des branches de glycine ?
     
Peut-être plus petite encore, ne sachant
Que sourire et jaser dans un berceau penchant
Sous les doigts d'une vieille femme qui fredonne...
     
Parfois, je la crois vieille aussi... Belle, pourtant,
De la beauté de ces Madones
Qu'on voit dans les vitraux anciens. Longtemps –
Bien avant les vitraux – elle fut ce visage
Incliné sur la source, en un bleu paysage
Où les dieux grecs jouaient de la lyre, le soir.
     
Mais à peine un moment venait-elle s'asseoir
Au pied des oliviers, parmi les violettes,
Bellone avait tendu son arc... Il fallait fuir.
Elle a tant fui, la douce forme qu'on n'arrête
Que pour la menacer encore et la trahir !
     
Depuis que la terre est la terre
Elle fuit... Je la crois donc vieille et n'ose plus
Toucher au voile qui lui prête son mystère.
Est-elle humaine ? J'ai voulu
Voir un enfant aux prunelles si tendres !
     
Où ? Quand ? Sur quel chemin faut-il l'attendre
Et sous quels traits la reconnaîtront-ils
Ceux qui, depuis toujours, l'habillent de leur rêve ?
Est-elle dans le bleu de ce jour qui s'achève
Ou dans l'aube du rose avril ?
     
Ecartant, les blés mûrs, paysanne aux mains brunes
Sourit-elle au soldat blessé ?
Comment la voyez-vous, pauvres gens harassés,
Vous, mères qui pleurez, et vous, pêcheurs de lune ?
     
Est-elle retournée aux bois sacrés,
Aux missels fleuris de légendes ?
Dort-elle, vieux Corot, dans tes brouillards dorés ?
Dans les tiens, couleur de lavande,
Doux Puvis de Chavannes ? dans les tiens,
Peintre des Songes gris, mystérieux Carrière ?
Ou s'épanouit-elle, Henri Martin, dans ta lumière ?
     
Et puis, je me souviens...
Un son de flûte pur, si frais, aérien,
Parmi les accords lents et graves ; la sourdine
De bourdonnants violoncelles vous berçant
Comme un océan calme ; une cloche passant,
Un chant d'oiseau, la Musique divine,
Cette musique d'une flotte qui jouait,
Une nuit, dans le chaud silence d'une ville ;
     
Mozart te donnant sa grande âme, paix fragile...
Je me souviens... Mais c'est peut-être, au fond, qui sait ?
Bien plus simple... Et c'est toi qui la connais,
Sans t'en douter, vieil homme en houppelande,
Vieux berger des sentiers blonds de genêts,
Cette paix des monts solitaires et des landes,
La paix qui n'a besoin que d'un grillon pour s'exprimer.
     
Au loin, la lueur d'une lampe ou d'une étoile ;
Devant la porte, un peu d'air embaumé...
     
Comme c'est simple, vois ! Qui parlait de tes voiles
Et pourquoi tant de mots pour te décrire ? Vois,
Qu'importent les images : maison blanche,
Oasis, arc-en-ciel, angélus, bleus dimanches !
Qu'importe la façon dont chacun porte en soi,
Même sans le savoir, ton reflet qui l'apaise,
Douceur promise aux coeurs de bonne volonté...
     
Ah ! tant de verbes, d'adjectifs, de parenthèses !
– Moi qui la sens parfois, dans le jardin, l'été,
Si près de se laisser convaincre et de rester
Quand les hommes se taisent...
     
     
« Poème d’enfant », 1926.
     
- - -
     
Peace
     
How do I see it ? Ah !
How knows ? In my mind’s eye,
Perhaps a tow-head tot, her arms piled high
With branches of wisteria ?
     
Or, perhaps, even smaller still :
A smiling infant blabbering her fill
And cradled by a rocking, humming crone…
     
Sometimes I see it old as well...But fair,
Beautiful as those dear Madonnas, shown
In old stained glass. Before – long before there
Were even stained-glass windows ! – one would see
Her lovely head bent low above a spring
In the bucolic blue tranquility,
Where Greek gods strummed their lyres, come evening.
     
But scarcely by the olives trees would she
Sit for a moment, midst the violets, when
Bellona drew her bow… And off, away
This tender soul would flee… Again, again…
Harassed by those intent but to betray !
     
And so, since earth is earth, she flees…
Grown old, she dares not touch the veil that wraps
Her round, concealed in its deep mysteries.
Is she even a human being ? Perhaps.
A child, I might have hope, with soulful eyes !
     
When ? Where ? On what road ought we wait for her ?
What will she look like ? Will they recognize
Her features, they who ever were
Clothing her in their dreams ? Does she prefer
Blue dusk to April morning’s pink, reborn ?
     
Peasant, Hands tanned, picking the ripening corn,
Does she smile on the wounded soldier lad ?
How do you see her, folk forlorn,
You, weeping mothers, and you, sad
Fishermen who would catch the moon ?
     
Has she return now to the sacred grove ?
Into the flowered missals, legend-strewn ?
Does she sleep in your gilded-mauve
Mists, old Corot ? Or yours, lavender-hued ,
Dear Puvis de Chavannes ? Our yours, Carrière,
Painter of grey Dream and mysterious mood ?
Or bloom, Henri Martin, in your bright air ?
     
And then, from who knows where ?…
Suddenly I recall, borne on the breeze,
A flute’s fresh and cool notes, pure melodies
Amid the ‘cellos’ muted chords, drawn long
And low, grumbling, rocking you gently...gently…
Like the calm sea ; a passing gong…
Heavenly trills of a bird’s sweet song ;
Ships’ music washing oh so innocently
Over a city’s silent heat some night…
     
Mozart, gifting the fragile peace of his
Great soul... yes I recall… Then too, it might
Be simpler still ; perhaps it is
Only you, in your shepherd’s frock, old man
Who tread the flaxen brushwood pathways, who
Know what it is – although you scarcely can
Suspect that it is you alone who do –
Who know the peace of lonely hill, of thicket
And briar covering the moor, afar…
Peace, blazoned in the chirping of the cricket…
     
Off in the distance, glimmering lamp or star ;
A breath of balm-fresh air before the door…
     
So simple, see ? What’s all this talk of your
Wrapping of veils ? And why make such a fuss
Discribing you ? Just words and words ! And why
Those images? The Sundays of blue sky,
The cottage white, rainbows, the angelus,
Oases !… Does it matter, quite, how we –
Each of us – bear, even unknowingly,
The image of the calm that gentles us :
Sweet promised boon to those hearts of good will ?
     
Verbs, adjectives, parentheses !… They fill
The garden air! And there, time and again,
Sometimes, I feel she almost might remain,
Once Man, at last, falls silent, still...
     
     
Traduit en anglais par Norman R. Shapiro | p. 78-83.
(Présentation et annotations d’Odile Ayral-Clause,
aux éditions Black Widow Press, Boston, mars 2009).
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Sabine Sicaud
Printemps ( extrait)

Et puis c'est oublié
Ai-je pensé , vraiment,ces choses-là ?
Bon soleil, te voilà
Sur les bourgeons poisseux qui vont se déplier.

L'herbe ondule au fil du chemin
Sous le galop du vent qui rit.
Les pâquerettes ont fleuri.

Je viens, je viens! Mes pieds dansent tout seuls
Comme les pieds du vent rieur,
Comme ceux des moineaux sur les doigts du tilleul.

Ne me rappelez rien. Le ciel est si léger!
Vous ne saurez jamais tout le bonheur que j'ai
A sentir la fraicheur légère de cet air.(...)

Bon soleil, bon soleil, voici que nous baignons
Dans cette clarté chaude où va blondir l'été.

Hier n'existe plus. Qui donc parlait d'hier ?
Il fait doux, il fait gai sur les bourgeons ouverts...

( recueil"Douleur, je vous déteste")
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Sabine Sicaud
Et tous invoquaient Dieu

Mon Dieu est grand
Dit le guerrier qui s'en va-t-en guerre.
Je gagnerai la guerre.

Mon Dieu est juste
Dit le guerrier qui va-t-en guerre.
Contre l'autre guerrier.
Le bon combat je gagnerai

Mon Dieu est le plus fort
Dit le guerrier du Nord,
Il m'a promis la gloire.

Mon dieu est tout-puissant
Dit le guerrier du Sud.
La victoire est à moi.

Vos Dieux ? Mais il n'y a
- Dit le petit oiseau qui vole d'arbre en arbre -
Il n'y a qu'un seul Dieu,
Un seul Dieu dans les cieux.

Et vous a-t-il promis, guerriers victorieux,
Qu'était gagné par le fer et le feu
Le salut de votre âme ?
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Les fleurs de fèves
 
Une odeur de vanille, insistante, si douce…
Les fèves sont en fleurs !
Un papillon, puis deux, entre les jeunes pousses –
Déjà, ce long parfum plein de douceur…
Il tient tout le vallon que suit la route,
Il envahit la plaine, toute.
Les fèves sont en fleurs…

Nœuds de satin, blanches cocardes,
Coquillages de nacre où tremble un signe noir,
Fleurs de fèves ! Tendez vos petits encensoirs
À ce bon vent chaud qui musarde…
Étagez vos blanches cocardes !
 
Droites, en velours vert-de-gris,
Les feuilles, bien en vain, montent la garde !
En vain, chacune a pris
Comme un reflet d’acier, doublant son velours gris !
 
Moi, je sais, fleurs de fèves,
Que vous faites semblant de vous presser autour
De cette lourde tige où s’épaissit la sève.
Grelots de ce hochet trop lourd
Vous sonnez, à vous-mêmes, votre rêve…
 
Des ailes ! Vous voulez des ailes et je sais,
Quand le vent joue à la raquette dans la plaine,
Que ces volants qui vont et viennent,
Ces petites plumes qui montent, c’est
Vous, rien que vous, les fleurs de fèves, qu’on suppose
Immobiles, sur le pied vert qui vous retient.
 
Une part, une autre se pose…
Qui s’en doute ? N’avouez rien.
Vous deviez, si près de la terre,
Y demeurer peut-être ? Allez,
Moi, je sais que l’on n’est cette chose légère,
Un papillon d’avril, que pour voler !
 
Pourquoi les arbres seuls auraient-ils sur leurs branches
Des papillons pouvant ouvrir leurs ailes blanches
Et jouer dans le vent, pourquoi ?
 
Demain, haussant un petit doigt
– Écrin velu de la première cosse –
Vous nous tendrez un rang de perles, déjà grosses,
Et vous serez des fèves sages, sans parfum.
 
Demain, les papillons s’en iront un à un
Vers les acacias de la colline…
Le vent jouera plus loin, c’est tout. Votre odeur fine,
Insistante, si douce, votre odeur
Nous l’oublierons… Nous l’oublierons déjà, fèves en fleurs…
 
 
(« Poèmes d’enfant », préface d’Anna de Noailles, Les Cahiers de France, Poitiers, 1926).
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Sabine Sicaud
Ô beau pied de glycine
Qui rampe sur le toit! (...)

Ce matin, sous le ciel frémissant comme toi,
C'est dans tes grappes et tes feuilles
Tout le miracle bleu du printemps qui m'accueille !

En papillons, du bleu s'effeuille...
Du bleu, du bleu nuancé de lilas,
Du violet si doux qu'on ne sait pas
Si l'on voit des touffes d'iris ou de lilas.(...)
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Sabine Sicaud
N'oublie pas la chanson du soleil, Vassili.
Elle est dans les chemins craquelés de l'été ,
dans la paille des meules,
dans le bois sec de ton armoire...
Si tu sais bien l'entendre.
Elle est aussi dans le cri du criquet.
Vassili, Vassili, parce que tu as froid ,ce soir,
Ne nie pas pas le soleil.
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Sabine Sicaud
La Châtaigne.

…Comme il faut se défendre! Sur l’épaule
De la douce prairie en pente, l’on pouvait
Glisser un jour, à son heure, qui sait?
Et se blottir dans un coin tiède, pour l’hiver. . .
Ah! Pourquoi tant d’épines, tant d’aiguilles,
Tant de poignards dressés, pauvre peloton vert?
Une fente. . . Voici qu’un peu de satin brille
Et le cœur neuf est là, dessous, et rien ne sert
D’être châtaigne obscure, âpre au goût, si menue!
Fendue, on est une châtaigne presque nue. . .

Et le coup de sabot sur la tête viendra,
Et le couteau pointu, l’eau bouillante, le pot
Qui sue avec de petits rires, des sanglots
Dans les tisons trop rouges; tout sera
Comme il est dit en l’ordinaire histoire des châtaignes.

Et vous ne voudriez pas, quand me renseigne
Dans la ville brumeuse, un cri rauque: « Marrons tout chauds! »
Quand j’aperçois, joufflus, blêmes, sans peau,
Ou craquelés et durs avec des taches de panthère,
Les frères de ma sauvageonne, tous ses frères
Vous ne le voudriez pas, que j’évoque, là-bas,
Un vieil arbre perdant ses feuilles rousses,
Et me souvienne du choc sourd, lourd, lourd comme un glas,
De pauvres fruits tués qui tombent sur la mousse?
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Sabine Sicaud
La Solitude.

Un château? Non, Madame, une gentilhommière,
Un ermitage vert qui sent les bois, le foin,
Où les bruits de la route arrivent d'assez loin
Pour n'être plus qu'une musique en demi-teintes.
Un train sur le talus se hâte avec des plaintes,
Mais l'horizon tout rose et mauve qu'il rejoint
Transpose le voyage en couleurs de légende.
On regarde un instant vers ces trains qui s'en vont
Traînant leur barbe grise - et c'est vrai qu'ils répandent
Un peu de nostalgie au fil de l'été blond. . .

Mais le jazz des moineaux fait rage dans les feuilles,
Les pigeons blancs s'exaltent, le cyprès
Est la tour enchantée où des notes s'effeuillent
Autour du rossignol. Du pré,
Monte la fièvre des grillons, des sauterelles,
Toutes les herbes ont des pattes, ont des ailes -
Et l'Âne et le Cheval de la Fable sont là
Et Chantecler se joue en grand gala
Jour et nuit dans la cour où des plumes voltigent.

Au clair de l'eau, c'est l'éternel prodige
Du têtard de velours devenu crapaud d'or,
De la voix de cristal parmi les râpes neuves
D'innombrables grenouilles. Le chat dort.
Dickette-chien s'affaire - et sur leur tête pleuvent
Des pastilles de lune ou de soleil brûlant.
S'il pleut vraiment, la pluie à pleins seaux ruisselants
S'éparpille de même aux doigts verts qui l'arrêtent.

Un tilleul, des bambous. L'abri vert du poète,
Du vert, comprenez-vous? Pour qu'aux vieilles maisons
Rien ne blesse les yeux sous leurs paupières lasses.
Douceur de l'arbre, de la mousse, du gazon. . .
Vous dites: Solitude? Ah! dans l'heure qui passe,
Est-il rien de vivant plus vivant qu'un jardin,
De plus mystérieux, parfumé, dru, tenace,
Et peuplé - si peuplé qu'il arrive soudain
Qu'on y discourt avec mille petits génies
Sortis l'on ne sait d'où, comme chez Aladin.

Un mot vert. . . Qui dira la fraîcheur infinie
D'un mot couleur de sève et de source et de l'air
Qui baigne une maison depuis toujours la vôtre,
Un mot désert peut-être et desséché pour d'autres,
Mais pour soi, familier, si proche, tendre, vert
Comme un îlot, un cher îlot dans l'univers?. . .
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