L'addiction écrase tout sur son chemin, elle s'empare du cerveau et quand celui-ci veut lutter, elle lâche ses enzymes de défense dans un corps qui lui ne répond plus de rien.
Tu dois te demander si un homme te mérite et pas l'inverse, Sabrina, tu as des pépites d'or en toi et tu n'as besoin de personne pour les faire briller...
Il est des souvenirs douloureux dont la seule évocation valorise malgré tout le chemin parcouru. Il en est d'autres que l'on préfère laisser à leur place, enfouis dans le passé, tristes témoignages d'une période où j'aurais pu basculer dans un autre puits addictif.
"L'anorexie ? C'est quoi l'anorexie ?" "Ce sont des filles qui ne veulent pas manger, parfois elles coupent les petits pois en deux."
Je me préoccupais d'ailleurs beaucoup de ce que pensaient les autres. Je craignais toujours la faille, que l'on devine que je ne valais pas grand-chose, que j'avais fait quelque chose de mal, que l'on découvre ma honte.
Je voulais me sentir aimée, sans condition.
Alors, si vous croisez un jour une personne dont la maigreur vous choque, dites-vous qu'elle ne l'a pas choisi, qu'elle a, elle aussi, besoin de cet antidote si précieux. La considération.
Je quémendais chez les autres le sentiment d'être aimée, à n'importe quel prix, car je ne pouvais plus me l'accorder moi-même. Quand cet état dure quelques jours, on parle d'un spleen, quelques semaines, d'un mauvais passage mais quand cela se compte en plusieurs mois, on évoque une dépression. Mais quand c'est là depuis des années, quand le métabolisme s'est développé en fonction des craintes et des haines, ce n'est pas une thérapie dont tu as besoin mais d'une renaissance.
Excessive, je l'étais dans mes éclats de rire ou mes éclats de colère. Des émotions tellement vives en moi que je ne pouvais les retenir.
Mais on ne choisit pas, quand une maladie est là, elle prend possession de votre corps et de votre tête. Il faut composer avec elle.
On m'avait balancé le mot "anorexie" une bonne centaine de fois par jour, on m'avait proposé des médicaments susceptibles d'abrutir un mal que je ne soupçonnais pas mais on ne m'avait jamais confrontée à celle que je devais, dans mon inconscient, redouter le plus, moi-même.